PRESENTATION DE LA VILLE DE NOUAKCHOTT
Introduction
Nouakchott est une ville jeune créée de toute pièce à la fin des années 50, lors du transfert de la capitale revendiqué par le gouvernement de la Mauritanie, de SaintLouis du Sénégal vers le territoire mauritanien quelques années avant l’indépendance.
Le choix de Nouakchott fut un choix par défaut car le territoire était quasiment inhabité, il n’appartenait à aucune tribu et toute revendication ultérieure était ainsi évitée.
La ville prévue au départ pour accueillir quelques milliers d’habitants, fonctionnaires et tous les services nécessaires à leur entretien, est vite devenue un pôle d’attraction , en particulier lors des grandes sécheresses qui ont privé de nombreux mauritaniens de toute activité et qui sont venus grossir la ville. Elle compterait actuellement aux environs d’un million d’habitants.
Aspect physique
Nouakchott est située en bordure Est de l’Océan Atlantique. Elle s’étale sur 18 Km dans le sens Nord Sud et sur 14 Km dans le sens Ouest Est et occupe une superficie de 7933 ha (Bertaud G 1995), le développement de la ville est fortement limité par des contraintes environnementales naturelles :
– La sebkha vaste dépression saline, située à l’Ouest de la ville. Elle est inondée par des fortes précipitations ou lors d’incursions marins à travers le cordon littoral ;
-les dunes vives qui imposent leur allure au développement de la ville. Elles sont orientées Nord-Sud et constituent un facteur contraignant pour l’aménagement de la ville ;
– le codon littoral de la ville est un élément naturel dont l’équilibre est fragile .Cet équilibre est souvent remis en cause du fait de l’exploitation anarchique des carrières de sable ou des aménagements mal conçus.
Climat
Nouakchott est situé dans la zone sub Canarienne c’est une zone tampon entre le climat Saharien au Nord et Sahélien au Sud. Le climat y est généralement sec toute l’année avec des pluies faibles et très irrégulières durant l’été. Les températures oscillent entre 28 ,4°C et 36 ,4°C pour les maximales et 14,6C° et 25,7C° pour les minimale ; l’alternance des Alizés maritimes et de la mousson a des conséquences sur l’hygrométrie qui est importante en toute saison (influencée par la brise de mer).
L’observation des anémographes de Nouakchott montre des vents de secteur Nord individualisés en deux directions : les vents Nord-nord ouest, les vents Nord-nord Est (l’harmattan, des vents secs et chauds soufflants d’Octobre à Février).
Démographie
La ville est peuplée de 611883 habitants (Recensement 2000, ONS) soit prés du quart de la population du pays. Cette population est repartie en neuf (9) communes qui sont : Tevragh zeina, Ksar, Elmina, Riyad, Dar naim, Teyarett, Sebkha, Toujounine et Arafat.
Le taux de croissance démographique actuelle est de 3,75% par an. (ONS 2000)
La ville de Nouakchott est stratifiée en cinq grandes entités socio-économiques :
Les zones résidentielles occupent 4691ha, soit 59,1% des surfaces totales et se répartissent comme suit :
-Le haut standing : Il est composé de quartiers résidentiels de basse densité dont la taille moyenne des lots varie entre 572 et 1170, pour une densité variant entre 60 et 68 personnes à l’hectare
-Le moyen standing : Il est composé de quartiers résidentiels de haute densité avec une taille des lots variant entre 225 m2 et 336 m2 pour une densité variant entre 23 et 148 personnes à l’hectare ;
-Le bas standing : Il est composé de quartiers résidentiels à développement régularisé dont la taille des lots varie entre 150 m2 et 180 m2 pour une densité variant entre 15 et 82 personnes à l’hectare
-Le standing « irrégulier » ou précaire: Il est caractérisé par un habitat spontané. La taille des lots varie entre 100 m2 et 103 m2 pour une densité variant entre 128 et 368 personnes à l’hectare. Les zones industrielles abritent les principales industries de la ville. Elles sont situées aux abords de l’aéroport et du port (concentration importante) et dans d’autres zones (de façon assez dispersée). Elles occupent 282 ha, soit 3,6% des surfaces totales.
Les zones administratives qui sont les édifices publics (Ministères, infrastructures scolaires, sanitaires et sportives). Elles sont localisées principalement pour les ministères dans les “moughataas“ du Ksar et de Tevragh Zeina. Par contre les infrastructures scolaires et sanitaires se retrouvent dans toutes les «moughataas.
Les zones de services et d’équipement sont des zones de grandes emprises réparties différemment dans les communes. Elles regroupent les gares routières, la station d’épuration, l’aéroport et le secteur portuaire. Ces zones occupent 678 ha, soit 8,5% des surfaces totales.
Enfin les zones agricoles qui regroupent essentiellement les sites de maraîchage et la ceinture verte. Ces zones occupent 524 ha soit 6,6% des surfaces totales.
PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES DECHETS SOLIDES URBAINS À NOUAKCHOTT (Capitale de la Mauritanie)
ETAT DE LA GESTION DES DECHETS SOLIDES A
NOUAKCHOTT
Introduction
Les déchets urbains solides (DUS) sont générés de façon continue en quantité croissante avec le développement des modes de vie des sociétés. Ils sont hétérogènes et leur composition quantitative varie beaucoup en fonction de l’espace d’une société à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, etc. et du temps jours de la semaine, jours atypiques fêtes et autres, saisons humide et sèche, etc.. En effet, les facteurs géographique, climatique, économique, racial, culturel social et démographique sont déterminants dans la quantité et la composition des déchets générés par une communauté donnée. Ces variations rendent la définition de la nature des déchets aussidifficile qu’essentielle dans leur gestion.
Définition du terme « déchet »
En matière de gestion, le mot déchet peut être défini de différentes manières selon le type de considération.
Au sens de la loi en France, un déchet est défini comme » Tout résidu d’un processus de production, de transformation, ou d’utilisation, toute substance, matériau produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon et qui sont de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites ou les paysages, à polluer l’air ou les eaux, à engendrer des bruits ou des odeurs, et d’une façon générale, à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement. » (Article 1 de la loi du 15 juillet 1975 (n° 75-633)).
Selon le code de l’environnement Mauritanien, loi n°2000-45/portant code de l’environnement, article 60 : « Les déchets urbains sont des détritus de toute nature (liquide, solide ou gazeuse) en provenance des maisons d’habitation et structures assimilés, notamment des immeubles administratifs, des salles de spectacles, de restauration et de tout autre établissement recevant du public ».
Sont compris dans la dénomination déchets urbains :
– les ordures ménagères, les cendres, débris de verre ou de vaisselle, feuilles, balayures et résidus de toutes sortes déposés dans les récipients individuels ou collectifs et placés devant les maisons ou à l’entrée des voies inaccessibles aux camions, les eaux usées domestiques, les excrétas;
– Les déchets non industriels assimilés à des déchets urbains des établissements industriels (tels que définis par les textes y afférents, les déchets des établissements commerciaux, bureaux, cours et jardins privés déposés dans les mêmes conditions que les ordures ménagères);
– Les crottins, lisiers , fumiers, cadavres d’animaux, feuilles mortes, boues et d’une façon générale, tous les produits provenant du nettoiement des voies publiques, voies privées abandonnées au balayage, jardins publics, parcs, cimetières et leurs dépendances, rassemblés en vue de leur évacuation ;
– Les résidus en provenance des écoles, casernes, hospices, prisons et tous bâtiments publics, groupés sur des emplacements déterminés dans des récipients appropriés.
– Le cas échéant, tous objets abandonnés sur la voie publique.
Le code de l’environnement sénégalais, définit le déchet comme toute substance solide, liquide, gageuse, ou résidu d’un processus de production ou de transformation, ou d’utilisation, et toutes autre substance destinée à être éliminées ou devant être éliminées en vertu des lois en vigueur.(loi n°2001-01)
Cadre réglementaire et institutionnel de la gestion des déchets à Nouakchott
Législation et règlementation
L’article 63 de la loi 2000-045 du 26 juillet portant code de l’environnement précise que la réglementation intervient suivant un arrêté du Ministère Chargé de l’environnement et d’autres institutions concernées, mais il ne précise pas les procédés ou interdits pour gérer les déchets solides. Cependant il a le mérite de présenter une définition des déchets et des mesures à suivre pour l’aménagement des décharges finales. L’article 60 de la loi 2000-045 portant code de l’environnement définit les déchets urbains comme :
Les détritus de toute nature en provenance des maisons d’habitations et structures assimilés notamment des immeubles administratifs, des salles de spectacles, de restaurations et de tout autre établissement resserrant du public sont assimilés à des maisons d’habitations, les casernes et les écoles sont compris dans la domination desdéchets urbains.
Les ordures ménagères, les cendres, des bris de verre ou vaisselles, feuilles balayeurs et résidus de toute sorte disposés dans des récipients individuels ou collectifs et placés devant la maison ou à l’entrée des voies inaccessibles aux camions.
La loi 2001-51 du 19 juillet 2001 transforme la commune de Nouakchott en
Communauté Urbaines de Nouakchott (C .U .N) et repartit les fonctions communales entre les communes membres. Dans ce cadre la CUN et les communes sont responsables de la gestion des ordures.
Le contexte institutionnel
La ville de Nouakchott a été créée en 1957 pour devenir la capitale de la République Islamique de Mauritanie en 1960. Sa population était à l’époque de 1800 habitants alors qu’aujourd’hui elle est officiellement de plus de 620000 habitants représentant plus de 50% de la population urbaine soit le tiers de la population de la Mauritanie. Pour mieux répondre aux besoins des populations mauritaniennes, le Gouvernement a choisi la décentralisation afin de permettre une gestion adéquate du développement local (abandon de l’ordonnance 86-134 du 13 août 1986 modifiée par l’ordonnance 87- 289 du 20 octobre 1987 portant code des collectivités locales en République Islamique de Mauritanie et déterminant les conditions de la libre administration des collectivités territoriales).
Pour approfondir cette décentralisation, la Loi 51-2001 du 19 juillet 2001 instituant la Communauté Urbaine de Nouakchott et le décret 2001-70 du 28 juin 2001 instituant neuf communes en lieu et place de l’ex commune de Nouakchott ont été approuvés.
Ces neuf communes constituent aujourd’hui l’agglomération de Nouakchott : Tevragzeina, Ksar, Elmina, Riyad, Dar naim, Teyarett, Sebkha, Toujounine et Arafat.
Conformément aux dispositions officielles en vigueur, les compétences de la CUN et de ses neuf communes membres sont respectivement les suivantes :
-Communauté urbaine : Au titre de la gestion des services d’intérêt collectifs : Les ordures ménagères
-Communes de Nouakchott : l’enlèvement des ordures ménagères
Le 03 juin 2003, le Ministère de l’Intérieur des Postes et Télécommunications (MIPT) à pris l’arrêté No 01135 portant sur la séparation des compétences entre la CUN et les 9 communes en ce qui concerne la collecte des ordures ménagères. Cet arrêté confie la collecte primaire des déchets ménagers aux communes (depuis le porte à porte jusqu’aux sites de transit) et la collecte secondaire à la CUN (depuis les sites de transit Jusqu’au Centre d’Enfouissement Technique (CET)).
En ce qui concerne la disponibilité des terrains devant permettre la construction des Sites De Transfert (SDT) des déchets et, pendant une période transitoire, des sites de décharges provisoires dans l’attente de la construction du CET, un arrêté de la CUN précise leur affectation : Arrêté CUN No 3bis/CUN/2003 en date du 13 mai 2003.
La mise en œuvre des services publics concernant la collecte et l’élimination des déchets ménagers à Nouakchott est un exercice difficile car la gestion des déchets solides implique de nombreux domaines de l’exercice communal ou communautaire.
Cette mise en œuvre requière l’approbation d’un cadre stratégique (Une stratégie de gestion des déchets solides) indispensable à la cohésion des actions qui seront menées, au moins dans leurs principes généraux, et à l’optimisation des investissements à réaliser dans un souci de pérennité et de réalisme économique.
Les étapes de la gestion des déchets à Nouakchott
La gestion des déchets solides à Nouakchott a commencé à préoccuper les autorités mauritaniennes dans les années 1980. C’est ainsi que la gestion des déchets solides à Nouakchott a connu plusieurs systèmes d’exploitation : la direction de la propreté de la CUN, les entreprises privées et les opérateurs informels. De 1986 à 1994, la commune de Nouakchott, actuelle communauté urbaine de Nouakchott (CUN) a géré la collecte des ordures ménagères de la ville. Les résultats de cette forme de gestion ont été peu satisfaisants à cause notamment de la vieillesse et de l’insuffisance du matériel, de l’incapacité de la commune à assurer sa maintenance ou son renouvellement et le manque surtout de motivation du personnel. De 1994 à 1996, avec l’appui de l’Agence mauritanienne d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public de l’Etat (AMEXTIPE), qui a initié un projet de collecte primaire d’ordures ménagères dans certaines zones cibles des “moughataas“ de Kasar, de Tevragh Zeina et de Sebkha.
Cette expérience avait pour objectifs : d’apporter une contribution efficace à la gestion des déchets soldes en utilisant des technologies adaptées facilement maîtrisables et à haute intensité de main d’œuvre ; d’être un prélude à l’extension d’une opération généralisée à la ville et dont la gestion future sera confiée aux promoteurs privés mauritaniens.
De 1996 à 2005, la communauté urbaine n’intervenait que dans la collecte des dépôts sauvages ou autorisés dans les communes de Ryad et Toujounine, la collecte dans les autres communes étant confiée à trois entreprises privées mauritaniennes : l’Association Féminine pour la Salubrité et l’Hygiène Publique (AFSHP) dans les communes de Tevragh Zeina, ksar, Teyarett ; l’Etablissement Nour pour l’entretien urbain (Nour) dans les communes de sebkha, Elmina, Arafat, Toujounine sud et Riyad ; la Compagnie Mauritanienne pour les Travaux Publics et la Salubrité (COMAURS) dans les communes de Toujounine Nord, et Dar Naim. A coté de ces acteurs formels, on comptait aussi des acteurs informels dans la gestion des déchets.
Trois entreprises privées se partageaient le marché : De 1995 à 2005
Association Féminine pour la Salubrité et l’Hygiène Publique (AFSHP)
Cette association agréée par le gouvernement en 1992, fut créée en 1991. Elle était présidée par une quinzaine de femmes ayant comme objectif commun, la résolution de certains problèmes de développement touchant les jeunes adultes et les femmes et du problème d’insalubrité dans la capitale. L’association assure des activités de sensibilisation au profit des ménages autour des problèmes de non gestion des déchets…
Ces activités étaient cependant ponctuelles, ne suivaient aucune stratégie, ni planification prédéfinie ou suivie. Par ailleurs elles étaient l’affaire de tous au sein de l’association, en ce sens qu’il n’y existait pas de structure formelle de Communication pour un Changement de Comportement (CCC).
Cette association est restée quand même très active pendant un certain temps. Elle a reçu le prix : “ Femme, famille et population ” qui lui fut décerné par les Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). L’entreprise a d’abord obtenu un contrat d’une durée de deux ans qui a connu un renouvellement.
L’entreprise a créé une antenne dans la capitale économique du pays Nouadhibou.
D’après son Directeur Général, elle comptait trois à quatre cents employés dont 50% de femmes. Les tâches comme celles d’éboueurs, conducteurs de camions, superviseurs de quartiers ainsi que l’entretien de voirie au cours de la nuit etaient confiées aux hommes. Les femmes assuraient le balayage des rues, des places publiques, des marchés et parfois la supervision des lots. L’association recrutait des jeunes adultes mais refuse le recrutement des mineurs, la lutte contre l’exploitation des enfants faisant partie de ses objectifs généraux d’activités.
Les rémunérations annoncées étaient basses, elles variaient de 9500 à 10 000 Ouguiya par mois soit 18500FCFA à 20000FCA. La raison avancée par l’association pour justifier ses salaires est avant tout humanitaire avec un souci pour la salubrité de l’environnement qui doit correspondre avant tout pour elle à un engagement communautaire et social.
Aspects technologiques
Les ménages, dans la plupart des cas, déposaient leurs déchets à même le sol avant leur conditionnement dans des poubelles de fortune. La forte présence de sable dans la grande majorité des poubelles, notamment dans les quartiers de bas et de moyen standing, contribue à accroître les charges liées au transport. L’inexistence ou l’éloignement des dépôts de transit oblige les petits opérateurs à vider le long de leur circuit les déchets collectés ; contribuant ainsi à l’insalubrité des voies publiques. Quand ils existent, leur non aménagement entraîne le déversement des déchets à même le sol, l’augmentation des quantités de sable dans les déchets à transporter à la décharge, une utilisation importante d’espaces de stockage, la diffusion de la pollution et l’augmentation des risques sanitaires.
Les moyens de transport utilisés dans la collecte secondaire sont généralement amortis et bien souvent inadaptés. Les conséquences sont les pannes fréquentes, la perturbation des programmes de collecte (fréquences) et la persistance de l’insalubrité en ville.
L’absence d’un centre d’enfouissement technique équipé de pont bascule et facilement accessible ne permettait pas d’évaluer objectivement les quantités d’ordures effectivement générées par la ville et par conséquent ne permet pas l’établissement de contrats basés sur les performances des opérateurs.
Contraintes socio-économiques
Les quartiers de Nouakchott étaient inégalement desservis en raison de l’inaccessibilité de certaines zones (quartiers irréguliers comme Elmina ou Sebkha), l’insuffisante prise de conscience des populations par rapport aux questions d’hygiène du milieu. En effet, une autre contrainte est la non valorisation du métier de collecteur de déchets (charretier). La plupart des charretiers disent n’exercer la collecte d’ordures que de façon secondaire et le métier de charretier qu’à titre provisoire en raison des salaires peu motivants (8000 UM/mois).