Raerae en France

L’association PASTT

Les raerae tahitiens que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Paris faisaient partie d’une association, le PASTT, située dans le 10ème arrondissement. Le PASTT c’est avant tout, la Prévention, l’Action, la Santé et le Travail pour les Transgenders (travestis et transsexuels). Il s’agit d’une association de transsexuels majoritairement féminins c’est-à-dire des hommes qui s’habillent en femmes, qui se conduisent comme des femmes, qui deviennent femmes.
L’association PASTT est financée par le ministère de la santé à travers la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales). Lors de mes visites, une dizaine de personnes environ travaillaient à l’association et toutes ne sont pas transsexuelles même si, selon la présidente, « nous encourageons à embaucher des transgenres car nous sommes une association communautaire et identitaire ».
Cette association fut créée en 1992 afin de répondre, selon les termes de sa présidente, elle-même transgenre, « à la nécessité de faire une action de prévention du Sida auprès des transsexuels ». Elle précise ainsi que dans les années 1980, environ 70 à 80% des transsexuelles de Paris étaient des « travailleuses du sexe », autrement dit se livraient à la prostitution. Ensuite le PASTT s’est rendu compte qu’il fallait, en plus de la prévention, s’occuper globalement de la communauté des transsexuels, prendre en compte les problèmes de cette communauté. Ainsi depuis 1997, sept programmes ont été mis en place : prévention, accueil, action dans les prisons, insertion sociale, informations/formations, hébergement long séjour en appartement.
Mais une des premières activités du PASTT reste la prévention contre le Sida, la prévention des risques de contamination. Trois fois par semaine, une fois l’après-midi et deux fois la nuit, des membres qui travaillent à l’association vont au Bois de Boulogne en bus (celui de l’association) afin d’effectuer cette prévention : information des risques, distribution de préservatifs. Mais l’association accomplit aussi des actions pour les transsexuels en prison, met en place un programme d’hébergement d’urgence pour les transsexuels atteints du Sida. Pour répondre aux attentes et besoins des transsexuels, une équipe pluridisciplinaire compose l’association : médecins, avocats, psychologues, assistantes sociales et agents de prévention. Par ailleurs, le PASTT emploie des transsexuels, soient par emploi jeune soit par contrat emploi solidarité (CES), afin de les aider à sortir de la prostitution.
C’est lors des préventions sur le lieu de prostitution des transsexuels que les raerae ont majoritairement connu le PASST ou alors par d’autres raerae. Certains travaillent actuellement ou ont travaillé dans cette association, abandonnant ensuite la prostitution. En ce qui concerne la prostitution, la présidente de l’association m’avait prévenue : « Ici les raerae se livrent à la prostitution et il faut éviter de parler de cet aspect, du commerce sexuel car pour elles ce n’est pas valorisant. Moi je préfère le terme de travail sexuel ou travailleuse du sexe car je trouve que celui de prostitution est assez discriminant et stigmatisant ».
Selon les raerae interrogés, la prostitution en arrivant en France est inévitable car en général le monde du travail leur est fermé. Néanmoins les raerae m’ont généralement parlé très librement de cet aspect de leur vie, qu’il soit passé ou actuel. Mareva qui est en France depuis 8 ans, travaille à mi-temps au PASTT depuis 6 ans après avoir dû se prostituer quelques mois. « Je savais que j’allais atterrir sur le trottoir, trouver un travail ici c’est pas possible. Avec l’association je me rends utile, ça m’a beaucoup aidée à sortir de ce milieu-là. Un jour le PASTT est venu faire de la prévention là où je travaillais et à cette époque ils cherchaient un chauffeur pour le bus de prévention. Heureusement j’avais mon permis. J’ai donc posé ma candidature, pendant 6 mois j’ai fait du bénévolat car il fallait que je montre que j’étais motivée, que je voulais ce travail. C’est un travail très lourd psychologiquement, on est amené à voir, à connaître, à assister des personnes. La politique de l’association c’est d’abord la prévention mais aussi orienter les personnes qui veulent faire des démarches pour le changement d’état civil par exemple ».
Mareva travaille aussi à la prison de Fleury-Mérogis depuis quatre ans où elle rencontre des transsexuels parmi les détenus. C’est la première transsexuelle qui effectue ce travail en Europe, elle rend visite aux transsexuels 1 fois par semaine. Mareva travaille aussi une fois par mois au centre de détention de Nantes où il y a aussi une forte concentration de transsexuels. « J’ai du préparer cette démarche pendant deux ans et maintenant j’ai un permis professionnel qui me permet d’avoir accès au parloir d’avocat ainsi je peux aller à la prison quand je veux. Je fais ça à cause des conditions de vie des transsexuels en prison, ils ne sont mis ni chez les hommes ni chez les femmes, ils sont au quartier d’isolement c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de promenade, c’est une salle grillagée. Seul le transsexuel opéré qui a fait le changement d’état civil est chez les femmes. Mon travail c’est de rendre visite, d’accélérer les procédures, de fournir des médicaments car en prison c’est très lent, j’apporte des certificats médicaux. »
Diana travaille aussi au PASTT depuis trois mois. Arrivée en France en 1992, elle a connu l’association par Mareva quand cette dernière était encore dans la prostitution : « L’année dernière je travaillais dans une boîte de nuit et la présidente du PASTT connaissait bien la personne qui m’employait. J’ai donc fait ma demande au PASTT et ça fait trois mois que j’y travaille. Tu sais la prostitution…heureusement que j’ai le PASTT pour m’en sortir, sans ça qu’est ce que tu veux que je fasse d’autre ? Je travaille comme CES (contrat emploi solidarité), je suis responsable des préservatifs, des rentrées et des sorties. Déjà c’est bien d’avoir un travail et je l’aime bien. Je travaille trois à quatre fois par semaine. Je rencontre plein de personnes, de différents pays ». Ainsi le PASTT permet de sortir de la prostitution car les transsexuels qui n’ont pas changé d’état civil ont peu de chance de trouver un emploi. Mais selon Mareva la prostitution est un cercle vicieux, « on est habitué à un rythme de vie financier, l’argent peut faire plein de chose et on a du mal à accepter de gagner moins avec un travail stable. Celles qui sont jeunes et belles elles gagnent mon salaire en trois jours…il faut vraiment qu’il y ait une bonne cause pour qu’elles arrêtent ».
Diana est du même avis : « Les jeunes aujourd’hui elles ont très belles, elles ont beaucoup de qualités, elles passent pour des femmes et elles pourraient s’en sortir. C’est dommage qu’elles travaillent dans la prostitution, elles peuvent faire mieux. Elles ont tout devant elles, pourquoi tout gâcher dans la prostitution ? Moi si j’étais belle comme ça je n’aurais pas fait ça ».
Loaina a 24 ans, a de longs cheveux blonds, une allure moderne et très féminine mais sans artifices. Cette jeune femme a souvent été citée en référence par d’autres raerae pour sa beauté et son apparence de femme. Elle fait partie d’une « nouvelle génération » de raerae, dont Diana parlait précédemment, celles qui sont arrivées plus jeunes en France, qui sont très féminines malgré leur jeune âge mais une féminité qui semble naturelle. Loaina se prostitue encore malgré la possibilité, qu’elle avait obtenue, de travailler au PASTT. « Je suis arrivée en 1996, j’ai connu le PASTT une semaine après grâce à une amie qui travaillait ici. Ensuite j’ai suivi une formation, un CES et j’ai travaillé à mi-temps. Ca m’a occupée car je n’avais pas de travail et je faisais rien. A Tahiti je me prostituais et en France j’avais pas d’autres alternatives. Ici il faut une apparence féminine et des papiers féminins sinon il faut trouver un employeur compréhensif. Quand j’ai travaillé au PASTT je continuais la prostitution comme ça je touchais pas à mon salaire, mais j’ai démissionné, il y a deux mois environ ».
Pour Loaina, la prostitution lui permet de gagner de l’argent plus vite qu’avec un autre travail car son but est d’économiser et de construire une maison à Tahiti et d’ouvrir un petit commerce.
« Je n’ai pas honte de ce que je fais mais c’est vrai que si on me le demande, je suis obligée de mentir. J’ai travaillé aussi dans un restaurant thaïlandais mais j’ai arrêté au bout d’un mois. Je voulais concilier ce travail et la prostitution et c’était trop fatiguant ».
J’ai demandé à Loaina pourquoi elle n’était pas alors restée dans le restaurant et pourquoi elle n’avait pas plutôt abandonné la prostitution : « Je me suis d’abord rendu compte que je préférais être employeur plutôt qu’employée et il me fallait de l’argent pour ouvrir quelque chose à moi. J’avais pas mis d’argent de côté, donc je me suis laissée encore un an dans la prostitution pour économiser car il me faudra un travail normal, c’est mieux pour une femme ».
Pour les raerae qui travaillent au PASTT, cette association leur a permis de sortir de la prostitution. Pour les autres, c’est un lieu d’aide et d’informations, à la fois dans le domaine de la santé ou le domaine juridique. L’association permet d’avancer dans les démarches de féminisation et indiquant les marches à suivre mais ce n’est pas le but premier. L’objectif étant avant tout la prévention contre le Sida et l’aide aux transsexuelles. Notons par ailleurs que les raerae se prostituent aussi à Tahiti ou travaillent dans des bars, des boîtes de nuit. Elles peuvent aussi travailler dans l’hôtellerie ou la restauration mais c’est nettement plus rare. La majorité quitte très tôt l’école et les études et n’ont pas de diplômes. Trouver un travail est alors encore plus difficile. La France apparaît ainsi comme étant la solution à de nombreux problèmes.

La France : le rêve de l’accomplissement féminin

Lors de mon enquête quelques raerae m’ont affirmé qu’il y avait une communauté de transsexuelles tahitiennes relativement importante en France : entre 100 et 150 raerae dont la majorité se trouve à Paris. Mais cette augmentation est récente et concerne des raerae de plus en plus jeunes. Ainsi pour Mareva ou Diana qui sont en France depuis longtemps, lors de leurs arrivées respectives il y avait très peu de raerae. Aujourd’hui il y en a environ trois par mois qui arrivent en France et qui ont entre 18 et 25 ans. La solidarité entre raerae en France a souvent été évoquée, elle se développe sous la forme d’informations partagées, d’aide morale, de soutien. Ainsi d’après Mareva, « C’est important qu’on se voit car moi quand je suis arrivée à Paris je ne connaissais que quatre autres Tahitiennes et c’était très dur car elles avaient déjà leurs vies. Celles qui sont arrivées dernièrement ont beaucoup de chance car tout un réseau s’est mis en place. Quand il y en a une qui arrive, on la met en contact avec d’autres, on lui indique les hôtels les moins chers.
On est très solidaires entre nous. Beaucoup plus parce qu’on est Tahitiennes ». Les raerae qui arrivent en France se connaissent souvent déjà de Tahiti et arrivent ainsi en France avec des contacts. Elles se fréquentent souvent, et beaucoup cohabitent. C’est ainsi le cas de Loaina ou Erika qui vivent avec d’autres raerae. Lors de mes entretiens, j’ai ainsi été amenée à rencontrer plusieurs raerae qui partageaient des appartements dans le même immeuble, dans un quartier de la banlieue parisienne. Habiter à plusieurs c’est tout d’abord moins cher et cela permet aussi de ne pas se sentir seule en France. Cette solidarité entre raerae est aussi présente à Tahiti. Loaina parlait ainsi de « nouvelle famille » quand elle a commencé à fréquenter le milieu des raerae à Tahiti. Erika m’explique que là-bas les raerae les plus âgées prennent en charge les plus jeunes, leur apprennent à se tenir, à avoir les bons gestes, leur conseillent de prendre des hormones : « Les jeunes qui quittent l’école vont s’installer dans le quartier du Piano bar, c’est le bar des raerae où il y a des spectacles. En France, on se connaît déjà plus ou moins car on a vécu avec une raerae plus âgée, on est ses filles en quelque sorte. Moi j’habite avec Teiva et Nathalie, on se connaissait avant mais on s’était perdues de vue et, à Paris, on a repris contact ».
La vie en France est généralement conçue comme un passage et la majorité des raerae rencontrés expriment le désir de rentrer chez elles quand elles seront plus âgées. Mais chaque personne a son histoire et ses raisons de quitter Tahiti, chaque cas est différent. La France est un rêve. Certaines comme Diana sont venues en France pour voir autre chose, pour quitter une situation qui n’avançait pas ou simplement pour trouver du travail. D’autres ont simplement suivi un homme, souvent marin.
Prenons le cas et le parcours de Mareva qui travaille au PASTT. Elle est née à Tahiti il y a 30 ans mais ses origines familiales se situent aux îles Australes. Mareva a grandi à Tahiti et, à 22 ans, elle a décidé de partir en France :
« Je n’étais pas du tout rejetée par ma famille mais le but de mon arrivée en France c’était pour faire toutes mes démarches de féminisation, faire des prothèses par exemple. Ce que j’ai retenu de mon parcours à Tahiti c’est qu’on n’est pas du tout informées des démarches à suivre, des hormones à prendre. Moi par exemple j’avais entendu parler du piano bar où vont toutes les raerae et j’ai commencé à sortir là-bas vers 16 ans…c’est un peu jeune. C’est comme ça que j’ai commencé à prendre des informations. Je peux pas dire que j’ai eu une enfance malheureuse mais ce qui n’était pas bien c’est que personne ne m’a informée pour que je commence plus tôt à prendre les traitements, j’ai du faire ça par moi-même et ça m’a un peu abîmé la santé. Vers 16 ans j’ai vu un médecin pour avoir des hormones mais j’ai appris en France que c’est pas comme ça que ça doit se passer. Il faut faire des examens et voir un spécialiste, on ne doit pas prendre n’importe quels produits comme ça. On n’est pas du tout pris en charge à Tahiti. C’est pour ça que je suis partie, car il n’y avait aucune information ». « Quand je suis arrivée en France, une amie m’a hébergée pendant trois jours. Ensuite, je suis partie en Italie car je connaissais une Tahitienne là-bas et elle devait me trouver une place. J’y suis restée une semaine car je n’ai pas trouvé cette personne et je ne savais pas quoi faire…c’était très dur. Je suis rentrée en France et j’ai frappé à la porte de mon amie qui m’avait hébergé la première fois. Elle m’a aidée pendant trois mois et c’est comme ça que petit à petit j’ai fais ma place à Paris et que j’ai connu la prostitution. Après j’ai vécu un temps à l’hôtel et il fallait bien que je mange et que je paie la chambre donc il n’y avait que la prostitution pour avoir de l’argent le plus vite possible » .
Quand Mareva parle de se faire une « place » c’est dans le milieux de la prostitution, il s’agit d’une place « sur le trottoir ». En partant de Tahiti, Mareva savait qu’elle allait se prostituer, selon elle, la prostitution était inévitable, presque comme une fatalité. Depuis 6 ans Mareva vit avec un homme qui accepte sa situation de transsexuelle. Mais la famille, les amis et la fille de cet homme ne sont pas au courant et pourtant ils connaissent et voient régulièrement Mareva.
« Je dis que je travaille pour la DDASS de Paris, dans un certain sens c’est vrai, mais ils ne savent pas dans quel but. Je leur dis que c’est dans le cadre de la recherche contre le Sida.
De toute manière ils ne vont rien comprendre. Au début je n’ai pas trouvé préférable de dire ce que j’étais et puis avec le temps j’ai pas trouvé d’autre solution que de le cacher. Et puis c’est grâce à mon ami que je suis sortie de la prostitution, il m’a beaucoup aidée psychologiquement et financièrement. A quoi ça servirait de dire la vérité à tout le monde ? ». Mareva a prévu de se faire opérer, de changer de sexe prochainement. Cette opération lui permettra de changer d’état civil et de pouvoir se marier.

UNE IDENTITE A CONSTRUIRE

Naître homme, devenir femme

Comme on vient de le voir, la majorité des raerae viennent en France pour se féminiser. Mais les démarches sont longues et le processus qui amène à devenir femme est complexe. On est face à des individus qui sont des hommes biologiques et qui n’acceptent ni cet état – imposé par la nature – ni l’identité qui lui est rattachée. Ainsi pour Loina, le but du voyage en France était bien défini : « Quand je suis partie de Tahiti, je n’avais même pas encore 18 ans. Si je suis venue en France c’est dans l’idée de changer de sexe car je ne supportais pas l’idée d’être un garçon et d’avoir un sexe masculin entre les jambes. A 8 ans j’étais déjà efféminée mais je me suis dit que c’était passager. Mais je jouais à la poupée, je faisais des trucs de fille. Quand ma mère partait travailler, je mettais ses vêtements, je me maquillais et puis quand elle rentrait, il fallait que j’enlève tout avant qu’elle le voit. A l’école je détestais jouer au foot, je trouvais que les garçons étaient des brutes et je restais quasiment qu’avec les filles Après vers 10/12 ans je savais que j’étais attirée par les garçons. Mais je savais aussi qu’un garçon qui aime un garçon c’est un homosexuel et je trouvais ça horrible et je savais pas ce que c’était qu’un raerae. Et j’ai remarqué qu’il y avait d’autres personnes comme moi au lycée ». « J’ai commencé à fréquenter des raerae plus âgées qui savaient qu’elles voulaient être femme et c’est vers 12 ans que je me suis dit que moi aussi je voulais être comme ça. Je me sentais pas bien dans ma peau mais je ne voulais pas être homosexuelle. Mais quand j’étais au collège j’étais pas très féminine et on voyait que j’étais un garçon. C’est à partir de 12 ans que ça a été difficile. Tu sais à 12 ans quand tu commences à peine, tu ressembles à une fofolle, j’avais beaucoup de manières ridicules comme dans le film « La cage aux folles ». A 12 ans tu cries « je suis une femme, je suis une femme » alors que c’est pas du tout ça car une femme ne se comporte pas comme ça. Après au fur et à mesure que tu rencontres des raerae tu fais des efforts et en grandissant tu ne ressembles plus à un mahu et c’est bien plus tard que tu te comportes comme une femme ».
Les raerae ont une idée de la féminité bien précise : la féminité c’est la beauté, la douceur, ce sont des attitudes, des manières d’être mais c’est avant tout être femme dans sa tête. En général, pour se féminiser, les raerae commencent très tôt à emprunter les vêtements de leur mère ou de leurs sœurs. Plus tard elles prennent modèle sur les femmes des magasines, de la télévision et sur les autres raerae.

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