Proposition d’une typologie spatiale des exploitations agricoles en CTE
Introduction
L’analyse géographique réalisée précédemment sur l’organisation spatiale des CTE et de leurs actions révèle une grande diversité des actions souscrites. Il semble toutefois que certaines tendances de gestion du territoire apparaissent selon les contrats et les situations géographiques. Dans ce chapitre, l’objectif vise à déterminer si les types de mesures contractées dans les CTE (investissements et territorial) peuvent être mis en relation avec des types d’exploitations (définies selon leurs structures et leurs productions). La problématique consiste donc à s’interroger sur une corrélation possible entre l’orientation des exploitations et les actions souscrites. Cette mise en relation nécessite d’établir des typologies partielles qui seront croisées entre elles dans une typologie générale. Les cartes sont réalisées tout d’abord au niveau communal puis par territoire, exprimant pour chaque espace une combinaison de types factoriels. Chaque étape donne lieu à une approche spatiale : – Typologie des exploitations CTE en fonction de leurs structures : elle consiste à distinguer les exploitations agricoles en fonction de leurs caractéristiques structurelles (SAU, système de production, statut…) pour identifier et aboutir à une première classification ; – Typologie des exploitations en fonction des volets investissements du CTE (économique et environnemental), classés par grands types d’actions, montants financiers et selon les principaux enjeux ; – Typologie des exploitations en fonction du volet territorial, donc des mesures agrienvironnementales souscrites pour en dégager une classification basée principalement sur leur importance et leur diversité ; – Typologie globale qui met en relation les trois typologies partielles. Proposition d’une typologie spatiale des exploitations agricoles en CTE Partie III – Les contrats territoriaux d’exploitation et la gestion du territoire .Les traitements sont effectués par analyse factorielle des correspondances où les individus correspondent aux exploitations agricoles en CTE. 1. Typologie des exploitations en fonction de leurs structures Les critères retenus pour établir la typologie des exploitations en CTE sont présentés dans le tableau 37. Ils sont découpés en un nombre variable de modalités. Une sélection des variables discriminantes a été réalisée et a permis réellement de dégager les modalités structurantes de l’AFC c’est-à-dire celles qui ont les corrélations les plus fortes. Elles concernent à la fois des éléments structurels des exploitations (statut, importance de la SAU, type de production, type de filière) et des principales caractéristiques générales du CTE (type de contrat réalisé (projet ou CAB), part de la SAU concernée, montants financiers). Tableau 37. Sélection des critères utilisés pour la typologie « structure » Caractères Statut Type de production Filière qualité SAU totale Type de CTE Part SAU CTE Montant total du CTE Modalités Individuel Formes sociétaires (GAEC, EARL, autres) Lait Céréales Mixte (céréales + élevage ou lait + viande) Autres Non spécifié AB AOC Autres (labels…) 1. faible (0 à 72 ha) 2. moyenne (72 à 114 ha) 3. élevée (114 à 452,8 ha ) (répartition en effectifs égaux) 1. projet 2. CAB 0. aucune 1. faible (0 à 66,6 %) 2. moyenne (66,6 à 96,9 %) 3. élevée (96,9 à 100 %) (répartition en effectifs égaux) 1. faible (0 à 28 850 €) 2. moyen (28 850 à 48 500 €) 3. élevé (48 500 à 327 110 €) (répartition en effectifs égaux) Sources : Relevés DDAF de Haute-Saône 2003, DDAF du Doubs 2003 Les résultats obtenus présentent une inertie totale de 68,58 % dont près de la moitié est représentée par le facteur 1 (tableau 38). Tableau 38. Contributions des axes 1, 2 et 3 de l’AFC « structure » Axes Contributions Facteur 1 32 % Facteur 2 21,34 % Facteur 3 15,24 % TOTAL 68,58 % Les graphiques 16a et 16b correspondent aux facteurs 1-2 et 1-3. Ils présentent les 612 exploitations en CTE retenues, les caractères et leurs modalités. Graphique 16. Classification « structure » selon les facteurs 1/2 et 1/3 Partie III – Les contrats territoriaux d’exploitation et la gestion du territoire Chapitre III – Proposition d’une typologie spatiale des exploitations agricoles en CTE 288 La projection le long de l’axe 1, oppose d’un côté la part des SAU CTE élevées à celles moins importantes, les montants élevés et moyens du CTE et les statuts (sociétés ou individuel). S’opposent également le type de CTE souscrit (projet ou CAB), les montants faibles ou élevés du CTE et la taille des exploitations (SAU totale). L’axe 2 oppose les exploitations agricoles orientées en céréales et mixte à celles orientées en lait, les CTE intégrées dans des filières qualité AOC à des systèmes de production dont la filière n’est pas spécifiée dans le contrat ou qui ne sont intégrés dans aucune filière qualité. Enfin, concernant l’axe 3, une contribution forte apparaît pour les variables concernant le montant des CTE et leur orientation technicoéconomique mais il oppose surtout les OTEX lait avec des surfaces moyennes aux autres OTEX avec des surfaces plutôt faibles. Des contributions fortes se dessinent entre certaines variables. Pour les exploitations agricoles orientées en agriculture biologique, des liens importants avec les modalités « montant total du CTE élevé », « part SAU CTE élevée » et le type de CTE « CAB » apparaissent. Il en est de même pour les exploitations agricoles en filière qualité AOC qui seront pour beaucoup d’entre elles orientées en production laitière. Des liens moins prononcés apparaissent entre d’autres modalités : il semble qu’une bonne partie des exploitations céréalières aient contractualisé une part peu importante de leur SAU (« SAUCTEfaible »). Apparaissent aussi des liens entre les CTE qui n’ont pas du tout souscrit de mesures surfaciques (« SAUCTE0 »), et ceux dont les montants investis sont les plus faibles. Les individus ont ensuite été classés selon leurs corrélations à partir de l’analyse factorielle des correspondances précédente (tableau 39, carte 31). A partir de cette analyse, les exploitations peuvent être regroupées en cinq grands types, les types B/C et D/E étant relativement proches : – le premier type (A) représente 16,3 % des exploitations en CTE. Sa principale caractéristique est de regrouper l’ensemble des exploitations agricoles qui se sont converties ou ont converti des surfaces en agriculture biologique avec des montants élevés. Il n’y a donc aucun CTE projet dans ce groupe.