Quelle place pour les recherches en sciences dans notre travail d’enseignant

Quelle place pour les recherches en sciences dans notre travail d’enseignant

Ecole et science : un mariage houleux

Cette dernière décennie a vu émerger nombre de débats et d’échanges – parfois houleux – entre pédagogues, politiques et scientifiques, autour d’une école malmenée par des résultats peu brillants aux évaluations nationales et internationales. L’Institut Français de l’Education dans son rapport « Neuroscience et éducation : la bataille des cerveaux »  rapporte à ce propos la déclaration du ministre de l’Education Nationale, Gilles de Robien, vis à vis des sciences de l’éducation qu’il qualifie « de curieuses “sciences” souvent mêlées de forts a priori idéologiques », et qu’il oppose aux neurosciences cognitives, incarnation de « la science, la vraie, la science expérimentale », qu’il souhaite voir apporter à l’école « des réponses fermes confirmant bien souvent nos connaissances empiriques et l’explication rigoureuse qui nous manquait »

De quelles sciences parle-t-on ?

On voit ici la nécessite de clarifier ce que l’on entend par « sciences ». En effet, un grand nombre de disciplines aux terminologies, postulats et méthodologies parfois très divergents, explorent le cerveau et les mécanismes de l’apprentissage. Nous nous centrerons sur les sciences de l’éducation, les sciences cognitives et les neurosciences, qui sont au cœur des problématiques actuelles de la recherche en éducation. a) De la pédagogie expérimentale aux sciences de l’éducation. L’expression « Sciences de l’Education » est relativement récente dans notre langue française.

Selon Gaston Mialaret 10 , ce vaste champ de recherche s’enracine dans quatre disciplines fondatrices : la philosophie, la sociologie, la psychologie et l’histoire. Utilisé dès 1912 en Suisse avec l’Institut des Sciences de l’Education (où exercera Jean Piaget), le terme ne recouvrait alors qu’un domaine très délimité : la psychologie de l’enfant. Pendant longtemps, pédagogie et sciences de l’éducation seront nettement distinguées.

Cependant, l’attitude scientifique dans la recherche sur l’éducation a une certaine ancienneté. En France, c’est Alfred Binet qui en est le chef de file. Dès la fin du XIXe siècle, ses recherches aussi bien en laboratoire que dans l’école de la rue de la Grange-aux-Belles font de lui un des précurseurs authentiques de la recherche scientifique dans le domaine de l’éducation.

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Entre laboratoire et salle de classe : une équation aux nombreuses inconnues

Réserves et militantisme dans le camp des chercheurs Cependant, alors que les neurobiologistes décryptent peu à peu comment notre cerveau apprend et mémorise, bon nombre de leurs informations sont obtenues à partir d’expériences conduites sur des rongeurs ou primates non humains. A l’aide des méthodes indirectes, – l’imagerie cérébrale notamment -, en extrapolant à l’être humain, il est possible de spéculer sur les mécanismes d’apprentissage de l’enfant.

Néanmoins, en l’état actuel des connaissances, certains chercheurs sont réticents à tirer des conclusions qu’ils jugent extrêmement prématurées pour l’enseignement, et requièrent d’adopter une grande prudence dans le contexte éducatif15 . Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche en neurosciences à l’INSERM, explique : « […] notre compréhension du cerveau est encore rudimentaire. Nos appareils de mesure pour les êtres humains possèdent des limites techniques : comme ils sont non invasifs, les données qu’ils fournissent sont imprécises ».

Ce qui ne le retient pas pour autant de vulgariser dans une bande-dessinée les techniques d’attention qu’il a mises au point dans le cadre de son projet « Attentif à l’école » 17 . D’autres, parmi lesquels le neuroscientifique Stanislas Dehaene, auteur de l’ouvrage « apprendre à lire : des sciences cognitives à la salle de classe »  , déclarent l’urgence « d’établir la pédagogie sur des preuves »  en évaluant son efficacité par une rigoureuse expérimentation.

Dans cette perspective, ils appellent vivement les enseignants à se former à ce que l’on va dorénavant baptiser la « neuroéducation ». b) La naissance controversée de la neuroéducation En dépit d’une absence de consensus clair sur les apports des neurosciences en éducation, l’idée d’un rapprochement fait son chemin dans les milieux tant éducatifs que de la recherche.

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