Trois questionnaires ont été élaborés pour documenter le profil des professionnels , celui des enfants et celui des parents qui présentaient un TPL .Chaque question permettait de décrire les personnes ciblées. Certaines d’entre elles visaient à recueillir des informations de type démographique, d’autres ont été choisies en fonction de l’influence qu’elles pouvaient avoir sur les besoins du professionnel. Pour les questionnaires portant sur le profil des enfants et des parents, l’âge, le sexe, les manifestations de détresse liées à un diagnostic psychiatrique, la durée de dispensation des soins à l’enfant et à son parent ainsi que le nombre et le type d’interventions réalisées ont été documentés.
Pour le questionnaire portant sur le profil des professionnels, l’âge, le sexe, la formation générale, les années d’expérience professionnelle, les heures de formation ainsi que les supervisions ont été les dimensions documentées. Afin de compléter ces premières informations obtenues, tous les professionnels ont été invités à participer à une entrevue semi -structurée.
Entrevue semi-structurée
L’entrevue semi-structurée (voir Appendice D) est un outil privilégié de l’analyse qualitative parce qu ‘elle pennet de recueillir des contenus riches délivrés par les acteurs eux-mêmes qui rendent compte de la complexité des situations vécues (Paillé, 1991). Elle permet l’accès à leurs affects, à leurs choix, leurs opinions et à bien d’autres informations pertinentes les concemant (Blanchet, 1989; Miles & Huberman, 2003; Vilatte, 2007). Ce foisonnement d’informations (conscientes, inconscientes) et cette précision ne sauraient être obtenus avec l’usage seul de questionnaires (Stoléru, 2012; Stoléru, Kosmadakis, & Allilaire, 20 Il).
Le choix d’établir un contact individuel et personnalisé avec les participants a aussi été retenu dans le but de préserver le caractère intime et privé de cet échange et de ce qu’il peut induire en termes d’émotions (tristesse, colère) pouvant surgir lors de l’évocation de cette expérience d’accompagnement clinique (Bessette, 2010; Laporte, Baillargeon, Sanchez, & Desrosiers, 2014). Ce procédé vise à assurer la confidentialité des personnes et pemlet à chacun de s’exprimer librement dans un environnement convivial et sécurisant.
Élaboration du guide d’entrevue. L’élaboration du guide d’entrevue a été réalisée afin qu ‘il y ait une cohérence entre les objectifs et les résultats attendus aux questionnaires (Daunais, 1993; Vilatte, 2007).
Dans cette optique, l’élaboration a été réalisée à travers une démarche proposée par Paillé (1991). Tout d’abord, le chercheur se questionne sur ce qu’il veut savoir. Lors de cette étape, trois sources ont permis d’alimenter le processus réflexif de la présente recherche : 1) l’expérience clinique de l’ auteure de la thèse, c’est-à-dire les connaissances générales et les lectures antérieures concernant les perSOlmes ayant un TPL; 2) l’analyse des bilans ainsi que des procès-verbaux des rencontres d’équipe des intervenants Jeunes en difficulté et santé mentale; et enfin 3) la tenue d’un journal de bord pendant près de six mois (suggéré dans Gélinas Prou lx et al., 2012). L’équilibre a été recherché afin de ne pas réinventer ce qui existe déjà, mais bien de découvrir ce qui n’a pas encore été exploré chez les professionnels jeunesse (Gioia, Corley, & Hamilton, 2012) .
À la lumière de l’analyse des informations obtenues grâce à l’expérience clinique, à la lecture des procès-verbaux et à la tenue du journal de bord, il est ressorti que certains professionnels se disaient en colère et impuissants face à la clientèle des parents et jeunes qui présentent un TPL. Ils mentionnaient vivre de l’anxiété. Ils ajoutaient ne pas savoir quoi faire avec ces parents qui « sont tout le temps en chicane contre tout le monde » et qui sont « traumatisés et traumatisants ». Aussi, selon eux, la fréquence, l’intensité et la diversité des interventions qu’ ils doivent réaliser auprès des partenaires communautaires ont un impact sur la qualité et la quantité des serVIces offerts à l’enfant. Certaines interventions demandent temps et énergie et ne leur permettent pas d’atteindre les cibles ministérielles statistiques auxquelles ils doivent répondre. La tenue du journal de bord a permis d’identifier des éléments de surcharge et des symptômes d’épuisement (grande fatigue, difficulté de concentration, découragement, perte d’espoir, etc.) chez bon nombre de professionnels jeunesse qui travaillent avec cette clientèle. Ces informations ont permis de poursuivre la démarche avec une certaine connaissance des aspects à mieux documenter par les questions à poser. Aussi, il n’est quand même pas banal qu’une personne ait nommé que ces personnes traumatisées sont traumatisantes .
Pour conclure ce processus menant à ce que la chercheuse «veut trouver », une rencontre avec madame Elizabeth Harper (18 février 2015), professeure à l’Université du Québec à Montréal, a pennis de mieux réfléchir à la façon de questionner la notion de « besoins» dans le cadre d’une recherche exploratoire. Cette chercheuse a accepté de partager son expérience et de discuter des guides d’entretien utilisés lors de sa recherche concernant les crimes basés sur l’honneur (investigation de la notion de besoins).
Introduction |