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Bilan des programmes d’insémination artificielle bovine au Sénégal de 1995 à 2011
Projet d’Appui à l’Elevage (PAPEL)
L’insémination artificielle a été initiée dans le bassin arachidier, plus précisément dans les régions de Kaolack et Fatick à partir de 1995. L’analyse des résultats des trois premières campagnes d’IA entre 1995 et 1998 a montré que 1373 vaches ont été inséminées ; mais seules 425 naissances ont été enregistrées, soit un taux de vêlage moyen de 27,3% (KEITA, 2005). Les faibles taux de vêlage (moins de 50%) s’expliquent en grande partie par l’inexpérience des inséminateurs. GUEYE (2003) précisait d’ailleurs que le taux de vêlage des vaches inséminées a été de 26%, tandis que son coût est estimé à environ 50.000 F CFA par vache inséminée. En effet, le PAPEL a été le premier projet au Sénégal à initier une campagne d’insémination artificielle régionale de grande envergure en milieu rural, d’où les manquements dans l’organisation. Entre 2003 et 2005, le PAPEL a effectué de nouvelles campagnes d’IA dans le bassin arachidier. C’est ainsi qu’en 2003, il a obtenu un taux de gestation de 59% dans le bassin arachidier (DIREL, 2005 ). Le taux de gestation obtenu est largement supérieur à ceux obtenus par le PAPEL entre 1995 et 1998 et témoigne de l’expérience acquise dans l’organisation des campagnes d’IA et les maîtrises des techniques par les inséminateurs.
Projet de Développement Agricole de MATAM (PRODAM)
C’est à partir de 1996, que le projet a intégré un volet IA pour une amélioration de la production laitière (SOW, 1997). Le taux de vêlage était de 38% pour la campagne 1996-1997 (meilleur que celui obtenu par le projet PAPEL de 1995-1998). Cependant le taux chute brutalement pour la deuxième campagne de 1998 -1999 à 15% ce qui est très décevant. Au final, sur 384 vaches inséminées, seuls 94 veaux sont nés. Peu de données sont disponibles sur les raisons des mauvaises performances de la deuxième campagne. D’une manière générale la maîtrise des techniques d’insémination a fait défaut, ainsi qu’une mauvaise sélection des éleveurs bénéficiaires. En effet, une trop grande extension spatiale du programme a conduit à des difficultés logistiques d’intervention et de suivi (distances élevées entre les localités et des contraintes d’accessibilité dues à l’enclavement de certaines zones).
Programme National d’Insémination Artificielle (PNIA)
Dans le PNIA, trois campagnes ont été menées ; il s’agit de celle de 1999/2000, celle de 2001 et celle de 2004 conduites par des cabinets prestataires sur la base d’un protocole définissant la stratégie à adopter en raison des spécificités agro-écologiques des régions. Ce programme, contrairement au PAPEL, a concerné toutes les régions du Sénégal. Le taux de réussite moyen était 31% pour la première campagne (1999/2000) et 42% pour la deuxième campagne (2001).
La première campagne avec un taux de vêlage de 15,6% (KEITA, 2005) n’a pas été une réussite. Les résultats nationaux de 2004 sont nettement meilleurs, avec 2900 vaches inséminées et 1800 gestantes, soit un taux de gestation de 62% (PAPEL, 2005).
Programme Spécial d’Insémination Artificielle(PSIA)
Le PSIA est le volet Elevage de la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) dont l’objectif était de développer la production laitière, pour assurer une autosuffisance en lait et produits laitiers, à l’horizon 2012 (ME, 2011). En 2008, le nombre des vaches à inséminer était 50 000 mais seules 26 000 vaches ont été inséminées. Le taux de réussite était de l’ordre de 50%. En 2009, les résultats ne concernant que le département de Mbour a montré que sur 551 vaches inséminées ,136 ont été diagnostiquées gestantes soit un taux de réussite de 47,4%. L’analyse des résultats de 2010/2011 a montré que 19 209vaches ont été inséminées, mais seules 8855 gestations ont été enregistrées soit un taux de gestation de 44,16% (ME, 2011).
Projet FNRAA-EISMV
C’est un projet de Recherche-Développement qui avait pour objectif général de « confirmer et transférer la technique de l’insémination artificielle bovine sur chaleurs naturelles dans les élevages traditionnels du bassin arachidier au Sénégal ». Il a été financé par le FNRAA (Fonds National de Recherches Agricole et Agro-alimentaire) et exécuté par l’EISMV, l’ANCAR, l’ISRA et le DIRFEL (ASSEU, 2010). En 2006, sur 108 inséminations réalisées, le taux de réussite global a été de 33,33% en 1er service avec un maximum de 47,61% obtenu dans la région de Fatick (SAWADOGO, 2007). L’analyse des résultats de 2010 a montré que 37 sur 48 vaches inséminées ont été diagnostiquées et que sur les 37 vaches diagnostiquées 15 étaient gestantes, soit un taux de réussite de 40,5%. Ce faible taux est la conséquence d’un mauvais entretien des vaches candidates ; très peu d’entre elles ont été déparasitées et reçu un complément nutritionnel, condition indispensable pour le maintien de la cyclicité et la survenue des chaleurs (MIGUIRI, 2011).
L’enseignement majeur de ces résultats a été de montrer qu’il est possible de réaliser des inséminations artificielles sur chaleurs naturelles sur les vaches locales ou métisses en milieu traditionnel et en toute saison pour peu que certaines conditions d’élevage soient respectées.
ETUDE EXPERIMENTALE
Matériel et Méthodes
Cadre de l’étude
La présente étude a été menée dans la région de Kaolack (Figure1)
Figure 1: Carte administrative de la région de Kaolack
Source : www.ausenegal.com/carte-administrative-de-la-region-de-kaolack,016.html.
La région de Kaolack est subdivisée en 3 départements qui ont pour chef lieu : Guinguinéo, Kaolack et Nioro du Rip. La région est limitée au Nord par la région de Fatick (département de Gossas), au Sud par la République de Gambie,
à l’Est par la Région de Kaffrine et à l’Ouest par la Région de Fatick. La population de la région de Kaolack est estimée en 2009 à 771 227 habitants, les femmes sont majoritaires avec 51,3%. Les ethnies les plus importantes dans cette région sont : les Wolof (plus de 60%), les Pulaar (près de 20%), les Sérères (environ 10%) (ANSD, 2009). La population, en majorité rurale, s’intéresse aux activités du secteur primaire axées sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie. Les activités agricoles occupent 75% de la population avec des spéculations comme l’arachide, la pastèque, le haricot, le mil, le sorgho, le coton, le maïs, le sésame, le fonio et le riz. Cette agriculture offre ainsi des sous-produits à l’élevage (ANSD, 2009). L’élevage concerne les bovins, ovins, caprins, équins, porcins et volailles. La production de lait est essentiellement assurée par un cheptel bovin fort de 262 736 têtes. La situation de l’élevage dans la région connaît une similarité entre celui des bovins et celui des petits ruminants. En effet, ils sont majoritairement pratiqués sur un mode extensif avec une répartition spatiale allant du Nord au Sud de la région (ANSD, 2009).
Matériel
Il est composé d’un matériel animal, de ressources humaines et d’un matériel technique.
Matériel animal
L’étude a été menée sur 83 vaches de race zébu Gobra, Ndama et des métisses de races locales et exotiques issues dans les troupeaux des éleveurs manifestant la volonté d’adhérer c’est-à-dire les éleveurs capables de payer pour l’IA.
Ressources humaines
Deux inséminateurs de la région de Kaolack ont été concernés par l’étude.
Matériel technique
Il est constitué des fiches de collecte des données, de matériel de synchronisation, d’IA et de diagnostic de gestation
Fiches de collecte de données
Ces fiches ont été établies pour recueillir toutes les informations relatives aux vaches inséminées et à l’insémination.
Matériel de synchronisation
Le matériel de synchronisation comprend :
des gants de fouille légère et sensible ;
des cordes pour la contention ;
de la BETADINEND (solution antiseptique vaginale);
un pistolet (applicateur PRIDND pour la pose de spirale intra-vaginale);
le Gel PRID ND : le gel a des propriétés lubrifiantes et antiseptiques ;
du matériel pour asepsie (sceau, eau potable, éponge…) ;
des hormones : spirale vaginale(PRIDND), PGF2α (ENZAPROSTND). PMSG 500UI.
Matériel d’insémination artificielle
Il a été utilisé :
des paillettes contenues dans une bonbonne ;
une pince brucelle pour la saisie des paillettes ;
le pistolet de CASSOU et accessoires stériles ;
le décongéleur électrique et testeur de température ;
chemises sanitaires et gaine protectrice ;
un ciseau pour couper la partie sertie ;
des gants de fouille ;
le gel lubrifiant ;
des serviettes pour nettoyer les paillettes ;
des lampes torches.
Matériel de diagnostic de gestation
Le matériel classique utilisé comprend :
• des gants de fouille ;
• des cordes pour la contention ;
• du gel lubrifiant.
Méthodologie
La présente étude a été réalisée pendant trois (3) mois, du 30 août au 30 Septembre 2012. Le travail consistait à observer les deux inséminateurs privés dans leur prestation de service d’IA et à récolter les données relatives aux opérations d’IA. Pour mener à bien ce travail de recherche, six (06) activités ont été suivies, à savoir la sélection des vaches à inséminer, la synchronisation des chaleurs, la surveillance des chaleurs, l’IA et le diagnostic de gestation l’analyse des données. Enfin, nous avons procédé à une analyse des données collectées.
Sélection des vaches à inséminer
La sélection des vaches se fait par les éleveurs, qui après avoir identifié les vaches capables d’être inséminées appellent les inséminateurs.
Synchronisation des chaleurs
La synchronisation des chaleurs a été réalisée par la méthode utilisant les spirales vaginales ou PRIDND (Progesterone Release Intra-Vaginal Device), la PGF2α et la PMSG. Le protocole arrêté est le suivant:
-J0 : une pose de spirale (PRID) dans le vagin à l’aide d’un applicateur de spirale;
-J10 : la vache reçoit une injection de prostaglandines (PGF2α) en IM ;
-J12 : le retrait de la spirale suivi de l’injection de PMSG en IM.
Surveillance des chaleurs
Chaleurs synchronisées
Après le retrait de la spirale, intervient la surveillance des chaleurs. En général, elles apparaissent 40 à 46 heures après le retrait des spirales. Raison pour laquelle, la réalisation d’un tel protocole de synchronisation permet de faire les inséminations à temps fixes, 56 heures après l’arrêt du traitement sans observations de chaleurs.
Chaleurs naturelles
La vache vue en chaleurs le matin est inséminée l’après-midi tandis que la vache vue en chaleurs l’après-midi est inséminée le lendemain matin.
Insémination artificielle
Les vaches sont inséminées suivant la méthode recto-vaginale en utilisant un pistolet d’insémination de type CASSOU avec une semence en paillette préalablement décongelée et nettoyée. La paillette est introduite dans le pistolet CASSOU, la partie sertie est sectionnée et l’ensemble du pistolet est recouvert d’une gaine protectrice puis d’une chemise sanitaire.
L’insémination a été faite avec les semences des taureaux de races exotiques à savoir Montbéliard, Holstein, Brune et Guzérat.
Evaluation de la réussite de l’IA par la palpation transrectale
L’appréciation de la présence d’un fœtus par la palpation de l’utérus à travers la fouille rectale a été effectuée à partir de deux (2) mois après l’IA sur toutes les vaches inséminées. Les signes de confirmation étaient une asymétrie des cornes avec amincissement de la paroi de la corne gestante, une fluctuation liquidienne et une membrane amniotique. Les résultats obtenus ont été enregistrés sous format Excel.
Analyse des données
Des informations ainsi collectées, sont saisies sous format Excel puis exportées dans le logiciel R.2.14.0. pour être soumises à l’analyse statistique descriptive. Cette analyse a permis d’évaluer la réussite de l’IA en fonction des facteurs intrinsèques et extrinsèques à la vache.
Les résultats sont analysés en utilisant le test du Khi deux au risque de 0,05. Soit p le seuil de signification de Khi deux à 5 %, on dira de ce test qu’il est :
• significatif si p < 0,05 ;
• hautement significatif si p <0,001 ;
• non significatif si p>0,05.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’INSEMINATION ARTIFICIELLE
I.1. DEFINITION
I.2. HISTORIQUE
I.3. RECOLTE ET EVALUATION DU SPERME
I.3.1 Méthodes de récolte du sperme
I.3.2. Evaluation de la qualité de la semence
I.3.3. Dilution du sperme
I.3.4. Conditionnement et conservation
I.4. TECHNIQUE DE L’INSEMINATION ARTIFICIELLE
I.4.1. Moment de l’insémination artificielle
I.4.2. Procédé d’insémination artificielle
I.4.3. Lieu de dépôt de la semence
I.4.4. Diagnostic de la gestation
I.5. PARAMETRES INFLUENÇANT LA REUSSITE DE L’IA
I.5.1. Paramètres liés à l’animal
I.5.2. Paramètres non liés à l’animal
I.6. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE L’INSEMINATION ARTIFICIELLE
CHAPITRE II : BILAN DES PROGRAMMES D’INSEMINATION ARTIFICIELLE BOVINE AU SENEGAL DE 1995 A 2011
II.1.PROJET D’APPUI A L’ELEVAGE (PAPEL)
II.2. PROJET DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE DE MATAM (PRODAM)
II.3. PROGRAMME NATIONAL D’INSEMINATION ARTIFICIELLE (PNIA)
II.4. PROGRAMME SPECIAL D’INSEMINATION ARTIFICIELLE(PSIA)
II.5. PROJET FNRAA-EISMV
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. CADRE DE L’ETUDE
I.2. MATERIEL
I.2.1 Matériel animal
I.2.2. Ressources humaines
I.2.3. Matériel technique
I.3. METHODOLOGIE
I.3.1. Sélection des vaches à inséminer
I.3.2. Synchronisation des chaleurs
I.3.3. Surveillance des chaleurs
I.3.4. Insémination artificielle
I.3.5. Evaluation de la réussite de l’I.A. par la palpation transrectale
I.3.6. Analyse des données
CHAPITRE II. RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS
I.1. Résultats de la synchronisation
I.2. Caractérisations des vaches inséminées et coût de l’IA
I.2.1. Caractérisations des vaches inséminées
I.2.2. Coût de l’IA
I.3. Taux de réussite de l’IA par la palpation transrectale
I.4. Influence de facteurs sur la réussite de l’IA
II. DISCUSSION
II.1. Caractéristiques des vaches inséminées et coût de l’IA
II.1.1. Caractéristiques des vaches inséminées … Erreur ! Signet non défini.
II.1.2. coût de l’IA
II.2. Taux de réussite par palpation transrectale
II.3.Influence des facteurs sur la réussite de l’IA
RECOMMENDATION
CONCLUSION
REFERENCES BIOBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE