Problématique de la gestion de la seiche commune (Sepia officinalis hierredda)

Généralités sur la seiche commune

La seiche appartient à l’embranchement des Mollusques, classe des Céphalopodes et à la famille des Sepeidae . Les Céphalopodes regroupent les seiches, les poulpes, les calmars et les nautiles qui sont des mollusques de grande taille exclusivement marins. Ils se scindent en 2 sous-classes Beaumont et Cassier., 1973. (Anonyme, 2009.):
les Tétrabranchiaux/ Nautiloïdes, qui sont des formes archaïques des eaux indopacifiques, dotées de 4 branchies et d’une coquille externe, représentées par les nautiles (4 espèces).
les Dibranchiaux, avec 2 branchies, une coquille externe, un système nerveux intégré au cerveau, des yeux très développés, 2 paires de glandes salivaires, une poche à encre, 10 bras pour les Décapodes (seiches, sépions et calmars) et 8 bras pour les Octopodes (eledone et poulpe). Selon les collections observées à l’IFAN Dakar (Bakhayokho, 1986), cinq espèces de seiche existent sur les côtes sénégalaises. Toutefois, la distinction entre les espèces, assez difficile, reste encore plus du domaine des scientifiques que des pêcheurs. Il s’agit de :
Sepia bertheloti (Orbigny, 1838) qui est une espèce relativement côtière pêchée sur toutes les côtes sénégalaises. Sa taille maximale est de 175 mm.
Sepia elegans (Orbigny, 1826), retrouvée à des profondeurs de 150 m, elle reste toujours de petite taille (Taille maximale observée : 80 mm).
Sepia orbinyana (Ferissa, 1826). Elle vit sur le plateau continental et le talus continental entre 100 – 300 voire 400 m. La taille maximale observée est de 104 mm.
Sepia elobyana (Adams, 1941). Espèce relativement rare, propre à l’Afrique de l’ouest. Les individus collectionnés à l’IFAN mesurent 29 à 53 mm.
Sepia officinalis hierrada (Rang, 1837). C’est l’espèce des côtes sénégalaises qui atteint une grande taille et est exploitée commercialement.

Techniques de pêche

La description ne va concerner que les engins utilisés en pêche artisanale. Il s’agit notamment de la ligne casier seiche, de la turlutte et des filets trémail. En fait, le choix du mode de pêche dépend de plusieurs facteurs dont le coût, la législation et les traditions de pêche, Chaque type d’engin est également adapté aux conditions du milieu où il est mis en pratique grâce à l’ingéniosité des pêcheurs (Bakhayoko, 1979). La pêche à la turlutte : La turlutte a été introduite au Sénégal en 1973, par les sociétés sénégalo-japonaises que sont la Société de Pêche de l’Afrique de l’Ouest (SOPAO) et la Société Sénégalaise pour l’Expansion de la Pêche Côtière, Surgélation et Congélation des Aliments (SENEPESCA). Une turlutte comprend généralement deux parties; un jeu d’hameçons disposés en couronne et un leurre pouvant être coloré en rouge, en orange, en vert, en jaune et en blanc .
Le choix du leurre dépend de la teinte et de la turbidité de l’eau, la turlutte devant contraster avec celle-ci pour être visible.
La technique de pêche à la turlutte est effectuée à bord de petites embarcations de 9 à 10 m, par cinq à six pêcheurs. En fonction du lest utilisé, la turlutte peut pêcher aussi bien les poulpes, les calmars que les seiches.
La pêche au casier : En usage depuis 1975, le nombre de casiers augmente, leur forme et le matériau qui les constitue évoluent. A ces débuts, cet engin avait la forme d’un cylindre de 1,50 m de hauteur sur 60 cm de diamètre. Au centre de chaque base concave vers l’intérieur, était aménagée une ouverture circulaire de 10 cm de rayon, dont le rebord était en même temps la grande base de l’entrée, tronc de cône formée de baguettes de bois tissées et effilées aux extrémités intérieures pour empêcher la sortie des animaux piégés.
Les pêcheurs utilisent maintenant des casiers parallélépipédiques, trapézoïdaux et tronconiques en fer de 1,20 m de longueur, 0,80 m de largeur et de hauteur 0,80 m comportant 2 à 6 entrées carrées ou circulaires, de position variable.
L’usage du casier pour la capture des seiches tient compte de leurs comportements reproducteur et trophique. Il constitue un support sur lequel les femelles fixent leurs œufs. Les mâles sont attirés par l’appât et par les femelles piégées. Le casier est donc efficace en période de reproduction. Il est d’autant plus efficace que les seiches présenteraient un « ovotactisme » qui les pousserait à aller pondre de préférence aux endroits où existent déjà les œufs de leurs congénères. Les pêcheurs expriment ce comportement en disant que les casiers ne sont efficaces que lorsque les œufs sont fixés dessus. (Bakhayokho, 1979).
Chaque pêcheur dispose d’un nombre variable de casiers et la levée se fait tous les deux jours en fonction de l’abondance de la ressource. Toutefois, la pêche au casier complète celle faite à la turlutte, En effet, juste avant et après la ponte, les seiches perdent beaucoup d’énergie du fait de la migration et de la reproduction. Elles cherchent alors essentiellement à se nourrir. La pêche à la turlutte est ainsi plus performante que celle effectuée au casier, laquelle est à son tour plus efficace en période de ponte. C’est pourquoi, le pêcheur pratique ces deux méthodes de pêche. Il relève ses casiers, et complète sa marée en travaillant avec sa ligne.
La pêche au filet trémail : C’est un engin de pêche qui fait partie de la grande famille des filets dormants. Il est constitué de trois nappes de filets. Les trois nappes sont montées de façon à ce qu’il y ait un flou pour leur permettre de capturer tout individu qui les traverse. Ceci est à l’origine du manque de sélectivité de cet engin. Aussi ses prises sont-elles de moindre qualité, car elles séjournent pendant longtemps dans l’eau avant le relevage des filets.
Les trémails sont utilisés pendant la période froide c’est-à-dire au moment où les individus de seiches ont atteint une taille qui ne facilite pas leur introduction dans les casiers. Les pêcheurs en disposent un nombre important leur permettant de pêcher pratiquement toutes les espèces démersales .

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Captures et état d’exploitation

Ce sont les flottilles japonaises qui ont suscité l’engouement des pêcheurs artisans pour la seiche. La pêche artisanale ne s’est réellement investie dans l’activité que vers 1985 et les débarquements ne dépassaient guère 4000 tonnes. En effet, la seiche, le poulpe et le calmar sont des espèces à durée de vie courte qui présentent des dynamiques beaucoup plus rapides et plus instables que celles des stocks de poissons. La dynamique de leurs populations est variable d’une année à une autre, entraînant ainsi une forte variabilité interannuelle des captures. Pour l’ensemble de ces espèces, elles seraient dans une situation de surexploitation qui est beaucoup plus prononcée chez le calmar.
Les captures de seiches les plus importantes ont été observées en 1991 avec un peu plus de 8 000 tonnes. Après ce pic, elles ont continué à suivre une tendance baissière malgré l’accroissement des capacités et une sophistication très poussée des moyens de captures. Cependant, la forte valeur commerciale des céphalopodes en général, et des seiches en particulier, sur le marché international a contribué à l’augmentation croissante de l’effort de pêche qui s’est traduite par un déploiement massif des pêcheurs sur la Petite Côte et par le perfectionnement des techniques de pêche, jusque-là employées. Pratiquement, 80% des mises à terre de seiche sont effectuées au niveau de la Petite Côte. Ensuite vient la région de Ziguinchor avec 10%, puis celle de Dakar qui compte pour 8% dans les captures ; enfin, la Grande Côte qui participant faiblement à la capture de la seiche, avec en moyenne près de 2%. Du fait de conditions favorables pour la seiche, on note une ruée de tous les acteurs de la pêche vers les régions de Thiès et Fatick. Les pêcheurs du nord migrent alors vers le sud en période de basse campagne, occasionnant ainsi une forte compétition sur la ressource. Ces pêcheurs migrants sont plus préoccupés par la recherche de gain en vue d’améliorer leurs revenus et amortir rapidement les dépenses consenties lors de la préparation de campagne de pêche.
Aujourd’hui, les informations recueillies auprès des acteurs de la Petite Côte font état d’une augmentation réelle de l’effort de pêche. A titre d’exemple, les pêcheurs n’observent plus de période de repos pendant la période hivernale du fait des activités agricoles. Aussi, ils ont multiplié le nombre de casiers et de lignes seiches à bord de leurs pirogues.

Développement embryonnaire

Le développement embryonnaire dure entre un et trois mois selon les régions et dépend étroitement de la température des eaux.
La vie de la seiche se décompose en deux grandes phases :
Une phase juvénile consacrée à la croissance des larves (adultes en miniature : 7-8 mm) dans les eaux littorales chaudes et riches en nourriture. Les larves, dès leur naissance adoptent un mode de vie benthique et sont rapidement capables de capturer de petits crustacés pour se nourrir. Le taux de croissance est fonction de la température et varie inversement avec la taille (Delance et Poignomec., 2001). Après cinq à six mois, elles atteignent la taille de “ recrutement ”.
Une phase subadulte consacrée à la maturation sexuelle et une phase adulte à la reproduction. La maturation est en particulier longue chez la femelle qui synthétise une grande quantité de vitellus stocké dans les œufs.
A l’âge adulte (18-22 mois), les animaux atteignent une taille de 20 à 30 cm de longueur dorsale du manteau pour un poids de 1 à 2 kg. La longueur maximale du manteau peut atteindre 45 cm pour un poids de 4 kg dans les eaux tempérées, contre une taille légèrement supérieure à 30 cm dans les eaux subtropicales. Les tailles communément rencontrées dans les pêcheries de l’ouest Sahara sont comprises entre 15 et 25 cm. A la première maturité, les femelles ont une longueur de manteau de 13.5 cm contre 12 à 14 cm pour les mâles.

Table des matières

Introduction
1. Contexte et Objectifs de l’étude 
2. Synthèse bibliographique
2.1. Généralités sur la seiche commune 
2.1.1. Classification
2.1.3. Cycle de développement
2.1.3.1. Reproduction
2.1.3.2. Développement embryonnaire
2.1.4. Alimentation
2.1.5. Distribution géographique et écologie
2.2. Système de gestion 
2.2.1. Techniques de pêche
2.2.2. Captures et état d’exploitation
2.2.3. Commercialisation
3. Matériel et Méthodes 
3.1. Matériel 
3.1.1. Zone d’étude
3.1.2. Outils d’enquêtes
3.2. Méthodes 
3.2.1. Recherche documentaire
3.2.2. Enquêtes de terrain
3.2.2.1. Échantillonnage
3.2.2.2. Déroulement des enquêtes
3.2.3. Analyse et traitement des données
3.3. Difficultés rencontrées 
4. Résultats et Discussions
4.1. Résultats 
4.1.1. Identification des acteurs
4.1.2. Profil des enquêtés
4.1.3. Organisation des acteurs
4.1.4. Unités de pêche et stratégies d’exploitation
4.1.5. Organisation des sorties en mer
4.1.6. Commercialisation
4.1.7. Compréhension de la gestion des ressources
4.1.8. Mise en place de stratégie de cogestion locale
4.1.8.1. Organisation et fonctionnement du CLPA
4.1.8.2. Motivations de gestion de la seiche
4.1.8.3. Les stratégies de gestion de la seiche
4.2. Discussions 
Recommandations 
Conclusion 
Références bibliographiques 
ANNEXES

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