Produire et maintenir des données géographiques ouvertes

Produire et maintenir des données géographiques ouvertes

 Des données pour l’accessibilité : une récolte à peu de frais ?

Dans le premier chapitre, j’ai montré que c’était à l’issu d’un premier hackathon organisé en 2012, les Hack Days, que les responsables de Transilien ont identifié l’accessibilité comme une thématique porteuse dans le cadre leur politique d’open data. Parmi les participants aux Hack Days se trouvait Jules, porte-parole d’OSM France. Quelques mois après le hackathon, Léa, alors consultante pour June21 (le cabinet de conseil qui accompagnait Transilien avant qu’elle ne fonde FiveByFive), sollicitait Jules pour proposer des idées de développement thématique.

« C’est l’agence de com’ qui avait le marché de la communication SNCF, June21, qui a fait appel à nous, OSM, à moi, en disant qu’est-ce que je verrais comme animation, comme événement, et tout. On a pris le cheval de Troie de l’accessibilité. On s’est dit, on voulait prendre les données du patrimoine, et tout ça. On a pris l’accessibilité parce que c’est un super cheval de Troie. Si tu arrives à recueillir de la donnée, ou à transformer de la donnée pour l’adapter à des personnes à mobilité réduite, tout le monde peut se déplacer ». Jules, porte-parole d’OSM France, entretien réalisé en août 20124.

L’accessibilité représentait ainsi, au démarrage du projet, un point d’articulation entre les préoccupations des contributeurs d’OpenStreetMap et des responsables de la politique d’innovation ouverte de Transilien. En effet, ceux-ci ont deux objectifs, réaliser des partenariats pour faire avancer la politique d’open data, et progresser sur des sujets jugés utiles à l’entreprise.

Or, en interne, l’horizon du 1er janvier 2015 approchait (c’est-à-dire, la date de mise en conformité des espaces accessibles pour les Établissements Recevant du Public fixée par la loi du 11 février 2005), et l’accessibilité était un sujet important. Toutefois, si la thématique pouvait initialement paraître familière à tous, et donc offrir un terrain commun assez facile à explorer, elle s’est rapidement avérée plus problématique qu’attendu.

Co-produire des données de qualité : hybrider, affûter, innover

En mars 2015, pour faire face au départ de Florent qui portait l’initiative de la cartographie depuis son démarrage, Transilien a embauché Louis, un chargé de projet dont la mission principale était de mener à bien l’alimentation de la base de données. Avec ce recrutement, le lien avec OSM s’est encore renforcé, puisque la personne en question était à l’époque un cartographe amateur, contributeur familier de la base de données, très engagé dans la communauté.

C’est à l’occasion de l’arrivée de ce nouveau responsable qu’a été définitivement acté l’échec de l’intervention des personnes recrutées précédemment – échec qui n’est jamais formulé dans ces termes par les acteurs, qui décrivent les événements comme un processus itératif. La quasi-totalité des données produites par la Junior Entreprise Sprint a finalement dû être écrasée.

Non seulement la production n’avait pas été menée à son terme, mais le chargé de projet a diagnostiqué des problèmes importants dans la qualité des données, qui montraient à la fois que les relevés géographiques n’étaient pas assez précis dans le positionnement des objets, mais aussi que le référentiel devant orienter les relevés des contributeurs n’était pas assez cohérent. 

Les choses ont alors radicalement changé. Sur le plan organisationnel d’abord, nous venons de le voir, les deux partenaires se sont presque hybridés puisque la personne embauchée au sein de Transilien était directement issue de la communauté d’OSM. Impossible à partir de cet épisode d’attribuer de manière claire des stratégies autonomes qui distingueraient nettement les organisations. Du côté de la production concrète des données, les choses ont elles-mêmes profondément évolué, y compris du point de vue des procédures habituelles d’OSM.

C’est d’abord l’objet même du projet qui s’est déplacé. À son installation, le nouveau chargé de projet a en effet décidé de ne plus s’en tenir aux aménagements liés à l’accessibilité, préférant cartographier l’intérieur des gares dans leur totalité. Cela s’est traduit par l’élaboration d’un nouveau référentiel en collaboration avec des membres d’OSM France et ses collègues du service Innovation et Partenariat de Transilien et de la stabilisation des tags permettant d’identifier 56 objets dans la base de données15.

Loin de se résumer à un changement d’échelle, cette nouvelle ambition, qui consistait à faire exister l’objet « gare » de la manière la plus systématique possible du point de vue des données, a eu des répercussions sur les pratiques cartographiques au sein de la communauté d’OSM.

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