Durant la grossesse, il existe une augmentation de la volémie maternelle, et une augmentation de la masse de l’utérus (Cf. Annexe I : Modifications physiologiques durant la grossesse), contribuant directement à la croissance fœtale. (1,4) Aussi, on constate une hémodilution : il y a une augmentation du volume plasmatique et du volume érythrocytaire. L’augmentation du volume globulaire est liée à une stimulation physiologique de l’érythropoïèse. La concentration en hémoglobine quant à elle diminue. (Cf. Annexe I) Cela permet ainsi de couvrir les besoins en oxygène du fœtus mais ceux-ci peuvent être limités par les apports nutritionnels (notamment les apports martiaux). (5) On constate également l’augmentation des hormones orexigènes, l’augmentation de l’absorption digestive et une diminution de l’excrétion. (6) Au-delà des modifications, les échanges placentaires constituent une part très importante du développement fœtal : le placenta possède un rôle de filtre, de nutrition pour le fœtus, d’épuration et de respiration, fonctions essentielles au fœtus. (7) De plus, le placenta possède un rôle majeur d’échanges en captant 60 % du glucose extrait de la circulation maternelle. Il peut également synthétiser des acides gras, les estérifier en triglycérides ou les oxyder en corps cétoniques. Enfin, il accumule les acides aminés pour les utiliser lors de la synthèse protéique.
Demande énergétique et métabolisme de base
Les besoins énergétiques d’une femme enceinte en termes d’apports énergétiques représentent entre 2 200 à 2 900 kcal/j (Cf.Annexe II : Apports énergétiques conseillés). Cependant la croissance foeto-placentaire, le développement de l’utérus et des glandes mammaires ne représentent qu’une faible quantité énergétique à savoir environ 45kcal par jour environ (soit 2% de la demande totale). (9,10) Ainsi, c’est la modification du métabolisme de base qui va constituer la demande énergétique la plus importante (Cf. Lexique) : en effet, durant la deuxième moitié de la grossesse, la croissance fœtale est augmentée (avec une production tissulaire maximale chez le fœtus), induisant l’augmentation du métabolisme de base. Celui-ci augmente à partir de 24 semaines d’aménorrhée (SA), et, à partir de 36SA son augmentation dépasse même les 20% par rapport à l’état non gravide (ce qui représente environ 400kcal/j).
Les apports caloriques
Les apports quotidiens recommandés pour une femme enceinte sont de 2000kcal/j au premier trimestre et atteignent 2500kcal/j au troisième trimestre. Il est recommandé de ne pas restreindre l’apport calorique. En effet, le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) déconseille la restriction calorique durant la grossesse. Ils encouragent à consommer des fruits et légumes (cinq portions par jour) en rappelant leur importance pour la santé, mais également ne pas consommer d’aliments trop gras (y compris les aliments frits). La restriction calorique (moins de 1500kcal par jour) aurait des conséquences sur la poursuite de la grossesse : cela entrainerait une production de corps cétoniques qui sont néfastes pour le développement cérébral du fœtus ainsi qu’un risque augmenté de retard de croissance intra-utérin (RCIU). Aussi, le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG) recommande, en ajoutant un repère de 1940kcal par jour pour une femme non enceinte, d’augmenter les apports au troisième trimestre de 200kcal par jour, soit une augmentation de 10% d’énergie supplémentaire journalière.
Rappels des besoins engendrés par ces modifications et recommandations en France
La notion d’équilibre alimentaire rassemble tous les éléments nutritionnels (nutriments, minéraux) dont notre corps a besoin pour vivre. Nous allons ainsi voir dans cette partie quels sont ces nutriments ainsi que leur importance durant la grossesse. « Les besoins énergétiques d’un individu sont définis comme étant « la quantité d’énergie nécessaire pour compenser les dépenses et assurer une taille et une composition corporelle compatibles avec le maintien à long terme d’une bonne santé et d’une activité physique adaptée au contexte économique et social » (Organisation mondiale de la santé (OMS), 1996). » .
Les nutriments énergétiques
Protides
Les protéines sont des macromolécules composées d’acides aminés. Elles possèdent des fonctions diverses : rôle structural, hormonal, immunitaire (les immunoglobulines) et dans la régulation de l’expression du génome entre autres. Les protéines passent le placenta sous forme d’acides aminés, contre un gradient de concentration (transport actif), leur concentration plasmatique est environ deux fois supérieure à celle de la mère. (7,14) Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses), pour un adulte, l’apport recommandé de protéines est de 0,8g/kg/j (soit 9-12% de l’apport énergétique journalier). Pendant la grossesse, le métabolisme protéique est augmenté : environ 925g de protéines sont retenus dans les tissus fœtaux au cours d’une grossesse. Ainsi, pour une femme enceinte, il est recommandé d’augmenter les apports protéiques de 0,1g/kg/j (soit 10-13,5% de l’apport énergétique journalier) ce qui représente 0,9-1g/kg/j environ. (14) Les sources de protéines sont la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers, graines et noix (devant représenter plus de la moitié de la ration quotidienne), suivi par la viande et les produits laitiers. Il serait intéressant de conseiller aux patientes d’associer les protéines animales aux protéines végétales contenues dans les céréales et légumineuses dans le but d’augmenter les apports protéiques (notamment au troisième trimestre). (15) Tableau regroupant les principaux aliments sources de protéines : Cf. Annexe III : Tableaux des différents nutriments et leur aliments correspondants : élaboré avec le site web https://ciqual.anses.fr Une étude japonaise a mis en évidence un lien (en courbe gaussienne) entre la prise insuffisante ou excessive de protéines et le poids de naissance : si la prise est inférieure à 10% ou supérieure à 25% le risque de petit poids pour l’âge gestationnel (PAG) augmente. Il est donc conseillé de consommer 25% de protéines au maximum de notre apport énergétique quotidien.
Glucides
« Le glucose est le métabolite quasi exclusif du fœtus et passe le placenta, à raison de 20 mg/min, par diffusion facilitée » (7) Les glucides sont très importants pour la santé et le bien- être de l’Homme en bonne santé, c’est le substrat énergétique principal. (14) En dehors de la grossesse, les glucides représentent 50-55% (environ 130g/j pour une femme adulte) des apports énergétiques journaliers. (9,14) Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), conseillent d’augmenter la consommation de glucides afin qu’ils contribuent à 50-70% des apports énergétiques journaliers (aliments riches en amidon) tout en réduisant la consommation des sucres simples (glucose, saccharose). La consommation des sucres simples comme les fruits ou les produits sucrés transformés ne doit pas excéder 10% des apports quotidiens. Cela augmenterait le risque de prise de poids ou d’hyperinsulinisme. On conseillera donc aux patientes de s’orienter vers la consommation de sucres complexes comme les féculents, le pain, les céréales complètes ou les légumineuses. (14,17) Cette augmentation des apports est nécessaire au fonctionnement cérébral du fœtus, les glucides étant le substrat énergétique principal chez l’Homme. (9) Aussi, il existe physiologiquement une résistance à l’insuline (et aussi un hyperinsulinisme modéré physiologique) à partir du deuxième trimestre jusqu’au terme. Cet hyperinsulinisme permet la constitution des réserves énergétiques maternelles (tissu adipeux) et prévient l’hypoglycémie maternelle. (9,18) Tableau regroupant les aliments sources de glucides : Cf. Annexe III : Tableaux des différents nutriments et leur aliments correspondants : élaboré avec le site web https://ciqual.anses.fr
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