QUALITE DE VIE CHEZ LES PATIENTS SUIVIS POUR NEUROMYELITE OPTIQUE

QUALITE DE VIE CHEZ LES PATIENTS SUIVIS POUR NEUROMYELITE OPTIQUE

Rappels immunologiques

Découverte La découverte des auto-anticorps NMO-IgG et de leur cible antigénique l’AQP4 par l’équipe de Vanda Lennon en 2004-2005 a profondément modifié la compréhension de la NMO [27]. Le rôle pathogène de ces anticorps est maintenant clairement démontré grâce à différents modèles animaux permettant le transfert passif de la maladie chez le rat suite à l’injection intrathécale ou intracérébrale d’immunoglobulines (IgG) de patients NMO .

Technique de dosage

La première technique décrite pour identifier les NMO-IgG fut l’immunofluorescence indirecte (IFI) sur coupe de cerveau/cervelet/moelle épinière de souris [27]. L’étude, réalisée sur 102 patients nord-américains et 20 patients japonais, conclut à une sensibilité de 73 % et une spécificité de 91 %. Surtout, aucun des patients contrôles atteints de SEP ne présentait d’anticorps NMO-IgG. Cette excellente spécificité ne fut jamais démentie dans les études ultérieures, quelle que soit la technique utilisée, et les NMO-IgG sont désormais inclus dans les critères diagnostiques de la NMO révisés en 2006 [29]. L’identification en 2005 de l’AQP4 comme cible antigénique des NMO-IgG [30] a permis le développement de plusieurs techniques utilisant la protéine recombinante, en particulier l’ELISA, l’immunoprécipitation (RIPA/FIPA) ou les tests cellulaires avec cellules génétiquement modifiées pour exprimer l’AQP4 [31] . Ces techniques ont l’avantage d’être spécifiques de l’AQP4, opérateurs indépendants et, pour certaines, quantitatives. Selon certaines études, les techniques utilisant l’AQP4 recombinante, et notamment les tests cellulaires, seraient également plus sensibles que l’IFI [32]. La figure 2 illustre la technique à l’IFI. 10 Figure 2: Coloration à double IF [27] (A) : Endothélium des microvaisseaux de la ME se liant à l’IgG spécifique de lapin pour le facteur VIII (rouge). La liaison NMO-IgG est externe à l’endothélium. (B) : Profils des microvaisseaux dans la couche granulaire cérébelleuse et la substance blanche colorés avec de l’IgG anti-laminine de lapin (haut, rouge); NMO-IgG (milieu, vert) et les deux anticorps (bas, jaune)

Sensibilité et spécificité

Les différentes séries publiées ont montré une excellente spécificité des anti-AQP4 (91-100 %) avec une sensibilité légèrement en retrait, plus proche des 50-60 % que des 73 % publiés dans l’étude initiale [33]. 

Intérêt pronostique

Les Ac anti-AQP4 présentent un double intérêt pronostique : chez un patient présentant une myélite transverse longitudinalement extensive isolée ou une névrite optique (NO) récurrente isolée, la présence d’anti-AQP4 augmente d’une part le risque de récidive et d’autre part le risque pour le patient de compléter le tableau pour aboutir à une forme complète de NMO [34]. La présence de NMO-IgG chez un patient présentant une NMO, une myélite transverse longitudinalement extensive ou une NO récurrente est associée à un mauvais pronostic avec des poussées plus sévères et/ou des séquelles fonctionnelles plus importantes par rapport aux patients dits « immuno-négatifs » [35]. 11 I.5 Ethiopathogénie La NMO est une maladie auto-immune à médiation humorale, à la différence de la SEP, qui est une maladie à médiation cellulaire où l’infiltrat lymphocytaire est prédominant [36]. La figure 3 illustre les effets des anticorps anti-AQP4. Figure 3: Effets pathogéniques des anticorps anti-AQP4 

Rôle clé des Ac anti-AQP4

Les anti-AQP4 ne sont pas juste le reflet d’une auto-immunité non spécifique mais sont directement impliqués dans la physiopathologie de la NMO. En effet, de nombreuses équipes ont démontré un effet directement pathogène de l’Ac NMO-IgG/anti-AQP4. Plusieurs mécanismes d’action ont été proposés [25].

Activation de la voie du complément

De nombreuses observations supportent l’idée qu’un des mécanismes d’action de ces autoanticorps passe par l’activation de la cascade du complément. Les lésions de NMO sont caractérisées par des dépôts péri-vasculaires de complément dans les zones de forte expression d’AQP4. Dans un modèle de cellules non nerveuses, les IgG anti-AQP4 peuvent 12 activer la voie classique du complément et provoquer une atteinte de la membrane plasmique par dépôt du complexe d’attaque membranaire et aboutir à la lyse cellulaire [25]. Ces résultats ont été validés sur des cultures primaires d’astrocytes et dans un modèle de barrière hématoencéphalique [23,5,18]. In vivo, chez le rat adulte, l’injection intracérébrale d’IgG, purifiées à partir de sérum de plusieurs patients positifs pour l’anti-AQP4, provoque des lésions « NMO like » uniquement en présence de complément humain. L’injection sans complément, avec du complément de rat ou l’injection concomitante d’un inhibiteur du complément ne provoquent pas de lésion [28]. Ce mécanisme d’action est donc séduisant pour comprendre la physiopathologie de la NMO mais il existe plusieurs limites à cette hypothèse. Tous les sérums ne possèdent pas la même capacité d’activation du complément. l’activation de la cascade du complément dans le sérum de patients NMO en cours de poussée montre des résultats contradictoires et surtout l’astrocyte, cible de ces Ac, exprime naturellement un grand nombre de protéines régulatrices du complément ce qui lui confère une protection contre celui-ci [25].

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Cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps

La fixation des anticorps sur leur cible va également entraîner une activation et une dégranulation de cellule Natural Killer, de polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. Cette activation se fait par les récepteurs Fc présents à la surface de ces cellules immunes. Leur dégranulation va avoir un effet cytotoxique et pro-inflammatoire. De façon intéressante, la déplétion expérimentale d’une de ces trois populations permet de réduire de façon significative l’effet délétère des anti-AQP4, que ce soit in vitro ou in vivo [25]. I.5.4 Modulation de l’expression membranaire de l’AQP4. Certaines lésions de NMO sont caractérisées par la perte d’expression de l’AQP4 alors que les astrocytes sont toujours présents. Il a été démontré in vitro sur des cellules non neurales et sur des cultures primaires d’astrocytes de rat que le contact avec du sérum de patients positifs pour NMO-IgG induit la perte d’expression membranaire de l’AQP4.

Anatomopathologie 

Macroscopie

Les lésions de l’étage médullaire sont constantes. La moelle est œdématiée, molle voire liquéfiée après quelques jours dans les cas les plus sévères. A la coupe, les lésions prédominantes apparaissent brunes, sombres, molles ou liquides [38] comme sur la figure 4. 13 Les territoires démyélinisés sont assez bien délimités, marquant généralement une modeste épargne d’une couronne de substance blanche périphérique. Une cavitation pseudosyringomyélique, constituée de petites cavités plus ou moins confluentes, complique certains cas tardifs. A l’étage optique la démyélinisation prédomine au centre du nerf et épargne parfois une couronne périphérique .

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. Généralité
I.1 Définition
I.2 Historique
I.3 Épidémiologie descriptive
I.4 Rappels immunologiques
I.4.1 Découverte
I.4.2 Technique de dosage
I.4.3 Sensibilité et spécificité
I.4.4 Intérêt pronostique
I.5 Ethiopathogénie
I.5.1 Rôle clé des Ac anti-AQP4
I.5.2 Activation de la voie du complément
I.5.3 Cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps
I.5.4 Modulation de l’expression membranaire de l’AQP4
I.6 Anatomopathologie
I.6.1 Macroscopie
I.6.2 Microscopie
I.6.3 Immunohistochimie
II. Signes
II.1 Clinique
II.1.1 Syndrome optico-spinal
II.1.1.1 Syndrome médullaire
II.1.1.2 Syndrome oculaire
II.1.2 Syndrome de l’area postrema
II.1.3 Narcolepsie
II.1.4 Autres signes
II.2 Paraclinique
II.2.1 Imagerie par résonnance magnétique
II.2.1.1 IRM spinale
II.2.1.2 IRM encéphalique
II.2.2 Potentiels évoqués visuels
II.2.3 Tomographie par cohérence optique
II.2.4 Biologie
II.2.4.1 Étude du LCS
II.2.4.2 Glial fibrillary acid protein
II.2.4.3 Ac anti-Myéline Oligodendrocyte Glycoprotéine
III. Diagnostic
III.1 Positif
III.2 Différentiel
III.2.1 SEP à présentation médullaire
III.2.2 Myélite des maladies de système
III.2.2.1 Lupus
III.2.2.2 Autres entités auto-immunes
III.2.3 Myélites infectieuses et EMAD
III.3 Étiologique
IV. Prise en charge
IV.1 Traitement médicamenteux
IV.1.1 Traitement des poussées
IV.1.2 Traitement de fond
IV.1.3 Traitement de la douleur neuropathique et des paresthésies
IV.2 Rééducation fonctionnelle
V. Évolution et pronostic
V.1 Éléments de surveillance
V.2 Modalités évolutives
V.3 Complications
V.4 Séquelles
V.5 Récidives
V.6 Décès
Qualité de vie
I. Définition
II. Qualité de vie relative à la santé
III. Intérêt
IV. Méthodes de mesures
IV.1 Entretiens structurés
IV.2 Auto-questionnaires
IV.3 Questionnaires sous forme d’entretien
IV.4 Hetéro questionnaires
V. Format des réponses
V.1 EVA
V.2 Échelles type likert
V.3 Échelles à extrémités
V.4 Listes récapitulatives
VI. Propriétés des instruments de mesure
VI.1 La validité.
VI.2 La reproductibilité
VI.3 La sensibilité
VI.4 L’acceptabilité
VII. Choix des instruments de mesure
VII.1 Génériques
VII.1.1 Sickness Impact Profile
VII.1.2 Short Form
VII.1.3 Nottingham Heath Profil
VII.1.4 The EuroQol
VII.2 Spécifiques
VII.2.1 Multiple Sclerosis Quality Of Life-54
VII.2.2 Multiple Sclerosis Quality of Life Inventory
VII.2.3 Multiple Sclerosis International Quality Of Life
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. Contexte
II. Objectifs
II.1 Général
II.2 Spécifiques
III. Patients et méthodes
III.1 Type d’étude
III.2 Lieu d’étude
III.3 Population d’étude
III.3.1 Critères d’inclusion
III.3.2 Critères d’exclusion
III.4 Méthode
III.5 Recueil et exploitation des données
III.6 Aspects éthiques
IV. Résultats
IV.1 Caractéristiques sociodémographiques
IV.1.1 Genre
IV.1.2 Age
IV.1.3 Activité professionnelle
IV.1.4 Secteur d’activité
IV.1.5 Situation matrimoniale
IV.1.6 Niveau d’instruction.
IV.2 Caractéristiques cliniques et paracliniques
IV.2.1 Nombre de poussées antérieures
IV.2.2 Mode d’installation
IV.2.3 Signes oculaires
IV.2.4 Signes moteurs
IV.2.5 Signes toniques
IV.2.6 Signes sensitifs
IV.2.7 Signes Génito-sphincteriens
IV.2.8 Autres signes neurologiques
IV.2.9 Score EDSS
IV.2.10 Ponction lombaire
IV.2.11 IRM Spinale
IV.2.12 IRM encéphalique
IV.2.13 Anticorps anti NMO
IV.3 Caractéristiques thérapeutiques et évolutives
IV.3.1 Traitement
IV.3.2 Evolution
IV.4 Caractéristiques relatifs à la qualité de vie
IV.4.1 Santé physique
IV.4.2 Limitations liées à la santé physique
IV.4.3 Limitations liées à la santé mentale
IV.4.4 Douleur
IV.4.5 Bien être émotionnel
IV.4.6 Énergie
IV.4.7 Perception de la santé
IV.4.8 Fonctions sociales
IV.4.9 Fonctions cognitives
IV.4.10 Détresse
IV.4.11 Sommeil
IV.4.12 Fonctions sexuelles
IV.4.13 Satisfaction sexuelle
IV.4.14 Support social
IV.4.15 Qualité de vie générale
IV.4.16 Douleur neuropathique
V. Discussion
V.1 Aspects épidémiologiques
V.2 Aspects cliniques et paracliniques
V.3 Aspects thérapeutiques et évolutifs
V.4 Aspects relatifs à la qualité de vie
V.5 Contraintes et Limites
CONCLUSION

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