LE CORPUS
QUELS TEXTES POUR NOTRE CORPUS ?
Choix des textes
Les œuvres versifiées doivent être écartées : exploitant le génie de la langue jusqu’à ses dernières ressources, le poète s’autorise trop souvent des libertés grammaticales pour respecter la métrique. Un vers présentera le morphème bi- selon que le poète a besoin d’un élément supplémentaire pour parfaire le pied. Et si la présence de l’élément peut être commandée par les exigences de la métrique, sa position l’est également. On songera ici aux célèbres vers de Rōdakī 31 où la rime est en āyad hamē avec hamē rejeté après le verbe āyad. Un tel ordre syntaxique existait dans la prose mais il était rarement utilisé ; ici il est généralisé à tout le poème. Par ailleurs, mais cela est une évidence, la prose étant sujette à moins de contraintes que la poésie, elle est un témoin plus proche, donc plus fiable, de la langue parlée. Nous n’avons pas plus retenu de traductions, celles du Coran en écriture arabe comme celles de la Bible en judéo-persan. Très souvent interlinéaires, elles calquent la langue de départ et certaines de ses structures. Pourtant très précieuses sur le plan lexical, ceci les rend inexploitables pour des recherches sur la syntaxe, et même parfois pour la morphologie . Il nous fallait retenir des ouvrages en prose ayant aussi échappé à des remaniements successifs. Nous savons que les scribes ont tendance à corriger les archaïsmes en leur substituant les usages et graphies propres à leur époque : les copies altèrent l’original . Des textes ont heureusement été préservés de corruptions trop nombreuses, soit qu’ils aient eu un intérêt littéraire limité, soit qu’ils aient traité leur sujet avec des représentations que les générations suivantes ont jugées obsolètes. Ils son oubliés et de nouveaux textes qui correspondent aux nouvelles préoccupations voient alors le jour. Certains textes scientifiques, théologiques et historiques sont de ceux-là. Les commentaires du Coran ou les récits hagiographiques sont les plus intéressants. Pauvres en vocabulaire technique, les tafsīrs sont écrits dans une langue simple et compréhensible, destinée à l’édification du peuple, et ils sont principalement composés d’épisodes narratifs, ponctués de quelques dialogues. Bien qu’ils aient parfois une facture plus littéraire, les ouvrages historiques ont aussi retenu notre attention : les récits et les dialogues y utilisent des verbes variés, conjugués à divers temps. Dans la mesure du possible, nous avons privilégié les textes qui ne présentaient pas de recherche de style particulière, les analyses auraient été faussées. Bien entendu, les passages en vers et en arabe qui ont l’habitude d’émailler ces textes n’ont pas été pris en compte. L’idéal aurait été de ne sélectionner que des textes d’un seul et même genre : ou tafsīrs, ou textes médicaux. Mais la réalité des manuscrits conservés étant ce qu’elle est, les choix sont limités ; nous avons finalement retenu un texte médical, important par l’ancienneté du manuscrit par lequel il nous est parvenu. Les autres sont des tafsīrs ou des textes historiques.
Manuscrits et copies
De possibles remaniements soulèvent maintes difficultés35. A cela s’ajoute la question de l’authenticité même de certains manuscrits. En atteste la découverte – et les doutes qui l’ont suivie – d’un manuscrit du Qābusnāma. Frye y voyait un manuscrit très ancien, même antérieur aux autres manuscrits conservés comme le Kitāb al-abniya, le Šarh-i ta‘arruf et le Kitāb hidāyat al-muta‘allimīn fī al-tibb ; Minovi, lui, en a tout de suite contesté l’authenticité, avançant que ce manuscrit ne pouvait pas être antérieur à 1321/194236. Pour arriver à cette conclusion, Minovi se fonda sur des indices linguistiques. Il rappelle qu’il est tout à fait possible de trouver en Iran papiers et encres anciens, et donc que l’étude codicologique pouvait difficilement révéler la supercherie. oubliés et de nouveaux textes qui correspondent aux nouvelles préoccupations voient alors le jour. Certains textes scientifiques, théologiques et historiques sont de ceux-là. Les commentaires du Coran ou les récits hagiographiques sont les plus intéressants. Pauvres en vocabulaire technique, les tafsīrs sont écrits dans une langue simple et compréhensible, destinée à l’édification du peuple, et ils sont principalement composés d’épisodes narratifs, ponctués de quelques dialogues . Bien qu’ils aient parfois une facture plus littéraire, les ouvrages historiques ont aussi retenu notre attention : les récits et les dialogues y utilisent des verbes variés, conjugués à divers temps. Dans la mesure du possible, nous avons privilégié les textes qui ne présentaient pas de recherche de style particulière, les analyses auraient été faussées. Bien entendu, les passages en vers et en arabe qui ont l’habitude d’émailler ces textes n’ont pas été pris en compte. L’idéal aurait été de ne sélectionner que des textes d’un seul et même genre : ou tafsīrs, ou textes médicaux. Mais la réalité des manuscrits conservés étant ce qu’elle est, les choix sont limités ; nous avons finalement retenu un texte médical, important par l’ancienneté du manuscrit par lequel il nous est parvenu. Les autres sont des tafsīrs ou des textes historiques.
Manuscrits et copies
De possibles remaniements soulèvent maintes difficultés. A cela s’ajoute la question de l’authenticité même de certains manuscrits. En atteste la découverte – et les doutes qui l’ont suivie – d’un manuscrit du Qābusnāma. Frye y voyait un manuscrit très ancien, même antérieur aux autres manuscrits conservés comme le Kitāb al-abniya, le Šarh-i ta‘arruf et le Kitāb hidāyat al-muta‘allimīn fī al-tibb ; Minovi, lui, en a tout de suite contesté l’authenticité, avançant que ce manuscrit ne pouvait pas être antérieur à 1321/194236. Pour arriver à cette conclusion, Minovi se fonda sur des indices linguistiques. Il rappelle qu’il est tout à fait possible de trouver en Iran papiers et encres anciens, et donc que l’étude codicologique pouvait difficilement révéler la supercherie.