Protection des cultures maraichères contre les lépidoptères déprédateurs
LA TOMATE : Solanum lycopersicum (Linné, 1753)
Description botanique
La tomate, du nom scientifique Solanum lycopersicum (ex Lycopersicon esculentum) appartenant à la famille des solanacées, est une plante annuelle et buissonnante (Laterot, 2013). Le plant de tomate présente un appareil végétatif différencié en racines, tiges et feuilles et un appareil reproducteur en fleurs et fruits. La tige de la tomate est rampante, pubescente et glanduleuse (Costa, 2010 ; Diagne, 2015 ; Sané, 2015). A l’instar des autres solanacées, la tomate a une tige vigoureuse et ramifiée (Niang, 2007). La plante présente également un système racinaire très puissant de type pivotant poussant jusqu’à 50cm. Elle est très dense et ramifiée sur les trente premiers centimètres, et peut atteindre un mètre de profondeur. Le plant de tomate produit sept à quatorze feuilles après déploiement de deux cotylédons, les feuilles sont composées imparipennées, disposées en spirale, avec une longueur variant entre 10 et 25cm et larges de 10 à 30 cm (Niang, 2007 ; Ka, 2015). Les fleurs sont généralement pentamères à pétales soudés et hermaphrodites (Diagne, 2015). Le fruit est une baie charnue de forme variable sa couleur varie entre jaune et rouge lorsqu’il est mûr alors qu’il est vert en stade immature (Diagne, 2015 ; Ka, 2015).
Origine et distribution géographique
Cultivée sous toutes les latitudes, la tomate a des utilisations très variées et demeure indiscutablement le légume de jardin le plus populaire (Nzi et al., 2010). Elle est originaire des régions andines d’Amérique du Sud et fut domestiquée au Mexique, puis introduite en Europe en 1544 (Germain et al, 2009 ; Kaouthar et al., 2011). Les espagnols l’auraient introduit en Europe bien avant la pomme de terre et le tabac croyant qu’elle avait un pouvoir aphrodisiaque d’où son nom de « Pomme d’Amour » (Dupré et Weigel, 1996). Il faudrait attendre le XVIIIe siècle pour que la tomate puisse être considérée comme un fruit comestible et commença à être largement commercialisée vers les années 1920-1930 (Chougar, 2011). Au Sénégal, elle fût introduite en 1965 avec la Société de Conserves Alimentaires au Sénégal (SOCAS) qui a débuté, dans le Delta du Fleuve Sénégal, des essais de culture de tomates à des fins de transformation en concentré. C’est ainsi qu’elle représente la première culture de diversification lancée dans la Vallée du Fleuve Sénégal (Diouf, 2016).
Variété de tomates
La tomate s’est grandement diversifiée depuis le début de sa commercialisation (Kaouthar et al., 2011). Les variétés agrées par le CNCFTI (Comité National de Concertation pour la Filière Tomate) pour la culture de la tomate industrielle dans la Vallée du Fleuve Sénégal sont le Rio Fueguo, Rio Grande, Gempride F1, Yakii F1, Excellence, Super Star, Nadire, Gigante, Adja Ercole et Kilele (Diouf, 2016). Par contre, une enquête auprès des cultivateurs dans la zone des Niayes a permis de recenser les variétés cultivées pour le maraichage : Mongal F1, Mongal, Mboro, Khéwal, Gagnila, Topsport F1 bejo, Mboro ivm, Kher et Xina (Non publié).
Importance économique
La tomate occupe la première place au sein des cultures maraîchères en termes de superficie et de production. Cette production mondiale annuelle dépasse 161 millions de tonnes dont 30 millions sont destinés à la transformation. La Chine est le premier producteur dans le monde avec plus de 50 millions de tonnes. L’Afrique occupe la 4 ième place mondiale avec une part de production de 11,5% : l’Egypte prend la première place suivie du Nigeria (FAO, 2O13). Au niveau national, la tomate occupe environ 20% du total des surfaces horticoles. Sa culture ne polarise pas moins de 12 000 producteurs répartis dans les départements de Dagana et de Podor (Diouf, 2016). Pour la campagne 2015/2016 une production globale de 28 583 Tonnes a été notée dans la Vallée du Fleuve du Sénégal (Diouf, 2016). Cependant, l’apparition d’un nouveau ravageur dans les cultures de tomate (T. absoluta ou la mineuse de la tomate) provoque une baisse de la production qui peut obliger les paysans à abandonner les parcelles (Diatte et al., 2016).
LE RAVAGEUR : Tuta absoluta
Répartition géographique
Originaire d’Amérique du Sud, la mineuse de la tomate a été déclarée comme ravageur majeur depuis 1964 en Argentine d’où elle a gagné tout le reste de l’Amérique du sud. Dès lors elle est signalée au Japon puis en Europe pour la première fois en 2006 dans la province de Castellón (Espagne) (Ramel et al., 2008 ; Germain et al., 2009). Tuta absoluta s’est disséminée par la suite dans le pays et en 2009 tout le pourtour méditerranéen est atteint (Algérie, Egypte, Grèce, Israël, Italie, Lybie, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie…) (Adamou et al., 2017). En Afrique du Nord ce ravageur est apparu d’abord au Maroc avant d’être signalé en Algérie pour s’étendre en Tunisie, en Lybie et en Egypte en 2010 (Idrenmouche, 2011). En Afrique de l’Ouest, le Sénégal est le premier à déclarer l’existence du fléau en 2012 (Pfeiffer et al., 2013) 5 de même le Soudan et l’Ethiopie l’ont signalé en 2012 (Mohamed et al., 2012 ; Adamou et al., 2017). Pour le Niger et le Kenya la présence a été signalée tout récemment (Adamou et al., 2017). Cette évolution confirme son potentiel en matière de dissémination.
Systématique et synonymie
La mineuse de la tomate est un insecte de l’ordre des lépidoptères, appartenant à la famille des Gelechidae et à la sous-famille des Gelechiinae. Tuta absoluta est décrite pour la première fois par Meyrick en 1917 sous le nom de Phtorimaea absoluta (Nora, 2011). Cependant le nom de genre a changé au fil des années Gnorimoschema, 1962 ; Scrobipalpula, 1964 ; Scrobipalpuloides, 1987 (Povolony, 1975). La nomenclature utilisée actuellement pour la mineuse de la tomate est Tuta absoluta.
Bio-écologie
La mineuse de la tomate est un déprédateur inféodé à la tomate, mais elle peut également se développer, se nourrir et se reproduire sur d’autre solanacées cultivées (Nora, 2011). La mineuse possède une grande capacité de reproduction lorsque la nourriture est disponible. Outre cela la température ambiante module le nombre de génération qui peut aller jusqu’à 12 générations par an avec un cycle qui varie de 29 à 38 jours (Ziri, 2011). Sous conditions contrôlées (25±2°C et 12h de lumière), la durée totale de développement de la mineuse de la tomate, de l’œuf jusqu’à l’apparition de l’adulte, est de 37,5 jours (Kaouthar et al., 2011). Des études en Chili ont montré que le développement de l’insecte dure 76,3 jours à 14°C, 39,8 jours à 20°C et 28 jours à 27°C (Barrientos et al., 1998). Le cycle de vie de T. absoluta comprend quatre stades : œuf, larve, chrysalide et adulte. L’œuf Ils sont déposés de manière isolés sur les feuilles, les parties tendres de la plante ou les sépales de fruits jeunes. Ils sont de couleur blanc-crème juste après la ponte et deviennent orange marron juste avant l’éclosion qui a lieu au bout de 4 à 5 jours (Germain et al., 2009 ; Nora, 2011). De forme ovale-cylindrique, l’œuf de T. absoluta mesure environ 0,4 mm de long pour 0,2mm de diamètre ce qui les rend assez difficile à repérer à l’œil nu (Germain et al., 2009 ; Ziri, 2011 ; Terrentroy, 2012). La larve Quatre stades larvaires se succèdent avec une durée de 12 à 15 jours selon la température. La larve de premier stade est de couleur blanc crème puis entre le deuxième et le 6 quatrième stade elle passe du vert au rose. Au dernier stade, elle a une ligne rougeâtre sur le dos et une bande noire derrière la tête (Germain et al., 2009 ; Terrentroy, 2012). La chrysalide A la fin de leur développement, les chenilles se transforment en chrysalides soit dans les galeries, soit à la surface des plantes hôtes ou bien dans le sol, dans un cocon blanc et soyeux (Guery et al., 2015). La chrysalide de couleur vert marron ne s’alimente plus et présente une forme cylindrique avec 4,3 mm de large et 1,1 mm de diamètre. Ce stade dure environ 10 à 12 jours (DPV, 2014). L’adulte Tuta absoluta est un petit papillon de couleur gris argenté avec des tâches noires sur les ailes antérieures mesurant 7 mm de long. Le corps et les ailes sont couverts d’écailles. Les antennes de T. absoluta sont filiformes et mesurent les 5/6 du corps. Il est actif surtout le matin et en fin de journée et vole souvent en bas des plantes (Terrentroy, 2012). Tuta absoluta est une espèce multivoltine pouvant effectuée 12 générations par année selon la disponibilité de la nourriture. Le mâle est de couleur plus foncé et de plus petite taille que la femelle. Figure 1: Adulte (d) et larves de T. absoluta (a, b et c). Les adultes s’accouplent 24 à 48H après l’émergence, la plus-part des œufs sont pondus quelques jours après (Idrenmouche, 2011). Les femelles peuvent pondre entre 40 et 260 œufs isolément ou en petits tas sur les sépales des fruits immatures, la face inférieure des feuilles ou les parties tendres de la plante (Terrentroy, 2012). Après 4 à 6 jours d’incubation les œufs éclosent pour donner les larves néonates de couleur blanc-crémeux. Ces dernières pénètrent le tissu des feuilles, tiges et fleurs en y creusant des galeries dans lesquelles s’effectuent le développement larvaire (Wyckhuys et al., 2013). Il faut aussi noter que les chenilles peuvent aussi sortir des galeries et se mouvoir en utilisant des fils de soie pour coloniser d’autres plantes. Après le développement larvaire survient la nymphose soit au niveau des galeries ou dans le sol et dure environ 10 à 12 jours puis on note une émergence des adultes. La durée de vie a b c d 7 approximative des adultes est de 6 à 7 jours pour les mâles et 10 à 15 jours pour les femelles (Germain et al., 2009 ; Desneux et al., 2010 ).
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