Actuellement, les plus gros consommateurs de produits pharmaceutiques sont les pays industrialisés soit ceux de l’Amérique du Nord, de l’Europe, et du Japon. En 2013, les ventes de médicaments dans les pharmacies indiquaient plus de 388 milliards de dollars au monde (IMS Health, 2013).
L’industrie pharmaceutique, à l’encontre des autres secteurs qui voient leurs croissances affectées par les perturbations des marchés mondiaux et les crises financières, se réjouit d’un marché mondial en solide croissance.
Les produits pharmaceutiques et les produits de soins personnels suscitent de plus en plus l’attention depuis un bon moment. De nombreuses recherches montrent que différentes classes pharmaceutiques, telles que des antibiotiques, des analgésiques, des antiinflammatoires, des agents de contraste ou des antiépileptiques, sont trouvées dans les eaux (eaux usées, eaux traitées, eaux de surface, etc.) (Ternes, 1998).
es produits pharmaceutiques sont principalement retrouvés dans les eaux suite à leur excrétion métabolique par l’homme et les animaux, notamment via les effluents hospitaliers ou les effluents agricoles (médicaments vétérinaires). De plus, les composés pharmaceutiques assimilés par l’homme ou par les animaux peuvent se dégrader au sein des organismes vivants, et les produits de dégradation issus de la métabolisation peuvent aussi être considérés comme micropolluants.
Les progrès qu’ont connus les techniques d’analyse physico-chimique ont permis de détecter, à l’état de traces (ng. L⁻¹ ou moins), de nombreux composés pharmaceutiques dans différentes matrices aqueuses. Selon des recherches réalisées par Herber, plus de 80 composés pharmaceutiques ont été repérés dans des effluents de stations d’épuration (STEP) et des eaux de surface (Heberer, 2002). Ces résultats ont amené à enquêter sur l’impact possible des composés pharmaceutiques sur les écosystèmes. Parmi les études qui ont confirmé les effets néfastes de certains médicaments, l’étude menée au Pakistan par Taggart et al., (2007) a pu expliquer la diminution observée de 97 % de population de vautours par leur exposition indirecte au diclofénac et cela en se nourrissant de carcasses des rapaces traités avec ce médicament dans les jours précédents leurs décès. Une autre étude en Espagne de Petrovic et al., (2002) a trouvé que l’origine de la féminisation de populations de poisson est due essentiellement à la présence dans les effluents de STEP et les milieux aquatiques des produits agissants sur le système endocrinien notamment les hormones qu’elles soient synthétiques ou normales.
Sources de contamination
Les médicaments, après administration par les malades, sont rejetés dans les réseaux d’eau usée sous leurs formes initiales ou sous forme de leurs métabolites. Ainsi, les eaux usées urbaines se trouvent chargées de ces contaminants et elles deviennent responsables de la contamination de l’environnement. Les effluents hospitaliers, les effluents domestiques ainsi que ceux de l’industrie pharmaceutique sont les principales sources de contamination de l’environnement par les composés pharmaceutiques.
Les effluents hospitaliers ont la particularité d’être chargés en molécules médicamenteuses spécifiques administrées uniquement en milieu hospitalier et à des concentrations assez élevées et variés ainsi que leurs métabolites.
L’industrie pharmaceutique respecte généralement les normes ISO 14000 et les textes législatifs concernant ce genre de fabrication, mais des études effectuées en Allemagne ont rapportées que des concentrations de phénazone (un analgésique et antipyrétique) et de diméthylaminophénazone atteignant 95 μg/L dans le Main où différents sites de productions sont installés, alors que la concentration de ces deux composés dans d’autres rivières reste très inférieure (Ternes, Bonerz et Schmidt, 2001). Par conséquent, ces industries représentent une source de contamination non négligeable.
Acheminés vers les STEP, le taux d’élimination de ces composés varie largement selon leurs propriétés physico-chimiques (Collette-Bregand et al., 2009), et ils vont se trouver dans les différents compartiments aquatiques.
À cela il faut ajouter les composés destinés à l’utilisation vétérinaire dont la complexité de suivi rend la quantification des résidus difficile à réaliser. En effet, les effluents d’élevage peuvent gagner les eaux souterraines par percolation des excréments animaliers et par amendement des fumiers. Pour les effluents d’élevage industriels, les travaux menés par Carlson et al., (2004) ont indiqué que des concentrations de l’ordre de quelques mg/L de tétracyclines par gramme ont été détectées dans le lisier de porcs ou de moutons.
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