PRETEURS D’ARGENT ET INSTITUTIONS DE MICROFINANCE
THEORIE DE DEVELOPPEMENT
La notion de développement implique en plus de la croissance une meilleure satisfaction des besoins fondamentaux c’est à dire la diminution de la pauvreté et des inégalités.
Théorie des étapes de croissance
ROSTOW a mis en place une théorie selon laquelle un pays doit passer par plusieurs étapes pour atteindre le développement économique. La théorie des étapes de croissance comporte cinq étapes distinctes1 : La société traditionnelle : au début, toute société est traditionnelle. Elle est agricole et stationnaire. Seule la terre représente la source de richesse. Les conditions préalables de changement : on assiste à une évolution des comportements. Ceci se vérifie par l’intérêt porté à l’éducation, à l’épargne, et à l’investissement. La technologie s’introduit dans la production et engendre l’accroissement de la productivité. Dans cette étape, le rôle de l’Etat c’est d’assurer le développement des infrastructures tant physique que juridique afin de favoriser l’esprit d’entreprise et ainsi le secteur privé. Le décalage ou « take-off » : comme les conditions pré-requises sont satisfaites (à savoir une augmentation du taux d’investissement ainsi que l’introduction de plus en plus importante de la technologie entre autres), il est plus facile pour l’Etat qui joue un rôle moteur de mettre en place les effets industrialisants de l’industrie. Ainsi, la croissance devient autoentretenu et régulière. La marche vers la maturité : cette étape est atteinte lorsque la technologie moderne se répand à toutes les activités économiques. On est face à une diversification de l’économie. L’âge de la consommation de masse : c’est la dernière phase. Dans cette étape, les besoins essentiels sont satisfaits pour toute la population. Une part de plus en plus nombreuse de la classe moyenne accède à la consommation de bien durable et atteint un niveau de vie élevé. Selon Rostow, les pays sous-développés n’arrivent pas à actionner les conditions préalables au changement. C’est pour cela qu’ils sont stationnés à la première étape c’est à dire la société traditionnelle.
Théorie de la pauvreté auto-entretenue
Cette théorie explique les difficultés du démarrage des pays pauvres du Tiers-Monde. Pourquoi n’arrivent-ils pas à dépasser la première étape (la société traditionnelle) ? La théorie de la pauvreté auto-entretenue élaborée par Nurkse en 1953 suppose que face à une série de cercle vicieux dont les pays pauvres ne peuvent briser, le sous-développement s’entretient de lui-même . On peut ainsi schématiser cette série de cercle vicieux comme suit : Source : RAPARSON Emilienne ; Cours de développement et Croissance, Université d’Antananarivo, 2000 La pauvreté est caractérisée par l’insuffisance de revenu pour satisfaire les besoins essentiels que ce soit alimentaires (extrême pauvreté) ou non (dans ce cas on parle de pauvreté générale). Dans les pays sous-développés, la proportion des pauvres est considérable . Avec leur revenu déjà faible, l’utilisation première consiste à assurer la satisfaction des besoins essentiels. Il n’y a donc pas de place pour l’épargne dans l’affectation des revenus. Or sans épargne, on ne peut investir, et s’en suit un faible productivité. Cette dernière engendre un revenu faible et ainsi la pauvreté. C’est ainsi que la boucle est bouclée. Dans ce deuxième schéma du cercle vicieux de la pauvreté, l’accent est port » au niveau de la demande. Le principe est le même que précédemment, « la pauvreté engendre la pauvreté ». C’est pour cela qu’on dit qu’elle est autoentretenue. La rupture de ce cercle vicieux dépend de l’apport de ressources extérieures. En effet, ce dernier permet la réalisation d’un investissement même si le revenu et l’épargne sont faibles. Ces deux théories expliquent pourquoi certains pays ne peuvent sortir du sous-développement et de la spirale de la pauvreté. Les pays sous-développés essaient de mettre en place des stratégies de développement afin de sortir de la pauvreté. La micro-finance en fait partie
Section 3 La microfinance un élément de stratégie de développement
A part la croissance économique, la notion de développement implique une réduction des inégalités, du chômage et de la pauvreté. Nous allons voir en quoi la microfinance représente une stratégie de développement et quelles sont les convergences entre microfinance et développement. Les pauvres que ce soit dans les pays sous-développés que développés n’ont pas accès au crédit formel4 . Or le crédit revêt une importance primordiale dans la rupture du cercle vicieux de la pauvreté. C’est pour cela que les institutions de microfinance ont été créées. En fait, elle consiste à offrir des services financiers aux pauvres et très pauvres en situation d’auto emploi5 . Sa vocation première est donc d’aider les pauvres à accéder aux marchés financiers. C’est dans ce cadre que la microfinance s’inscrit comme étant un instrument de stratégie de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Il est intéressant de voir dans quel contexte on peut caractériser la microfinance comme une stratégie de développement. Pour cela, voyons les points de convergence entre ces deux concepts (le développement et la microfinance). Le premier point de convergence se porte sur la cible principale des institutions de microfinance : les pauvres. Dans la plupart des cas, les clients des ces institutions sont surtout composés des urbains pauvres et des ruraux, ceux dépourvus de terre ou ne possèdent que de très faibles parcelles improductives6 . La microfinance crée ainsi les conditions d’accès au capital productif, qui avec les autres formes de capital, le capital humain et le capital social, offre la possibilité de sortir de la pauvreté. Le deuxième point de convergence se situe au niveau institutionnel. La micro-finance propose de créer des institutions privées et pérennes, spécialisées dans l’offre de services financiers aux pauvres7 . Ces institutions constituent un moyen d’atteindre un objectif de développement. Mais pour cela, elles doivent arriver à une situation d’autosuffisance et de viabilité financière. Certaines institutions de microfinance se sont détournées de leur objectif premier, aider les pauvres à accéder aux marchés financiers, par soucis d’équilibre et de viabilité financière. Le dernier point de convergence est atteint lorsque les institutions de micro-finance deviennent partie intégrante du système financier. Ainsi, elles augmentent considérablement la capacité du secteur financier à toucher des populations auparavant exclues des institutions formelles8 . C’est lorsque la microfinance rencontre le développement à ces trois points, qu’elle est la plus performante et constitue un moyen efficace contre la pauvreté et les inégalités.
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