Projection des ménages en Belgique en 2070

La ville de Liège accueille un nombre d’étudiants en constante augmentation. Ces nombreux étudiants, avec leurs besoins et attentes particulières, engendrent diverses problématiques en termes de logement. Ils tentent de s’intégrer au sein de la ville où sont principalement situées hautes écoles et facultés universitaires. Ils y assurent une mixité importante et représentent également un atout majeur dans son développement économique et social. En parallèle, la composition des ménages évolue. Leur taille diminue tandis que leur nombre augmente. 50% de la population vit ainsi seule à Liège. La demande en petits logements est grandissante. Les maisons unifamiliales ne correspondent  plus aux tailles des ménages actuels et subissent des adaptations. Différents types de cohabitations en résultent, sous différentes formes. Elles réunissent souvent plusieurs ménages ou plusieurs étudiants sous la forme de colocations ou sous la forme de studios séparés.

Ces cohabitations permettent d’apporter une certaine mixité regroupant différentes populations. Cependant, elles ne sont pas toujours effectuées de manière respectueuse du bâti existant. De plus, elles amènent rarement à créer du lien entre les cohabitants qui ne se partagent, la plupart du temps, qu’un hall entrée. Il est dès lors important d’aborder cette problématique, de mettre en garde contre les mauvaises approches et d’encourager les propriétaires à cohabiter de manière judicieuse. Il s’agit de proposer aux propriétaires de cohabiter sans déstructurer les habitations mais aussi de leur permettre d’entretenir de vraies relations avec leurs cohabitants, plus particulièrement avec des étudiants. Nous prendrons également en compte la volonté de la Ville de Liège de retrouver des familles au sein de ses habitations d’origine unifamiliales.

De plus, logeant moi-même dans un studio chez l’habitant, explorer et comprendre les différentes formes de cohabitations et relations qui peuvent y naitre m’a fortement intéressée.

D’après différentes études, la cohabitation chez l’habitant sous forme de chambres et studios étudiants, communément appelés « kots » en Belgique, n’est que très développée. Pourtant, la cohabitation est un phénomène qui est aujourd’hui de plus en plus encouragé pour les avantages qui en découlent. Vivre ensemble serait aujourd’hui une clé pour bien vivre, étudiants et ménages pourraient chacun y retirer un intérêt.

Alors, comment ménages et étudiants peuvent-ils cohabiter ? Nous allons tenter d’apporter des réponses à cette question. Dans une première partie, nous procéderons, à un éclairage, une mise en contexte sur l’évolution de la population liégeoise et des ménages. Nous approcherons également la population étudiante et présenterons les différentes typologies d’habitations unifamiliales liégeoises. Un deuxième chapitre sera consacré à approfondir les notions de cohabitation et de mixité sociale. Nous verrons quels sont les enjeux de la cohabitation, quels avantages celle-ci présente et quels compromis doivent être faits. Nous consacrerons un troisième chapitre à la règlementation en vigueur en ce qui concerne les adaptations et transformations des habitations ainsi que leur location. Nous réaliserons ensuite une approche sur terrain de différentes cohabitations à Liège et dresserons des fiches de synthèses pour chaque cas étudié. Nous pourrons ainsi retirer des constatations quant au fonctionnement de celles-ci.

Population résidente à Liège

Depuis 1846, la Belgique effectue un recensement de sa population à peu près tous les 10 ans. En 2011 a été réalisé un nouveau recensement appelé Census 2011 réalisé sur base des registres administratifs. Grâce à ce recensement, nous pouvons avoir accès à des données démographiques ainsi qu’à des données portant sur le logement à Liège et faire plusieurs constatations. Il est important de préciser que les étudiants ne sont pas repris dans ces chiffres étant donné qu’ils ne sont en général pas domiciliés à leur logement étudiant mais chez leurs parents. Ils ne sont pas repris dans les données administratives. Le nombre d’habitants et le nombre d’occupants de logements est donc ici sous-estimé mais cela nous permet de nous concentrer sur la population résidente liégeoise uniquement. L’objectif est, d’ailleurs, de se faire une idée des types de ménages qui habitent à Liège, susceptibles de cohabiter avec des étudiants et de prendre connaissance des évolutions actuelles.

Les tableaux ont été synthétisés afin de mieux mettre en évidence les chiffres qui nous intéressent dans ce travail. Les populations féminines et masculines ont été regroupées ainsi que la population de nationalité Belge et la population étrangère. Il ne nous semblait pas nécessaire de faire ici une distinction. La Ville de Liège réalise également des tableaux de bords de sa population. Le dernier disponible date de 2015. Nous parlerons ici de ménages. Il est donc nécessaire de leur donner une définition afin d’éviter la confusion avec le terme « famille ». Une famille peut être définie de plusieurs façons. Nous évoquons le terme famille en tant que « ensemble des personnes unies par un lien de parenté ou d’alliance » Cependant un ménage, comme nous l’entendons ici, n’est pas nécessairement constitué d’un couple de personnes ou de personnes unies par un lien de parenté. Il s’agit de personnes occupant un même logement considéré comme leur résidence principale peu importe les liens qui les unissent.

Données démographiques

D’après le recensement Census2011, le nombre d’habitant total à Liège en 2011 s’élève de 195 965 habitants dont 37 520 personnes d’origine étrangère. La Ville de Liège l’estime en 2015 à 196 372 dont 37 377 personnes étrangères. On observe donc une augmentation de la population résidente. Liège deviendrait, en 2035, la plus grande ville de Wallonie (LE SOIR, 2018). Tableau 1: Répartition de la population liégeoise En ce qui concerne l’état civil de la population, près de la moitié de la population liégeoise n’a en 2011 encore jamais été mariée ni été enregistrée en partenariat, autrement dit, enregistré sous  forme de cohabitation légale. Près d’un tiers de la population est mariée et on dénombre environ un peu plus 10% de divorcés non remariés, ce nombre est plus important que la moyenne en Wallonie et en Belgique. Cependant, l’état civil des personnes ne permet pas de définir le type de ménage de celle-ci. Une personne divorcée ne vit pas forcément seule, elle peut cohabiter avec une ou d’autres personnes.

La répartition par âge ne fait pas sauter aux yeux un quelconque constat mis à part une part de jeunes adulte, de 20 à 34 ans, plus importante que la moyenne en région wallonne et sur le territoire de la Belgique. Si l’on répartit la population en plusieurs catégories, on remarque que les personnes âgées, que l’on peut considère à partir de l’âge de 65 ans, représentent 16,89% de la population totale, soit 33 091 personnes. Cette part de la population est légèrement plus faible que la moyenne en Wallonie qui est de 16,31% tandis qu’elle est de 17,12% sur toute la Belgique.

La population liégeoise tout comme la population belge est vieillissante. Ceci s’explique par une baisse de fécondité et une longévité plus importante ainsi que par le vieillissement de la génération baby-boom. Cette génération correspond à la génération de l’après-guerre (1950-1965), période où le nombre de naissances a explosé. Ces personnes sont actuellement âgées de 53 à 68 ans.

Les chiffres ci-contre portant sur la répartition de la population selon le type de ménage interpellent sur l’importance des personnes vivants seules et l’importance du nombre de mères isolées. Ce taux s’explique par l’importance des divorces, des séparations et de la garde officielle des enfants accordée le plus souvent à la mère (LODEWIJCKX, DEBOOSERE, 2011). A Liège, nous pouvons remarquer que ces taux sont plus élevés que la moyenne en région wallonne et en Belgique.

Nous pouvons également souligner qu’à Liège, plus de la moitié des habitants vivent seuls. Le nombre de ménages composés d’une seule personne est, encore une fois, plus importante que la moyenne région wallonne et qu’en Belgique. Les familles sont donc moins nombreuses à Liège. Ceci est dû à l’évolution des modes de vie et ce fait engendre des transformations au niveau du patrimoine comme nous le verrons plus tard.

Par ailleurs, la Ville de Liège souligne, dans son tableau de bord de 2015, une légère diminution du nombre de naissances. Le nombre de décès sur les 5 dernières années est, lui, instable.

Données sur le logement

Le nombre de logements occupés à Liège, en 2011, s’élève à 89 682, chiffre auquel on doit rajouter le nombre de logements étudiants. Sachant que le nombre d’habitants à Liège est de 195 965, le nombre moyen d’habitant par logement s’élève à 2,19. Mais, nous avons vu auparavant que la moitié des liégeois vivent seuls.

A Liège, le nombre de logements occupés par des propriétaires et des locataires s’égalise presque, avec un chiffre légèrement plus important de locataires. Cependant, on remarque qu’en région wallonne et en Belgique, la moyenne indique que le pourcentage de propriétaires approche les 65%. Le nombre de logements occupés par des propriétaires à Liège y est donc plus faible.

Mais, lorsqu’on regarde la répartition de la population liégeoise selon le régime de propriété de leur logement, le nombre de propriétaires est cependant plus important. Pour 101 790 propriétaires, nous avons 42 647 logements, ce qui revient à un chiffre moyen de 2,39 personnes par logement. Ensuite, pour 89 553 locataires, nous avons 46 091 logements, ce qui revient à un chiffre moyen de 1,9 personnes par logement. Cela signifie que les locataires vivent dans des ménages plus petits, donc composés de moins de personnes, que les propriétaires de logements.

Enfin, nous pouvons analyser la proportion de logements selon le nombre de pièces. On remarque un chiffre supérieur de logements composé de 4 pièces alors qu’en région wallonne et en Belgique, la moyenne semble tourner autour de 5 à 6 pièces. Ces 4 pièces correspondent sans doute au salon, à la salle à manger et aux chambres ou éventuellement à d’autres fonctions. On ne compte en général pas la cuisine, salle de bain et la ou les toilette(s). Les logements tentent effectivement à se réduire à Liège. Les maisons unifamiliales composées d’une multitude de pièces réparties sur plusieurs étages ne semblent plus être l’objet de la demande, elles ne conviennent plus aux tendances actuelles. En centre-ville, il est aussi évident de remarquer que la superficie des logements est moindre qu’en dehors de la ville.

Dans sa recherche sur l’(in)adéquation entre l’offre et la demande de kots dans les principales villes estudiantines Wallonnes, réalisée en 2011, la SEGEFA (Service d’Etude en Géographie Economique Fondamentale et Appliquée) apporte des informations supplémentaires sur la population liégeoise quant à sa situation économique. La ville accueille effectivement de nombreux locataires et ceux-ci disposent de faibles revenus. Ces personnes précaires sont ainsi à la recherche de petits logements et peuvent rivaliser avec les étudiants dans la location du même type de logement.

Table des matières

Introduction
1 Eclairage
Population résidente à Liège
1.1.1 Données démographiques
1.1.2 Données sur le logement
1.1.3 Modèle familial
1.1.3.1 Evolution
1.1.3.2 Tendances actuelles
1.1.3.3 Projection des ménages en Belgique en 2070
Population étudiante
1.2.1 Attractivité de la ville de Liège
1.2.2 Etablissement scolaires
1.2.2.1 L’université de Liège
1.2.2.2 Les Hautes écoles
1.2.2.3 Les écoles supérieures des Arts
1.2.2.4 Les écoles de promotion sociale
1.2.3 Les étudiants
1.2.3.1 Profils
1.2.3.2 Types d’étudiants et rapport au logement
1.2.4 Le logement étudiant
1.2.4.1 Formes de logements étudiants
1.2.4.2 Répartition du parc locatif
1.2.4.3 Adéquation entre l’offre et la demande
1.2.4.4 Qualité des logements
1.2.4.5 Critères de recherche
1.2.4.6 Loyer d’un logement
1.2.4.7 Superficie d’un logement
Typologie des maisons unifamiliales liégeoises
Conclusion
2 Cohabiter
Précision
2.1.1 La mixité sociale
2.1.1.1 A l’échelle du quartier
2.1.1.2 A l’échelle du logement
2.1.2 Débat sur l’intérêt de la mixité sociale
Enjeux
2.2.1 Enjeu économique : avantage financier
2.2.2 Enjeu règlementaire et légal : exploitation de l’habitation
2.2.3 Enjeu architectural ou spatial : configuration et partage d’espaces
2.2.4 Enjeu social : relation entre ménages et étudiants
2.2.5 Enjeu comportemental : appropriation, intimité, sentiment de chez soi et sécurité
Conclusion
3 Partager une habitation
Position de l’étudiant dans l’habitation
Phénomène de subdivisions et problématique
Transformations et adaptations des habitations
3.3.1 Législation Fédérale
3.3.2 Législation Wallonne : Police de l’urbanisme – Permis d’urbanisme
3.3.3 Mesures supplémentaires adoptées par la ville de Liège
Location d’un logement étudiant
3.4.1 Police du logement – Permis de location
3.4.2 Attestation de conformité
Contrat de bail
3.5.1 Etat des lieux
3.5.2 Règlement d’ordre intérieur
Conclusion
4 Approche sur terrain
Méthodologie
4.1.1 Etape 1 : Echantillonnage
4.1.2 Etape 2 : Réalisation des interviews et des immersions
4.1.3 Etape 3 : Réalisation des fiches de synthèse
Conclusion 

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *