Production de lombricomposts par des espèces
locales de vers de terre
Vers de terre
Les vers de terre utilisés appartiennent à la catégorie écologique des épigés (Annexe 2). Les vers de terre épigés vivent dans la litière en surface du sol ou dans des amas organiques (Card et al., 2004). Ils ne creusent pas de galerie et ingèrent rarement du sol, contrairement aux espèces endogées et anéciques, mais ils ingèrent de grandes quantités de matières organiques (Pathma & Sakthivel, 2012). 5 Quatre espèces ont été choisies pour notre fabrication de lombricomposts (Figure 2) : l’espèce importée (Eisenia fetida) et trois espèces appartenant aux vers de terre répertoriés à Madagascar (Eudrilus eugeniae, Amynthas minimus, Dichogaster saliens). Les vers de terre provenaient d’un élevage préalable dans un substrat de déchets de jardin décomposés effectué près du LRI. Les détails sur leurs caractéristiques sont trouvés dans l’Annexe 3a.
Eisenia fetida (Savigny, 1826)
L’espèce E. fetida est un spécialiste en lombricompostage avec Eisenia andrei (Dominguez & Edwards, 2004). Elle vient des régions tempérées, mais peut s’élever dans presque toutes les régions du monde. Elle est très ubiquiste, tolérante, résistante et elle s’adapte rapidement à tous types de matières organiques. Elle est capable de manger une quantité de matières organiques équivalente de sa masse individuelle en un jour et de doubler sa population en 4 mois (Edwards & Arancon, 2004). Ces vers de terre sont importés d’Europe et se vendent à 400.000 ariary/kg.
Eudrilus eugeniae (Kinberg, 1867)
C’est une espèce tropicale classée parmi les vers de terre spécialistes en lombricompostage (Blakemore, 2015), en raison de sa grande taille, sa capacité à ingérer plus de matières organiques et à se reproduire rapidement. Elle peut vivre aussi bien dans le sol que dans des matières organiques (Paradis, 2012).
Amynthas minimus (Horst, 1893)
Les vers de terre du genre Amynthas sont appelés en malagasy « kankan-jila » parce qu’ils bougent beaucoup dès qu’on les touche. A. minimus a une petite taille, comme son nom l’indique. Il est épigé, mais se retrouve dans du sol riche en matières organiques, souvent en sympatrie avec l’espèce endogée Pontoscolex corethrurus (Razafindrakoto, 2012).
Dichogaster saliens (Beddard, 1893)
L’espèce D. saliens a été récemment recensée à Madagascar (Razafindrakoto et al., 2010) mais que l’on retrouve dans de nombreuses localités. Espèce tropicale écologiquement classée épiendogée, elle est petite et son habitat se trouve généralement dans la rhizosphère qui est riche en matières organiques (Razafindrakoto, 2012).
Matières organiques
Pour être accessibles par les agriculteurs, les matières organiques à lombricomposter doivent être des matières premières facilement disponibles, tout en étant riches en nutriments. Comme l’étude vise à valoriser des matières organiques qui, bien qu’abondantes, sont peu utilisées, les matières choisies ont été : des feuilles de jacinthe d’eau, des feuilles de bananier et des déchets ménagers. Nous avons également utilisé une matière organique de base constituée de bouse de vache mélangée avec de la paille de riz. Ces matières organiques ont été collectées chez des paysans à Ambohitrimanjaka, à part la jacinthe d’eau qui provenait du marais Masay. Leurs principaux constituants chimiques sont donnés dans le tableau 1
Bouse de vache
La bouse est constituée d’excréments de zébus non mélangés avec la litière. La bouse de vache que nous avons utilisée était âgée de deux semaines. La bouse de vache contient plusieurs microorganismes qui accélèrent le processus de décomposition des matières organiques, ajuste le pH et les constituants chimiques du substrat pour être favorable aux vers de terre et améliore les propriétés nutritives du lombricompost (Suthar, 2009).
Paille de riz
La paille de riz est une matière carbonée permettant d’équilibrer le mélange avec la bouse de vache. En plus, elle est la matière la plus utilisée par les producteurs de lombricompost.
Feuilles de jacinthe d’eau
La jacinthe d’eau ou Eichhornia crassipes est une plante aquatique envahissante des lacs, des étangs et des marais. Elle cause souvent des problèmes écologiques. A Madagascar, elle est surtout utilisée pour l’alimentation des zébus. Abondante et présentant une valeur nutritive élevée, elle pourrait être mieux valorisée par le lombricompostage.
Feuilles de bananier
Le bananier ou Musa sp. est une plante herbacée vivace avec de larges feuilles. Ses fruits sont consommés tandis que ses feuilles sont utilisées en alimentation animale ou traditionnellement comme emballage. Le compostage des stipes et des feuilles de bananier est usuel, mais le lombricompostage pourrait donner de meilleurs résultats en termes de fertilisation (Sannigrahi, 2009). De plus, un bananier donne une seule fois un fruit, alors la souche mère est souvent coupée après la récolte. Le lombricompostage permettrait de valoriser cette souche mère de bananier.
Déchets ménagers
Les déchets ménagers regroupent tout ce qui est déchets de cuisine (épluchures de fruits et légumes, coquilles d’œufs, marc de café, …), déchets de jardin (feuilles mortes, résidus de plantes, …) et déchets de bureaux (papiers,…). Les déchets ménagers sont nombreux et au lieu de les jeter, ils pourraient être valorisés en lombricompostage.
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