PRISE EN CHARGE DES MYCOSES CUTANEES
SUPERFICIELLES
Généralités sur les mycoses cutanées superficielles
Définition des mycoses cutanées superficielles Les mycoses superficielles sont des maladies infectieuses très fréquentes de la peau, des phanères et des muqueuses dues à des champignons microscopiques (levures, dermatophytes et moisissures). Les levures sont représentées par le genre Candida et par le genre Malassezia. Elles ont une forme arrondie et se reproduisent par bourgeonnement ou en formant des pseudo-filaments. Le genre Candida à une affinité pour la peau, les muqueuses et les phanères alors que le genre Malassezia est l’agent responsable de pityriasis versicolor. Les dermatophytes sont des champignons filamenteux et kératinophiles qui se développent préférentiellement dans la couche cornée de la peau et des phanères. Les moisissures sont rarement responsables d’infections cutanées superficielles [12]. II. Facteurs favorisant Plusieurs facteurs favorisent des mycoses superficielles : Le diabète, certaines maladies entraînant une immunodépression (VIH, maladies auto-immunes….) et les traitements immunosuppresseurs (corticothérapie) favorisent l’émergence des mycoses en provoquant un déséquilibre de la flore bactérienne de la peau. L’obésité favorise les mycoses des plis du fait de la macération locale entraînée par les plis graisseux. Les milieux humides favorisent les mycoses des mains et des pieds. Le port de chaussures synthétiques, la marche pied nus dans les collectivités favorisent les mycoses des plis interorteils.
Dermatophytoses
Dermatophytoses de la peau glabre
Dermatophytie circinée La dermatophytie circinée s’observe à tous les âges et siège essentiellement sur les zones découvertes. Ce sont des lésions qui débutent par une macule érythémateuse souvent prurigineuse à extension centrifuge (propagation du champignon à partir du point d’inoculation), à bordure nette, vésiculeuse ou squameuse et à centre pâle. La bordure circulaire va être le siège de phénomènes inflammatoires épidermiques tandis que le centre tend à guérir (figure 2). Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec le psoriasis annulaire, l’eczéma nummulaire et le pityriasis rosé de Gibert au stade du médaillon initial [14-16]. Figure 2: Dermatophytie circinée [16]. 16 III.1.1.2. Intertrigos dermatophytiques Intertrigos des grands plis Ils sont très fréquents surtout après la puberté, et siègent essentiellement au niveau des plis inguino-cruraux et interfessiers. L’éruption est érythématosquameuse, débute dans le fond du pli et s’étend de façon asymétrique en débordant largement sur la face interne de la cuisse. L’extension vers le pubis et l’abdomen est possible. La bordure est polycyclique, souvent en relief, vésiculeuse ou squameuse. Le prurit toujours associé constitue le motif de consultation (figure3). Le diagnostic différentiel se pose avec les candidoses des grands plis, le psoriasis inversé des plis, l’érythrasma et l’eczéma de contact [14-16]. Figure 3 : Intertrigo des grands plis [16]. Intertrigos des petits plis Ils touchent les pieds et les mains ; mais les pieds sont beaucoup plus atteints que les mains. La lésion touche préférentiellement les 3ème et 4ème espaces interdigitaux, sous l’aspect d’une simple desquamation sèche ou suintante, associée ou non à des fistules, des vésico-bulles sur la face interne des orteils et au fond du pli (figure 4). Le prurit est variable. L’intertrigo interorteil est une source potentielle de complications : 17 porte d’entrée bactérienne à l’origine d’érysipèle de jambe ; diffusion à l’ensemble du pied, voire à d’autres régions du corps ; sur la plante, se développe une hyperkératose farineuse et parfois des lésions vésiculo-bulleuses. Le diagnostic différentiel se pose surtout avec l’érythrasma, une candidose à Candida albicans, l’eczéma dysidrosique et l’intertrigo bactérien où les lésions sont érosives, parfois verdâtres résistantes au traitement antifongique [14-16]. Figure 4: Intertrigo interorteil [16]. III .1.1.3. Kératodermies palmoplantaires Elles se présentent sous deux formes qui se développent au niveau de la plante et du bord du pied avec des prurits variables. La première forme, entraîne une desquamation ou une hyperkératose d’épaisseur variable prenant un aspect farineux au niveau des plis de flexion. Sur le dessus du pied, la lésion est arciforme. La deuxième forme donne les lésions qui sont sous formes dysidrosiques vésiculobulleuses (figure5). Ces deux formes sont respectivement dues à Trichophyton rubrum et Trichophyton interdigitale. Elles coexistent ou non avec l’intertrigo interorteil .
Dermatophytoses unguéales
L’envahissement de l’ongle par le dermatophyte se fait par différentes voies définissant ainsi différentes formes cliniques [17]. Le dermatophyte pénètre souvent par le bord libre (hyponychium) ou latéral de l’ongle, il en résulte une hyperkératose sous-unguéale distolatérale (figure 6), puis une onycholyse par détachement de la tablette de son lit. La tablette est ensuite progressivement envahie jusqu’à la zone matricielle réalisant une onychodystrophie totale. La leuconychie superficielle et l’onychomycose proximale (figure7) envahissant de manière superficielle et sous-unguéal proximal l’ongle respectivement, sont plus rares. Ces atteintes de l’ongle ne sont jamais précédées d’un périonyxis. La présence associée d’intertrigo interorteil et/ou d’une kératodermie plantaire est habituelle. 19 Le diagnostic différentiel se pose avec un onyxis dû à un autre champignon (Candida ou moisissure) et d’autres onychopathies d’origine traumatique ou en rapport avec d’autres dermatoses : psoriasis, lichen, eczéma, etc., d’où l’importance d’un prélèvement mycologique [18]. Figure 6: Onychomycose avec une hyperkératose sous-unguéale distolatérale.
Teignes
L’aspect clinique des teignes est variable. Ce polymorphisme clinique est dû à la diversité des agents des teignes et au degré de résistance de l’hôte à l’infection par les dermatophytes. On distingue les teignes tondantes, les teignes inflammatoires ou suppuratives ou kérions et les teignes faviques. Teignes tondantes Ce sont les plus fréquentes, elles sont observées essentiellement chez l’enfant et guérissent le plus souvent à la puberté. Les cheveux parasités sont cassés courts et il n’y a pas d’évolution vers l’alopécie définitive [19]. On distingue deux variétés de teigne : les teignes microsporiques dues à des dermatophytes du genre Microsporum d’origine animale ou humaine et les teignes trichophytiques dues à des dermatophytes du genre Trichophyton d’origine humaine. Teignes microsporiques Elles réalisent des plaques squameuses bien limitées de 2 à 5 cm de diamètres uniques ou peu nombreuses, grossièrement arrondies où tous les cheveux sont cassés courts de 2 à 3 mm de leur émergence. Ces cheveux prennent un aspect dit givré dû à la gaine de spores qui les entoure (figure 8). L’examen en lumière de Wood (365) met en évidence une fluorescence verte plus ou moins intense des cheveux parasités sur toute leur longueur.
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