RAPPELS SUR LE PLACENTA
Le placenta dérive du trophoblaste. Après l’implantation de l’œuf, le trophoblaste se développe rapidement en formant des villosités qui lui donnent un aspect chevelu. Lorsque l’œuf a suffisamment grossi pour faire saillir dans la cavité utérine, le trophoblaste se modifie : les villosités directement en rapport avec la paroi de l’utérus se développent et forment le placenta [7-10]. I.2. Formation et développement du placenta Le placenta est né en même temps que l’embryon. Sa formation commence aussitôt après l’implantation du blastocyte dans la cavité utérine. Il est formé à partir du trophoblaste qui apparait dès le 5ème jour post conceptionnel [11]. L’œuf est complètement enfoui dans la muqueuse vers le 10ème , 11ème jour post conceptionnel avec reconstitution de l’épithélium utérin de surface : il s’agit d’une implantation interstitielle. La profondeur de l’implantation au sein de la muqueuse aurait un rôle déterminant dans la configuration placentaire ultérieure et ses anomalies [12]. A partir du 13ème jour, les villosités trophoblastiques émanant du chorion occupe toute la surface de l’œuf. Ce sont les villosités choriales primaires. Les villosités secondaires et tertiaires se forment successivement vers 18ème jour et 21ème jour de la fécondation, certaines villosités se trouvent fixées à la paroi utérine, se sont les villosités libres. La division des villosités choriales permet de différencier : – Le tronc villositaire du 1er ordre. – Le tronc villositaire du 2ème ordre. – Le tronc villositaire du 3ème ordre. L’ensemble des arborisations dérivées d’un tronc villositaire de premier ordre constitue « un cotylédon fœtal » ou lobe placentaire. La croissance placentaire est liée au développement de ces cotylédons fœtaux. A partir de 2ème mois, la muqueuse utérine se réfléchit en caduque pariétale. Les villosités en contact avec la caduque basale se prolifère car celle-ci est alimentée par l’artère utero-placentaire, c’est le chorion villeux. Les villosités en contact avec la 3 caduque réfléchie dégénèrent en laissant le chorion lisse, avasculaire : c’est « le chorion chauve ». Le placenta est ainsi localisé vers la fin du 3ème mois et comporte : – Un chorion villeux, masse discoïdale de plus en plus dense, constitue la caduque placentaire. – Un chorion lisse ou chauve qui participe à la formation des membranes de l’œuf [13]. L’insertion normale du placenta dans l’utérus se fait au voisinage du fond utérin au troisième trimestre de la grossesse (figure n°1).
Description du placenta
Macroscopiquement
Le placenta forme un disque épais, plus ou moins régulièrement arrondi. A son pourtour s’attachent les membranes. Il présente à décrire deux faces : – La face maternelle : c’est elle qui est normalement adhérente à la paroi utérine. – La face fœtale : elle regarde vers le fœtus. Examiné après la délivrance, le placenta à terme se présente comme une masse de forme discoïdale ou elliptique, d’un diamètre de 20cm à 25cm, d’une épaisseur de 3cm à 5cm [12] son poids moyen normal à terme est de 490g ± 150g. 4 Figure 1 : Insertion normale du placenta Source : Martial D. Placenta praevia. 4ème édition. Paris : Masson ; 2008 [14]. Caduque pariétale Cavité amniotique Caduque ovulaire Cavité utérine Muscle utérin Cordon ombilicales Placenta Caduque placentaire 5
Histologiquement
Le placenta est accolé à l’utérus pour former un organe fœto-maternel. – La partie fœtale : Elle est constituée par une surface de base, la plaque choriale qui est en continuité sur ses bords avec chorion. De cette plaque chorale s’élèvent les villosités placentaires dites villosités choriales. Certaines de ces villosités, les plus nombreuses, sont libres. Quelques unes vont se fixer sur la muqueuse interne (transformée par la grossesse, et appelée la caduque) ; ses villosités qui fixent le placenta à la caduque sont les villosités crampons. Les villosités se regroupent en amas et c’est chacun de ces amas de villosités qui est un cotylédon. Chaque villosité est constituée de la façon suivante : deux couches cellulaires la bordent : en dehors une couche syncitiale formée de cellules dont les séparations ne sont pas visibles ; en dedans une couche cellulaire unique : la couche de Langhans. Le centre de la villosité est occupé par un axe de tissu conjonctif, parcourue par des vaisseaux : une artériole venant des artères ombilicales et une veinule qui va à la veine ombilicale. – La partie maternelle : Elle est essentiellement constituée par la caduque : c’est l’endomètre considérablement modifié pendant la grossesse surtout en regard du placenta. La caduque envoie entre les cotylédons des cloisons fibreuses qui les séparent les uns des autres : Les vaisseaux sanguins maternels qui traversent la paroi utérine pour arriver jusqu’à la caduque sont directement ouverts au contact des villosités ; ainsi le sang maternel se répand librement autour de chaque villosité. Le sang fœtal reste toujours contenu dans les vaisseaux qui se trouvent au centre de la villosité. Il n’y a donc jamais de mélange entre le sang maternel et le sang du fœtus ; tous les échanges entre ces deux sangs se feront par l’intermédiaire de la paroi de la villosité.
Les fonctions du placenta
Le placenta, organe fœto-maternel a un double rôle : un rôle fœtal car il est indispensable à la survie et à la croissance du fœtus et un rôle maternel hormonal car il est indispensable au maintien de la grossesse.
Rôle fœtal
A l’égard du fœtus le placenta est l’unique organe d’échanges avec l’extérieur. Il constitue une barrière protectrice ; enfin, il constitue dans certaine mesure un organe de réserve. Echanges respiratoires Dans le placenta, le sang fœtal se débarrasse du CO2 qu’il contient et s’enrichit en oxygène provenant du sang maternel. Echanges nutritifs Par l’intermédiaire du placenta, le fœtus puise dans le sang maternel tout ce qui est nécessaire à sa croissance et à ses besoins énergétiques : Toutefois certaines vitamines franchissent mal le placenta ; la pauvreté du fœtus en vitamine K explique peut être certaines hémorragies méningées. En même temps le placenta permet l’excrétion des déchets du fonctionnement organique du fœtus (urée, bilirubine). Fonction de protection Le placenta constitue une barrière efficace contre certains dangers qui menacent le fœtus : il s’oppose au passage dans le sens mère – fœtus de la plupart des microbes, des certaines toxines et substances toxiques. Ce barrage n’est pas malheureusement absolu : les virus sont capables de franchir la barrière placentaire et de léser le fœtus (rubéole). De plus certains microbes sont incomplètement arrêtés : le tréponème de la syphilis traverse le placenta à partir du 7 ème mois de la grossesse. Fonction de réserve Le placenta est accessoirement capable de mettre en réserve certaines substances nutritives (glycogène).