Quantifier et qualifier les facteurs explicatifs de choix des déplacements
Estimation du confort ressenti par l’usager dans un système de transport en commun
Cette section est dédiée à la poursuite des travaux du chapitre précédent en poussant les analyses sur l’estimation de facteurs explicatifs des déplacements en transport en commun. En effet, nous avons produit différents indicateurs de qualité de service, dont un indicateur de fiabilité. Le paragraphe 1 du chapitre 3 a montré que la fiabilité et le confort faisaient partie des valeurs unitaires à explorer.
De plus, une analyse de la littérature montre l’intérêt de quantifier des paramètres tel que le confort notamment pour l’alimentation de modèles d’affectation qui se proposent de décrire finement les comportements des usagers. Nous avons construit une étude soumise à des hypothèses fortes afin d’illustrer la faisabilité de quantification de facteurs explicatifs relatifs à la « valeur du temps » associée au confort. L’exemple traité porte sur la compétition d’itinéraires entre la station Nation et la station la Défense en période de pointe du matin.
Les déplacements entre ces deux stations pendant les périodes de pointe du matin sont essentiellement motivés par le besoin de se rendre sur son lieu de travail. Nous cherchons à répondre à la question : quels facteurs expliquent la répartition entre ces deux lignes qui offrent un déplacement de Nation vers la Défense?
Cette section débute par une brève analyse bibliographique, puis présente notre méthode d’estimation du confort en trois étapes. La première détaille la méthode d’association des trajectoires des mobiles sur une ligne. La deuxième présente la dynamique de la répartition des usagers entre ces deux alternatives. La troisième conclut sur l’estimation du facteur de confort ressenti par l’usager.
Des besoins d’estimation des valeurs unitaires : cas du confort en transports en commun La littérature dédiée à la problématique des choix d’itinéraires dans le contexte de l’affectation du trafic dans les systèmes de transport public est conséquente. En effet, des études récentes ont enrichi la compréhension des comportements de choix d’itinéraires grâce à la modélisation des dynamiques journalières en temps réel (COPPOLA, et al., 2009) (WAHBA, et al., 2009).
Néanmoins, ces études se sont principalement concentrées sur des mesures de niveau de service (LOS, pour « Level of Service »), des systèmes de tarification du réseau et des paramètres de congestion du réseau. Le comportement individuel de l’usager y est incorporé de manière indirecte. A notre connaissance, peu de travaux empiriques à propos des comportements de choix d’itinéraire en transport public selon une perspective individuelle ont été conduits.
Parmi ces travaux, on peut citer l’enquête réalisée auprès des membres, étudiants et personnels, de l’université McGill de Montréal. Elle concerne un échantillon d’environ 50.000 schémas domicile/travail. En particulier, cette étude a permis des investigations sur l’influence des performances des systèmes de transport publics sur les décisions d’itinéraires et sur les décisions de mode auprès d’un large échantillon d’individus. Les objectifs de cette étude étaient d’analyser les facteurs dissuadant les usagers de choisir les transports publics et de déterminer les attributs influençant les choix modaux.
En construisant un modèle de choix d’itinéraires et un modèle de choix de modes, (ELURU, et al., 2012), ils ont montré que les temps de trajet ont un impact fort sur la compétitivité des bus mais non des transports en commun ferrés. Toutefois, l’accessibilité piétonne augmente le coût de ces deux modes qui est déjà perçu comme onéreux par les usagers. Les auteurs soulèvent les recommandations de travaux à venir, suivantes. Tout d’abord, il s’agit d’investiguer les raisons d’inconfort apparentes ressentis par les usagers dont la sensibilité aux facteurs exogènes est très variable.
Ensuite, l’impact de la fiabilité des modes sur le choix d’itinéraires et de modes est un sujet d’investigation qui permettrait une meilleure modélisation des comportements de choix de déplacement. Enfin, les matrices de niveau de service produites dans cette étude devraient être produites à un niveau individuel car elles devraient refléter la pénibilité ressentie par les usagers.
De plus, dans le contexte des modèles d’affectation dynamiques en transport public, seuls les effets de congestion sont souvent considérés et aucune distinction n’est prise en compte entre le fait de voyager debout ou assis. Alors, (LEURENT, 2008) propose un modèle d’affectation pour les systèmes de transport en commun qui tient compte de la congestion en places assises. En effet, pour les usagers le fait de voyager debout ou assis entraine des coûts d’inconfort différents et peut influencer les choix d’itinéraires.