Définition
La sténose lombaire, nommée ainsi pour la première fois en 1949 dans une publication scientifique par Henk Verbiest, se définit par un rétrécissement du canal lombaire, soit constitutionnel, avec brièveté des pédicules, des lames et une diminution de la distance inter pédiculaire ou, plus souvent, dégénératif par calcification et ossification des ligaments communs postérieurs ou arthrose des articulations postérieures (Derebery & Anderson, 2008; Szpalski & Gunzburg, 2000) (Figure 4, Sur le plan clinique, Watters et al. (2008) ont décrit la sténose lombaire comme un syndrome clinique douloureux au niveau des fessiers ou dans les membres inférieurs, qui peut s’accompagner ou non de douleur lombaire, et qui est associée à une diminution du canal central. La sténose lombaire, aussi appelée sténose spinale ou syndrome du canal rétréci, est une condition de santé dont la prévalence augmente avec l’âge. En effet, la sténose lombaire est plus souvent de type acquise, soit associée au processus dégénératif lié à l’âge (Czervionke & Fenton, 2011) .
Il est peu commun de rencontrer des patients atteints d’une sténose lombaire avant l’âge de 50 ans, mais dans un tel cas il s’agit alors de la forme congénitale, dite aussi développementale. Elle est présente dès la naissance, mais se manifeste le plus souvent entre 30 et 50 ans (Czervionke & Fenton, 2011; Genevay & Atlas, 2010; Szpalski & Gunzburg, 2000). Dans le cas d’une sténose de type développementale, on n’observe pas de phénomène important de dégénérescence des tissus, mais c’ est plutôt un pédicule vertébral anonnalement court qui cause une diminution du canal central (Katz & Harris, 2008; Singh et al., 2005). Lorsque la sténose est dite acquise, c’est que l’ arthrose, processus dégénératif, induit alors une dégénérescence des tissus osseux ou articulaires au niveau lombaire qui va réduire le diamètre du canal spinal et provoquer une compression nerveuse (Genevay & Atlas, 2010)(Figure 5). Selon une étude publiée par Lurie et Tomkins-Lane (2016), la sténose lombaire touche plus de 200 000 adultes aux États-Unis. Bien que la sténose soit considérée comme une lombalgie, elle peut se manifester avec ou sans douleur lombaire, dépendamment de la gravité de l’ atteinte et du type de sténose lombaire (Watters et al., 2008). Anatomiquement, la sténose peut impliquer le canal central, le recessus latéral, le foramen vertébral, ou toutes combinaisons de ces trois localisations (Amoldi et al., 1976; Genevay & Atlas, 2010). La compression nerveuse peut découler d’un rétrécissement du canal central dans un plan antéro-postérieur ou transversal, ou dans les deux plans (Genevay & Atlas, 2010). Les vertèbres les plus souvent atteintes sont L4- L5, suivies de L5-S1 puis L3-L4 (Curlee, 2007), engendrant donc des douleurs dans le bas du dos et dans les membres inférieurs qui sont innervés par des nerfs constituant le plexus lombo-sacré.
Épidémiologie.
Bien que la sténose lombaire soit une des conditions les plus diagnostiquées au niveau de la colonne vertébrale (Ciol, Deyo, Howell, & Kreif, 1996), une des raisons les plus fréquentes de chirurgie au niveau du rachis chez les personnes âgées de 65 ans et plus (Deyo, 2010), et considérée comme une des principales causes de douleur et d’handicape physique (Ciol et al., 1996), les données épidémiologiques à son sujet restent imprécises (Kalichman et al., 2009). Selon les études, la prévalence de la sténose lombaire acquise se situerait entre 1,7% et 13,1 % de la population (DeVilliers & Booysen, 1976; Fanuele, Birkmeyer, Abdu, Tosteson, & Weinstein, 2000; Roberson, Llewellyn, & Taveras, 1973). Plus récemment, Kalichman et al. (2009) ont conclu que la prévalence de la sténose lombaire absolue (sténose plus petite que 10 mm sur les radiographies) chez la population américaine est de 2,6%. La grande différence de prévalence entre les différentes études est due à l’absence de critères universels pour diagnostiquer la sténose lombaire, ce qui rend les études épidémiologies difficiles à comparer. Boden, Davis, Dina, Patronas, et Wiesel (1990) ont avancé « que 1 % de la population de moins de 60 ans serait atteinte d’une sténose lombaire, et que 21 % des plus de 60 ans en seraient touchés. Haig et al. (2007) ont pour leur part mentionné qu ‘une sténose se développait chez 6% d’une population asymptomatique (sans douleurs dans le dos ni les jambes), comparativement à ] 8,9% des personnes présentant des douleurs dans la région lombaire.
De plus, aucune étude n’a montré de différence significative quant à la prévalence chez les femmes comparativement à celle des hommes (Kalichman et aL, 2009). Mécanisme de la pathologie. Pour bien comprendre comment se développe une sténose lombaire acquise, principal type de la pathologie, il est important d’en connaître la cause principale, c’est-à-dire l’ arthrose. Ce processus dégénératif lié à l’âge est défini comme une affection articulaire, d’origine mécanique et non inflammatoire, caractérisée par des lésions dégénératives des articulations, associée à une atteinte du tissu osseux sous-j acent (http: //www.larousse.fr/encyclopedie/medicaVarthrose/113 73). L’arthrose s’attaque la plupart du temps aux articulations du genou, des mains, des pieds, des hanches, et du rachis cervical et lombaire (http://www.larousse.frlencvclopedie/medicaV arthrose/11373). Lorsque l’atteinte est au niveau des vertèbres, elle se nomme alors spondylarthrose. Pour qu ‘ une unité vertébrale saine (Figure 6) soit atteinte d’arthrose (Figure 7) puis devienne avec le temps une sténose lombaire (Figure 8), un long processus dégénératif va être enclenché et va entrainer des changements anatomiques au rachis lombaire.
En effet, avec les années, le corps humain est soumis à plusieurs changements dès l’arrêt de la croissance du squelette. Dès l’ âge d’environ 20 ans, les cellules ostéoblastes deviennent de moins en moins efficaces et leur renouvellement est plus lent et plus difficile. Par ailleurs, avec l’avancée en âge, le processus dégénératif normal lié à l’âge augmente et rend le corps plus fragile, que ce soit par la perte de masse musculaire, la perte de densité osseuse ou le renouvellement cellulaire plus précaire. Au niveau du rachis, c’est la dégénérescence discale qui est la plus importante et elle touche plus rapidement et plus sévèrement les 4e et 5e vertèbres lombaires. En effet, le rachis a deux courbes accentuées, la lordose lombaire et la cyphose thoracique, et c’ est au niveau de la lordose que les plus grandes amplitudes de mouvement se font, que ce soit en flexion, en extension ou en rotation du tronc. De ce fait, les vertèbres lombaires sont soumises à de plus grands stress et se dégradent plus rapidement avec les années. Plus de 90% des personnes de 50 à 55 ans sont touchés par l’ arthrose discale.
La spondylarthrose devient généralement symptomatique vers 50 ans, c’est alors que les changements anatomiques au niveau des disques, des articulations facettaires et des ligaments intervertébraux s’ accentuent avec le temps. L’ arthrose influence donc l’ apparition de la sténose lombaire, mais également d’autres pathologies comme la spondylolyse qui affecte 7% de la population, la maladie de Paget, le syndrome de la queue de cheval, ou la hernie discale (36% de la population de plus de 60 ans)(Adam et a1., 2013; Czervionke & Fenton, 2011). En plus de l’ arthrose qui est fréquente chez les personnes âgées, l’ostéoporose est un autre processus lié à l’avancée en âge qui est impliqué dans le développement de la sténose lombaire. En effet, définie comme une perte de densité minérale osseuse provoquant des changements dans la composition des os et fragilisant le squelette, pouvant ainsi créer des microfractures ou l’apparition d’ostéophytes, l’ ostéoporose accentue la dégénérescence des tissus du rachis (Adam et a1., 2013). Cette pathologie, bien que plus souvent associée à la femme ménopausée, peut tout aussi bien toucher les hommes et les jeunes femmes (Derebery & Anderson, 2008).
Réadaptation physique lombaire postopératoire Suite à une chirurgie, qu ‘elle soit pratiquée dans la région lombaire ou non, la phase postopératoire consacrée à la réadaptation physique est primordiale, pour récupérer au maximum les amplitudes de mouvement et les capacités fonctionnelles du membre ou de la région opérée. La réadaptation physique se définit par l’ utilisation de thérapies manuelles (massages, manipulations, tractions, etc.), d’ exercices physiques ou de thérapies électromagnétiques (cryothérapie, ultrasons, etc.) pour la gestion de la convalescence d’un patient suite à une blessure ou un trouble musculosquelettique et à mobilité réduite (Segen’s Medical Dictionary, 2011 ). Dans notre système de santé actuel, la réadaptation physique est bien présente et ses effets bien documentés dans la littérature scientifique. Dans le cas de ce mémoire, la réadaptation physique lombaire suscite un intérêt puisque le sujet principal est la sténose lombaire, dont l’ issue est bien souvent la chirurgie. On retrouve dans la littérature scientifique de nombreuses études conduites dans le but d’ évaluer les effets de différents types de réadaptation physique suite à une chirurgie du rachis lombaire.
Parmi les types d’ interventions postopératoires étudiées, on compte par exemple les exercices physiques, les étirements et le travail cardiovasculaire. Les différents protocoles de réadaptation faisaient suite à divers types de chirurgies, comme entre autres la discectomie pratiquée pour une hernie discale, la vértébroplastie suite à une fracture, ou la fusion vertébrale et/ou décompression dans le cas de sténoses lombaires. Une revue systématique de Marchand, O’ Shaughnessy, Châtillon, Sorra, et Descarreaux (2016), a observé que pour la plupart des études, les protocoles de réadaptation physique sont postopératoires et qu’une seule étude s’ est intéressée autant à la phase préopératoire, soit de la préadaptation physique, qu’à la phase postopératoire. Les études retenues pour cette revue étaient randomisées ou non, et contrôlées. De plus, elles devaient comparer un type d’ intervention physique à un placebo, ou à aucune intervention, ou à une combinaison de différents traitements. Les études qui n’ont pas été retenues concernaient des traitements passifs, n’ avaient pas de groupe contrôle, étaient rétrospectives, ne rapportaient que des résultats sur des paramètres physiques et non cliniques, étaient pratiquées sur des enfants ou des animaux, ou fmalement la cause de la chirurgie était traumatique.
JURY D’ÉVALUATION DU MÉMOIRE |