PRODUITS DE SOINS « FAIT MAISON » À BASE D’HUILES ESSENTIELLES

DIY appliqués aux produits de soins : un marché en croissance

Définitions et règlementation

Il n’y a pas de définition officielle ni de réglementation spécifique aux produits de soins faits maison. Il s’agit de réaliser par soi-même un produit de beauté, d’hygiène ou d’entretien (déodorant, baume à lèvre, spray d’intérieur) à partir d’ingrédients de base (HV, argiles, HE, etc …).
Pour ce qui est de la règlementation, elle fait référence à la réglementation générale applicable aux HE (Voir Partie I). C’est le statut par destination (cosmétique, complément alimentaire, etc…) qui détermine la règlementation applicable.
Dans cette thèse, la notion de « soins » fera référence à la définition d’un produit « d’hygiène beauté » ou de « produit cosmétique » selon l’ANSM (87). Il s’agit de « toute substance ou mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ». Mais également aux produits destinés à être ingérés ou inhalés dans une optique de santé ou de bien-être (spray assainissant, diffuseur d’HE, …) ainsi qu’aux produits destinés à l’entretien de l’habitat (lessive, produit nettoyant, …).

Études relatives aux habitudes des Français en matière de DIY appliqués aux produits de soins

Selon une étude Kantar Worldpanel réalisée en décembre 2017, de plus en plus de Français fabriquent eux-mêmes leurs produits de beauté et d’entretien.
Sur la base de 12 000 répondants, 16,8% des foyers français déclarent avoir déjà fabriqué eux-mêmes leurs produits d’hygiène-beauté ou d’entretien. Plus précisément, 11,2 % des foyers déclarent avoir déjà réalisé leurs propres nettoyants ménager et 6,1% leur propre lessive. Ce sont aussi 3,6% des foyers qui ont déjà réalisé une crème ou un soin pour le visage, 2,5% un soin ou une crème pour le corps et enfin 1,9% déclare avoir déjà fait eux-mêmes du dentifrice (Voir figure 37) (88).
Une étude plus récente, réalisée pour la marketplace du DIY en 2020, s’est intéressée aux raisons du développement du DIY appliqués aux produits de soins. Il s’agit d’un sondage réalisé par Toluna auprès d’un échantillon représentatif de la population française exprimant la proportion de femmes adeptes de DIY en cosmétique. D’après ce sondage, 33% des femmes interrogées se sont déjà adonnées aux produits cosmétiques maison. Parmi elles, 10% en réalise régulièrement et 45% n’en n’a jamais fait en raison de la méconnaissance de cette discipline mais seraient partantes pour s’y essayer.
Concernant le profil des utilisateurs, l’étude de Kantar Worldpanel révèle que sur l’année 2017, 30% des foyers français ayant déjà fabriqué un produit d’entretien ou d’hygiène-beauté ont moins de 35 ans. L’étude de Toluna de 2020 précise que ce sont les femmes, âgées entre 18 et 34 ans qui sont les plus utilisatrices de la cosmétique maison.
D’après les données recueillies par les deux études citées précédemment, les principales motivations à réaliser ses produits de soins « fait maison » sont :
– Une volonté de contrôler la composition des produits
– Des convictions écologiques et éco-responsables
– Le plaisir de faire les choses soi-même
– Une volonté de faire des économies

Principaux acteurs du marché des produits de soins faits maison

– Internet et les réseaux sociaux
Il suffit de taper « produits de soins faits maison » sur un moteur de recherche pour être projeté en un clic au cœur de ce mouvement. Chaînes YouTube, blogs personnels ou encore livres numériques, autant de contenus proposant de réaliser ses propres soins faits maison.
Autres acteurs de ce mouvement, les réseaux sociaux. Les applications comme Snapchat, Instagram et plus récemment TikTok, deviennent une nouvelle façon de diffuser la tendance du « faits maison ». Elles permettent à leurs utilisateurs de réaliser et de visionner de courtes vidéos directement sur leur téléphone. Il est ainsi facile et n’importe quel moment, d’accéder à des comptes d’utilisateurs proposant de réaliser sous la forme d’une vidéo-tutoriel : un masque pour cheveux, une lessive naturelle ou encore une crème pour le visage en seulement quelques minutes.
– AROMA-ZONE ® : « expert naturel en soin et beauté »
Créée en 1999, Aroma-Zone® est l’un des tout premiers sites de ventes en ligne d’HE. Six années plus tard, cette société familiale décide de proposer à ses clients « tout le nécessaire » (crèmes, gels douches, soins pour les cheveux, maquillage) pour fabriquer ses « propres cosmétiques maison » tels sont les mots employés par Anne Vausselin co-fondatrice d’Aroma-zone® sur le site officiel de la boutique (89).
Aroma-zone® c’est une croissance de près de 25% par an depuis 2017 avec un CA autour des 60 millions d’euros. En 2019, le CA de l’entreprise s’élève à 80 millions d’euros pour atteindre les 100 millions d’euros en 2020. La société est aujourd’hui leadeur dans le secteur de la fabrication de soins faits maison. Le site propose plus de 1700 références de produits : extraits naturels et HE, ingrédients cosmétiques, matériel (flacons, pipettes, …). Il propose également des coffrets ou kit contenant tout le nécessaire pour réaliser sa cosmétique maison ou entretenir sa maison au naturel ainsi que des guides pratiques réunissant l’ensemble des produits nécessaires à la réalisation d’un maquillage ou d’un produit de beauté, d’hygiène et d’entretien fait maison.
La société, au départ online, a aujourd’hui des boutiques installées dans plusieurs grandes villes de France (Paris, Lyon, Bordeaux, … et cette année Marseille !) qui en plus de présenter les mêmes produits que le site, proposent de participer à des ateliers pratiques de soins « fait maison ». D’autres sociétés se sont spécialisées dans le domaine de la cosmétique maison et de la fabrication de produits de soins DIY. Il s’agit par exemple des sociétés Slow cosmétique®, Jolie essence® ou encore My cosmetik ®, une entreprise d’actifs cosmétiques créée en 2011 en réponse à l’émergence du DIY en France et dont le marché s’étend aujourd’hui à l’international.
Les sites proposants l’achat de matières premières pour la création de soins « fait maison » sont nombreux. Le magazine Marie Claire, propose par exemple une liste de 8 sites différents à consulter pour tout adepte de DIY en matière de soins d’hygiène-beauté, bien-être et produits d’entretien (90).
– Réaction de l’ANSM face à l’émergence de la cosmétique maison
En Juillet 2017, face au développement exponentiel de la vente de produits de soins « fait maison » et notamment de produits cosmétiques maison, il a été établi un avis intitulé « Produits cosmétiques à mélanger par les consommateurs – Avis aux fabricants ». Dans ce rapport, l’ANSM rappelle au fabricant et vendeur de matière premières destinées à être mélangées pour obtenir un nouveau produit, qu’il est de la responsabilité du fabricant ou revendeur de veiller à l’innocuité du produit final obtenu à la suite du mélange. Elle précise qu’après le mélange des matières premières, la sécurité du mélange obtenu doit avoir été évaluée au préalable. De plus durant l’été 2017, des contrôles ont été effectué par l’ANSM face à l’émergence de sociétés spécialisées dans ce domaine, notamment auprès de la société détentrice d’Aroma-Zone®. En octobre 2017, l’ANSM a transmis une injonction visant l’entreprise à se mettre en règle avec la législation concernant la sécurité qui doit être portée aux mélanges à réaliser par le consommateur lui-même. La société devait ainsi démontrer la sécurité de l’ensemble des produits obtenus après mélange. Une situation qui a été régularisée au cours de l’année 2018 (16). En février 2018, une autre entreprise spécialisée dans la cosmétique maison avait été visée. Il s’agissait de garantir l’évaluation de l’innocuité des produits finis issu de kits à préparer soi-même.
Ainsi, d’après l’ANSM, tout particulier est en droit de réaliser sa propre mixture. En revanche la loi précise que dans le cadre d’un commerce, un fabriquant ou un revendeur ne peut vendre des produits en vrac en vue de réaliser des mélanges, que s’il a, au préalable, dans un souci de sécurité pour le consommateur, contrôlé et démontré l’innocuité des mélanges supposés.
Dans le contexte des produits de soins « fait maison » à base d’HE, la sécurité d’emploi est d’autant plus importante puisqu’il s’agit d’utiliser des mélanges de substances chimiques actives.