Qualification chimique des eaux obtenues avec le filtre « S3 » utilisées comme eau de boisson par les populations de Dakar

PROBLEMATIQUE

Il est évident que toute forme de vie est liée directement ou indirectement à l’eau. Vu son importance, l’eau est célébrée par une journée mondiale tous les 22 mars de chaque année dans tous les pays du monde depuis qu’elle a été initiée en 1993 par l’OMS. Ainsi face aux idéologies des différents courants (scientifiques, écologistes, humanistes, ….) sur la détérioration graduelle de l’environnement en générale, l’OMS a intitulé la décennie 2005 -2015 : « l’eau, source de vie » afin de résoudre les difficultés d’accès à l’eau potable ou d’altération des ressources en eau qui sont des phénomènes accrus dans notre époque.
En effet, une étude sur la qualité des eaux de boisson au Sénégal et en particulier à Dakar parait être capitale, et motive ce travail.

OBJECTIFS

Dans le souci d’apporter une aide et une contribution au développement, notre étude a pour objectif :
 De voir la situation actuelle des ressources en eaux
 De voir l’état chimique de nos eaux de consommation
 De susciter une réflexion transversale mais aussi d’initier dans le même temps des projets d’étude de l’eau.
 D’évaluer les qualités des eaux de boisson : avec une étude de cas à Dakar
– En déterminant les concentrations des éléments chimiques.
– En identifiant les avantages et inconvénients de l’ingestion des ces éléments
– En essayant de localiser les origines de la pollution des eaux.
 De contrôler l’existence d’éléments nuisibles à la santé, dans les eaux dites filtrées, largement utilisée dans notre pays.
 De faire un lien entre l’eau, la santé et l’environnement
 D’attirer l’attention des autorités compétentes sur
– la qualité de l’eau
– sa production et
– sa distribution
 D’informer les consommateurs des impacts potentiels de leurs eaux de boisson
 D’offrir une vision claire aux populations sur les caractéristiques des eaux de boisson.
 De proposer des méthodes qui garantissent à l’eau des niveaux de qualité meilleure.

LES EAUX DE BOISSON

La planète bleue contient environ 1 400 000 000 Km³ d’eau.
Cela représente un cube de plus de 1000 Km de côté ou 400 fois le volume de la méditerranée. L’eau recouvre 72% des 509 millions de Km² de la surface du globe.
Cependant, plus de 97% de cette eau est salée. Plus de 97% des réserves d’eau à la surface de la terre sont contenues dans les océans. Mais l’eau de mer reste inexploitable du fait de sa salinité. Les glaciers représentent 2 % du total et les nappes aquifères comptent pour 0,6 %.
Ainsi les ressources en eau douce sont en quantité limitée. Leur préservation est un enjeu essentiel car les activités humaines en sont dépendantes.
Les prélèvements d’eau pour satisfaire les activités humaines sont réalisés dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Il se présente en quatre grands types d’usage : la distribution publique, l’industrie, l’irrigation et l’énergie (centrales nucléaire et classique).
Les réserves d’eaux douces dépendent des précipitations disponibles dont la quantité et la fréquence sont différentes suivant les climats.
Il est classique de distinguer les ressources en eau superficielle et les ressources en eau souterraine, bien que ces deux ensembles soient étroitement liés.

LES RESSOURCES EN EAU

Chaque année, il tombe plus de 113 000 milliards de mètres cubes d’eau, sous formes de neige ou de pluie. La répartition est malheureusement inégale : certaines régions sont frappées par l’aridité. Les deux tiers du continent Africain connaissent des crises de sécheresse
La production de l’eau douce est régulée par le cycle de l’eau.

Eaux souterraines 

Ce sont les eaux de nappes, elles sont généralement bien filtrées et épurées, chargées en sels minéraux, exemptes de matières en suspension et d’oxygène. Elles sont de bonne qualité si les roches traversées sont perméables avec une cristallographie fine.
Une fois infiltrées dans le sol ou le sous-sol, les eaux se rassemblent dans les niveaux géologiques imperméables selon la nature de la nappe rencontrée.
-Les nappes libres ou phréatiques : elles sont à quelques mètres sous le sol, et communiquent souvent avec la surface du sol et en reçoivent leur alimentation ou charge.
-Les nappes captives ou aquifères : disposées en sandwich entre deux niveaux imperméables, elles sont saturées d’eau sur leur épaisseur. Aucun record de profondeur n’a été établi.
-Les nappes alluviales : elles sont des nappes superficielles en constante relation avec les cours d’eau. La plupart du temps les échanges se font de la nappe vers le cours d’eau. Maintenant avec le défi de la pollution environnementale, même les nappes ne sont épargnées de l’altération, ce qui diminue de plus en plus le potentiel des eaux potables.
Le pompage excessif des forages situés en zone côtière provoque une décroissance de l’eau des nappes et favorise l’avancée du biseau salé (c’est à dire : l’avancée de l’eau de mer et le recul de l’eau douce dans les nappes) : c’est la situation actuelle à DAKAR.

Les eaux de mer ou eaux saumâtres 

L’eau de mer est disponible en quantité illimitée. Elle est inadaptée pour assurer la consommation en eau des communautés urbaines car elle n’est utilisable qu’après un traitement coûteux (évaporation et distillation ; l’électrolyse). C’est une eau riche en sels minéraux. On note des taux de salinité forte : océan atlantique [Na+]= 32 à 35 g/l, mer méditerranée : [Na+]=38 à 40 g/l, mer morte :[Na+]=270 g/l. La quantité d’eau terrestre étant incommensurable, sa disposition spatiale fait qu’elle est sensible aux effets de l’environnement. L’agression des polluants détériore la qualité des eaux.

LES RESSOURCES EN EAU AU SENEGAL 

Le réseau hydrographique du Sénégal (annexe 1) est tributaire, d’une part de la configuration géologique et géomorphologique, et d’autre part du régime et de la répartition de la pluviométrie dans les régions.

LES EAUX METEORIQUES 

La pluviométrie moyenne du Sénégal est de 742 mm/an : cette moyenne, sujette à de fortes variations interannuelles, cache des disparités géographiques importantes puisque les précipitations ne sont pas homogènes sur le territoire. Le Sénégal ne connaît qu’une saison des pluies dont la durée diminue quant la latitude augmente (juin- octobre au Sud, juilletseptembre au nord). Ces eaux météoriques sont d’une importance capitale pour le pays, car les pluies sont à la base de l’agriculture qui occupe 70% de la population. Elles assurent l’alimentation de plusieurs localités rurales, celle du bétail durant tout l’hivernage, mais servent également de recharge pour les nappes.
Le trait le plus marquant du climat du Sénégal, est la variation des précipitations d’une année à l’autre, voir la pluviométrie de ces dernières années (annexe 2) Ce qui influence fortement la production agricole dans les parties nord et centrale (bassin arachidier) du pays et affecte sans doute l’économie nationale. Il n’en demeure pas moins que les autres sources d’eau vont en souffrir tel que les eaux de surface.

LES EAUX DE SURFACE

Le Sénégal, peu favorisé par ses conditions climatiques, dispose de potentialités énormes en eaux de surface et en hydrogéologie. Sans compter l’océan atlantique qui offre des potentialités halieutiques incommensurables, le pays compte quatre systèmes hydrologiques principaux : le Sénégal, la Gambie, la Casamance et le Sine Saloum.

Le fleuve Sénégal 

Formé du Bafing et du Bakoye, il est la septième artère fluviale du continent, et la deuxième de la sous région ouest africaine. Le fleuve Sénégal, long de 1 770 km, a un bassin de 337 000 km2 dont 60 000 km2 en territoire national, la Falémé constituant le seul affluent de la rive gauche est de grande importance. Elle s’étend sur 650 km de long et prend sa source dans la partie nord du Fouta Djallon.
Il a un débit moyen interannuel de 732 m3 /seconde mais à cause de son caractère irrégulier, son volume oscille entre 6,3 milliards m3 et 39,9 milliards m3
. Il abrite plusieurs infrastructures telles que :
– Le barrage de Diama mis en œuvre en 1986 pour arrêter la langue salée
– Le barrage hydro-électrique de Manantali édité en 1988 pour fournir de l’électricité au pays membre de l’OMVS (Mali, Mauritanie et Sénégal). Grâce aux deux barrages, l’irrigation par pompage se développe de plus en plus dans la vallée.
Des objectifs d’aménagements sur la rive ont été définis en l’an 2000, en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Le lac de Guiers 

Ce lac, peu profond est long de 50 km et sa largeur maximale fait 7 Km. Il a un volume de 601 millions m3 d’eau douce et il constitue un plan d’eau alimenté par le fleuve Sénégal par le canal de la Taoué.
Depuis 1972, l’alimentation en eau de Dakar et de la région de Thiès n’est plus assurée par les forages de la presqu’île du Cap Vert. Ainsi une usine de pompage d’une capacité de 60.000 m3 / jour a été implantée par la SONEES en 1970 à N’gnith dans la rive occidentale du lac de Guiers qui assure 20% de l’AEP de Dakar jusqu’en 2004.
Et l’adduction jusqu’à Dakar s’effectue par une conduite souterraine. De même les principales villes de la vallée du fleuve Sénégal sont alimentées par pompage sur le fleuve ou ses affluents. Le lac est aussi un centre d’activités économiques. L’agriculture occupe 70% de la population et gravite autour des cultures vivrières (céréales) et des cultures marchandes basées sur les cultures pluviales, de crue et l’irrigation qui prend de plus en plus de gallons (avec la riziculture, la canne à sucre et le maraîchage…).
La pêche, avec une production estimée à 1600 tonnes, souffre ces dernières années des conditions hydrologiques extrêmes. Néanmoins elle demeure importante.
Cette région loge des industries comme :
– la CSS qui y exploite près de 8000 ha de canne à sucre dont les besoins en eau d’irrigation est de 30 000 m3 / ha /an. – la SONEES implantée en 1970, capte et traite quotidiennement 40 000 m3 d’eau du lac destinée principalement à la ville de dakar.
L’eau du lac souffre d’effets de dilution de salinité, d’intrusion d’éléments physico-chimiques venant du drainage et du lessivage des terres cultivées autour du lac. Ce qui est l’origine de la charge polluante importante surtout vers le sud. Les principaux polluants sont les phosphates et les nitrates.

La Gambie

Long de 1 150 km dont 477 km en territoire sénégalais, la Gambie comprend cinq parties distinctes. La partie sénégalaise est la zone d’eaux douces du cours supérieur. La Gambie a un débit moyen annuel de 135 m3 /seconde à Gouloumbou ou 70 m3 /seconde à Kédougou. Elle couvre un bassin versant de 77 100 km2 dont les 72 % se situent au Sénégal. La crise climatique a eu des répercussions sévères sur son régime puisque son volume d’eau annuel est passé de 8,7 Milliards de m3 à Gouloumbou en 1974-1975 à 2,5 Milliards m3 en 1983 – 1984. Ses affluents sont le Niériko, le Koulountou et le Niokolo Koba.

La Casamance

Au sud du Sénégal, coulant d’est en ouest, sur 350 km dont 260 km en débit permanent, la Casamance couvre une zone estuarienne, sa vallée inférieure est occupée par les eaux marines jusqu’à Diana Malari à 152 km de l’embouchure ; elle draine un bassin de 14 000 km2. Entièrement situé sur le territoire national, elle prend sa source à une altitude de 50 mètres à Fafacourou et, se présente à Kolda, avec les nombreux dépôts sableux, comme un mince filet. L’écoulement est lent du fait de la faiblesse de la pente. Son débit moyen annuel s’élève à 1,65 millions m3 d’eau équivalant à 52 millions m3 d’eau. Il sévit une acidification des vallées secondaires due à la disparition de la mangrove menacée par les différents changements qui s’opèrent dans l’environnement.

Le Sine Saloum

Situé au nord des estuaires de la Gambie et de la Casamance, le complexe estuarien Sine Saloum est constitué de trois  » bras de mer  » : le Saloum, au nord et au nord-est ; le Diomboss au centre, et le Ban Diola au sud. Ce réseau enserre de nombreuses îles. Long de 130 km, il décrit un parcours sinueux ; sa partie aval est large de 3 km. En amont de Foundiougne, le Sine prend sa source mais voit sa partie aval occupée par des vallées asséchées où s’accumulent des eaux de pluies. Son débit est de 410 m3 / seconde mais l’écoulement est irrégulier du fait de la sévérité des conditions climatiques depuis deux décennies ; le niveau des écoulements a subi une baisse sensible de l’ordre de 58 %, passant de 24 Milliards de m3 par an pour la période 1900-1968 à 14 Milliards de m3 entre 1968 et 1987. Cette partie est une des zones les plus salées, des hectares de terre sont utilisés pour l’exploitation du sel entre Fatick et Kaolack, ce qui permet au pays d’accroître sa productivité. Ses estuaires sont le lieu de remontées d’eaux salines qui peuvent affecter les terres assez loin vers l’intérieur du pays, c’est le même phénomène qu’on observe en Casamance.

LES EAUX SOUTERRAINES

Plus des deux tiers du pays recèle des eaux souterraines Le bassin Sénégalo-mauritanien s’étend sur plus de 500 000 km2 (voir annexe 3). Il couvre la partie ouest Mauritanienne (38 000 km2 ), la presque totalité du Sénégal y compris la Gambie, soit 4/5 du territoire exceptée sa partie orientale. Il se prolonge en Guinée Bissau qui serait une zone de recharge avec sa forte pluviométrie (1300 à 2500 mm/an). Ces aquifères sont d’âge, de profondeur et de niveau de minéralisation différents voir.
Il existe au Sénégal quatre groupes d’aquifères : les nappes superficielles, les nappes semi profondes, les nappes profondes et les nappes de la zone du socle.

Les nappes profondes

Le Maestrichtien couvre les 4/5ème du territoire national.
Ses potentialités s’élèvent à 500 000 m3 d’eau par jour. Toutefois, le niveau d’exploitation atteint une profondeur de 400 mètres ; son débit varie en outre de 100 à 250 m3 d’eau par jour. Les prélèvements de l’AEP a ce niveau sont estimes dans un tableau situe en annexe 4, ainsi qu’au niveau des autres nappes.

Les nappes de la zone du socle

Elles sont situées dans la partie orientale du pays. Seulement, ses ressources difficilement mobilisables et son débit oscillent entre 1 et 5 m3 d’eau par jour. Compte tenu des variétés d’aquifères, le bassin Sénégalo-mauritanien présente différentes catégories d’eaux. Elles vont des eaux d’excellentes qualités aux eaux plus douteuses sur le plan chimique et bactériologique.
Face aux besoins en eau exponentielle, les tentatives de mobilisation des ressources en eau sont incitées pour éviter toute pénurie auprès des populations, du cheptel, de l’agriculture, de l’industrie, etc…..

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