Prévalence du surpoids, de l’obésité infantile et du
rebond d’adiposité précoce
DISCUSSION
Population
Afin d’être le plus exhaustif possible, nous avons réalisé une étude sur une large population. Cet objectif est atteint avec plus de 80% de la population cible sur l’étang de Berre. Cependant, il peut exister un biais du fait de la non-participation des enfants non-scolarisés, dont on ne connait pas vraiment le nombre, et pour lesquels nous ne disposons pas de données bibliographiques. Sur les 4 territoires étudiés cette année – Marseille Nord, Marseille Centre, Aubagne-La Ciotat, et étang de Berre -, la population s’élevait à 9152 enfants, pour un effectif théorique d’enfants scolarisés de 11688, soit 78,3% de la population théorique. L’âge moyen était de 48,8 mois, avec un écart-type de 2,8 mois. Le nombre d’enfants scolarisés sur les Bouches-du-Rhône est estimé à 26000. Cette étude devrait être poursuivie sur l’année scolaire 2018-2019, afin de compléter cette cartographie sur les arrondissements manquants de Marseille et Aix-en Provence et ses environs. On note une proportion de garçons plus importante que celle des filles, que ce soit sur l’étang de Berre (51,5% Vs 48,5% – sexe ratio 1,06), comme sur les 4 territoires (51,8% Vs 48,2% – sexe ratio 1,07). D’après les données INSEE (34), au 1er janvier 2018, en France métropolitaine, on comptait 390 979 hommes nés en 2013 et 372 249 femmes nées la même année, soit un sexe ratio de 1,05 (et 1,03 si l’on prend en compte la population née en 2014). Si l’on peut être satisfait de la représentativité de la population sur l’étude de prévalence du surpoids, de l’obésité et de l’insuffisance pondérale, l’interprétation de nos résultats sur la prévalence du RAP sera plus restrictive. En effet nous avons obtenu 1870 courbes interprétables, soit 45,7% des enfants scolarisés, sexe ratio 1,06 ; et 5244 courbes sur l’ensemble des 4 territoires, soit 44,9% des enfants scolarisés, sexe ratio 1,08. La population est donc moins représentative sur cette partie de l’étude. Cela reste cependant une première étude de prévalence à grande échelle sur le RAP, les études précédentes ayant été faites sur 151 enfants en France en 1984 (24) et 675 enfants en Belgique en 1998 (25).
Interprétation des résultats
Sur l’étang de Berre
Sur le territoire de l’étang de Berre, chez les enfants de 3,5 ans à 4,5 ans, la prévalence du surpoids est de 8,7% et celle de l’obésité 2,8% selon les références IOTF. La prévalence du surpoids seul variait significativement selon le sexe et concernait 10,2% des filles et 7,3% des garçons. On ne retrouvait pas de différence selon le sexe sur la prévalence de l’obésité. Cette dernière variait significativement selon le niveau de précarité du territoire ; elle concernait 3,9% des enfants des secteurs les plus précaires (PMI de Martigues et Vitrolles) et 1,9% des secteurs les moins précaires (Istres et Marignane). L’insuffisance pondérale concernait 16,7% des enfants, sans distinction significative selon le sexe ou la précarité. Si ce chiffre peut paraitre élevé, on rappelle que l’IOTF 18,5 est proche du 13ème percentile à 4 ans, c’est à-dire que 13% des enfants se trouvaient sous cette courbe lors de leur révision en 1991. Si l’on considère les valeurs seuils de Rolland Cachera (3ème percentile), 5,3% de notre population est en insuffisance pondérale (annexe 4). La prévalence du rebond d’adiposité précoce était de 24,2%. On retient qu’à l’âge de 4 ans, 16,6% des enfants, soit 1 enfant sur 6, étaient de corpulence normale et présentaient un RAP, d’où l’importance du dépistage pour une prise en charge précoce, avant que l’enfant se retrouve en surpoids. La prévalence du RAP est plus importante chez les filles (28,4%) que chez les garçons (20,2%). Il y a plus de rebonds précoces sur les secteurs plus précaires de Martigues et Vitrolles (29,1%) que sur les secteurs de Marignane et Istres (21,0%).
Sur l’ensemble des 4 territoires
L’étude a été réalisée sur 3 autres territoires : – Marseille Nord, regroupant les arrondissements suivants : o Le 13ème : Indice de Désavantage Social=45,7 – Indice de précarité 2013=1,02 o Le 14ème : IDS=82,8 – IP=1,86 o Les 15ème et 16ème arrondissements : IDS 84,4 – IP 1,88 – Marseille Centre, regroupant les arrondissements suivants : o Le 1er : IDS=89,5 – IP=2,27 o Le 2ème : IDS=100,0 – IP=2,03 o Et le 3ème arrondissement : IDS=100,0 – IP=2,71 – Aubagne-La Ciotat : IDS=15,6 – IP=0,64. 33 Les territoires de Marseille Nord et Marseille Centre sont particulièrement précaires, plus que l’étang de Berre. Ce dernier est lui-même plus précaire que le territoire d’Aubagne-La Ciotat. Les prévalences selon les références IOTF sont les suivantes : (annexe 9 et intervalles de confiance en annexe 10) – Insuffisance pondérale : 16,5% [15,8 – 17,3], 16,5% chez les filles, 16,6% chez les garçons – Surpoids seul : 9,2% [8,6 – 9,8], 10,5% chez les filles, 8,0% chez les garçons – Obésité : 3,0% [2,7 – 3,4], 3,3% chez les filles, 2,8% chez les garçons. Selon l’analyse effectuée, il n’a pas été retrouvé de différence significative entre les prévalences de l’insuffisance pondérale selon le sexe. Il en est de même pour les prévalences de l’obésité selon le sexe. Cependant, l’analyse a mis en évidence un risque de surpoids plus important chez les filles (10,5%) que chez les garçons (8,0%), et donc plus de garçons dans la norme (72,6% de garçons, 69,8% de filles). Concernant l’étude de prévalence sur le RAP, nous avons obtenu 5244 courbes – 2545 filles et 2699 garçons – parmi lesquelles : (répartition en annexe 11) – 41 rattrapages pondéraux ; 22 concernaient des filles et 19 des garçons – 1195 enfants présentent un RAP, soit 22,8% des courbes obtenues ; 662 concernaient des filles (26,0% des filles) et 533 des garçons (19,7% des garçons) – 4008 courbes sans ascension retenue. – 15,4% des enfants avec un IMC normal et un RAP, soit plus d’1 enfant sur 7. La prévalence du RAP est significativement plus élevée chez les filles que chez les garçons (p<0,001). Il n’y a pas de différence de prévalence de rattrapages pondéraux selon le sexe (p=0,51).
Comparaison aux territoires de Marseille Nord, Marseille Centre, et Aubagne-La Ciotat
L’analyse comparative des 4 territoires retrouve des différences significatives entre les territoires (p<0,001) : (annexe 12) – La prévalence de l’insuffisance pondérale est significativement plus importante sur le secteur de Marseille Nord (19,3%) que sur les autres secteurs.
I. INTRODUCTION |