Compilations bibliographiques
La consultation de documents concernant la valorisation des plantes médicinales a été faite au laboratoire et dans les différents centres de ressources. Les documents disponibles concernant les plantes médicinales au niveau mondial, national et régional ont été consultés. Dans le cadre du projet de valorisation des plantes médicinales, nous avons collecté toutes les informations et les données qui existent sur l’utilisation des plantes médicinales de Madagascar, afin de contribuer à la formulation d’une politique visant la préservation et l’exploitation de ces plantes dans une optique durable. Au XXe siècle, les ethnobotanistes se sont intéressés aux plantes médicinales malgaches. En 1936 le docteur GRIMM, de l’Institut d’hygiène sociale d’Antananarivo, responsable de la léproserie de Manankavaly, demanda à Pierre BOITEAU d’assister à un entretien qu’il devait avoir avec un tradipraticien du pays qui avait affirmé être capable de guérir la lèpre grâce à trois plantes. Le tradipraticien leur donna donc des échantillons de ces trois plantes et le Dr. GRIMM et Pierre BOITEAU commencèrent à les étudier. Ils ne trouvèrent pas d’activité particulière pour deux de ces plantes; par contre la troisième espèce révéla une activité cicatrisante très intéressante. Il s’agissait du Centella asiatica. Pendant la deuxième guerre mondiale, Madagascar était presque coupé du reste du monde et il y avait pénurie de médicaments importés.
Pierre BOITEAU dressa alors une liste de plantes médicinales et de leur mode d’emploi, pour les maladies courantes. Ainsi, malgré la rareté des médicaments importés, la couverture des soins de santé primaire était en partie assurée. Rentré en France en 1947, il travailla comme chercheur au Laboratoire du Pr. Albert RAKOTO-RATSIMAMANGA à la Faculté de médecine de Paris et une équipe du Laboratoire continua les études préliminaires du Centella asiatica entreprises à Antananarivo. Ces travaux ont été couronnés par l’isolement de la molécule responsable de l’activité cicatrisante et l’élucidation de la structure de cette nouvelle molécule, l’acide asiaticoside. Un Laboratoire pharmaceutique exploita industriellement, dès le début des années soixante, ces résultats et depuis Madagascar exporte du Centella asiatica en France et en Italie. Pendant les années soixante dix, Pierre BOITEAU a séjourné de nombreuses fois à Madagascar pour continuer ses investigations ethnobotaniques et son enseignement. Il aida beaucoup le Centre National de Recherches Scientifiques crée à Antananarivo en 1976. Le département d’Ethnobotanique de ce centre lui doit beaucoup; en effet il a initié quelques cadres à l’investigation ethnobotanique, à l’identification des espèces et à la constitution des herbiers.
Les huiles essentielles
Par définition, les huiles essentielles sont des produits renfermant les principes volatiles contenus dans les végétaux. Les composants de l’huile essentielle sont solubles dans le corps gras : on peut employer des corps gras fondus, mais c’est le plus facile avec des huiles végétales (coco, olive, amande douce, etc…). On obtient ainsi une huile aromatique qui contient une bonne partie de l’huile essentielle mais aussi d’autres composants liposolubles. Préparation On remplit un récipient à moitié avec la plante médicinale aromatique bien sèche et grossièrement broyée et on complète avec l’huile ; on laisse macérer 2 à 4 semaines à température ambiante, en remuant de temps en temps. L’huile se décante, sinon, on la filtre à travers un linge propre. On conserve cette huile aromatique dans du verre teinté à l’abri de la lumière et la chaleur : huile aromatique (ou infusée) aux fleurs (rose, millepertuis), aux labiées (thym, romarin, sauge, etc…). On se servira de ces huiles aromatiques comme huile de massage, ou en application cutanée localisée (millepertuis) ou tout simplement dans la cuisine (thym, romarin). Beaucoup des plantes médicinales très recherchées sont maintenant cultivées de façon raisonnablement biologique, mais aussi parfois intensivement en utilisant engrais et pesticides. Quand on récolte des plantes sauvages, dans tout le cas, il ne faut prélever que la quantité de plantes nécessaires, si possible, à l’écart des routes passantes et des zones d’agriculture intensive et enfin s’assurer de la bonne identification de le plante médicinale (guide de botanique, pharmacien, tradipraticien).
DISCUSSION
En général, la médecine traditionnelle à Madagascar occupe une place importante pour la majorité de la population malgache. Comme à Mahajanga, beaucoup des gens dépendent et pratiquent la médecine traditionnelle chez le RIRA (Institut de soins), chez les guérisseurs et les tradipraticiens pour se faire soigner de façon traditionnelle. La collecte des plantes se fait dans les forêts et aux villages aux alentours de la ville de Mahajanga. Les herboristes reçoivent les plantes fournies par des collecteurs. Ils vendent les produits bruts aux marchés à Tsaramandroso, à Mahabibo et à Marolaka. Certains savent très bien toutes les informations concernant les plantes, tandis que la plupart des herboristes ne connaissent même pas le procédé d’utilisation des plantes médicinales. Chez RIRA, il cultive certaines plantes médicinales dans leur petit jardin botanique mais la majeure partie vient des collectes à l’état sauvage. A Mahajanga, aucun laboratoire de traitement n’existe. Seuls, l’HOMEOPHARMA et le RAOKANDRO MALAGASY vendent des produits traités ou transformés. Leurs clientèles sont des malgaches et des étrangers. Leurs procédés sur l’emploi des plantes médicinales sont en normes. Les laboratoires permettent de traiter, d’analyser et de doser convenablement avant de repartir les produits obtenus à travers l’Ile. Certaines catégories de gens utilisent les plantes médicinales de façon empirique grâce aux connaissances héritées de leurs ancêtres.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
L’analyse des résultats obtenus confirme l’importance de la médecine traditionnelle pour la vie humaine. Parmi les 189 espèces médicinales recensées à Mahajanga, huit espèces anti-diarrhéiques ont été ciblées : Cabucala erythrocarpa, Xylopia bemarivensis, Mascarenhasia arborescens, Cedrelopsis grevei, Memecylon boinense, Cinnamosma fragrans, Calliandra alternans, et Leea guineensis à usage multiple traitant au moins deux maladies. Six sont utilisées pour guérir la diarrhée, le paludisme et l’autre contre les maladies les plus fréquentes. Pourtant, l’exploitation massive et la diversification des utilisations des plantes non contrôlables provoquent des impacts néfastes sur la biodiversité et sur les collectivités locales qui ont tendance à cueillir les espèces végétales les plus précieuses ou les plus recherchées ; ceci entraîne une surexploitation ou une disparition totale des espèces végétales. Face à cette situation, nous proposons quelques suggestions qui pourraient être une meilleure valorisation des ressources naturelles :
– Sensibilisation de la population sur la valorisation et utilisation rationnelle des ressources renouvelables pour éviter les destructions des forêts ;
– Mettre en place des écoles à vocation de conservation environnementale afin que la population locale puisse éduquer leurs enfants et du fait, avoir des connaissances solides sur la conservation et la valorisation de la biodiversité. – Avoir un planning de reboisement dans le but d’avoir des régénérations des peuplements des végétaux le plus vite possible.
– Cibler les plantes importantes, en particulier, celles qui sont rares, et puis mettre au point des méthodes appropriées de reconstitutions des réserves des végétaux naturels et cultivés.
– Mettre au point des techniques et des pratiques à valeur ajoutée et sensibiliser à la problématique hommes-femmes pour la conservation, l’exploitation et la culture durable de ces espèces.
– Appuyer la recherche sur des stratégies viables de productions et de transformations durables des plantes médicinales afin d’aider les pauvres en améliorant leur revenu et leur permettre d’accéder aux divers soins de santé.
– Elaborer des politiques et des lois appropriées afin d’appuyer l’utilisation des plantes médicinales pour répondre aux besoins des pauvres et des milieux ruraux.
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