La motivation anime l’Homme au quotidien. Triviale, la motivation est constituée de processus psychologiques et physiologiques nous permettant de nous engager dans la poursuite d’un but (Vallerand, 1993). Ce concept est issu des réflexions de différents philosophes de l’Antiquité. Or, ce n’ est qu’ au 20e siècle que la majorité des théories motivationnelles a émergée. Des auteurs tels que Freud (1914), Hull (1943), Maslow (1943) et White (1959) érigeront les fondements des théories motivationnelles contemporaines. À ce jour, ce concept a été étudié au sein de diverses disciplines telles que le sport (Baena-Extremera, G6mez-L6pez, Granero-Gallegos, & deI Mar OrtizCamacho, 2015 ; Li, Wang, Pyun, & Kee, 2013 ; Pelletier et al. , 1995), l’ éducation (Blais, Vallerand, Pelletier, & Brière, 1989; Kyndt et al., 2015 ; Taylor et al., 2014), le travail (Cerasoli, Nicklin, & Ford, 2014; Fall & Roussel, 2014; Stoeber, Davis, & Townley, 2013).
Un consensus est établi au sein des écrits quant à la définition de la motivation: qu’elle provienne de l’ individu (interne) ou de l’ environnement (externe), la motivation permet de déclencher, de diriger, d’intensifier et de conduire à l’accomplissement ou l’ interruption d’ un comportement (Bandura, 1980; Beck, 1978; Deci & Ryan, 2000; Deckers, 2010; Green, 1995; Murray, 1964; Petri, 1996; Reeve, 2005; Vallerand, 1993).
La motivation diffère lorsque le comportement est émis par choix (intrinsèque) ou lorsqu’il est émis en raison de pressions externes (p. ex. : récompenses) (Vallerand, Pelletier, & Koestner, 2008). La théorie de l’autodétermination permet de saisir l’influence qu’ont les pressions externes sur l’adoption des comportements de l’Homme (Deci & Ryan, 1985, 2000). Cette théorie pourrait s’ avérer très utile pour comprendre les multiples facettes que prend le perfectionnisme afin de cesser de tomber dans une compréhension dichotomique de cette problématique, c’est-à-dire, la recherche de standards personnels et les préoccupations perfectionnistes.
L’ autodétermination, par définition, réfère à la capacité de déterminer ses propres gestes, ses propres pensées (Deci & Ryan, 1985, 2000). Il s’agit donc du sentiment d’être libre de ses propres choix en regard de sa volonté. L’absence de contrainte environnementale permet donc de répondre à ce besoin inné d’autodétermination (Deci, Ryan, & Guay, 2013). Or, des stimuli pouvant influencer et engendrer divers comportements sont incessamment présents (De ci & Ryan, 2000, 2011 , 2012; Gagné & Deci, 2005). Dès lors, il est possible de définir les différentes sources motivationnelles selon leur degré d’autodétermination. Ainsi, la motivation se regroupe selon trois nIveaux: intrinsèque, extrinsèque et amotivation (Deci & Ryan, 2000; Ryan & Deci, 1985).
La motivation intrinsèque. Un comportement motivé intrinsèquement est accompli afin d’obtenir satisfaction personnelle et plaisir. Aucune conséquence positive (outre le plaisir personnel que procure l’ activité), contrainte ou obligation ne motive la mise en action, car l’ engagement au sein d’une activité est volontaire en regard de l’intérêt porté vers celle-ci. Pouvant être qualifiée comme étant une motivation autonome (Deci & Ryan, 2008), la motivation intrinsèque se définit selon trois types: 1) à la connaissance; 2) à l’accomplissement; et 3) à la stimulation (Vallerand, 1997).
La motivation intrinsèque à la connaissance se manifeste lorsqu’une personne accomplit une activité lui permettant d’ apprendre de nouvelles choses et que cette dernière lui procure plaisir et satisfaction. La motivation intrinsèque à l’ accomplissement, quant à elle, est présente lorsqu’un individu adopte un comportement afin d’obtenir une satisfaction personnelle dans le dépassement. Finalement, la motivation intrinsèque à la stimulation est présente lorsque la personne agit dans le seul but de ressentir des sensations agréables
La motivation extrinsèque. La motivation extrinsèque réfère à tout comportement qui est adopté afin d’obtenir des conséquences positives ou d’éviter des conséquences négatives. Ainsi, les comportements sont sous le joug de pressions externes de sorte que leur sélection n’ est pas faite de façon entièrement autonome (Ryan & Deci, 2000). Ayant pour conséquence de réduire la créativité ainsi que la flexibilité psychologique, la motivation extrinsèque offre une raison instrumentale d’ agir (Ryan & Deci, 2000). Trois motivations extrinsèques peuvent être définies (Blais et al., 1989). Celles-ci se regroupent selon un continuum d’ après le niveau d’intériorisation des contrôles externes.
Le premier niveau constitue la régulation externe. La source motivationnelle est entièrement à l’ extérieur de l’ individu. Dès lors, les conséquences positives ou négatives guident les comportements. Ces contrôles externes peuvent être sociaux ou matériels (Ryan & Deci, 2000). En guise d’ exemple, un individu peut être perfectionniste, car cela lui permet d’ être respecté par les autres (régulation externe sociale) ou cela lui permet d’ accéder à des primes à la performance (régulation externe matérielle) (Ryan & Deci, 2000) .
L’amotivation. L’amotivation est caractérisée par une absence de motivation. Cette carence est attribuable à un sentiment d’incompétence et à l’absence d’un sentiment d’autodétermination (De ci & Ryan, 1985, 2000). Une activité devient « amotivante » lorsqu’un individu perçoit qu’il n’a plus de contrôle sur les résultats obtenus. Ainsi, la relation entre actions et résultats est perçue comme étant incontrôlable. Cette absence de maîtrise engendre un sentiment de résignation. On parlerait ici de la personne perfectionniste qui ne voit plus ce que lui apporte son combat pour la perfection. Ainsi, certains comportements sont émis malgré l’absence de conséquence interne ou externe voire même l’absence de conséquence positive.
Introduction |