L’hypertension artérielle, une élévation anormale, permanente ou paroxystique de la pression artérielle (WAINSTEN J. P. et coll., 2009), est un problème de santé publique à l’échelle mondiale. D’après L’Organisation Mondiale de la Santé en 2013, l’hypertension artérielle a touché un milliard de personnes à travers le monde, et a causé 9 millions de décès. Ces hypertendus sont répartis de façon ubiquitaire aussi bien dans les pays pauvres que les pays riches, 46% de la population adulte en Afrique souffrent de l’hypertension artérielle, 35% en Amérique et 40% en Europe. Actuellement l’hypertension artérielle affecte 50 millions d’européens, et elle est la première cause de mortalité en Europe à cause des maladies cardiovasculaires qu’elle engendre, par exemple, en France elle touche 40% de la population (CAMBOU J. P., 2010). En Allemagne le taux de mortalité par les maladies cardio vasculaires dues à l’hypertension est de 180/ 100.00 habitants, 120/100.000 en Italie et 150/ 100.000 au Royaume-Uni (OMS., 2013). En France, 12 millions de patients ont été traités pour l’hypertension artérielle en 2012 (BLACHER J. et coll., 2O13) .
A partir de la seconde moitié du 20ème siècle, l’Afrique a connu une transition épidémiologique, et en 2000, 80 millions des adultes souffraient d’hypertension en Afrique subsaharienne (MUSTAPHA S. E. et KALOKO S., 2013). D’après les études STEPS de l’OMS effectuées entre 2003 à 2009, l’épidémiologie de l’hypertension artérielle varie suivant les pays, 31% en Algérie, 37 % en Botswana et 25 % en Mali.
A Madagascar, à partir de 2005, la prévalence de l’hypertension artérielle augmente progressivement et elle fait partie des 5 premières pathologies dominantes des Malagasy (MINISTERE DE LA SANTE., 2007-2011). L’évolution de la prévalence de l’hypertension à Madagascar chez l’adulte plus de 25 ans est très active, 12,8% en 1997 (RAZAFINTSALAMA N. et coll., 1997), contre 35% en 2005 (OMS., 2009). Selon les statistiques du Ministère de la Santé Malagasy, l’hypertension artérielle est la septième cause de mortalité hospitalière en 2004. Sa prévalence est très variable dans les différentes régions de Madagascar. C’est à Antananarivo que la prévalence est la plus élevée, elle est de 24,29% contre 11, 06% dans la province de Tuléar (OMS., 2009). Une étude plus récente montre encore une augmentation de la prévalence de l’hypertension artérielle dans la province d’Antananarivo à 28,05% en 2009. Cette étude montre aussi une différence significative de la prévalence de l’hypertension suivant le sexe, les hommes sont les plus touchés avec une prévalence de 34,5% contre 24,1% chez la femme (RABARIJAONA L. M. P. H. et coll., 2009).
Selon L’organisation Mondiale de la Santé (OMS), la prévalence croissante de l’hypertension est attribuable à la croissance démographique, au vieillissement et à des facteurs de risque comportementaux comme une mauvaise alimentation, une consommation abusive d’alcool, un manque d’activité physique, ou encore une surcharge pondérale. D’après le Ministère de la Santé Malagasy, les Malagasy ont tendance à avoir une habitude alimentaire riche en matières grasses et pauvre en fruits et légumes (OMS., 2009). Pourtant les fruits et légumes assurent l’apport des oligoéléments et des vitamines nécessaires au bien-être, tandis que l’alimentation riche en matières grasses augmente la vulnérabilité aux diverses maladies circulatoires, telle que l’hypertension artérielle.
L’hypertension artérielle est caractérisée par une pression artérielle systolique supérieure ou égale à 140 mm Hg et/ou une pression artérielle diastolique supérieure ou égale à 90 mm Hg d’après l’organisation mondiale de la santé (OMS). L’hypertension artérielle est classée en 3 types selon leur sévérité : lorsque la pression artérielle systolique est comprise entre 140 à 159 mm Hg et la pression artérielle diastolique est comprise entre 90 à 99 mm Hg, elle est classée dans le grade 1. Tandis qu’une pression artérielle systolique comprise entre 160 à 179 mm Hg et la pression artérielle diastolique comprise entre 100 à 109 mm Hg, est classée dans le grade 2. Enfin, lorsque la pression artérielle systolique est supérieure à 180 mm Hg et ou la pression artérielle diastolique supérieure à 110 mm Hg, elle est classée dans le grade 3.
Suivant l’étiologie, l’hypertension artérielle peut être divisée en 2 catégories ; d’une part la pression artérielle primaire qui est très fréquente, mais dont la cause n’est pas bien définie, mais le facteur de risque le plus fréquent est l’âge. Elle est caractérisée par un débit cardiaque normal avec une résistance périphérique très élevée. D’autre part l’hypertension artérielle secondaire qui est la conséquence d’une autre maladie, qui peut être rénale, surrénale, ou neuro-vasculaire (TEDGUI A. et coll., 2014).
Le débit cardiaque et la résistance vasculaire périphérique sont les paramètres qui influencent directement la pression artérielle. D’une part, le débit cardiaque est directement proportionnel à la fréquence cardiaque et au volume sanguin, tandis que la résistance périphérique vasculaire est liée à la vasoconstriction (CHAMONTIN B. et coll., 2005). Le système nerveux parasympathique joue un rôle modérateur, tandis que le système nerveux sympathique joue un rôle de moteur. Les reins régulent aussi la PA en intervenant sur la volémie (PEREZ-MARTIN A. et DAUZAT M., 2010). D’après la physiopathologie, le choix des médicaments contre l’hypertension artérielle dépend de son étiologie (BLACHER J. et Coll., 2013).
Ces médicaments antihypertenseurs peuvent diminuer le débit cardiaque et la résistance périphérique. Pour diminuer le débit cardiaque, ils peuvent diminuer la fréquence cardiaque ou la volémie, et pour diminuer la résistance périphérique ils provoquent une vasodilatation. Les bétabloquants diminuent le débit cardiaque en diminuant la force de contraction et la fréquence cardiaque. Ils bloquent d’une manière compétitive les récepteurs β (bêta) – adrénergiques. Il existe deux types de bétabloquants : les bétabloquants non sélectifs qui bloquent tous les récepteurs β, tel que les récepteurs β1 localisé au niveau du cœur, les récepteurs β2 au niveau des cellules lisses vasculaires et les récepteurs β3 qui se trouvent au niveau des cellules sécrétrices. Un exemple de ces bétabloquants non sélectifs est l’AVLOCARDYL® (propanolol). Les bétabloquants sélectifs sont également désignés sous le nom de bétabloquants « cardiosélectifs », car ils agissent au niveau des récepteurs β1, comme l’Aténolol (Lisan®) (KRZESINSKI J.M. et SAINT-REMY A., 2007) .
Les diurétiques diminuent la volémie, et la natrémie ou la kaliémie. La diminution de la volémie entraîne la diminution du débit cardiaque, et la baisse de la natrémie diminue l’excitabilité des vaisseaux et entraîne une vasodilatation, à l’origine de la baisse de la résistance périphérique. Suivant leurs structures et leur site d’action au niveau du tubule rénal, il existe différentes classes de diurétique : les thiazides, qui inhibent la réabsorption du sodium et d’eau au niveau du tube contourné distal. Les diurétiques osmotiques qui agissent au niveau de toutes les parties du tubule rénal, à partir du tube contourné proximal jusqu’au tube collecteur. Et les diurétiques de l’Anse qui agissent au niveau de l’anse de Henlé comme le furosémide (TEVA ®) (CLOUTIER L. et coll., 2013).
En ce qui concerne la résistance périphérique, tous produits qui provoquent une vasodilatation la diminue. Citons les vasodilatateurs centraux et périphériques. Mais les plus utilisés sont les vasodilatateurs centraux, par exemple la Clonidine, tandis que les α-bloquants tel que le Prazozine (MINIPRESS ®) fait partie des vasodilatateurs périphériques. Par ailleurs l’angiotensine II est un puissant vasoconstricteur endogène. Les antagonistes de ce médiateur provoquent une vasodilatation et diminue ainsi la résistance périphérique, (ROSKIEWICZ F. et coll., 2007) comme les losartan (ZENTIVA ®). Il en est de même pour les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’Angiotensine comme le Captopril. L’utilisation de ces inhibiteurs de l’enzyme de conversion donne deux effets bénéfiques ; il inhibe l’enzyme qui dégrade la bradykinine, une vasodilatatrice endogène, et il inhibe également la synthèse de l’aldostérone ; or cette dernière est responsable de réabsorption de sodium au niveau du tube contourné distal. En inhibant la synthèse d’aldostérone, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion d’angiotensine diminuent la rétention de sodium et d’eau ce qui diminue la résistivité et la volémie. Les bloqueurs des canaux calciques sont aussi utilisés pour diminuer la résistance périphérique, car ils diminuent la contraction des vaisseaux (CLOUTIER L. et coll., 2013). Les médicaments donneurs de monoxyde d’azote ou des dérivés nitrées tels que les l’Inomax® ou la Trinitrites® aussi sont utilisés pour provoquer une vasodilatation afin de diminuer la résistance périphérique. Ces derniers diminuent aussi l’agrégation plaquettaire qui favorise la fluidité sanguine. Les dérivés nitrés et les péptidomimétiques sont aussi capables de dilater les fibres musculaires lisses veineuses ce qui augmente la capacité des veines et diminue le retour veineux, et le volume de précharge cardiaque (PENNETIER M. et BRICARD V., 1996).
Malgré la grande diversité des médicaments antihypertenseurs, vue leur faible revenu, beaucoup de gens dans les pays africains, y compris Madagascar, ne peuvent pas se permettre de les acheter (YAYA S.H. et KENGNE A. P., 2014). D’autant plus que l’utilisation des plantes médicinales fait partie de la culture dans ces pays. Par ailleurs de nombreuses plantes malagasy ont une vertu anti hypertensive. Parmi les plantes les plus utilisées pour lutter contre l’hypertension artérielle citons : Hugonia longipes (Fanazava) (LINACEAE.) (RANDRIAMASY A.M., 2013), Lantana camara (Radriaka) (VERBENACEAE) (DEBRAY M., 1975), Diodia sp. (Lelamenarana) (RUBIACEAE) (DEBRAY M., 1975), Catharantus roséus (Voanenina) APOCYNACEAE (ANDRIANTSIFERANA R. et coll., 1978).
Préparation de l’extrait « MBH 002 »
Les feuilles de la plante ont été récoltées à Ambatofotsy au mois de Décembre 2015. Elles ont été séchées à l’ombre et à la température ambiante pendant 2 mois, puis broyées à l’aide d’un broyeur à marteau au LPGPC. Deux cent cinquante grammes de la poudre obtenue ont été macérés dans un mélange éthanoleau dans la proportion (40 : 60) à la température ambiante, pendant 72 heures, en agitant 2 fois par jour.
Provocation de l’hypertension expérimentale chez le rat
Les rats ont été rendus hypertendus en remplaçant la provende normale avec un régime hypersodé pendant 21 jours avec un accès libre à l’eau. Pour préparer ce régime, 8 g de NaCl ont été incorporés dans 92 g de provende (BADYAL. et coll., 2003). Avant de commencer le régime hypersodé et pendant cette période, la pression artérielle des rats a été mesurée au niveau de leur queue à l’aide d’un sphygmomanomètre SPENGLER®, tous les jours, à la même heure dans un même endroit tranquille au laboratoire .
Etude de l’effet de l’extrait « MBH002 » sur l’hypertension expérimentale
L’activité de l’extrait sur les rats rendus hypertendus a été étudiée en suivant la variation de la pression artérielle des animaux traités avec l’extrait par rapport aux témoins. A partir du 22ème jour, le régime hypersodé a été arrêté, et les animaux ont été nourris avec de la provende normale et ont eu toujours un accès libre à l’eau. Les rats ont été mis à jeun pendant 18 heures avant l’expérience, puis répartis en 3 lots : 1 lot témoin et 2 lots traités avec l’extrait. Les animaux du lot témoin ont reçu de l’eau distillée et les 2 autres lots ont reçu l’extrait « MBH 002 » aux doses respectives de 200 et 400mg/Kg. L’eau distillée et l’extrait ont été administrés par voie orale dans un volume de 10ml/Kg (HOBOU D. R. A. D et coll., 2O11). La pression artérielle de ces rats a été mesurée tous les jours 10 minutes avant l’administration de l’extrait et de l’eau distillé, à partir du 22ème jour jusqu’au retour à la valeur de la pression artérielle à la normale.
I- INTRODUCTION |