Pressions sur la biodiversité à potentiel apicole malagasy

Pressions sur la biodiversité à potentiel apicole malagasy

Madagascar est connu pour sa diversité biologique. Pourtant, le pays figure parmi les zones prioritaires en termes de conservation. Il est inclus parmi les 25 hotspots1 mondiaux (Secretariat of the Convention on Wetlands, 2014). A l’échelle nationale voire internationale, la riche diversité biologique est menacée par diverses pressions et effets anthropiques auxquels les premiers responsables accusés sont les populations destinées à bénéficier des services qu’elle procure ; et l’accomplissement des initiatives prises constituent des enjeux importants. Les pressions affectant la biodiversité se caractérisent sous diverses formes. Les diversités des écosystèmes, des complexes écologiques et des espèces constituent les éléments clés de la biodiversité. Cependant, ces éléments subissent des pressions (Wilson, 1988). De nombreuses causes comme les exploitations et les gestions irrationnelles des ressources dont des écosystèmes, les changements climatiques à influences négatives, les espèces envahissantes, les pratiques liées à l’intensification agricole… sont dénoncées au niveau international et au niveau national. Les écosystèmes terrestres, dont les forêts constituent un des principaux berceaux de la biodiversité terrestre. Ils peuvent constituer des ressources mellifères utiles aux pollinisateurs. Pourtant, les exploitations irrationnelles des forêts sont importantes. D’après la Food and Agricultural Organisation ou FAO, les forêts qui représentent 30% de la superficie des terres subissent une perte annuelle de 0,11%. La majorité de la faune terrestre de Madagascar a un habitat sylvicole notamment des forêts.(Rakotofiringa, sd.)D’après WFP (1998), 200.000 à 300.000 ha de forêt disparaissent chaque année à Madagascar. . Malgré la diminution du taux de déforestation de 0,83% à 0,53% du pays, 50 000ha de forêt ont disparu par an entre 2000 et 2005 (Conservation Internationale Madagascar, 2006). Des plans d’actions et programmes environnementaux ont été mis en place pour atténuer la disparition alarmante de la biodiversité. Malgré le Plan d’Action Environnemental (PAE) mis en place depuis 1990 à Madagascar, les exploitations irrationnelles des divers écosystèmes continuent, la disparition continue de la biodiversité reste une priorité nationale. Afin de protéger les diversités biologiques dont celles endémiques et à potentiels mellifères2 , des réserves ainsi que des parcs… ont été mis en place. Si des études ont montré que les Etats et les populations à proximité des écosystèmes spécifiques notamment les réserves et parcs ont fait des actions pour lutter contre la perte de la biodiversité et sa gestion (Millenium Ecosystem Assessment, 2003) ; ces mêmes populations manifestent directement ou indirectement leurs accès limités aux ressources et leurs revendications par rapport aux mesures de protection et d’accès non équitables des dits ressources dont la forêt et les composantes de la biodiversité qui s’y trouvent. Les populations locales impliquées en tant que parties prenantes des actions de conservation de la biodiversité devraient valoriser les forêts et contribuer ainsi à leurs conservations (Kaimovitz, 2003 ; Brechin et al., 2002 ). De nombreux faits et études montrent le contraire (Toilier & Serpantié, 2007 ; Rodary et al., 2004 ; Nicholls, 2004 ; Peters, 1999 ; Weber, 1995 ; Hough 1988). Parmi les programmes, projets, activités de conservation/développement des biodiversités, des actions d’appui au développement de filières dont de la filière apicole ont été adoptées. Cependant, le développement de l’apiculture n’est pas remarquable dans certaines de ces localités. Il importe de savoir leurs portées sur l’essor de la filière apicole des zones bénéficiaires. Entre autre, le sol constitue le support de la biodiversité terrestre. Le mode d’exploitation actuel du sol à Madagascar favorise sa dégradation. Le taux de pratique de cultures sur brulis demeure élevé. Dans les systèmes de production des ménages malagasy : la culture sur bulis ou « tavy » se pratique le long de la cote est ; la pratique du « hatsake » domine dans la partie sud, le « monka » se pratique encore dans l’ouest. Ces pratiques conduisent vers l’appauvrissement des sols et de leurs végétations. Pourtant les végétations incinérées sont à potentiel apicole ; et les fumées de ces pratiques font fuir les insectes dont les pollinisateurs.

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Faible valorisation de la mégabiodiversité apicole malagasy et des pressions subits par la filière

L’apiculture est une activité qui dépend de l’existence de ressources mellifères et de colonies d’abeilles. Les pollinisateurs dont les abeilles ne font pas seulement du miel. Hormis la récolte de pollen et de nectar pour nourrir la colonie et les larves, elles fournissent des services écosystémiques permettant la pollinisation de 90% des plantes cultivées ainsi que d’autres services connexes (Dounia & Tchuenguem, 2014 ; Dounia & Tchuenguem, 2013 ; Ramananarivo et al., 2010 ; FAO, 2004 et Freitas, 2004). Elles sont indispensables à la vie sur terre. Les abeilles pollinisent chaque année les plantes et les cultures pour une valeur estimée à plus de quarante milliards de dollars, représentant plus d’un tiers de l’approvisionnement en nourriture dans beaucoup de pays (FAO, 2004). La biodiversité malagasy est constituée d’écosystèmes diversifiés dont les caractéristiques agroécologiques différents permettent le développement de végétations ainsi que de cultures différentes appréciées par les abeilles. Bon nombre des écosystèmes à potentiel apicole constituent des atouts pour le pays. La biodiversité, notamment la richesse en plantes mellifères et son support avantage la population malagasy dans la pratique de l’apiculture. Les 18 régions à potentiel apicole malagasy disposent d’écosystèmes variés caractérisés par des microclimats et végétations diversifiés favorables à la pratique apicole. Malgré les nombreuses externalités liant l’apiculture à la biodiversité (Dounia & Tchuenguem, 2013 ; Mburu et al., 2006 ; Costanza, et al., 1997), elles semblent sous-estimées à Madagascar. Dans les actions de conservation de la biodiversité, les liaisons, les effets et les impacts par rapport au développement de la pratique de l’apiculture ne sont pas connus. Pourtant l’attention accordée à ce duo est importante au niveau mondial. Parmi les 18 régions connues mellifères, moins de 10 sont connues dans la priorisation ou l’essor de la filière apiculture. Des zones à fort potentiel de production de miel et de cire ne possèdent aucune filière apicole territoriale développée. Les zones à biodiversités spécifiques sont bien connues pour leurs paysages et leurs espèces endémiques. Mais les productions issues de ces zones par contre sont peu connues. Même si les  productions issues de ces biodiversités spécifiques dont les productions de miels constituent des productions typiques des territoires d’origine, la valorisation culturelle de ces produits typiques de terroir pour un développement local est très peu exploitée à Madagascar. Les valeurs attribuées par les communautés à ces produits sont peu constatées. Les logiques d’action des exploitations apicoles semblent compliquées. Malgré les atouts fournis par les espaces géographiques, les apiculteurs qui minimisent le développement de l’apiculture dans les conduites de leurs systèmes de production ainsi que dans les sources de leurs revenus sont les plus nombreux (Andriamanalina, 2009). Alors que la conquête de marchés constitue une finalité de la production. A Madagascar ainsi qu’au niveau mondial, la filière apicole fait face à de nombreuses contraintes : produits chimiques, pertes d’habitat, changement climatique, maladie. La maladie varroase une maladie due à un acarien qui s’insère entre les segments abdominaux des abeilles adultes et les perfore (DSV, 2010) touche Madagascar depuis février 2010. Très peu de méthodes de lutte sont disponibles. Des traitements de lutte contre cette maladie au lieu de sa maitrise favorisent la désertion des ruches. Depuis la levée de l’embargo des exportations vers l’Union Européenne, l’Etat encourage les exportations pourtant les apiculteurs semblent être peu enthousiastes.

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