Proposition d’un modèle de l’activité d’annotation

 Proposition d’un modèle de l’activité d’annotation

Pour les raisons exposées au chapitre précédent, notre source d’inspiration pour la modélisation a priori de l’activité d’annotation est la rhétorique médiévale qui lie la lecture et l’écriture. Aucun modèle n’est évidemment développé à ce titre dans la littérature médiévale, cependant, on peut modéliser les règles de bonnes pratiques d’apprentissage sur les textes en vigueur à l’époque. La pratique se base sur le fait que pour apprendre il faut mémoriser, que pour mémoriser il faut structurer et que structurer c’est aussi produire soi-même. Le processus de production de discours tel qu’il est préconisé comporte deux phases : Divisio et Compositio (Fig. 11).

La Divisio se fait au cours de la lecture et représente l’étape de division d’un texte en unités intelligibles, en segments brefs mémorisables. La Compositio, elle, est l’assemblage ordonné, l’agencement convenable des rei (res étant un objet conceptuel aussi bien qu’un objet physique) des segments mémorisés. Ces phases de 108 mémorisation, la Divisio, et de création, la Compositio, sont elles-mêmes divisées en étapes soutenues par l’utilisation d’annotations. 

La première étape de la Divisio est la Cogitatio (Fig. 12). C’est une étape mémorielle individuelle qui consiste en l’association d’images par un choix et une remémoration conscients et d’une division chronologique du contenu d’un document en différents lieux mémoriels. Les fragments textuels formant le texte sont alors structurés et deviennent mémorisables facilement. La Collatio est la phase où l’on combine en une structure des fragments textuels reposant en plusieurs lieux de mémoire distincts.

C’est dans cette phase que des liens entre les différents lieux de contenu sont créés. Un co-texte est formé entre les nouveaux fragments mémorisés et les fragments précédemment mémorisés, en les liant sémantiquement entre eux. Cette phase n’est pas spécifiquement individuelle même si elle structure une mémoire individuelle, dans la mesure où cette étape peut être liée à des échanges discursifs, des interactions avec d’autres aidant à une structuration enrichie des concepts.

La Compositio est divisée en quatre stades d’activité évoquant des stades de création de document. Le stade d’Inventio est proche de celui de Collatio dans la mesure où il s’agit de créer des liens sémantiques entre divers éléments mémorisés, au niveau de la res (objets conceptuels, idée) pas au niveau du mot. Un plan est formé, c©est-à-dire un ensemble hiérarchisé d’idées, une structure argumentative par exemple. 

Adaptation d’un modèle à la médiatisation

Un modèle d’activité instrumentée est un modèle qui décrit une activité lorsqu’elle est opérée via un outil, c©est-à-dire en tenant compte des modifications de cette activité dues à l’instrumentation. Le modèle d’activité est ainsi projeté dans un cadre médiatisé et l’on peut alors définir les fonctionnalités et objets du système. Le modèle proposé ci-dessus relève de pratique hors médiatisation (originellement seule la base de l’activité et l’état final relèvent d’une médiatisation textuelle). Afin de le transformer en modèle instrumenté, il s’agit de mimer l’activité décrite telle que jouée au travers d’un outil.

Modèle d’activité instrumentée

Pour l’adaptation de notre modèle d’activité en modèle d’activité instrumenté, nous considérons, dans un contexte de travail collectif distribué, la mise en partage d’un document afin qu’il soit commenté. Après une phase de visualisation du texte, d’une lecture, un utilisateur du système mettra en valeur un segment (fragment textuel) de façon à signaler l’ancrage d’un élément discursif en rapport avec ce fragment.

Cette mise en valeur pourra se faire par des techniques classiques de surlignage, soulignage, encadrement, colorisation de fragments de tailles variables (du mot, ou d’une partie d’un mot, au paragraphe, ou d’un ensemble disjoint d’éléments). Suite à cette segmentation et ce choix d’élément(s) à annoter, une phase d’indexation pourra intervenir, consistant en une mise en relation des fragments.

Il sera alors question de tirer des liens sémantiques entre des éléments pour les structurer entre eux et former un ensemble de fragments textuels organisés selon leur sens, donné par l’utilisateur. L’annotation consistera en effet en un ancrage, une relation géographique, mais aussi en un corps, un discours qui fait sens, qui prend place dans un co-texte, l’ensemble des fragments textuels en mémoire indexés par des mots-clés compréhensibles et structurants 

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