Projet de parc éolien en mer

Projet de parc éolien en mer

Le paysage : notions et étude pour le projet

La notion de paysage a été définie dans le Préambule de la Convention Européenne du paysage à Florence, le 20 octobre 2000. Il y est écrit que le paysage « [] participe de manière Proposition d’une alternative au projet de parc éolien en mer sur la commune d’Arromanches-lesBains (14) Victoria DEMETTRE – DAE 3 – Polytech Tours 14 importante à l’intérêt général sur les plans culturel, écologique, environnemental et social [] » ; « [] est partout un élément important de la qualité de vie des populations [] » ; « [] constitue un élément essentiel du bien-être individuel et social, et [] sa protection, sa gestion et son aménagement impliquent des droits et des responsabilités pour chacun. » Conscient de l’enjeu paysager du projet, le maître d’ouvrage a missionné le bureau d’étude SETUP Environnement pour réaliser une étude sur l’insertion paysagère [19]. L’agence SETUP est un bureau d’études et de conseils, regroupant une équipe pluridisciplinaire de spécialistes dans de nombreux domaines tels que l’aménagement, le paysage ou encore les énergies renouvelables [20]. L’étude paysagère a été réalisée en 2009, puis remis à jour en 2011 et en 2014 lors des modifications de délimitation du parc [19]. Elle s’appuie sur les orientations du Guide de l’étude d’impacts de l’environnement des parcs éoliens du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (MEDDADT) [20]. Les différents enjeux, économiques, patrimoniaux ou paysagers, du territoire ont pu être identifiés dans un rayon de plus de 30 km autour du projet [19]. Différentes aires d’étude ont été définies, sur lesquelles a été analysée la perception du site éolien, depuis des points de vue proches et lointains, mais également à partir de sites emblématiques, historiques et touristiques [20]. La commune d’Arromanches-les-Bains et son port artificiel Winston Churchill, site classé, sont compris dans l’aire d’étude éloignée, et plus précisément le rétro-littoral qui s’étend sur l’ensemble de la bande littoral, représentant une surface de 133 km² [20].Ont également été définis neuf grandes unités paysagères et les points de visibilité du parc [19]. L’unité paysagère de la commune d’Arromanches-les-Bains représente les côtes à falaises verticales et rectilignes du Bessin. Comme évoqué précédemment, la région Normandie possède un littoral chargé d’histoire : elle a été le lieu d’une bataille emblématique de la Seconde Guerre Mondiale [19]. Les plages du Débarquement en sont un réel patrimoine. Différents enjeux ont été identifiés dont un en lien avec la fréquentation de nombreux lieux de mémoire liés notamment à la Seconde Guerre Mondiale [20]. Il représente l’ensemble des sites ponctuels et plages du Débarquement dont en fait partie Arromanches-les-Bains : c’est un enjeu paysager marqué sur des sites ponctuels et des zones étendues [20]. De nombreux visiteurs sont présents tout au long de l’année, et surtout lors des ommémorations. La commune d’Arromanches-les-Bains est située à une distance de 12.4 km de la première ligne d’éoliennes (Annexe 4). Au-delà de cette étude paysagère, il est à noter que le paysage renferme une notion objective et une notion subjective [20]. La notion objective comporte des données mesurables et observables par tous telles que la nature du sol, la végétation en place, le relief, [20]. Au contraire, la notion subjective comporte des données sensibles propres à chacun et qui sont liées à son propre regard sur les choses [20]. Cette dernière, étroitement liée à l’éducation et aux références culturelles, est également à associer avec la notion de temps puisqu’un paysage ne sera jamais le même à un instant t et à un instant t+1 [20]. 

Un projet d’avenir pour la plupart des élus des communes impliquées

La société EOC a présenté une demande d’enquête pour le projet de parc éolien en mer de Courseulles-sur-Mer [21]. Une commission d’enquête a ainsi été désignée par Monsieur le Président du Tribunal Administratif de Caen le 10 mars 2015 [21]. Cette dernière est appelée à donner ses conclusions et ses avis sur les demandes d’autorisation relatives au projet [21]. L’enquête publique souhaitée porte sur deux demandes : – Une demande de concession d’utilisation du domaine public maritime ; – Une autorisation au titre de la loi sur l’eau pour les travaux [21]. La période initiale définie pour l’enquête publique, par les membres de la commission et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) du Calvados, était du 26 mai 2015 au 24 juillet 2015, soit 60 jours [21]. La publication prochaine de modifications réglementaires a conduit le pétitionnaire à demander le report du début de l’enquête au 24 août 2015, puis au 10 août 2015 [21]. Au final, le public a disposé de 80 jours pour prendre connaissance de ce projet et de s’exprimer s’il le souhaitait [21]. Globalement, sont concernés 33 lieux pour l’enquête publique, répartis sur 17 communes ou communautés de communes, ainsi que la DDTM du Calvados [21]. Le dossier mis à la consultation du public était composé de 14 classeurs, représentant un ensemble de plus de 5 000 pages [21]. Une étude d’impacts était présente au sein de ce dossier [21]. A l’exception des deux permanences qui se sont déroulées le jour de l’ouverture de l’enquête publique où les cinq membres de la commission étaient présents, toutes les autres ont été tenues par un voire deux commissaires enquêteurs, expliqué par l’intérêt présumé du public [21]. Il y a eu 16 sites de permanence dont la commune d’Arromanches-les-Bains [21]. Celle-ci a tenu quatre permanences (le plus grand nombre étant de cinq pour deux communes) et, au cours de celles-ci, 20 personnes ont échangé avec les membres de la commission sur le projet (42 personnes pour la communes de Courseulles-sur-Mer ; 21 personnes pour la communes de Bernières)[21]. Le public a donc pu s’exprimer sur ce projet, ainsi que les élus des communes impliquées (Annexe 5). Sur les 17 communes, 11 sont favorables à l’implantation du parc éolien au large de Courseulles-sur-Mer, dont la commune d’Arromanches-les Bains [21]. En effet, les élus voient d’un bon œil l’utilisation d’énergies renouvelables et considère ce parc comme un attrait touristique supplémentaire pour la région. Quatre communes sont favorables mais sous certaines conditions, évoquées dans l’Annexe 5. Peuvent être cités l’impact visuel à minimiser, l’impact sur les espèces vivantes à réduire au maximum pendant le chantier, le souhait de compensation financière pour le tracé, etc. Enfin, deux communes n’ont pas une position favorable au projet : Bernières-sur-Mer (deux pour, trois contre, 13 abstentions) et Luc-sur-Mer (quatre pour, 17 contre). Les motivations de ces deux dernières n’ont pas été évoquées dans l’enquête publique. D’une manière générale, les élus des communes semblent relativement favorables au projet de parc éolien en mer au large de Courseulles-sur-Mer, tout comme la commune d’Arromanches-les-Bains. Les réticences semblent donc venir tout particulièrement du public et ainsi des habitants des communes liées à ce projet, dont le paysage risque d’être perturbé.

Des réticences au niveau du public

Au cours de l’enquête publique, le public a pu exprimer son avis soit par internet, soit par courrier, soit en se déplaçant dans les différents lieux de dépôt des registres [21]. Les avis déposés sont très partagés au sujet du paysage [21]. Le public étant favorable au projet voit une compatibilité entre le patrimoine historique et les éoliennes, incarnées comme un enjeu pour l’avenir [21]. Cependant, de nombreux dépôts ont exprimé un avis tranché sur le sujet [21]. La commune d’Arromanches-les-Bains a compté 65 dépôts lors de l’enquête publique, dont 26 faisant partie de l’association Libre-Horizon, défavorable au projet [21]. 42 avis négatifs ont été émis portant sur deux principaux points : – La proximité du parc éolien des côtes et du port artificiel Winston Churchill d’Arromanches-les-Bains ; – L’absence totale de concertation sur le choix du site [21]. La proximité du parc, et donc la volonté de son éloignement, est un élément étant revenu à plusieurs reprises [21]. La comparaison avec des parcs éoliens offshore en Allemagne a également été évoquée pour montrer la possibilité de recul des éoliennes, les parcs là-bas y étant plus éloignés des côtes [21]. Les associations et les habitants défavorables ont mené des pétitions, quatre au total. L’association Libre-Horizon, se battant pour un parc éolien hors de vue, a réussi à obtenir 211 signatures, toutes communes confondues [21]. La fédération Basse-Normandie Environnement, quant à elle, en a obtenu six [21]. La famille Jolly, habitant la commune d’Arromanches-les-Bains, et prônant la proximité des éoliennes avec le port artificiel, a eu trois signatures [21]. Enfin, les habitants d’Arromanches-les-Bains demandent qu’une action de mécénat soit menée par la société EOC pour la sauvegarde du port : 155 signatures ont été obtenues [21]. Douze autres associations se sont révélées être contre le projet de parc éolien d’un point de vue paysager, pour toutes les communes impliquées [21]. En octobre 2016, huit associations ont posé un recours contre le parc, afin de contester l’autorisation d’implantation et d’exploitation, fournie par la préfecture du Calvados [22]. Certaines associations sont opposées à l’éolien d’une manière générale, d’autres s’inquiètent de la dénaturation du paysage lié à la mémoire historique, les dernières se préoccupant des impacts environnementaux des parcs éoliens offshore [22]. Ce recours n’a finalement pas abouti. En définitive, la commission d’enquête publique considère que : « l’impact visuel du parc sera une réalité indiscutable, même si l’intensité de la perception des éoliennes variera suivant les lieux et la météorologie, mais elle estime, toutefois, que cette perception ne sera pas de nature à transformer les caractéristiques essentielles du paysage marin » [21]. Des propositions d’alternatives ou d’accompagnement du projet ont tout de même été exprimées par le public, pour la commune d’Arromanches-les-Bains [21]. La première est le recul du projet de dix km, en réponse à la proximité du parc éolien des côtes et du port artificiel Winston Proposition d’une alternative au projet de parc éolien en mer sur la commune d’Arromanches-lesBains (14) Victoria DEMETTRE – DAE 3 – Polytech Tours 17 Churchill, avec une comparaison avec l’Allemagne comme expliqué précédemment [21]. La deuxième est une demande d’une action de mécénat d’EOC pour sauvegarder le port artificiel à Arromanches-les-Bains [21]. Enfin, une demande d’associer au projet a été évoquée, en l’aval de l’enquête publique, notamment par la création d’une commission locale d’information (CLI) [21]. D’autres éléments, en plus du contexte paysager, ont été exprimés par le public à Arromanches-les-Bains, concernant le projet de parc éolien en mer [21]. Les habitants et les associations posent notamment des doutes sur la rentabilité du projet, mais également sur les conséquences pour le milieu marin et l’avifaune [21].

Table des matières

Avertissements
Remerciements
Sommaire
Introduction
Le projet actuel et les problèmes soulevés
I – Un projet de parc éolien offshore sur la côte Normande
Un enjeu énergétique à l’échelle européenne et nationale
Le projet de parc éolien en mer de Courseulles-sur-Mer : une réponse multi-acteurs aux objectifs européens, La prise en compte de dimensions physiques environnementales et paysagères
II – Un problème paysager au cœur de ce projet
Le paysage : notions et étude pour le projet
Un projet d’avenir pour la plupart des élus des communes impliquées
Des réticences au niveau du public
III – Un public douteux quant à la rentabilité et à l’impact environnemental du projet
Une potentielle rentabilité contestée
Des doutes sur les conséquences pour le milieu marin et l’avifaune
Le territoire national et au-delà : éléments de comparaison
Alternative au projet de parc éolien en mer de Courseulles-sur-Mer
I – L’échelle globale et l’échelle locale imbriquées dans ce nouveau projet
Entre éoliennes et hydroliennes : le projet en mer
Entre panneaux solaires et éoliennes domestiques : le projet en milieu terrestre
Une imbrication globale/locale
II – Des hydroliennes : une réponse aux problèmes évoqués
Une réponse au problème paysager
Une réponse aux doutes sur la rentabilité
Une réponse aux doutes et incertitudes concernant le milieu marin et l’avifaune
III – L’implication des acteurs locaux quant aux énergies renouvelables : spots terrestres
L’implantation de panneaux solaires à Arromanches-les-Bains
La promotion d’installation d’éoliennes domestiques
Les avis des habitants d’Arromanches-les-Bains et alentour sur le projet
Conclusion
Bibliographie/Sitographie
Acronymes.

projet fin d'etude

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