Troubles anxieux
Quant aux troubles anxieux, ils se définissent comme un ensemble de troubles qui regroupent plusieurs entités cliniques tant psychologiques que physiques. Ils sont aujourd’hui bien caractérisés et ont comme dénominateur commun l’anxiété. Les troubles anxieux sont des troubles chroniques, dont le diagnostic est établi par un médecin, ils relèvent donc d’un suivi particulier et ne pourront pas être pris en charge uniquement à l’officine (cf. les limites de prise en charge à l’officine). La phobie spécifique, le trouble anxieux généralisé (TAG) ou chronique, le trouble obsessionnel compulsif (TOC), le stress post traumatique, le trouble panique, le trouble anxieux social font partie des troubles anxieux.
Le système nerveux central et périphérique
Le système nerveux est un ensemble anatomique constitué de cellules et de tissus.15 Il permet d’effectuer les différentes commandes et le contrôle de l’organisme. Il est divisé en deux parties : le système nerveux central et le système nerveux périphérique.
Le système nerveux central (SNC) est lui-même composé de l’encéphale et de la moelle spinale. On retrouve dans l’encéphale le tronc cérébral, le cervelet et le cerveau qui comprend le diencéphale et le télencéphale.
Quant au système nerveux périphérique (SNP), il est lui-même divisé en deux sections : une partie somatique composée des douze paires de nerfs crâniens sortant de l’encéphale et des trente et une paires de nerfs spinaux, appelés aussi nerfs rachidiens sortant de la moelle spinale le long de la colonne vertébrale et une partie autonome, aussi appelée végétative ou viscérale elle-même divisée en partie sympathique et parasympathique.
L’axe hypothalamo-hypophysaire
L’hypothalamus se situe dans le diencéphale et fait donc partie du SNC également. La tige pituitaire permet de le relier à l’hypophyse qui est localisée juste sous l’hypothalamus. L’ensemble constitue l’axe hypothalamo-hypophysaire. L’hypophyse est constituée de l’adénohypophyse, appelée également l’antéhypophyse et de la neurohypophyse, appelée aussi posthypophyse. La sécrétion d’hormones : Une hormone est une substance sécrétée dans un milieu intérieur et qui va interagir sur une cellule cible en se fixant sur un récepteur (protéine qui reconnait la molécule de manière spécifique).
L’hypothalamus sécrète des hormones qui ont pour cible l’adénohypophyse. Ces hormones sont appelées libérines. Elles vont activer ou au contraire inhiber la libération d’hormones hypophysaires. Parmi elles, on note la CRH (ou corticolibérine) qui va stimuler la sécrétion d’ACTH (adrénocorticotrophine).
L’adénohypophyse sécrète donc l’ACTH qui est une stimuline et qui va aller agir sur un organe cible : la corticosurrénale.
La régulation de la sécrétion d’hormones : L’hypothalamus reçoit des informations de différentes structures comme le thalamus, le système limbique, les aires cérébrales corticales. Cela va influencer la libération de CRH et ainsi d’ACTH.
La CRH est sécrétée de manière circadienne, donc sur une période de 24 heures, sa concentration est maximale vers six heures du matin, elle impose donc ce rythme également à l’ACTH.
Lien entre les différentes structures dans une situation de stress ou d’anxiété
Les deux voies de réponse au stress : courte et longue Lors d’une situation de stress ou d’anxiété, le thalamus intègre les informations extérieures. Deux voies peuvent être empruntées : la voie thalamo-amygdalienne (voie courte) et la voie thalamo-cortico-amygdalienne (voie longue). La voie courte est une perception grossière et rapide de la situation anxiogène. Elle active l’amygdale qui fait naître des réactions émotionnelles. La voie longue, elle, fait intervenir la structure corticale qui permet de préciser si le stimulus est véritablement menaçant. Pour réaliser cela, différents niveaux de traitement cortical sont nécessaires.
La voie hypothalamo-sympathico-médullosurrénalienne : L’hypothalamus active le système sympathique qui va alors stimuler la médullosurrénale, cette dernière sécrète donc notamment de l’adrénaline qui a plusieurs conséquences symptomatiques : Une augmentation de la fréquence cardiaque, Une augmentation de la fréquence respiratoire, Une augmentation de la sudation, Une constriction au niveau des sphincters viscéraux comme ceux de l’estomac d’où la sensation de boule au ventre… Cette première cascade est ce qu’on appelle la réponse à court terme.
La voie hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalienne : En parallèle, on observe également une réponse au long terme, c’est-à-dire une augmentation de cortisol par le biais de l’augmentation de CRH et d’ACTH. La production de cortisol a plusieurs conséquences : Une augmentation du glucose dans le sang, Une diminution de la réponse inflammatoire, Une diminution de la réponse immunitaire.
Le cortisol envoie alors un rétrocontrôle négatif à l’hypothalamus pour réguler cet axe. Cependant, lorsque le stress est chronique ou très intense, le cortisol est libéré de manière continue ce qui est néfaste pour le cerveau (contient de nombreux récepteurs aux glucocorticoïdes).
Facteurs de vulnérabilité
Les facteurs intrinsèques : L’intensité de l’anxiété peut être différente entre deux individus en fonction des facteurs de vulnérabilité. Certaines personnes seront plus vulnérables face au stress. On note les facteurs intrinsèques : ils ne sont pas modifiables. L’âge : il est reconnu que les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables aux effets négatifs du stress. En effet le cerveau est en période de changement : en développement ou vieillissement de plusieurs structures cérébrales. Cependant, plus l’âge des adolescents augmente, plus ils sont susceptibles de ressentir des symptômes dépressifs et de burnout scolaire. Ceci peut être expliqué par l’augmentation avec l’âge des exigences scolaires.
Le sexe : il est montré que les femmes sont deux fois plus à risque de développer de l’anxiété par rapport aux hommes (Anxiety and Depression Association of America. Cela peut s’expliquer par la nature et le taux des différentes hormones sexuelles présentes dans le corps d’un individu : en effet la progestérone active l’axe hypothalamo-hypophyso surrénalien tandis que l’œstradiol et la testostérone l’inhibe.
La personnalité : les personnes possédant une faible estime de soi sécrètent plus de cortisol (Pruessner, Hellhammer et Kirschbaum, 1999). De plus, les concentrations de cortisol redeviendraient plus vite à la normale chez une personne optimiste (Puig-Perez et al., 2015). Le neuroticisme, trait de personnalité caractérisé par une tendance persistante à vivre des émotions négatives est mis en avant comme facteur de vulnérabilité (Rolland, J.P., 2002). Au contraire, le caractère consciencieux et la stabilité émotionnelle jouent un rôle protecteur.
Les facteurs extrinsèques : La nature et la fréquence d’exposition aux stresseurs constituent les facteurs extrinsèques. En effet, une exposition à différentes situations stressantes permet au corps de réagir et de s’adapter. C’est le principe du vaccin. Par exemple, pour la préparation au baccalauréat, pendant son année scolaire, l’élève devra effectuer des contrôles et des baccalauréats blancs afin de mieux être préparé pour l’examen final. Pendant ces entrainements, il apprendra à gérer les doses de stress pour qu’une fois arrivé au baccalauréat, la réaction de stress soit moins intense. Par conséquent, cela permet de diminuer également l’anxiété de l’élève car il sait à quoi il doit s’attendre. Cependant il faut faire attention à ce que les différents stresseurs soient adaptés à la capacité de l’enfant : ils ne doivent pas être trop intenses ou importants afin de ne pas tomber dans l’adversité précoce qui a pour conséquence délétère de déséquilibrer l’axe hypothalamo-hypophysaire : les individus ayant subi de l’adversité précoce possèdent des taux de cortisol différents de la normale et sont ainsi moins aptes à réagir à une situation de stress normale ou saine par la suite.
Table des matières
Introduction
I. Le stress, l’anxiété et l’anxiété scolaire
1. Le stress et l’anxiété
1.1 Définitions
1.2 Historique et évolution des concepts
1.3 Neurobiologie
1.4 Facteurs de vulnérabilité
1.5 Les limites de prise en charge à l’officine
1.6 Prise en charge par traitements conventionnels
2. L’anxiété scolaire
2.1 Types de stress et d’anxiété scolaire
2.2 Le rôle des parents
2.3 Le rôle des enseignants
2.4 Les facteurs protecteurs du stress scolaire
2.5 Epidémiologie
2.6 Anxiété et processus d’apprentissage
2.7 Anxiété en classe
2.8 De l’anxiété au burnout scolaire ?
II. Prise en charge par la phytothérapie
1. Généralités
1.1 Définitions
1.2 Historique
1.3 Les différentes galéniques
1.4 Réglementation
1.5 Limites de la phytothérapie
2. Les plantes utilisées contre le stress et l’anxiété scolaire
2.1 L’aubépine
2.2 La ballote noire
2.3 L’eschscholtzia
2.4 Le houblon
2.5 La mélisse
2.6 L’oranger amer (Bigaradier)
2.7 La passiflore
2.8 La pérille
2.9 La rhodiole
2.10 Le tilleul
2.11 La valériane
2.12 La verveine odorante
III. Prise en charge par l’aromathérapie
1. Généralités
1.1 Définitions et caractérisation
1.2 Historique
1.3 Posologie et différentes voies d’administration
1.4 Les différentes familles biochimiques des constituants d’une huile essentielle
1.5 Réglementation
1.6 Les limites d’utilisation et toxicité
2. Huiles essentielles utilisées contre l’anxiété
2.1 Le basilic exotique
2.2 La camomille noble (romaine)
2.3 La lavande officinale (vraie)
2.4 Le lavandin super
2.5 La mandarine
2.6 La marjolaine à coquille
2.7 La mélisse
2.8 L’oranger amer (bigaradier)
2.9 L’orange douce
2.10 Le ravintsara
2.11 Le romarin à verbénone
2.12 L’ylang-ylang
IV. Cas de comptoir à l’officine
1. Cas n°1
2. Cas n°2
3. Cas n’°3
4. Cas n°4
Conclusion
Références bibliographiques