Quel est le bilan des relations entre les petites villes et leurs arrière-pays ?

Quel est le bilan des relations entre les petites villes et leurs arrière-pays ?
Y a t-il une réelle autonomie des acteurs locaux ?

L’objectif de départ [l’identification éventuelle d’un système et d’un milieu] passait donc par des travaux qui se situent à des échelles différentes : échelles sous-continentale et nationale pour les semis et les réseaux, échelle régionale pour les relations villes/campagnes et échelle locale pour le système interne de la petite ville. Aussi est-il apparu évident et logique d’enchaîner ces analyses successives de la petite à la grande échelle autour de deux grandes parties, l’une consacrée à l’étude des petites villes dans leurs relations externes, et l’autre consacrée à la réalité interne de ces organismes. Ceci en posant en permanence les deux questions transversales, et donc sans recourir à des exposés monographiques.

Une définition dimensionnelle de la petite ville, sans a priori

Les petits centres sont souvent qualifiés de “pseudo” ou de “semi-urbains” par la recherche qui ne retrouve pas en eux les attributs de l’urbanité . Se pose donc la question des critères d’identification d’une catégorie regroupant les centres urbains élémentaires. Plutôt qu’une définition fonctionnelle des petites villes, qui surreprésenterait les centres administratifs, nous préférons une définition dimensionnelle des agglomérations. La prise en compte du seul critère de la masse de population permet de réunir des centres qui ont trois caractéristiques principales :
– Ils juxtaposent des couches ou classes sociales déjà fortement différenciées, mais les relations entre personnes y gardent un caractère direct.
– Ils constituent le premier niveau authentiquement urbain bien distinct du système villageois, mais le dernier échelon en contact direct avec la campagne et la vie rurale. (d’après Sautter, 1978).
– Ils ont des besoins d’équipements, de planification, d’entretien, de coordination, en deux mots, de gestion urbaine. Ces besoins s’imposent et sont progressivement reconnus par l’administration et ses services techniques .

Des familles et des générations de petites villes
Les recensements et leurs traitements statistiques et cartographiques

Cette étude repose sur l’exploitation exhaustive de toutes les données disponibles et exploitables sur le nombre d’habitants des localités des pays d’Afrique de l’ouest, collectées rassemblées et harmonisées pour la base de données GEOPOLIS . Excepté pour le Ghana, où des recensements ont été effectués régulièrement depuis le début du siècle, la première vague de véritables recensements modernes dans cette région ne date que des années 1970 . Une seconde série de recensements a été effectuée entre 1984 et 1988, sauf au Togo. Les données antérieures à 1970 sont approximatives, mais cependant suffisantes pour connaître la population des localités de 5 000 habitants ou plus, qui étaient à l’époque peu nombreuses en dehors du Ghana.
Les localités correspondent à des agglomérations physiques. Lorsqu’il est possible de distinguer la population agglomérée de la population totale de la localité, c’est seulement la première qui a été retenue. C’est le cas pour la Côte-d’Ivoire, le Niger, le Mali et le Liberia ; partiellement pour le Togo, le Ghana et la Mauritanie ; mais pas pour le Burkina Faso. Lorsque le bâti s’étend de manière continue sur plusieurs localités, celles-ci sont réunies statistiquement en une seule agglomération. Ainsi, au Togo, l’agglomération d’Atakpamé englobe la ville centre et les deux bourgs suburbains de Hihéatro et Agbonou. Au sein de notre échantillon, Torodi est une petite ville nigérienne à laquelle est agglomérée le village suburbain de Pingona. A l’inverse, quelques localités n’apparaissent pas dans les statistiques, alors qu’avec l’apport d’un village coalescent, elles constitueraient des agglomérations de la taille d’une petite ville. Ce type d’agglomérations est assez rare et quelques unes ont été prises en compte lorsque la connaissance du terrain a permis de les identifier, c’est le cas du bourg de Tomégbé, voisin de Badou, qui dépassa les 5 000 habitants en 1970 avec la localité agglomérée d’Akloa.
Par ailleurs, la prise en compte des agglomérations effectives fait disparaître certaines localités passant pour des « petites villes » en raison de leur nombre d’habitants. Deux cas de figure se présentent. Le premier est le plus rare, il s’agit de la constitution de conurbation. Le second cas de figure est le plus fréquent, il s’agit de l’extension d’une grande ville par englobement de centres périurbains qui constituent alors sa banlieue.
Les cas de conurbation affectant des petites villes sont donc peu nombreux, cependant au sein de notre échantillon une telle agglomération est en voie de constitution réunissant la petite ville ghanéenne de Jasikan et le bourg d’Okadjakrom. D’autres exemples nous sont donnés autour d’un complexe minier ghanéen (Tarkwa-Abosso) ou, entre Lomé et Kpalimé, avec deux petites localités (Kévé et Assahoun) qui sont désormais coalescentes et méritent d’être regroupées pour ne constituer qu’une agglomération assimilable à une petite ville. Pour les cas d’englobement dans le tissu métropolitain, citons à titre d’exemple : Lamordé aux portes de Niamey, ou le port ghanéen de Téma, happé dès 1960 par la capitale Accra. Afin de rendre les chiffres comparables, le nombre d’habitants de toutes les localités a été interpolé sur la base du taux de variation annuel moyen observé entre deux recensements, pour les années multiples de 5 (1955, 1960, etc.). En l’absence de données suffisantes, certains chiffres ont été extrapolés ou rétropolés, à condition que la période séparant cette estimation du recensement ne dépasse pas deux années. On ne connaît donc pas le nombre d’habitants des localités du Togo en 1955 et 1985, du Liberia en 1955 et de la Mauritanie en 1985.L’état des sources disponibles est résumé dans le tableau ci-dessous. Les chiffres indiquent l’année des recensements de la population. Les dates en gras renvoient à des données utilisables : recensements (r) ou estimations officielles (e) et non officielles (n), enquêtes démographiques (d), recensements administratifs (a). Les dates en italique renvoient à des données inutilisables car introuvables ou pas encore disponibles au moment de l’étude.

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