PRESENTATION DES INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL (ICS)
Le phosphate de chaux constitue l’une des principales richesses minérales du Sénégal. Son existence a été révélée depuis 1949 par un sondage effectué dans le cadre des recherches du Bureau Minier de la France d’Outre-Mer (BUMIFOM) au niveau du gisement de Taïba. C’est exactement en 1960 que l’usine de traitement implantée dans la localité de Taïba a livré ses premières tonnes de phosphate marchand titré à 82 % BPL (Bone Phosphate Lime = phosphate de chaux des os : P2O5 x 2,1853 = BPL). Ces phosphates classés parmi les meilleurs au monde ont été orientés pendant 24 ans vers l’exportation. En 1984, le Sénégal entreprit la deuxième phase de sa politique de développement industriel par la mise en service d’une unité de fabrication d’acide sulfurique et phosphorique à Darou Khoudoss.
Et ce fut la consécration d’un grand projet, celui des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). Le Sénégal deviendra ainsi, en 1985, avec les ICS, un pays exportateur d’acide phosphorique à destination essentiellement du marché indien. Le 25 Septembre 1996, une fusion-absorption a été décidée pour le compte des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). Ainsi est née le plus grand complexe industriel du Sénégal dénommé le groupe des Industries Chimiques du Sénégal (ICS).
En 1999, les ICS ont mis en œuvre une politique d’investissement pour le dédoublement de la production d’acides qui va passer de 330 000 tonnes par an à 660 000 tonnes par an et l’ouverture d’une nouvelle mine à Tobéne. Ainsi le panneau de Tobéne prend le relais en 2003, après trente (30) années d’exploitation à Keur Mor FALL et assure depuis lors la totalité de la production avec quelques appoints du phosphate de Matam. Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) sont constituées par : Le site minier de Taïba ; Le site de Darou Khoudoss qui constitue un complexe chimique de deux unités contiguës de fabrication d’acide phosphorique et d’acide sulfurique ; Le site engrais de Mbao ; Les installations portuaires au Port Autonome de Dakar (convoyeurs à bande, transporteurs, hangars, quai de chargement)
Contexte géologique du gisement dans le bassin sénégalo-mauritanien
L’évolution des formations du gisement de phosphate sédimentaire de Taïba s’inscrit dans le cadre global de l’évolution géodynamique et paléogéographique du bassin Méso-Cénozoïque sénégalo-mauritanien (Sylla et al, 1992). Les formations phosphatées Éocènes de ce bassin s’étendent sur toute l’Afrique de l’Ouest, du Cap Blanc (Nord de la Mauritanie) où elles se raccordent au bassin d’Aïun Tarfaya, jusqu’à Bissau (Nord-Est de la Guinée-Bissau), où elles disparaissent progressivement en se rapprochant de la côte. La couverture de ce bassin sédimentaire repose sur un substratum d’âge variable :
Au Nord sur le Précambrien de la Dorsale de Réguibat Au Sud sur l’Infracambrien et le Paléozoïque inférieur plissé et métamorphisé de la chaîne des Mauritanides Plus au Sud sur le Siluro-Dévonien du bassin de Bové. La sédimentation phosphatée s’est déroulée principalement au Lutétien sur le versant nordouest d’un haut fond (Slansky, 1962). Les dépôts phosphatés, datés du Lutétien au Bartonien appartiennent au groupe de gisements de phosphate de chaux sédimentaire observé sur toute la côte atlantique du Maroc à l’Afrique du Sud (Lucas et Prévôt, 1975). Les microfaunes présentes caractérisent un milieu de dépôt de mer ouverte.
L’altération qui a conduit aux agrégats latéritiques phosphatés apparait à l’Oligocène après la sortie du domaine marin, c’est à dire lors de la principale période de phosphatogenèse (Monciardini, 1966). Le gisement phosphaté de Taïba se trouve au NW du horst de Diass dans une zone d’altitude plus basse. Il est situé dans le plateau de Thiès et présente une structure synclinale dissymétrique d’axe SW-NE caractérisée par le prolongement des argiles du mur vers le NE et l’existence d’un fossé d’effondrement SW/NE limité par des cassures favorisant la mise en place d’émissions basaltiques associées à des tufs (Atger, 1970). Le centre du synclinal est carbonaté et entouré d’une bande phosphatée, elle-même ceinturée d’un domaine sablo-argileux (figure 1). La mise en place de ce fossé d’effondrement affectant surtout le Bedrock est antérieure au dépôt phosphaté. Il en résulte quelques déformations telles que : -de fortes déformations topographiques dans le secteur ; -un secteur Est présentant les points les élevés ; -le pendage d’Ouest en Est du toit et du mur de 2,8 ‰ et 4,5 ‰