La Maladie de Parkinson
La MP est caractérisée par une perte de neurones DAergiques de la SNpc et donc par une atteinte importante de la voie nigro-striée. Selon Société Parkinson Canada, on estime à plus de 100 000 le nombre de Canadiens étant atteints de la MP et à plus de 446,8 millions de dollars par année les dépenses totales associées à cette maladie. En outre, 85 % des patients sont âgés de 65 ans et plus, et ces statistiques grimperont encore dans les prochaines années dû à l’augmentation de l’espérance de vie (Canada 2014). Il est donc impératif de développer des traitements pour contrer, sinon prévenir cette maladie grave et pour le moment incurable.
Un peu d’histoire
Les premiers écrits retrouvés racontant les manifestations physiques de la MP ne datent pas d’hier. En effet, l’Ayurveda, document médical appartenant à la civilisation indienne antique, décrit une maladie, la Kampavata, dont les symptômes, entre autres les tremblements, rappellent ceux de la MP (Manyam 1990). Cette maladie était traitée avec une plante appelée Mucuna pruriens, connue aujourd’hui en tant que source de lévodopa (L-Dopa) (Katzenschlager et al. 2004).
Il faudra attendre jusqu’ en 1817 pour que le Dr James Parkinson publie une étude intitulée « An Essay on the Shaking PaIsy » (Parkinson 1817) où il fut le premier à décrire les symptômes de tremblement et d’ akinésie (lenteur et réduction d’amplitude des mouvements) ainsi que l’évolution de la maladie, observée chez six personnes atteintes de la MP (Parkinson 1817; Goetz 2011). En 1862, le Dr Charcot poursuivit les études menées par Parkinson et ajouta la rigidité musculaire au tableau clinique des symptômes moteurs. Ces derniers comprennent: 1) le tremblement des membres au repos, 2) l’ akinésie, et 3) la rigidité musculaire, composant ainsi ce que l’on appelle la « triade clinique », qui est encore l’outil de diagnostic principal pour le clinicien aujourd’hui. Enfin, Charcot proposa de nommer cette maladie « la maladie de Parkinson » en l’honneur de son prédécesseur .
En 1882, à Paris, le Dr Benjamin BalI caractérisa les premIers symptômes non-moteurs tels que la dépression et les hallucinations. Par la suite, en 1894, le Dr Édouard Brissaud poursuivit les études sur les troubles psychiques et rapporta le trouble de l’apathie (Broussolle et al. 2016). Il fut, plus tard, le premier à montrer qu’une dégénérescence des neurones dans la SNpc était responsable des symptômes de la MP (Brissaud 1895).
En 1958, la découverte de la DA par le Dr Arvid Carlsson relance les études sur la MP et permettra au Dr Barbeau, en 1960, de mettre en évidence l’implication de cette molécule dans la maladie. C’est en fait, la disparition de cette dernière dans le striatum qui cause les symptômes moteurs de la triade clinique (Barbeau 1960).
En 1979, le premIer cas de MP toxique est décrit. Il est causé par la neurotoxine I-méthyl-4-phényl-l,2,3,6-tétrahydropyridine (MPTP) retrouvée dans l’héroïne consommée en Californie (Davis et al. 1979). Cette toxine agit en inhibant le complexe 1 de la chaîne de transport d’électrons de la mitochondrie et en causant un stress oxydant, ce qui a pour conséquence la destruction des cellules neuronales DAergiques de la SNpc. La neurotoxine MPTP est aujourd’hui très utilisée en recherche afin de générer un modèle murin de la MP (Schildknecht et al. 2017).
En 1991, l’acteur canadien Michael J. Fox, connu pour avoir joué le rôle de Marty McFly dans « Retour vers le Futur» (1985), apprend qu’il est atteint de la MP. Il fonde, en 2000, la fondation Michael J. Fox pour la recherche sur la MP qui est aujourd’hui mondialement reconnue. La fondation a, depuis sa création, investi plus de 600 millions de dollars en recherche et développement, dans le seul et unique but de trouver un remède contre la MP (« Parkinson’s Disease The Michael J. Fox Foundation for Parkinson’s Research »).
Depuis la première étude sur la MP, parue en 1817 et menée par le Dr Parkinson, nos connaissances sur cette maladie ne cessent d’évoluer. Les nouvelles technologies nous aident à comprendre les mécanismes sous-jacents par lesquels la maladie se développe.
Les fondations, telles que la fondation Michael J. Fox, subventionnent plusieurs études, chaque année, en versant des fonds de plusieurs millions de dollars et nous aident à trouver un remède contre la MP.
Les Symptômes moteurs
La MP est une maladie dégénérative touchant les neurones DAergiques de la voie nigro-striée du cerveau (McGill2016; Jomova et al. 2010). La voie nigro-striée relie deux régions distinctes que sont la SNpc, qui se situe dans le mésencéphale, et le striatum, se situant dans le diencéphale, qui est responsable du contrôle des mouvements volontaires (Jomova et al. 2010). Cette dernière région est composée de deux noyaux, le noyau caudé et le putamen. Les neurones DAergiques de la voie nigro-striée envoient des prolongements vers le striatum. Ce sont justement ces neurones de la SNpc qui dégénèrent dans la MP, ayant pour conséquence la diminution des niveaux de DA dans le striatum, causant les symptômes de la maladie tels que nous les connaissons.
Les Symptômes non-moteurs
Bien que le médecin se base sur les symptômes moteurs de la triade pour poser son diagnostic, il existe une panoplie de symptômes non-moteurs associés à la MP. Ces symptômes peuvent se présenter à divers niveaux d’intensité, dépendant du patient. Prises ensemble, les manifestations motrices et non-motrices de la MP deviennent un vrai handicap pour les personnes atteintes.
Dans la liste des manifestations non-motrices de la MP, il y a tout d’abord les . troubles psychologiques, comme la dépression et l’ anxiété, qui sont présents dans 40 % des cas de MP. La démence peut aussi se présenter chez des patients à un stade avancé de la maladie (Emre et al. 2004; Richard, Kurlan, and Group 1997). On note également des troubles d’hypotension dans 60 % des cas, qui seraient causés, entre autres, par des anomalies des fibres sympathiques post-ganglionnaires qui innervent la musculature vasculaire (Senard et al. 1997; Senard 1998). De plus, la baisse de la libido est directement corrélée avec l’aggravation des symptômes de la MP (Brown et al. 1990; Singer et al. 1991). Les troubles respiratoires sont aussi présents. Il peut s’agir de difficultés à respirer à l’effort ou de l’augmentation des infections bronchiques. La plupart du temps, ces troubles sont variables et les causes sont méconnues. Pourtant, ils sont liés à une grande part des décès chez les parkinsoniens (Elbaz et al. 2003; De Rijk et al. 2000) .
Par contre, certains symptômes sont présents dès le début de la maladie, et même, parfois, avant l’apparition des premiers symptômes moteurs. Par exemple, les troubles sensitifs sont présents dans 50 % des cas et, plus particulièrement, les troubles olfactifs se manifestent chez plus de 90 % des patients parkinsoniens (Waseem and Gwinn-Hardy 2001; Müller et al. 2002). Les troubles du sommeil sont aussi fréquents,iusqu’à dans 65 % des cas (Edwards et al. 1991). Les troubles du système digestif, comme la constipation, sont présents chez 50 à 70 % des patients parkinsoniens (Edwards et al. 1991; Edwards, Quigley, and Pfeiffer 1992). La constipation serait principalement causée par la réduction de l’activité physique. Par contre, la présence d’inclusions histopathologiques caractéristiques du cerveau des patients parkinsoniens a été démontrée dans le SNE (Edwards et al. 1991; Edwards, Quigley, and Pfeiffer 1992; Barrenschee et al. 2017; Mittal et al. 2017).
CHAPITRE 1 INTRODUCTION |