Résumés des articles
1. Ulirsch, J. C., Ballina, L. E., Soward, A. C., Rossi, C., Hauda, W., Holbrook, D., … McLean, S. A. (2013). Pain and somatic symptoms are sequelae of sexual assault : Results of a prospective longitudinal study. Cette étude quantitative réalisée aux Etats-Unis s’intéresse aux femmes âgées de plus de 18 ans (n=517) ayant été victimes d’agressions sexuelles dans les 48h. Les femmes sont interrogées sur leurs symptômes après 3 mois, puis 6 mois suite à l’agression. Les résultats de cette étude démontrent que les participantes présentent des douleurs pires ou nouvelles après 6 semaines et 3 mois suite à l’agression, et la plupart du temps dans des régions non touchées lors de l’agression. Les résultats relèvent aussi que suite à l’agression, les victimes expérimentent plusieurs symptômes post-traumatiques qui augmentent de manière significative en sévérité 6 semaines et 3 mois suite à l’agression. La corrélation entre les douleurs significatives et nouvelles et les symptômes post-traumatiques reste tout de même faible à modérée. En conclusion, les auteurs affirment que des douleurs nouvelles et/ou cliniquement empirées ainsi que des symptômes somatiques qui subsistent jusqu’à 3 mois après l’agression, sont des séquelles d’agressions sexuelles. Toutefois, des études approfondies concernant ce sujet doivent encore être effectuées.
2. Straight, J. D. & Heaton, P. C. (2007). Emergency department care for victims of sexual Offense Cette étude quantitative réalisée aux Etats-Unis a pour but de recenser les protocoles dans différents hôpitaux du pays concernant la prise en charge des patients victimes de violences sexuelles (n= 251’762) et de les confronter aux recommandations nationales. La méthode comparative utilisée s’appuie sur des données provenant d’autres recherches effectuées à grande échelle dans le pays. Les résultats mettent en avant certaines caractéristiques communes aux victimes, telles que le sexe féminin, l’âge supérieur à 12 ans, la race caucasienne ou l’absence de couverture d’assurance privée. Ils démontrent également une absence de systématisation dans la prescription d’antibiotique, de prophylaxie HIV, de test de grossesse et de consultations de suivi. Les auteurs de l’étude suggèrent un recours plus fréquent aux pharmaciens dans la mise en place des plans de soins, notamment pour réduire des coûts superflus. Ils concluent leur recherche en constatant une prise en charge en dessous des standards de qualité établis au niveau national.
3. Botello, S., King, D. & Ratner, E. (2003). The SANE approach to care of the sexual assault survivor Cette étude qualitative cherche à présenter les bénéfices observés à la suite de la mise en place d’une formation SANE dans un hôpital au Texas, au travers d’un narratif retraçant la création de la formation dans ce contexte. Elle souligne particulièrement la multidisciplinarité nécessaire à la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Les résultats font état des modifications du fonctionnement hospitalier précédent, notamment par la création d’un modèle de soins, ainsi que d’un algorithme de triage. Les auteurs constatent une augmentation du nombre de victimes prises en charge et en déduisent un accès aux soins facilité depuis l’instauration des infirmières SANE. Ils recommandent une plus grande implication des aumôniers de l’hôpital dans l’accompagnement psychologique et spirituel des victimes.
4. Girardin, B., W. (2005). The Sexual Assault Nurse Examiner: A Win-Win Solution. Cette étude qualitative réalisée aux Etats-Unis a pour but de démontrer en quoi la profession SANE a amélioré la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles et comment elle s’insère dans une prise en soins multidisciplinaire. Les résultats démontrent que l’introduction des SANE aux urgences a permis une prise en charge plus adaptée et plus rapide pour les victimes. De plus, la prise en charge SANE au sein de l’équipe SART s’engage à avoir un suivi régulier, d’une part du patient (au moins une fois par mois) afin d’avoir un feed-back individualisé de la victime, et d’autre part de l’équipe pour prendre en considération les éventuelles recommandations et afin de maintenir un travail en équipe agréable et efficace. En conclusion, avec l’augmentation de l’affluence aux urgences, les SANE ont pu anticiper la prise en charge de ces victimes en fournissant des soins de qualité et en s’entourant d’une équipe multidisciplinaire qualifiée.
La nécessité d’une prise en charge globale des victimes de violences sexuelles
Selon Ulirsch et al. (2013), Les séquelles d’une agression sexuelle se divisent en trois catégories : les douleurs apparues après l’agression, les autres symptômes somatiques et les signes et symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Les douleurs se manifestent dans un tiers des cas au minimum dans plus de trois régions distinctes du corps (Ulirsch et al., 2013). Le reste des symptômes somatiques présentent une grande variation à la fois dans leur nature (insomnie, nausée, agitation, etc.) et dans leur évolution dans le temps (Ulirsch et al., 2013). Le syndrome de stress post traumatique est présent chez quasiment la totalité des victimes immédiatement après l’agression et reste prévalent chez la majorité des sujets de l’étude plusieurs mois après l’événement (Ulirsch et al., 2013). Dans l’étude de Straight et Heaton, il ressort des résultats que seul un total de 20.4 % des consultations pour abus sexuel remplit tous les critères de soins suffisants (respectant les recommandations nationales) définis par l’étude [traduction libre] (2007, p.1847). Ces lacunes se répartissent entre le manque de prescription systématique d’une prophylaxie pour les principales MST, l’absence de la mise à disposition d’une contraception d’urgence, ainsi qu’un manque de suivi post-hospitalisation (Straight & Heaton, 2007).
D’après Girardin, les infirmières SANE au sein de l’équipe SART (sexual assault response team) ont pour mission de fournir à leurs patients des soins cliniques de qualité, des traitements préventifs, et visent la satisfaction du patient [traduction libre] (2005, p.130). La prophylaxie pour les MST, la contraception d’urgence, le suivi gynécologique et la prise en charge émotionnelle et spirituelle de la victime et sa famille, par l’enseignement de techniques propres à l’encouragement et au soutien, sont spécifiquement mentionnés dans le cahier des charges de l’infirmière SANE [traduction libre] (2005, p.127). Botello, King et Ratner (2003) exposent dans leur article les bénéfices engendrés sur le plan spirituel et émotionnel des victimes et de leur entourage, par une équipe SART dont font partie les infirmières SANE. Ces bénéfices sont apportés par l’implication de l’équipe, par la facilitation de la création d’un réseau de soutien, et par l’accès à une variété de type d’intervenants (Botello, King & Ratner, 2003).
Dans leur étude, Patterson et Campbell (2011) font état des bénéfices apportés par une prise en charge des victimes de violences sexuelles par un programme SANE et/ou SART sur le plan de la promotion du bien-être psychique et somatique des victimes. Patterson et Campbell (2011) s’appuient sur plusieurs études pour souligner les avantages d’une prise en charge SANE. Pour ce qui est de la prise en charge émotionnelle et spirituelle, Campbell et al. (2001, cité dans Patterson & Campbell, 2011), Ericksen et al. (2002, Patterson & Campbell, 2011), et Malloy (1991, cité dans Patterson & Campbell, 2011), soulignent l’importance de la présence infirmière pour la majorité des victimes. La prise en charge est qualifiée de grande aide dans la situation de crise [traduction libre] (Malloy, 1991, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p. 7). Les victimes déclarent s’être senties soutenues, respectées, crues, et bien prises en charge [traduction libre] (Campbell et al., 2001, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p. 7) ainsi que respectées, en sécurité, en contrôle, informées, et bien prises en charge [traduction libre] (Ericksen, 2002, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p. 7). Sur le plan somatique, une proposition de prophylaxie MST et de contraception d’urgence est offerte de manière plus systématique par les services employant des infirmières SANE que par des services d’urgences disposant d’un système de prise en charge standard (Ciancone et al., 2000, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p. 8 ; Crandall & Helitzer, 2003, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p. 8-9).
Le potentiel de l’interdisciplinarité Girardin (2005) fait émerger le concept du second viol : en effet, plusieurs facteurs composent cette notion : la répétition multiple du récit de la victime aux différents intervenants, l’attente prolongée aux urgences, la confrontation avec du personnel masculin et/ou inexpérimenté et le nombre élevé d’intervenants. La prise en charge des infirmières SANE opérant au sein d’une équipe SART permet une coordination entre professionnels dont les rôles sont définis et les interventions protocolées, ce qui évite ainsi à la victime de répéter plusieurs fois son récit (Girardin, 2005). Contrairement à une prise en charge standard, les intervenants SART sont formés spécifiquement à ce type de situation et disposent d’une expertise en la matière (Girardin, 2005). Dans l’étude de Botello, King et Ratner (2003), l’interdisciplinarité d’une équipe SART est illustrée par un modèle de soins (MSTH SAFE). Ce modèle met en avant les différents intervenants impliqués dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Parmi les intervenants principaux, les aumôniers assurent un soutien émotionnel et spirituel tant auprès des victimes qu’auprès du personnel soignant (Botello, King & Ratner, 2003). Ceci pourrait contribuer à une diminution du taux de burn-out des soignants et à une prolongation de leur taux d’activité (Botello, King & Ratner). L’étude de Patterson et Campbell (2011) fait référence à Crandall et Helitzer en qualifiant la prise en charge avant l’implémentation d’une équipe SART de fractionnée et séparée [traduction libre] (2003, cité dans Patterson & Campbell, 2011, p.10). En outre, Straight et Heaton (2007) suggèrent dans leur recherche un recours plus fréquent à l’expertise des pharmaciens lors de la prescription de traitements médicamenteux pour les victimes. En effet, des économies non négligeables pourraient être réalisées si les pharmaciens effectuaient des prescriptions respectant les recommandations nationales.
1. Introduction |