Problématiques au niveau des sites pilotes
Ouakam
L’augmentation incontrôlée de l’effort de pêche qui est la cause de cette exploitation irrationnelle est principalement due :
• à l’afflux des agriculteurs et autres catégories socio-professionnelles issues de secteurs en crise : élèves, fonctionnaires ;
• à la flambée des prix à l’exportation du fait de la dévaluation du F CFA ;
• au développement de la chasse sous-marine notamment dans les pêcheries de Ouakam. Quant à l’Etat qui doit assurer la gestion, il a vu l’efficacité de son action limitée par :
• la faiblesse de ses moyens matériels et humains pour faire respecter le code de la pêche ;
• la réticence des Professionnelles à se conformer à la réglementation.
Cette situation a aussi entraîné des conséquences sociales, économiques et écologiques comme :
• la dégradation des habitats et de l’écosystème marins ;
• la raréfaction des espèces démersales côtières comme les poulpes, langoustes, cigales et mérous, badèches très recherchés par les pêcheurs de Ouakam ;
• la multiplication des conflits ;
• et la perte considérable des revenus des acteurs exploitants les ressources au large de cette zone réputée autrefois très poissonneuse.
C’est dans ce contexte que les pêcheurs de cette localité ont mis en place depuis mai 2005 une initiative locale de gestion soutenue par le programme GIRMaC et portant sur :
• la Zone à Exploitation Réglementée (ZER) qui est la zone balisée18 comportant d’énormes rochers formant des lieux –dits de pêche avec des interdictions relatives :
à la pêche au filet sur un rayon de 200 m autour de chaque lieu de pêche matérialisé par une bouée ;
à la pose de palangre bouée19 sur ces zones de pêche ;
au nombre de pirogues supérieur à 100 par jour.
Cette réglementation est mis en œuvre par le CLP qui veille au respect du nombre de pirogues en attribuant le droit de pêche dans la ZER aux pirogues désirant exploiter les ressources par une liste ouverte suivant l’ordre d’enregistrement.
En outre, l’exploitation des ressources dans la ZER est soumise au contrôle de la taille des espèces capturées dans la ZER notamment le poids minimal autorisé :
• 500 g pour le mérou blanc ;
• 500 g pour le mérou jaune ;
• 400 g pour la Badèche.
Enfin l’exploitation des autres espèces se fait dans le respect du code de la pêche.
• la Zone à Accès Réglementé (ZAR) qui est une zone balisée20 fermée à tout accès d’exploitation de ressources halieutiques et ayant des récifs artificiels immergés comme sites et habitats de refuge et de reconstitution d’espèces ;
• et le nettoyage par les plongeurs de Ouakam des fonds marins dégradés qui concernent notamment des fonds rocheux des lieux de pêches abîmés par des filets qui s’y sont déchirés ou immergés et d’autres débris dégradant les habitats marins des ressources halieutiques.
Ngaparou
Les pêcheurs de Ngaparou ont constaté que le nombre de filets et le temps de pêche ont augmenté dans la zone. De même le tourisme a favorisé l’introduction de la chasse sous-marine qui devient de plus en plus pratiquée non plus à des fins sportives mais plutôt pour la commercialisation. Cette situation est aggravée par le non respect de la réglementation des activités de pêche. Parallèlement, la rareté de certaines espèces jadis abondantes dans le site et la réduction de la taille moyenne des espèces au débarquement ont été observées.
En effet, le site de Ngaparou était réputé jadis pour ses débarquements importants de langoustes vertes (Palinurus regius) de grande taille. Actuellement, les opérations de pêche se traduisent de plus en plus par des prises dont la taille moyenne est inférieure à celle minimale de vingt centimètres (20 cm) fixée par les dispositions réglementaires. En outre, la chasse sous-marine ou plongée affecte les femelles grainées (en reproduction) et les juvéniles des espèces démersales côtières. Pourtant, du temps où la pêche ne se pratiquait pas durant l’hivernage à cause des travaux champêtres, les pêcheurs se souviennent de l’abondance des captures à la reprise des activités de pêche dans la zone.
Ces constats, entre autres, ont fini par convaincre les pêcheurs que l’accroissement important et continu de l’effort de pêche est la cause principale de la baisse des rendements dans les zones de pêche de Ngaparou. Ils en ont conclu que toute mesure ayant comme effet la réduction de la pression dans les zones de reproduction, de refuge et de croissance des espèces exploitées, devrait permettre une reconstitution du stock. C’est ainsi que les pêcheurs locaux ont proposé l’initiative comportant 2 volets relatifs :
• à la réglementation des activités de pêche et
• à la reconstitution des ressources en langouste verte et espèces associées dans les eaux adjacentes au village de Ngaparou.
Cette zone soumise à cette initiative, couvrant environ quinze kilomètres carrés (15km2) avec une délimitation21 par relevés GPS et une répartition en deux sous-zones22 couvrant toute la frange côtière adjacente aux limites géographiques traditionnelles du village s’étend en mer vers le large sur deux milles (02milles).
Quant à la réglementation des activités de pêche, la sous-zone 1 est fermée à la pêche pendant un (01) an tandis que la sous-zone 2 est ouverte à l’exploitation rationnelle, et vice versa suivant le principe de la jachère. En outre, au terme de chaque fermeture, une réglementation des activités de pêche dans la sous-zone est mise en place après évaluation. Enfin concernant la partie tampon commune aux deux sous-zones ciblées, elle reste toujours fermée, car elle est le site d’un processus d’immersion de récifs artificiels, en vue de la reconstitution des habitats et de la disponibilisation d’une zone pourvoyeuse pour le recrutement de vers les zones de pêches réglementées.
Foundiougne
Devant la raréfaction de la ressource et la forte pression sur celle-ci, les pêcheurs se sont rendus compte que la plupart des engins de pêche appelés Killy ont un maillage inférieur à 12mm, donc une infraction au regard de la réglementation de pêches.
C’est ainsi que les pêcheurs ont décidé de prendre les initiatives de gestion suivantes :
• institution d’un repos biologique dans tout le district de Foundiougne ;
• remplacement des filets 23à crevette côtière, qui sont tractés par deux personnes à pied dans des zones peu profondes le long du rivage.
Bétenty
Selon les pêcheurs, la pêche se dégrade au fil des années avec des prises d’individus de petites tailles se traduisant par plus de 200 individus par kilogramme se qui constitue une infraction au regard des dispositions réglementaires en vigueur. Cette situation née depuis l’avènement de la loi sur le Domaine National24 dont l’application s’est traduit par l’abandon par les communautés de Bétenty de la surveillance des zones traditionnelles de pêche de leur localité. Car cette loi sur le Domaine National a dissout le droit coutumier des populations sur ces ressources auxquelles elles exerçaient une gestion traditionnelle, par des périodes de fermeture et un système de surveillance traditionnel.
Ainsi pour contribuer à la reconstitution des ressources crevettières afin de les exploiter durablement, les pêcheurs et les populations ont décidé de les préserver grâce à la reprise d’une activité de surveillance dont-ils connaissent si bien les effets positifs. C’est dans ce cadre qu’ils ont institué cette initiative de gestion portant sur une:
• institution d’arrêts périodiques de la pêche crevettière ;
• utilisation de filets killy a grandes mailles à dans toutes les zones de pêches.
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