Discussion
Les résultats de ces deux études nous permettent maintenant de créer une discussion autour des résultats et d’en tirer une analyse synthétique. Les résultats de l’étude préliminaire nous démontrent plusieurs choses. En théorie, il est important pour la plupart des futurs enseignants de mettre leurs élèves en situation de réussite et cela passe par divers moyens, dont les adaptations. On veut toujours offrir le plus possible à chacun de nos élèves et individualiser au maximum, mais cela reste tout de même quelque chose de difficile à mettre en pratique. Les élèves sont de plus en plus nombreux dans les classes et il devient mission impossible de donner autant que l’on voudrait pour que chaque élève soit motivé au maximum et qu’il ait envie de progresser. Les réponses des futurs enseignants ont mis en lumière diverses adaptations déjà appliquées. Mais ce type de prise en charge se fait plutôt au cas par cas sans uniformisation des méthodes. Le but n’est pas forcément que tout le monde applique à la lettre les moindres adaptations, mais qu’une ligne directrice soit donnée, peut-être déjà par les cantons en relation avec les fédérations sportives.
Cela serait un premier pas vers une uniformisation du système, certaines villes étant précurseurs en la matière. Par exemple, à Lausanne, différents sports de balles se pratiquent de la huitième à la onzième Harmos et à chaque fin d’année scolaire des intercollèges ont lieu entre établissements. Les mêmes règles sont appliquées lors des différents tournois au sein des collèges ou lors des intercollèges. Toujours grâce aux résultats, l’étude préliminaire amène à faire plusieurs constats. Des concepts se développent, mais c’est uniquement grâce à une expérimentation auprès d’élèves que le véritable impact des adaptations pourra être déterminé. L’étude menée auprès des élèves a justement eu comme but de mettre en évidence cet impact. Pour obtenir une réponse pertinente à la question de recherche, il a été important de cibler avec exactitude l’impact à observer. Quels sont les critères d’un mouvement parfait techniquement parlant ? Peut-être est-il parfait pour celui qui le juge, mais pas pour quelqu’un d’autre ? Auparavant, le “mouvement parfait“ était le seul à être enseigné. Le sportif n’avait pas la possibilité d’exercer son propre mouvement naturel. Actuellement, les pédagogies du sport imposent une certaine base technique obligatoire.
Il y a toutefois une grande partie du mouvement qui est laissée “libre“ à chaque sportif. Nous ne sommes pas tous constitués de la même manière et chacun effectue un mouvement différent. Comme il a été abordé dans la méthodologie, certaines réponses aux questionnaires peuvent sembler incohérentes lorsqu’elles sont en relation avec d’autres questions. Il y a parfois des paradoxes dans les résultats obtenus alors que l’on recherchait à la base une concordance ! Certains élèves éprouvent un degré d’abstraction important et ne se rendent pas compte de la signification de “1“ ou “2“ lorsqu’ils répondent aux questions. Les enfants ont certaines fois de la facilité à faire la transposition de “1“ à “4“ ou de “pas du tout d’accord“ à “tout à fait d’accord“. Dans d’autres cas, cela leur pose des difficultés. Une problématique plus abstraite engendre une incompréhension de la question. Avant d’aborder une discussion concernant les résultats de l’étude auprès des élèves, il est important d’aborder deux aspects.
Deux questions viennent à l’esprit : “Qu’est-ce que l’enfant dit et pense vraiment ?“ et “Que doit-on faire de ces informations par la suite ?“. Même si l’élève dit qu’il préfère jouer sur un grand panier de basket-ball, doit-on toujours enseigner sur un grand panier ? Les questions que nous nous posons n’ont en définitive qu’un seul objectif : le bien-être de l’élève. Avec du recul, l’enseignant doit travailler dans la direction lui paraissant être la bonne et l’expliquer à ses élèves. S’il existait une manière prépondérante de fonctionner, elle serait connue ! Dans les classes 7-8 Harmos, il est très important d’adapter les conditions de jeu à la morphologie des élèves. Peu d’élèves ont atteint leur puberté et ils ont donc besoin de pratiquer un sport en conditions “adaptées“. Malgré que les élèves de 9-10-11 Harmos soient déjà plus “grands“, il est tout de même important d’adapter les conditions de jeu. Premièrement, certains élèves n’ont pas encore atteint leur puberté et ont donc besoin de conditions de jeu “allégées“. Il y a également beaucoup d’élèves qui sont débutants dans le sport pratiqué et nécessitent des adaptations pour “entrer“ dans l’activité. Il paraît important qu’un débutant puisse commencer une activité en conditions “adaptées“ et non pas en conditions “normales“.
L’analyse fait donc apparaître que la notion de plaisir est peu influencée par les conditions de jeu. Les élèves ont globalement éprouvé du plaisir durant les différentes périodes. Il est toutefois intéressant de remarquer que les leçons “adaptées“ ont tout de même davantage plu que les leçons en conditions “officielles“. Ce résultat correspond fort heureusement à notre postulat de base. Le contraire aurait été pour le moins étonnant. Deux parties du questionnaire ont soulevé une interrogation. Les questions de l’impression d’apprentissage et de l’impression de progression. Il est intéressant de relever que l’impression de progression a augmenté de 15% entre les conditions “normales“ et “adaptées“, alors que l’impression d’apprentissage est en régression de 14%. Lors d’une des leçons “allégées“ de basket-ball, 50% des élèves ont répondu par la négative sur le fait d’avoir eu une impression d’apprentissage.
Ce chiffre est venu abaisser drastiquement le pourcentage de cette réponse. Nous pouvons établir l’hypothèse que les élèves, lors de la première leçon de basket-ball en conditions “adaptées“, regardaient ces paniers abaissés et ces petits ballons comme étant une adaptation pour de jeunes élèves. Ils ont réagi comme s’ils étaient pris pour des “petits“. Deux raisons expliquent une telle réaction. La première est que le basket-ball a été le premier des deux sports à être enseigné en conditions “adaptées“. La seconde raison est que les adaptations en badminton sont moins “visibles“ que celles du basket-ball. Le panier de basket-ball est descendu de 45 cm alors que le filet de badminton ne l’est que de 15 cm. Les élèves ont des préjugés au sujet du basket-ball, car c’est un sport médiatique et populaire. Ils ont donc beaucoup d’images en tête et veulent jouer comme les stars. Le badminton est moins connu et les élèves ont peu d’images en tête concernant ce sport. Ils ne savent pas si le filet est à 1.55 m ou à 1.40 m. Cela peut donc expliquer de tels résultats pour une leçon “adaptée“ de basket-ball. Comme nous l’avons développé dans cette discussion, il est nécessaire que les élèves comprennent l’objectif de telles adaptations. Dès lors qu’une explication sur la méthode est fournie, ils peuvent mieux appréhender ce mode d’enseignement. Les leçons suivantes ont d’ailleurs obtenu de bien meilleurs scores.
Limites et perspectives de l’étude
Une telle étude contient obligatoirement des limites impondérables à ce type de recherche. Cela permet l’élaborer des pistes afin d’améliorer une recherche similaire lors d’une future étude, par exemple. Il est également nécessaire de relativiser les différents résultats obtenus lors de cette recherche. Les élèves interrogés dans cette étude étaient en 9ème Harmos, ce qui permet de se poser quelques interrogations sur la validité de leurs réponses. Les questionnaires ont été présentés et expliqués en commun. Ainsi, chaque élève a pris le temps de comprendre ce qui lui était demandé. Malheureusement, certains élèves ont répondu très rapidement aux questions, l’envie de terminer le cours étant trop grande. Vu qu’il est impossible de répondre à un questionnaire en début de leçon avant de participer à une activité, cela se déroulait en fin de période avec les problèmes cités ci-dessus. L’enseignant est également un paramètre influençant une telle étude. Chaque enseignant n’a pas la même manière d’enseigner. Il peut expliquer différemment que ses collègues, avec d’autres mots ou d’autres exemples. C’est une limite infranchissable, car un enseignant est un humain forcément différent d’un autre. Cela aurait été intéressant de remplacer l’enseignant par un collègue dans une ou plusieurs leçons de cette étude. Les réponses récoltées auraient peut-être été différentes.
Lors d’une recherche scientifique, la plupart des études se basent sur un nombre de participants très important. Plus le nombre est grand, plus l’étude est significative. Cette étude de mémoire a interrogé 21 élèves et cela n’est pas un nombre permettant d’être suffisamment représentatif. Ces élèves sont tout de même un échantillon de ce qu’on peut trouver dans une salle de sport. Les résultats se fondent donc sur une base “réelle“. Un élève représentant quasiment 5% à lui seul, cela peut fortement influencer les résultats. Certaines réponses comportaient des différences de 10%, ce qui ne représentait “que“ deux élèves. Cette limite est donc importante pour cette étude. Les leaders d’une classe ont une influence sur les résultats. Ils peuvent adorer ou détester une pratique et influencer leurs camarades. En enseignant deux autres sports, les réponses auraient peut-être été différentes. Chaque élève a ses propres goûts et ressent différemment chaque activité. Le basket-ball a été sélectionné, car il est le jeu de balle au programme des élèves de 9ème Harmos. Le badminton est quant à lui un sport abordable à tous les niveaux. Les contraintes de matériel de ce dernier sport sont faibles et les adaptations sont simples à organiser. Des interviews d’élèves et des questions ouvertes auraient pu être produites pour que les élèves développent leurs réponses. Certains résultats étant relativement étonnants, il aurait fallu chercher de manière plus approfondie pour les expliquer. En fin de période, il était impossible de réaliser des questionnaires plus poussés, par manque de temps. C’est à ce moment-là que les réactions “à chaud“ peuvent s’exprimer et cela n’aurait pas eu de sens de poser des questions en début de leçon suivante.
1. Introduction |