Proposition d’un modèle générique d’évaluation de l’acceptabilité des solutions innovantes
Processus de co-conception d’une solution innovante
Cette section présente une synthèse sur les processus de co-conception d’une solution innovante. Caractéristiques du processus de conception Une solution innovante peut porter, sur les produits, les services, les procédés, les organisations ou les méthodes (OCDE 2018). Le processus de conception d’une solution ne peut être mis en œuvre sans une compréhension du problème à résoudre. Un problème est généralement décrit comme une divergence entre un état initial et un état cible, c’est-à-dire un écart entre la situation actuelle d’une personne et la situation qu’elle souhaiterait avoir (VanGundy 2005).
La résolution des problèmes est le processus par lequel les personnes éliminent la divergence entre l’état initial et l’état final (Ward 2012). Cette résolution dépend du type de problème. Selon VanGundy, ils peuvent être classés en fonction de leur structure en problèmes correctement définis et en problèmes mal définis (VanGundy 2005). Les premiers sont caractérisés par une bonne compréhension de la situation initiale, de l’objectif et de la 49 Proposition d’un modèle générique d’évaluation de l’acceptabilité des solutions innovantes démarche à suivre pour atteindre cet objectif.
La résolution de ce type de problème ne présente pas de risque majeur, ce type de conception est souvent appelé conception routinière. Au contraire, un problème mal défini possède une situation, des objectifs et/ou une manière de procéder partiellement explicités et/ou ambigus (Gabriel 2016). Sa résolution implique un processus de compréhension et de conceptualisation de la situation initiale et de la manière dont elle peut être transformée (Ward 2012).
L’analyse des problèmes mal définis et sa résolution se font en parallèle, plutôt que par étapes successives et séparées (Visser 2009). La conception de nouvelles solutions peut concerner la résolution de problèmes mal définis ou complexes (Visser 2009). D’une part, parce la question de départ, les enjeux et la procédure à suivre pour les résoudre ne sont pas clairs (VanGundy 2005). D’autre part, parce que les problèmes sont multidimensionnels et les variables à considérer sont nombreuses (Falzon 2005).
En plus, les problèmes peuvent admettre plusieurs solutions, parmi lesquelles il faudra en choisir une, qui sera jugée plus satisfaisante que les autres (Falzon 2005). La perception des problèmes diffère selon la personne qui cherche à les comprendre ou les résoudre. Les différences d’intérêts, de connaissances et d’expériences entre différents types de parties prenantes font qu’une situation peut être perçue comme problématique par certaines personnes et ne pas l’être pour les autres (Gabriel 2016).
Par conséquent, cette situation peut conduire à des contradictions ou à des paradoxes susceptibles d’entraver la progression du projet de conception. L’étude de ceux-ci contribue à améliorer la clarté des concepts, provoque une source de créativité et d’imagination et conduit à la création de nouvelles approches pour résoudre les problèmes (Hughes 2014).
Caractéristiques de la co-conception d’une solution innovante
La co-conception est le processus par lequel les parties prenantes sont rassemblées afin de résoudre conjointement un problème (Darses 2009). Pour Sanders et Stappers, la co conception est la créativité collective appliquée à l’ensemble du processus de développement d’une solution (Sanders and Stappers 2008). Co-concevoir suppose d’observer et de comprendre une situation de manière collective, pour imaginer et générer une réponse créative et adaptée. Pedersen affirme que les processus de co-conception sont favorables pour des raisons pratiques, mais aussi politiques.
La participation des parties prenantes permet non seulement d’apporter une contribution créative à la solution, mais aussi de 50 Proposition d’un modèle générique d’évaluation de l’acceptabilité des solutions innovantes représenter directement leurs intérêts politiques dans le processus de conception, ce qui favorise l’acceptation future de la solution (Pedersen 2016). Pour ce faire, le défi consiste à trouver des moyens appropriés pour engager et impliquer ces personnes dans les activités de conception (Sanders, Brandt, and Binder 2010).
Dans la littérature, il existe un vaste répertoire d’outils et de techniques qui peuvent être utilisés à différentes étapes du processus de co-conception et dans divers contextes (Rygh and Clatworthy 2018). Ces techniques permettent le dialogue et l’échange entre les participants et favorisent la construction conjointe de la solution (Sanders et al. 2010). La co-conception est un processus itératif qui conduit à la construction de nombreuses représentations intermédiaires de la solution, également appelée : Objets Intermédiaires de la Conception (OIC).
Les OIC sont utilisés pour communiquer et concrétiser un échange (Mer et al. 1995). Ils peuvent prendre différentes formes, par exemple un dessin, une maquette, un prototype. La différence entre la solution finale et un OIC est une question de degré de spécification, de complétude et d’abstraction. À mesure que le produit est développé, les OIC sont de plus en plus précis et détaillés (plus concrets), de sorte qu’à la fin du processus, l’OIC deviendra le produit fini (Visser 2009).a