Rappel historique et classification des insecticides de synthèse

Classification

Autrefois, les insecticides étaient classés selon leur mode de pénétration: insecticides stomacaux (devant être ingérés), insecticides de contact (pénétrant la cuticule) et insecticides fumigènes (absorbés par les trachées), (LAVABRE, 1970 et ROY, 2001 cité par DRAME, 2003). Actuellement, les insecticides de synthèse sont classés en fonction de leurs familles chimiques car plusieurs de ces produits empruntent divers modes de pénétrations dans l’organisme.

La famille des organochlorés

L’insecticide le plus utilisé était le Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane ou le D.D.T. (C14H9CL5), c’est le précurseur de cette famille. Il fut la première fois synthétisé par OTHMAR ZEIDLER, (DARRIET, 1998). En 1985, des experts ont estimé à trois millions de tonnes la quantité totale de D.D.T. synthétisée (RAMADE et THYBAUD, 1985). C’est par la suite que sont apparus l’Aldrine, la Dieldrine, l’Heptachlore et le Lindane qui est un isomère gamma de l’Hexachlorocyclohexane (H.C.H.).

La famille des organophosphorés

C’est une famille inventée par le chimiste Allemand Gérard Schraeder en 1942 avec la synthèse du T étra-Ethyl-Pyrophosphate (T.E.P.P.). Entre 1944 et 1950 sont synthétisés : le Parathion, le Malathion, le Diméthoate et le Déméthon d’après DARRIET (1998)

La famille des carbamates

Ces insecticides sont dérivés de l’acide carbamique NH2-COOH dont les sels constituent les carbamates. Les plus utilisés en santé publique sont le Propoxur, le Carbaryl, le Bendiocarb et le Carbosulfan.

La famille des pyréthrinoïdes de synthèse

Selon DARRIET (1998), ils sont conçus des p yréthrines naturelles. Ils prennent de plus en plus leur importance sur le marché des insecticides. Ils étaient autrefois très instables à la lumière, mais avec l’apparition des molécules photostables, ils deviennent plus actifs. Ils sont sans effet cumulatif sur l’environnement et sans action toxique chez les vertébrés supérieurs. Dans cette famille, nous avons la Perméthrine, la Cyperméthrine, l’Alphaméthrine, la Lamda-cyhalothrine, et la Deltaméthrine.
Ces insecticides empruntent divers modes de pénétrations mais s elon LU (1991) et ROY (2001) cités par DRAME (2003), ceux appartenant aux organophosphorés et aux carbamates agissent sur le système nerveux.

Les différentes formulations des insecticides

Les insecticides sont utilisés en pratique sous différentes formulations. En général, les insecticides peuvent être regroupés en formulations liquides et en formulations pour pulvérisation sèches (ANONYME 9, 1973).

Classification et caractère Bioécologique des moustiques

Classification des moustiques

Les moustiques sont des diptères appartenant à la classe des insectes. Ce sont des insectes volants dotés d ’une paire d’ailes et dont les femelles piquent et sucent le sang de l’Homme ou des Animaux.
On note trois grandes sous-familles de culicidae :
– Sous-famille des Anophelinae: Comporte les Anophèles dont les femelles piquent le plus souvent la nuit et surtout entre minuit et 4h du matin.
– Sous-famille des Aedinae: Comporte les Aedes. Ils sont soit selvatiques ou péridomestiques, les femelles piquent le plus entre 16h et 19h.
– Sous-famille des Culicinae: Comporte le genre Mansonia dont les espèces uniformis et africana sont très agressives pour l’Homme et le genre Culex exemple: Culex quinquefasciatus dont sa bioécologie est fortement liée à l’urbanisation.

Caractères bioécologiques des moustiques

Le développement des moustiques se caractérise par 2 phases distinctes :
• un cycle pré-imaginal qui se déroule en milieu aquatique et regroupe l’œuf, les 4 stades larvaires et la nymphe,
• la phase aérienne qui concerne l’adulte ailé ou imago.

Cycle de développement

D’après ROZENDAAL (1999) on distingue 4 é tapes dans le cycle de développement des moustiques : l’œuf, la larve, la nymphe, et l’adulte ou l’imago. En général la femelle ne s’accouple qu’une seule fois, mais pond périodiquement pendant toute son existence. Pour y parvenir, la plupart d’entre elles doivent prendre un repas de sang. Ce sont les repas de sang qui apportent les substances nutritives indispensables à chaque maturation ovarienne (DETINOVA, 1963). La digestion et le développement ultérieur des œufs durent 2 à 3 j ours sous les tropiques et plus dans les régions tempérées. Une femelle pond 3 0 à 300 œ ufs à la fois selon l’espèce et soit isolément pour l e genre Anophèles, soit en amas sous de barquettes pour l e genre Culex (ROZENDAAL, 1999).
A l’éclosion, la larve mesure environ 1,5 mm et 10 mm au stade 4. Les larves n’ont pas de pattes mais sont pourvues de soies et nagent grâce à des mouvements ondulants. En cas de pénuries de nourriture dans les climats chauds, le stade larvaire dure 4 à 7 jours ou d’avantage.
Sous les tropiques, le stade nymphal dure 1 à 3 jours et lorsque les conditions sont réunies, le passage de l’œuf à l’imago prend 7 à 13 jours (ROZENDAAL, 1999).
A la fin du stade 4, se produit la nymphose. La cuticule de la larve se fend dorsalement et laisse échapper une nymphe très mobile et qui ne se nourrit pas.
Elle respire par des trompettes situées sur l e céphalothorax. Ce stade dure souvent moins de 48 heures. L’adulte est préformé à la fin de ce stade.
Après l’émergence, les femelles doivent généralement se reposer 12 à 24 heures et les mâles pendant trois jours pour que leur exosquelette durcisse et que la mise en place des organes reproducteurs soit effective. Après le 3ème jour de leur vie imaginale, les mâles essaiment et s’accouplent avec des femelles.
L’accroissement des ovocytes de certains moustiques jusqu’au terme de l’ovogenèse nécessite des protéines que le moustique trouve dans le sang des vertébrés sur lesquels il se nourrit. Après chaque repas de sang, le moustique cherche un lieu de repos et la digestion qui dure une ou deux heures élimine plus de 60% du volume de son repas de sang sous forme d’eau.
D’après ROZENDAAL (1999), la vitesse de vol des moustiques est de l’ordre de 0,13 à 0,15 m/s. Le vol se fait généralement contre le vent qui transporte les signaux émis par les vertébrés (CO2). Le déplacement dans ce cas n’excède pas quelques centaines de mètres. Ces moustiques peuvent aussi être assistés par le vent dans leur vol. Les moyens de transport peuvent favoriser aussi leur transport passif.

Gîtes de ponte

Aux alentours des habitations, le biotope des larves peut se diviser en deux groupes :
a- Les gîtes larvaires en eau claire ou récipients remplis d’eau pour les genres Anopheles et Aedes :
– Gîtes temporaires à l’intérieur et à l’extérieur
– Gîtes permanents constitués par les récipients ou réservoirs d’eau, les puits et les mares ou étangs.

Les méthodes de lutte

La lutte mécanique

Le drainage des marais et la construction des marais salants sont moins pratiqués aujourd’hui. Dès l’antiquité, on utilisait déjà les filets pour se protéger contre les piqûres de moustique (DANIS et MOUCHET, 1991).
Actuellement, les moustiquaires sont utilisées contre la piqûre des moustiques.
Leurs imprégnations entrent dans le cadre de la lutte chimique.

La lutte chimique

contre les adultes

Les expériences faites en 1970 au Burkina Fasso avec la Deltaméthrine sous forme de poudre mouillable ou sous forme huileuse adaptée à une pulvérisation électrodynamique, ont montré l’efficacité de celle-ci contre les anophèles. La concentration était de 0,1g /m² à 2g /m². En 1980 des résultats satisfaisant ont été obtenus avec l’utilisation de la Deltametrine (0,008g/m²) et du Pelméthrine (0,08g/m²), (VINCENT et CODERRE, 1992)
En 1984, des expériences réalisées sur les moustiques dans la station expérimentale de Soumosso au Burkina Fasso, ont donné des résultats satisfaisants grâce à l’imprégnation de moustiquaires par divers insecticides (DARRIET et al., 1984 cités par VINCENT et CODERRE, 1992). Les actions répulsives, l’exophilie, et le taux de gorgement de sang ont permis aux chercheurs de sélectionner 5 m eilleurs produits organophosphorés (Malathion, Fénitrothion, le Chlorofibre, le Pirimiphos-méthyl et le bromophos), et 3 carbamates (Landin, propoxur, Moban).
Depuis quelques temps, les moustiquaires imprégnées d’insecticides sont de plus en plus utilisés au Sénégal pour se protéger contre les piqûres de moustique.

Contre les larves

Les larvicides organiques de synthèse généralement utilisés sont d’après ROZENDAAL (1999)
► Téméphos : C’est un prod uit extrêmement actif contre les larves de moustiques et très peu toxique contre les poissons, oiseaux et mammifères. Il est largement utilisé pour traiter les cours d’eau d’Afrique occidentale contre les simulies.
► Fenthion : C’est un produit dont la toxicité est élevée. Il est utilisé pour le traitement des eaux polluées, étangs, marécages, fosses septiques. L’eau est traitée au maximum à une concentration de 0,1mg /l.
► Malathion : Il est utilisé surtout contre les larves de Aedes aegypti à des doses comprises entre 224 et 400 g/ha
► Chlorpyriphos : Il est employé dans les bassins de captage, puits perdus, fosses d’évacuation des eaux d’égout. Il est très toxique. Il se présente sous forme de granulés ou poudre mouillable.
► Pirimiphos-Méthyl : Il est utilisé contre les larves et imagos de moustiques, il est toxique pour l’Homme. Il est sous forme de concentré émulsionnable appliqué à 50%, en raison de 100g /ha de matière active.
► Pyréthrinoides : Ce sont la Deltaméthrine et la Perméthrine. On les utilise pour détruire les larves de moustiques mais peuvent avoir des effets graves sur les autres insectes.
Régulateurs de la croissance des insectes (ROZENDAAL, 1999)
Ils perturbent le développement des insectes, très toxiques contre les nymphes, larves et très peu toxiques contre les mammifères, oiseaux, poissons et insectes adultes.
– Les analogues d’hormones juvéniles, (comme le méthropène) empêchent les larves ou les nymphes de parvenir au stade adulte.
– Les inhibiteurs de la synthèse de la chitine perturbent le processus de mue et tuent la larve lorsqu’elle mue (Diflubenzuron, Triflumuron).
L’O.M.S. estime que l’utilisation du Méthropène est sans danger pour traiter l’eau. La matière active se décompose assez rapidement dans l’eau. On l’introduit généralement là où le gîte est le plus profond de manière à ce que l’action larvicide se maintienne durant la saison sèche. On l’utilise à d es concentrations de 4 à 6 g de m.a. /ha contre Aedes et deux fois plus contre Anopheles, Culex et Mansonia.

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