Profil bactériologique des ulcères de jambe
L’ulcère de jambe est une perte de substance cutanée sans tendance spontanée à la cicatrisation évoluant depuis plus d’un mois. L’ulcère est une niche écologique idéale pour les bactéries. Leur rôle dans le processus de cicatrisation a été pendant longtemps l’objet de controverse. Il est admis que l’infection de l’ulcère est un des facteurs de retard de cicatrisation. La rareté d’études en Afrique sur le profil bactériologique des ulcères de jambe, ainsi que la difficulté de prise en charge des ulcères ont justifiées la réalisation de cette étude. Nous avons mené une étude descriptive, transversale avec un recrutement prospectif sur une période de 13 mois (du 1er Août 2016 au 31 Août 2017), dans le service de dermatologie Aristide Le Dantec. Nous avons inclus tous les malades hospitalisés pour ulcère de jambe chez qui le prélèvement bactériologique local a été réalisé. La technique d’écouvillonnage de Lévine était utilisée chez nos malades. Nos objectifs étaient les suivants : Etudier le profil bactériologique des ulcères de jambe. Etudier les facteurs associés aux ulcères infectés. Déterminer le profil épidémiologique des ulcères de jambe Déterminer les différentes causes. Au terme de notre étude, nous avons relevé les résultats suivants Nous avons colligé 41 cas d’UJD soit une fréquence hospitalière de 11%. Il s’agissait de 24 hommes, avec un sex-ratio de 1.41. L’âge moyen de nos malades était de 43,38ans (extrêmes 14 ans et 80 ans). La prise en charge initiale était faite par un infirmier dans 51,22% et par un médecin dans 31,71% et un tradipraticiens dans 21,95% (n=9). Une antibiothérapie était prescrite chez plus de la moitié 58,54% des cas. 43 La fièvre était notée dans 9,76%. L’ulcère était douloureux dans 65,9% de malades et l’augmentation de l’intensité de la douleur était notée dans 51,9%. L’ulcère était purulent dans 48,8%, nécrotiques dans 41,1%, et d’odeur nauséabonde dans 19,5% des cas. Il existait une chaleur péri-ulcéreuse dans 41,5%, un érythème dans 21,95%. L’ulcère était cliniquement infecté dans 46,3% des cas. Une complication à type de dermohypodermite bactérienne était notée dans 12,20% des cas (n=5). Concernant les causes des ulcères, il s’agissait d’un ulcère veineux dans 46,34%, d’un ulcère post dernohypodermite dans 24,4%, d’un ulcère drépanocytaire dans 14,6%, et d’un PG dans 4,88%. Il n’y avait pas de lien statistiquement significatif entre l’étiologie de l’ulcère et la survenue de surinfection. La flore bactérienne était constituée de bacilles Gram-négatifs dans 64% et de cocci Gram-positifs dans 36%. La culture bactérienne était positive dans 82,9% (n=34), avec un total de 11 espèces bactériennes identifiées. La culture était monomicrobienne dans 70,5% et polymicrobienne dans 29,5%. Le P. aeruginosa était l’espèce bactérienne la plus trouvée (39%) dans notre série, suivie du S. aureus (24,2%). Le streptocoque bêta- hémolytique était identifié dans un seul cas. La résistance du P. aeruginosa à la ticarcilline ou l’association ticarcilline/AC était trouvée dans 25% et 30,73% respectivement. Une souche de SARM était isolée dans 22,22%. Tous nos malades avaient reçus des soins locaux en plus du repos. Une antibiothérapie était administrée dans 61% des malades. La greffe cutanée était réalisée dans 31,7% et les bandes de contention dans 63,15% des ulcères veineux.
Aspects thérapeutiques et évolutifs
La prise en charge de nos malades consistait au repos avec l’hospitalisation, à des soins locaux, à la prise en charge de la cause et à une antibiothérapie en cas d’infection. Notre antibiotique de première intention était l’amoxicilline AC. La résistance du P. aeruginosa à la ticarcilline ou l’association ticarcilline / AC était trouvée dans 25% et 30,73% respectivement. L’émergence de plus en plus de souche de SARM et de souches de Pseudomonas aeruginosa résistantes aux bêtalactamines doit nous faire alerter dans la prescription des antibiotiques. Il est démontré que la compression est supérieure à l’absence de compression sur la cicatrisation des ulcères veineux [5, 50]. Dans notre étude contention était utilisée dans 63,15% (n=12) des ulcères veineux. Notre résultat reste meilleur à ce qui a été rapporté par Ngoua SN (47,5%) au Sénégal et El Bakkal au Maroc (15%).Une étude à l’échelle nationale en Allemand a montré que 40,6% des patients avec ulcère veineux avaient reçu un traitement par la contention [25]. La greffe cutanée représente, l’une des stratégies chirurgicales les plus courantes dans le traitement des ulcères [52]. Dans notre série un tiers (31,7%) des malades avaient eu une greffe cutanée. Nous remarquons l’augmentation au recours à la greffe cutanée dans notre pratique quotidienne par rapport aux autres séries sénégalaises [40, 41] Notre résultat est similaire à celui de la série de Rahman et al (28%) [45] mais reste plus faible à ce qui a été rapporté par Traoré (80%) [56]. L’évolution des ulcères était favorable dans 90% des cas. Ceci montre l’effet bénéfique du repos obtenu par l’hospitalisation. Une cicatrisation totale a été obtenue chez 63,4% des patients. Notre résultat est proche de ce qu’a été rapporté par Traoré (67%) [56]. Cependant Rahman et al au Nigeria avaient une cicatrisation complète à 80% cas [45]. Ceci pourrait être expliqué par le fait que plusieurs facteurs interviennent dans le processus de cicatrisation .
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