Prévalence du VIH et facteurs de vulnérabilité
Variabilité génétique
Le VIH est un virus qui a une grande variabilité génétique et diversité. Les génomes des VTH1 et VJH-2 partagent entre eux 42% d’homologie avec quelques différences génétiques dans la région V3 . Cette homologie est plus importante au niveau des gènes gag et po/ (> 50%) qu’au niveau des gènes env ( < 40%). Chaque type de virus possède un gène de régulation unique, vpu pour VIH-1 et vpx pour VIH-2. On explique cette grande variabilité génétique du VIH par plusieurs causes comme des mutations aléatoires fréquentes, des recombinaisons génétiques, des processus de sélection naturelle. Aussi, la glycoprotéine gpl20 (codée par le gène env) possède des régions constantes et variables et une boucle V3 hypervariable. L’analyse de cette région variable a abouti à l’élaboration d’un arbre phylogénétique du VIH-1 (26, 72, 86, 881: • VIH-1 du groupe M (Major group), proche de SIVcpz Pan-troglodytes-troglodytes (Afrique Centrale) [741 et qui correspondent aux virus les plus répandus dans le monde (> 95% des souches) avec neuf sous-types (A, B, C, D, F, G, H, J et K), des sous-soustypes (A 1- AS, FI, F2, B, C, D) auxquels s’ajoutent 98 formes recombinantes circulantes ou CRFs 120, 115, 148]. • VIH-1 du groupe 0 (Outlier group) proche de SIVcpz (Afrique Centrale) isolés entre 1990 et 1994 avec le Cameroun reconnu comme épicentre de l’épidémie [101] • VTH-1 du groupe N (pour non-M, non-0 group) mise en évidence en 1998 au Cameroun et phylogénétiquement reliée à SIVcpz des chimpanzés (sous-espèces de singes Pantroglodytes-troglodytes d’Afrique Centrale) [1211 • VTH-1 du groupe P découvert en 2009 chez un patient camerounais et proche de SIVgor des gorilles (sous-espèce Gorilla gorilla) .Le VTH-2, proche de SIVsm des singes Sooty mangabey (singe vert africain), est présent dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et présente également une variabilité génétique avec huit groupes classés de A à H dont deux principaux que sont le groupe A retrouvé au Cap-Vert, Guinée-Bissau, Guinée, Sénégal et le groupe B retrouvé en Côte d’lvoire, Mali et Burkina Faso [26, 108). Contrairement au VTH-1 , il n’existe à ce jour qu’une seule fonne recombinante (CRFOl _AB) 1681. Cette variabilité génétique confère au VIH un grand pouvoir d’adaptation par rapport à son hôte. Ce pouvoir d’adaptation va lui permettre d’échapper en particulier aux réponses immunes ou aux thérapeutiques antirétrovirales par sélection des mutants capables de résister à ces processus d’inhibition de la réplication virale.
Histoire naturelle de l’infection à VIH
Elle se caractérise par l’ évolution de l’ infection depuis la contamination d’un sujet par le VIH jusqu’au dernier stade matérialisé par la maladie du SIDA. L’infection à VIH évolue en trois phases : la primo-infection, l’infection asymptomatique et le stade SIDA comme décrit dans la figure 3. 3-8 semaines Primo Infection Lymphocytes C04 I /’ ;c. AMtg ;- – – / / / / / / Char • virait ARN jusqu’à 12 an AsymptomaUque Figure 3: Les différentes phases de l’infection à VIH [94] 3.1 Différentes phases de l’infection à VIH
Primo-infection g H 2.M ans SIDA
Le virus pénètre dans l’organisme et gagne les ganglions lymphatiques où il va se multiplier dans les lymphocytes CD4+. Au cours de cette phase qui peut durer jusqu’à 48 heures, il n’y a aucun signe clinique ou biologique permettant de faire le diagnostic. Cette virémie peut être objectivée par la mesure de la charge virale plasmatique détectable dès le 7ème jour et par la recherche de l’antigénémie à partir du 15ème jour. Cette primo infection est accompagnée de signes cliniques non spécifiques : fièvre, arthralgies, céphalées et polyadénopathies.
Phase asymptomatique ou de séroconversion
Elle commence avec l’apparition des anticorps anti-VIH au plus tôt 3 semaines et au plus tard 7 mois ; le délai moyen d’apparition est de 6 à 8 semaines. Ces anticorps augmentent dans le sang alors que la virémie chute. Le virus ne se multiplie que dans les organes lymphoïdes et la virémie reste basse. Cette multiplication est inhibée par )!action des lymphocytes CD8+ (Tcytotoxiques) qui détruisent les cellules infectées et par les anticorps qui vont limiter la fixation sur les cellules cibles. Cette phase est cliniquement muette et peut durer plusieurs années. Aminata Dia, Mémoire de Master de Microbiologie Fondamentale et Appliquée, UCAD 2018 l) L’altération continue des lymphocytes CD4+ (T-helper) va aboutir à une rupture de l’équilibre qui s’est établi entre réplication intraganglionnaire du virus et la réponse immunitaire.
Syndrome de l’immunodéficience acquise ou SIDA
Lorsque le nombre de lymphocytes CD4+ chute à moins de 200 cellules par mm3 de sang, le syndrome d’immunodéficience apparaît car les défenses de l’organisme s’amenuisent. La virérnie augmente et devient facilement détectable. Les manifestations cliniques sont fonction du degré d’immunodépression déterminé par le nombre de lymphocytes CD4+. Les plus fréquentes sont les infections opportunistes telles que toxoplasmose, candidose, tuberculose, herpes. On est alors au stade de SIDA qui peut se traduire par l’apparition de cancers tels que le sarcome de Kaposi.
Cinétique des marqueurs
Le virus est décelable sous forme d’ARN à partir des 1O-l2ème jours et sous forme d’antigène p24 vers les 12-14ème jours. Puis, apparaissent les premiers anticorps détectables en moyenne vers le 21 ème jour mais le délai d’apparition des anticorps après le contact peut varier de 3 semaines à 3 mois (voir figure 4). L’apparition des anticorps ou séroconversion conditionne la positivité des tests de dépistage. Actuellement, ces tests sont le plus souvent capables de détecter, en plus des anticorps, la fraction « antigène p24 ». L’utilisation de ces tests raccourcit donc la période de « silence » sérologique ou « fenêtre » immunologique (période pendant laquelle aucun marqueur sérologique n’est détectable). Une fois produits, les anticorps antiVIH persisteront durant toute la vie du patient mais sans avoir de rôle immunisant contre la maladie .
Introduction |