Printemps silencieux

Printemps silencieux

Une « approche écosystémique » Rachel Carson est l’une des premières scientifiques à adopter une « approche écosystémique » qui consiste à considérer la nature comme un organisme vivant, pour décrire la chaîne de transmission des pesticides sur les plantes, les animaux et les hommes. « Pour la première fois dans l’histoire du monde, tous les êtres humains sont en contact avec des produits toxiques de leur conception jusqu’à leur mort ».

Ces produits qu’elle nomme les « élixirs de mort » appartiennent à l’un des deux groupes chimiques suivants : celui des hydrocarbures chlorurés représentés par le DDT et celui des corps phosphorés organiques représentés par des insecticides comme le malathion ou le parathion. Sa première critique des nouveaux procédés industriels se dirige contre l’intensification de l’agriculture qui rend les plantes plus vulnérables aux attaques des insectes, expliquant que « la monoculture ne tire pas profit des principes selon lesquels la nature fonctionne, c’est l’agriculture conçue par un ingénieur » ! Ce sont justement ces stratégies de diversité de la nature qui se trouvent détruites par l’action biologique des pesticides sur les sols, l’eau, les animaux, les plantes sauvages et enfin sur l’homme.

Dans la nature tout est lié L’autre force du livre de Rachel Carson est qu’elle ne se contente pas de donner des chiffres mais explique dans le détail, la chaîne de transmission du processus de pollution, en montrant que « dans la nature tout est lié ». Les produits chimiques détruisent en effet « les enzymes, accélérateurs des réactions de défense du corps, bloquent les processus d’oxydation dont les êtres tirent leur énergie, interrompent le fonctionnement de divers organes, et peuvent déclencher en certaines cellules de lentes évolutions irréversibles qui conduisent à la mort ».

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Si l’exemple des oiseaux est le plus marquant, l’auteur illustre ses démonstrations de la chaîne de transmission de la pollution par des chapitres dédiés à chaque écosystème : l’eau, le sol, la végétation, les autres animaux et les hommes. Elle fait preuve d’une remarquable pédagogie en prenant le temps d’expliquer des données scientifiques complexes et de sensibiliser le lecteur en soulignant la dimension de crise vécue dans le quotidien de citoyens ordinaires. Pollution de l’eau Le lac Clear en Californie offre l’exemple du désastre provoqué par le DDT répandu pour se débarrasser d’un moucheron gênant.

Rachel Carson explique comment, une fois déversées dans le lac, les eaux retiennent le poison dans les microscopiques cellules du plancton et des petites puces d’eau que mangent à leur tour les poissons, les oiseaux, les ratons laveurs etc. La contamination des eaux pose un problème plus grave de contamination générale des rivières souterraines, car la nature « ignore les compartimentages ». 8 Ainsi, les pluies peuvent dissoudre les pulvérisations des produits chimiques répandus dans les cultures pour tuer des insectes, les entraînant par ruissellement dans les eaux souterraines et superficielles puis dans l’océan.

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