Pressions anthropiques négatives sur les colonies
d’oiseaux marins
La sterne caspienne Description générale
La sterne caspienne est la plus grande et la plus lourde des sternes du monde. Ses ailes longues et plutôt larges lui procurent un battement d’ailes relativement lent, à la fois puissant, agile et gracieux ; l’espèce peut aussi planer et tournoyer de manière spectaculaire (Shaffer et al., 2004). L’envergure de la sterne caspienne s’étend de 130 à 145 cm et sa longueur totale varie entre 48 et 58 cm (Borow et Demey, 2012). Le poids de la sterne caspienne est compris entre 500 et 780g (Girard, 2003). Les plumages du mâle et de la femelle sont semblables, si bien que les deux sexes ne peuvent être distingués à partir de critères externes (Shaffer et al., 2004), même si le mâle est un peu plus grand que la femelle. L’adulte se caractérise par sa calotte noire légèrement huppée et son gros bec de couleur rouge sang ou écarlate (plus orangé la première année). Le bec porte en outre une marque sub-terminale gris foncé (souvent jaune, orangée ou blanche à l’extrémité) et ses pattes noires sont plutôt longues et fortes pour une sterne. Le dessus des ailes et le dos de l’oiseau sont gris clair ; le dessous est entièrement blanc, exception faite des primaires externes, qui sont noirâtres. 11 En plumage juvénile, la calotte foncée de la Sterne caspienne permet de la distinguer des autres jeunes sternes, dont la calotte est généralement blanche. Quant au poussin, ses parties supérieures chamois sont vermiculées de petites marques brunes noirâtres. Son duvet est généralement blanc dessous et sa gorge est brunâtre. Son bec rouge est marqué d’une tache noire près de l’extrémité. La puissante voix rauque de la Sterne caspienne, souvent entendue dans les colonies (notamment lorsqu’un intrus s’approche d’oiseaux au nid), figure parmi les caractères qui permettent de détecter sa présence (Shaffer et al., 2004). Figure 5: Adulte de sterne caspienne (plumage nuptial) (Steinmetz, 2019) Taxonomie En 1770, la sterne caspienne fut décrite sous le nom de Sterna caspia (Pallas) à partir d’un spécimen capturé en bordure de la mer Caspienne, d’où l’origine de son nom. Dans la littérature, le nom Hydroprogne caspia est lui aussi fréquemment utilisé pour désigner l’espèce (Shaffer et al., 2004). L’idée de créer un genre propre à la sterne caspienne est basée sur certains caractères distinctifs de l’espèce, tels que sa grande taille et son bec massif, alors que son intégration au genre Sterna tient davantage à des critères éthologiques. Les analyses phylogénétiques indiquent que la sterne caspienne est génétiquement proche des sternes pierregarins (S. hirundo) et Antarctique (S. vittata), ce qui tend à confirmer son appartenance au genre Sterna (Shaffer et al., 2004). La Sterne caspienne fait partie d’une sous-famille des Laridés : les Sterninés (ou sternes) (Shaffer et al., 2004). Habitat et nidification La sterne caspienne est présente sur les grands lacs d’eau douce, dans les estuaires et le long des rivages et zones d’inondation (Girard, 2003 ; Veen et al., 2004). Cependant, l’espèce est rarement observée au large des côtes. La recherche de nourriture se fait individuellement ou en petits groupes, jusqu’à une distance de 60 km de la colonie. L’alimentation est composée de diverses espèces de poissons (d’eau douce et de mer) (Veen et al., 2004). La sterne caspienne se reproduit dans des colonies très variables en taille et en densité. Les nids ne sont rien de plus qu’une dépression peu profonde sur du sol sableux ou rocailleux nu. Le nid est souvent placé au point le plus élevé du site ou sur un endroit surélevé et plat. Les œufs sont gros et de couleurs variées : fond habituellement clair, brun-sable avec de petits points gris, bruns ou noirs. La taille des couvées varie de 1 à 3 œufs, l’incubation dure de 26 à 28 jours et les poussins prennent l’envol lorsqu’ils ont de 35 à 45 jours (Shaffer et al., 2004). Le mâle et la femelle participent à l’incubation, de même qu’aux soins apportés aux jeunes. Toutefois, la femelle passe plus de temps auprès d’eux et le mâle contribue davantage à leur alimentation (Shaffer et al., 2004). Des reproductions ont été observées au PNLB, au PNDS (Ile aux Oiseaux) et à la ROK (Veen et al., 2004). Effectifs et répartition La sterne caspienne se reproduit en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie centrale, en Amérique de l’Ouest et du Sud. Les plus importantes colonies de l’Afrique de l’Ouest se trouvent en Mauritanie (jusqu’à 11 000 couples, Banc d’Arguin) et au Sénégal (jusqu’à 9000 couples, Delta du Saloum) (Veen et al., 2004). La population mondiale est estimée à 65 000-110 000 couples dont 25% se reproduit en Afrique de l’Ouest (Wetlands International, 2002). La sterne caspienne est considérée comme une espèce fluctuante et la taille de la population en Afrique de l’Ouest est estimée entre 45 000 et 60 000 couples (Dodman, 2014).
La sterne royale
La sterne royale Thalasseus maximus, dont la plus grande colonie de reproduction au monde se trouve dans le Parc National du Delta du Saloum au Sénégal (BirdLife International, 2017), est une sterne assez grande (Veet al., 2004), et la deuxième plus grande sterne après la sterne caspienne (Borrow et Demey, 2012). Les parties inférieures et le cou sont de couleur blanche. Les parties supérieures sont grises. En plumage nuptial, la coiffe noire est surmontée d’une crête. Le bec, orange, est long et assez épais. Elle a une envergure comprise entre 106 et 112 cm, une longueur de 46 à 53cm et un poids moyen de 350g (Girard, 2003). Elle présente des pattes noires (rarement partiellement jaunâtres ou rosâtres), ailes longues, pointues et étroites, avec des bouts de rémiges sombres sur le dessous (mais moins remarquables que chez la sterne caspienne). Les œufs sont de couleurs très variables. En général, la couleur de fond est blanche ou crème, avec de nombreuses mouchetures grises, brunes ou noires et plusieurs points (parfois très gros). Les mouchetures et points peuvent être concentrés sur la partie arrondie de l’œuf. Les poussins couverts de duvet sont de couleur blanchâtre ou crème, avec parfois des taches de son sombres (quantités variables) sur la tête, le dos et les ailes. Le bec est généralement orange, mais il peut être jaunâtre à grisâtre. Les pattes peuvent êtres noires, jaunâtres ou oranges. Les plumes émergentes des grands poussins sont crème-gris sur le dessus, avec des taches foncées sur le haut du dos. La calotte noir-brun se présente normalement d’abord comme une tache foncée devant l’œil, qui se développe ensuite vers l’arrière et le haut de la tête. Les petites couvertures gris-noires forment une ligne épaisse sur l’aile pliée. Une bande brun sombre traverse les secondaires d’un coté à l’autre (Veen et al., 2004). Figure 6 : adulte de sterne royale (plumage nuptial) (Fenerole, 2013) Taxinomie Ordre : Charadriiformes Famille : Laridés Genre : Thalasseus Espèce : Thalasseus maximus (Boddaert, 1783) Habitat et nidification La sterne royale se reproduit dans de grandes colonies qui peuvent être composées de plusieurs milliers de nids. La distance entre les nids est petite (36 cm en moyenne) et étonnamment uniforme. Les colonies sont situées sur des îles ou des péninsules, sur un terrain sableux nu, parfois bordé d’une végétation clairsemée. Au Sénégal et en Gambie, la reproduction est concentrée dans la période avril – juin. La ponte est hautement synchronisée dans chaque colonie avec des centaines, voire des milliers d’œufs pondus en l’espace de quelques jours. La couvée consiste généralement en un seul œuf. Les rares couvées contenant deux œufs résultent probablement toujours du fait que deux femelles pondent dans le même nid. La période d’incubation varie entre 25 et 31 jours et les poussins peuvent voler lorsqu’ils ont environ 30 jours. S’ils sont dérangés, notamment par l’homme, les poussins de quelques jours peuvent quitter le nid. Les poussins d’une semaine ou plus quittent souvent l’aire de la colonie et se concentrent en groupes (crèches) sur la plage où ils sont nourris par leurs parents. La sterne royale est habituellement présente le long du littoral. Ces oiseaux cherchent leur nourriture individuellement ou en 14 petits groupes et attrapent presque exclusivement des poissons de mer. Pendant la période de reproduction, l’aire de fourrage peut s’étendre au-delà d’un rayon de 50 km autour de la colonie. La sterne caspienne se reproduit à la Langue de Barbarie, à l’Ile aux Oiseaux (PNDS) et à Kalissaye (Casamance) (Veen et al., 2004). Effectifs et répartition D’importantes colonies de nidification ouest-africaines sont présentes en Mauritanie (environ 15 000 couples, Banc d’Arguin), au Sénégal et en Gambie (environ 30 000-40 000 couples, Langue de Barbarie, Delta du Saloum, Bijol Islands et Kalissaye). En dehors de la saison de reproduction, la sterne royale d’Afrique de l’Ouest se répand tout le long du littoral atlantique, du Maroc à la Namibie. (Veen et al., 2004). La population ouest-africaine est estimée à 45 000 – 55 000 couples (Wetlands International 2002).
Le Goéland Railleur
Chroicocephalus genei (Brême, 1839) Description générale Goéland de taille moyenne (Veen et al., 2004). Sa silhouette est élancée. Le cou est allongé, la tête assez plate et pointue à l’avant. Le bec est long (35-46mm), droit et mince, rouge foncé et semble noir à distance. Les pattes sont également rouge foncé. Il a une envergure de 100-110cm et une longueur de 42-45cm. Il peut atteindre un poids moyen de 350g (Girard, 2003). En vol, le dessus des ailes est grisclair et les bouts tachetés de noir alors que le dessous est pâle et les bouts blancs et noirs. Les œufs ont une couleur de fond blanche ou blanchâtre, avec de nombreuses petites taches brunâtres, grises ou noires. Les poussins duvetés sont de couleurs variables. La couleur de fond est en général blanche tirant sur le gris, mais peut être également brun tirant sur le gris, ou chamois tirant sur le rose, marqué de points et taches allant du brun-foncé au noir, sauf sur le menton, la poitrine et le ventre (Veen et al., 2004).
Introduction |