Quelques modes d’organisation de la formation à distance

L’enseignement à distance, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Première génération : enseignement par correspondance

C’est en 1840 que fut donné le premier cours par correspondance et précisément en Angleterre, ce qui marqua le début de l’enseignement à distance pour se développer en Europe puis de partout dans le monde.
Il s’agissait surtout d’un enseignement de seconde chance pour les adultes n’ayant pas pu achever leur enseignement secondaire ou supérieur.
Des tuteurs leurs apportent une assistance par correspondance, puis parfois par téléphone. En général, l’interaction est faible et les abondons sont nombreux.
A partir de 1920, des programmes éducatifs ainsi qu’universitaires sont radiodiffusés en Europe. Ce n’est qu’en 1939 que le gouvernement français crée le CNED (centre national d’enseignement à distance), dont la plupart des cours sont toujours donné par correspondance. Son homologue algérien verra le jour quelques années après l’indépendance.

Deuxième génération : enseignement télévisé et modèle industriel

En 1970 le gouvernement Espagnol créa l’universidad nacional de educaciona distancia (UNED) et le gouvernement britannique l’open university. Celle-ci encadra ses étudiants par un tutorat personnalisé et fit le meilleur usage de la télévision ainsi que des bandes vidéo. Cet enseignement avait pour caractéristiques principales : rationalisation, industrialisation, planification et économie avec division des fonctions d’enseignements en différents rôles : pédagogue, tuteurs, expert académiques auteurs de cours, techniciens et réalisateurs de cours.
Cette génération s’est développée dans un contexte dominé par le concept de béhaviorisme de l’enseignement où l’audiovisuel joue un rôle de plus en plus important. L’interaction reste limitée à la correction des travaux par correspondance et le téléphone entre apprenant-apprenant et apprenant-tuteur.

Troisième génération : enseignement à distance interactif

La nouvelle mutation de l’enseignement à distance est du majoritairement au développement de la microinformatique et des télécommunications à la fin des années 80 avec l’avènement du concept interaction, ou le dialogue entre apprenant et tuteurs se fait par visioconférence, e-mail ainsi que les forums de discussion sur le web. Permet aussi l’exploitation des ressources pédagogiques, l’autoévaluation ce qui rend l’apprenant très autonome.
Le concept dominat dans cette génération d’E.A.D est le constructivisme. Ce type d’enseignement est caractérisé par une convergence des modes d’enseignement présentiel et à distance, l’utilisation des technologies éducatives interactives pour l’apprentissage collaboratif ainsi que la reformulation des notions étudiées par l’apprenant, des autoévaluations anonymes.

Définitions

La définition de la loi française de 1971 à le mérite d’être simple et claire : « L’enseignement à distance est un enseignement suivi sans présence d’enseignant ».pour Peters [Peters 1973] il donne une définition correspondant à l’EAD de deuxième génération : « c’est une forme de communication de connaissances et de compétences rationalisée par la division du travail, une organisation systématique et l’utilisation des technologies de la communication, en particulier la reproduction pédagogique de grande qualité et permettant d’enseigner de nombreux étudiants où qu’ils soient».
De son côté Moore [Moore 1973] propose « l’enseignement à distance est une famille de méthodes éducatives où l’enseignement se réalise séparément de l’apprentissage ». [Holmberg 1977] précise le rôle des institutions dans la production, la communication et surtout la guidance : « l’enseignement à distance couvre différentes formes d’étude sans supervision continue et immédiate des étudiants, mais avec un planning et une guidance de l’institution enseignante ». Keegan résuma ces définitions en 1980 un comme : « l’enseignement à distance est définit par six caractéristiques: séparation de l’enseignant et l’apprenant, rôle de l’institution enseignante dans le planning et la préparation du matériel pédagogique, l’utilisation des technologies et des media, une interaction entre enseignant et apprenant, une possibilité de sessions occasionnelle en tête à tête, une forme industrielle de l’enseignement » [Keegan 1980].
Après 1980 de nouvelles notions sont introduites dans l’enseignement à distance. En 1987 Delling le définit comme « le cours à distance est un moyen d’apprentissage « dialogue » artificiel où la distance entre l’apprenant et l’institution aidante est franchie uniquement ou principalement par un transmetteur de signaux artificiels » [Delling 1980].il met ainsi en évidence le rôle du dialogue dans l’enseignement à distance. Et enfin la définition la plus récente (Moore 1990) «L’enseignement à distance est l’ensemble des dispositifs fournissant une instruction par communication d’imprimés ou d’information électronique à des personnes engagées dans un apprentissage planifié à un lieu ou un moment différent de ceux auxquels interviennent le ou les instructeurs» [Moore 1990].

Formation ouverte et à distance (FOAD)

Selon le Collectif de Chasseneuil une formation ouverte et à distance est un dispositif organisé, finalisé, reconnu comme tel par les acteurs; qui prend en compte la singularité des personnes dans leurs dimensions individuelle et collective; et repose sur des situations d’apprentissage complémentaires et plurielles en termes de temps, de lieux, de médiations pédagogiques humaines et technologiques, et de ressources.

Formation ouverte

Une formation est dite « ouverte » lorsqu’il n’y a pas de condition d’accès autre que technique. En France on emploie le terme « ouvert » comme synonyme de « flexible ». Une formation flexible est une formation qui permet aux apprenants des entrées et des sorties permanentes.

Formation à distance [AFNOR]

C’est un système de formation conçu pour permettre à des individus de se former sans se déplacer sur le lieu de formation et sans la présence physique d’un formateur. La formation à distance recouvre plusieurs modalités (cours par correspondance, e-learning…) et est incluse dans le concept plus général de Formation Ouverte et à Distance.

TIC : technologies d’information et de communication

Par nouvelles technologies de l’information et de la communication, on entend donc ici principalement :
• l’informatique en général et ses champs d’application reconnus, comme la robotique, la bureautique ou l’intelligence artificielle, mais aussi certains développements plus récents de la numérisation de l’information comme l’opto-électronique (CD-ROM), le multimédia et la réalité virtuelle.
• Les télécommunications à base numérique : « télématique, autoroutes de l’information, communication interactive par fibre optique, par la câblodistribution ou la téléphonie, la transmission par satellite, etc.
TICE
Technologies de l’Information et de la Communication Educatives, acronyme créé par le ministère de l’Education Nationale (France) et à présent repris par d’autres organismes.

Dispositif (de formation)

Un système formel d’apprentissage (terme utilisé par les Canadiens pour désigner un dispositif de formation) est un ensemble de moyens matériels et humains, correspondant à une forme de socialisation particulière (G. Simmel) destinée à faciliter un processus d’apprentissage. » [Bernard Blandin, 2001]

E-learning

L’e-learning définit tout dispositif de formation qui utilise un réseau local, étendu ou Internet pour diffuser, interagir ou communiquer. Ce qui inclut l’enseignement à distance, en environnement distribué (autre que l’enseignement par correspondance classique), l’accès à des ressources par téléchargement ou en consultation sur le Net. Il peut faire intervenir des outils synchrones ou de l’asynchrones, des systèmes tutorés, des systèmes à base d’auto formation, ou une combinaison des éléments évoqués.

Formation synchrone

Situation de formation durant laquelle les participants se connectent simultanément à leur session de formation. Ils peuvent communiquer en temps réel, soit par web-conférence ou visioconférence. Les formations synchrones permettent de partager les applications et d‘interagir sur celles-ci au moment où le tuteur donne la main sur le document partagé

 Formation asynchrone

Situation durant laquelle l‘échange avec les autres apprenants ou avec les tuteurs s‘effectue via des modes de communication ne nécessitant pas de connexion simultanée : forums de discussion, e-mails. Ce mode de formation repose sur un apprentissage dit autodirigé, avec des cours, des exercices et des évaluations automatisés, impliquant une certaine autonomie de l‘apprenant.

Les TIC et la formation à distance

Un simple site Web de présentation ou la distribution de CD-ROM ne peuvent être considérés comme un dispositif de formation à distance. En effet, la mise en œuvre de l’EAD et maintenant de l’e-learning suppose traditionnellement une responsabilité pédagogique et institutionnelle qui passe par quatre fonctions essentielles :
• l’inscription auprès d’un organisme qui assure la responsabilité pédagogique et institutionnelle,
• la proposition d’objectifs et de consignes de travail,
• la mise à disposition de supports d’apprentissage
• la fourniture de services d’accompagnement, d’aide et de suivi des usagers.

Une réponse à des besoins de masse

La formation ou l’enseignement à distance désigne les situations pédagogiques et les systèmes de formation pour lesquels la présence de l’enseignant ou du formateur n’est pas nécessaire à l’activité d’apprentissage.
Le développement de la formation à distance répond à des préoccupations et besoins toujours très concrets :
• former un grand nombre de personnes de manière rapide (délais de mise en œuvre) avec des moyens maîtrisés.
• la dispersion géographique des publics et la pénurie en ressources humaines susceptible d’assurer la formation.
• un souci d’économie pour faire face à des besoins massifs par des méthodes industrielles reposant sur la production centralisée des documents et le recours à des moyens de communication de masse (services postaux, télévision, radio, Internet),
• la nécessité de créer des systèmes de formation dans des délais assez brefs en faisant l’économie d’investissements lourds dans des infrastructures dispersées,
• au plan international, et pour les pays qui ne disposent pas d’un appareil de formation complet, la formation à distance répond bien à l’importation de contenus, de documents, de savoir-faire pédagogiques.
Les systèmes de formation à distance reposent sur une approche industrielle taylorienne :
• division du travail de conception, médiatisation, fabrication, distribution.
• centralisation des lieux de production.
Les systèmes de formation à distance ont apporté une innovation par rapport aux systèmes de formation traditionnels. Cette innovation s’appuie principalement sur :
• l’ouverture de la formation à des personnes qui en étaient écartées pour des raisons sociales et une certaine égalité d’accès à la formation entre les sexes et les catégories socioprofessionnelles,
• la possibilité d’une expression des initiatives individuelles, d’une plus grande autonomie, voire d’une plus grande responsabilité des personnes à l’égard de leur formation,
• une plus grande rigueur méthodologique qui préside à la préparation des documents et activités pédagogiques, à la prise en compte de l’activité et du travail individuel, et dans le meilleur des cas, à des caractéristiques des personnes en formation.

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La formation à distance évolue avec les TIC

La relation entre Enseignement à distance et TIC est ancienne. De la formation par correspondance du 19ème siècle au réseau «Learndirect» britannique en passant par la radio. les technologies ont contribué à améliorer les services aux publics tout en exigeant de nouveaux les savoir-faire.
Depuis 1995, Internet autorise des services pédagogiques à plus forte valeur ajoutée (travail collaboratif, gestion centralisée d’une grande diversité de parcours, mise à disposition de médias), ceci au plan national et international. Cette évolution des usages est de plus, facilitée par la standardisation et la convergence des technologies.
De manière indépendante de ce marché considérable de l’Enseignement à Distance, l’EAO a mobilisé l’essentiel des moyens de recherche et elle a été utilisée dans de nombreux organismes souhaitant traiter la formation individu par individu.
Le e-learning en conciliant large diffusion et personnalisation représente en quelque sorte une synthèse entre l’EAD et l’EAO. Cela présente quelques conséquences concrètes : un exemple la création, des ressources pédagogiques, est déterminée d’entrée (ne serait-ce qu’au plan des standards) par la nécessité de diffusion sur Internet et par la possibilité d’utilisation dans des contextes variés (notamment dans le cadre de plates-formes de e-learning).

 L’évolution des besoins et de l’offre

Depuis 25 ans, les besoins de formation se sont diversifiés. La formation à distance qui fait aujourd’hui partie de la panoplie des moyens mis en œuvre, connaît plusieurs évolutions importantes.

Flexibilité de l’offre

L’évolution rapide des contenus et des profils professionnels ainsi que la multiplication des sources d’information imposent d’une part un rapport plus actif au savoir et d’autre part des exigences de flexibilité dans l’offre de formation.
La mise à jour régulière des contenus est nécessaire mais coûteuse. L’actualisation des ressources documentaires par les communautés scientifiques et professionnelles devient indispensable. La production des supports s’intègre dans une chaîne de diffusion et mise à jour.
Les modes de travail plus coopératifs se répandent dans de nombreux contextes professionnels. En conséquence, aux cursus longs succèdent les cursus modulaires, aux formations à distance académiques reposant sur des documents figés présentant un savoir constitué succèdent des organisations basées sur une variété de travaux à réaliser, sur l’accès à des outils et à des ressources, sur davantage de communication.

 Recherche d’efficacité

La formation à distance de masse présente souvent des taux importants d’abandon et d’échec aux examens. L’isolement des utilisateurs, le suivi nécessairement limité pour des raisons de coût est parfois compensé par un investissement important de la part des utilisateurs.
Certes, les taux de réussite (de 10 à 50% suivant les cursus et les organismes) ne sont pas toujours inférieurs à ceux qui peuvent être constatés dans certains cycles universitaires.
Cependant, la tendance aujourd’hui est à la recherche d’amélioration de l’efficacité et la formation à distance n’est plus un pis aller. Mais c’est plutôt une solution choisie parce qu’elle correspond mieux aux besoins et aux contraintes. Lorsque leur activité individuelle est favorisée par les travaux de groupe, un suivi adéquat, des documents adaptés, les apprenants qui se forment à distance peuvent obtenir de meilleurs résultats que ceux qui se déplacent dans les locaux des établissements.

Diversité des organismes

La formation à distance n’est plus l’apanage d’organismes spécialisés. De nombreuses universités ont été bâties à travers le monde sur le modèle de l’Open University britannique. Ces universités délivrent leurs propres diplômes, assurent de manière intégrée leurs cursus avec leurs propres documents et leurs propres outils de communication.
Elles sont aujourd’hui amenées à évoluer pour s’adapter aux nouvelles demandes et répondre à la concurrence grandissante provenant des universités et organismes de formation professionnelle qui diversifient leur offre.

Diversité des fonctions et partenariat

Cette évolution ne signifie pas que les organismes spécialisés dans la formation à distance ne sont plus amenés à jouer un rôle important. Leur expérience est précieuse dans de nombreux domaines et ils deviennent des partenaires des organismes souhaitant développer leur offre. Leur intervention peut porter sur la logistique, sur l’ingénierie, sur la pédagogie.
Ces partenariats basés sur une spécialisation fonctionnelle laissent également de plus en plus de place aux sites locaux, aux collectivités territoriales qui gèrent les infrastructures.

Quelques modes d’organisation de la formation à distance

L’EAD s’est développé sur un marché bien spécifique. En Europe l’e-learning concerne aujourd’hui un marché plus ouvert : les entreprises, les organismes de formation ou le grand public. L’organisation retenue dépend du contexte, des objectifs en termes de rapport coût efficacité ainsi que de préoccupations stratégiques. Cette organisation peut se décrire à partir de 3 paramètres : le lieu l’activité, la situation :
• Domicile, lieu de travail, centres de ressources délocalisés,
• Apprenants isolés, en petits groupes, en grands groupes,
• Cours magistraux, auto formation, travaux et exercices dirigés, production et réalisation de projet, exposés, etc.
On l’imagine facilement, les combinaisons sont très nombreuses, d’autant que, quelles que soient ces combinaisons, les outils proposés par Internet (outils synchrones, asynchrones, supports et documents, moyens de gestion et d’organisation) sont accessibles et permettent d’assurer la continuité de la formation.
Voici quelques formules bien connues [Chevalier 2007]. Les deux premières sont assez typiques La généralisation d’Internet a décuplé les possibilités d’organisation mixte. Il devient en effet possible de mettre en relation l’ensemble des documents, des personnes en formation et des formateurs quel que soit l’endroit ou elles se situent dans le monde.

La formation à domicile

Au traditionnel service de livraison de cours et de correction de devoirs viennent s’ajouter de nouveaux services : les services télématiques ont permis d’assurer un tutorat personnalisé (réponse à des questions, commentaires des corrections), des exercices complémentaires (corrigés en temps réel, diffusion d’information ponctuelle). Internet démultiplie ces possibilités et ouvre des possibilités de travail en groupe à distance.
En France, une cinquantaine d’organismes de formation à distance utilisent cette solution. Plusieurs entreprises (EDF-GDF, le Crédit Agricole-IFCAM) ont développé des services de formation à distance internes. Le modèle de la formation par correspondance à domicile, s’appuie sur la fabrication de documents et leur diffusion vers les individus par la poste. Ces systèmes visant une diffusion de masse ont également tiré parti des médias de masse (télévision, radio) qu’ils maîtrisent parfois assez bien.
Les CD-ROM et documents accessibles par Internet sont aujourd’hui fréquents, les documents imprimés sont encore la clé des ressources proposées aux usagers.

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Comments (1)

  1. tres bel article sur les formations à distance.
    est-il possible d’avoir l’historique complete de cette formation et surtout son introduction en Afrique ?