Présentation de la séquence dans laquelle s’inscrit la séance basée archive filmique

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Problématique

Cadre théorique

D’après L. Véray, historien du cinéma et professeur à l’université de Sorbonne nouvelle-Paris 3, les archives filmiques sont « des enregistrements d’évènements quelconques ou exceptionnels, publics ou privés » (Véray, 2003, p. 7). Les archives filmiques, ou films de montage, ont vu le jour à l’aube de la Première Guerre mondiale, avec le cinéma. Il existe deux types de films historiques fondés sur des archives. Le film classique, qui relève d’une accumulation d’images d’archives dont personne ne connaît ni l’origine exacte, ni le sens que voulait en donner le photographe. Ce premier type de film prétend une objectivité totale qui « rend compte de l’histoire, selon une trame évènementielle et chronologique » (Véray, 2003, p. 3). Or, un film de montage n’est jamais totalement objectif: l’interprétation de ce document dépend de son contexte de production. Le second type de film, contrairement au premier, assume une subjectivité de la part du réalisateur d’où découle le sens véritable de l’archive filmique: le film ne serait donc pas dénié de toute fiction.

Fonctions de l’archive filmique

Selon L. Véray, l’archive filmique a plusieurs fonctions:
– L’archive filmique a pour but d’instruire les nouvelles générations en leur permettant de visionner des enregistrements des faits passés, en les « transport[ant] visuellement » (Véray, 2011, p. 16). En effet, en visionnant ces enregistrements, le spectateur découvrira les modes de vie de ses prédécesseurs, des évènements qu’ils ont vécus, etc. De ce fait, bien que le spectateur ne vive pas comme ses prédécesseurs, il acquerra un certain savoir sur la vie de ceux-ci grâce aux traces laissées. Ainsi, S. Doussot, maître de conférences à l’université de Nantes, met l’accent sur une fonction unificatrice de l’archive filmique qui permet d’entretenir la mémoire collective.
– Cet auteur met aussi en avant une autre fonction de ce type de document: constituer des preuves, des traces irréfutables de ce qui s’est passé. Comme nous l’avons vu précédemment, cette fonction peut être discutable (dû à la dualité réalité / fiction). Cependant, de nos jours, la fonction première du document authentique semble d’abord être un apport de vérités, d’authenticité. Contrairement à cette fonction ordinaire, commune de l’archive filmique, S. Doussot met en avant la recherche de l’esprit critique nécessaire pour être en mesure de confronter les différentes versions laissées du passé afin, d’en comprendre le sens.
– Avec l’essor des intérêts économiques, une nouvelle fonction de l’archive filmique est apparue: distraire.

Intérêts de l’archive filmique

Contrairement à l’image fixe, l’archive filmique permet à l’élève de « vivre » l’Histoire. En effet, l’archive filmique tend à faire approcher le spectateur de la scène que percevaient les sujets filmés au moment même de cette scène. Ainsi, l’archive filmique est un moyen pour le professeur de varier le type de documents étudiés afin de maintenir la motivation des élèves, mais aussi d’engager différents types de mémoires pour de meilleurs apprentissages. Le film, en tant que succession de pellicules, est destiné à être vu: il fait donc appel à la mémoire visuelle. De plus, d’après M. Michaux, le film en classe d’histoire-géographie peut éveiller la curiosité des élèves et leur donner envie d’en savoir plus sur le sujet traité par le film, d’autant plus si le film est utilisé comme source problématisante. En classe d’histoire-géographie, les professeurs utilisent davantage le manuel au détriment d’autres supports plus « surprenants » (Michaux, 2001, p. 78) d’après M. Michaux, agrégée d’histoire-géographie, étant donné leur rareté dans la classe d’histoire géographie. Ainsi, cette auteur propose différents supports permettant de maintenir l’attention des élèves et leur curiosité, comme la BD, l’article de presse, les objets anciens, mais aussi la vidéo et l’archive filmique. Ainsi, l’archive filmique pourrait permettre de rendre la séance d’histoire-géographie plus attractive, et, comme nous l’avons vu précédemment, plus vivante. Cette question de la variété des supports pouvant être utilisés en classe d’histoire-géographie me paraît d’autant plus importante désormais puisque sur 11 élèves interrogés lors d’entretiens individuels, seulement une élève a proposé une réponse à la question « Quels documents peux-tu consulter pour apprendre des choses sur l’Histoire? », sa réponse étant « des livres ». Je m’attacherai donc, lors de cette séquence, et sur un plus long terme, à leur présenter la diversité des documents pouvant être utilisés en histoire-géographie.
Un autre type de mémoire est engagé grâce à un autre intérêt de l’archive filmique souligné par L. Véray: ce type d’archive suscite des émotions chez le spectateur en révélant « la tonalité particulière » (Véray, 2011, p. 18) de la scène filmée. D’ailleurs, C. Prochasson ajoute que le passé lui-même suscite un affect renforcé par le type de documents mobilisés pour étudier le passé. Par la suite, C. Prochasson nous amène à la 3! / 27!
conclusion que, plus que le passé, certains historiens ont pour finalité de faire naître des émotions, pour être enclin avec l’ère compassionnelle marquant notre société: lieux de mémoires, ère du témoignage et de la conservation de tout témoignage, etc. Cependant, d’autres historiens tentent de « masquer » ces émotions pour confronter différentes visions du passé afin d’en faire ressortir la réalité du passé. Il conviendra donc de distinguer histoire et mémoire, l’histoire permettant une confrontation des témoignages, des mémoires faisant appel aux ressorts émotionnels. Il n’y aurait pourtant d’histoire sans émotion. La mémoire épisodique des élèves sera donc engagée: il est d’ailleurs démontré que le ressenti des émotions est directement lié à la mémoire. En effet, comme le démontre une étude de Berntsen D., Rubin D. C.et Siegler I.C. datant de 2011, un souvenir n’engageant aucune émotion ne sera pas ancré dans une mémoire sur le long terme, contrairement à un souvenir lié à une émotion profonde, que ce soient joie, tristesse, mépris, ou bien d’autres encore. De plus, si l’archive filmique possède une bande-son, la mémoire auditive sera sollicitée. Ce type de documents, par conséquent, facilite les apprentissages sur le long terme pour différents types de mémoires.
Enfin, pour faire de l’histoire, M. Ferro, historien français spécialiste de l’histoire du cinéma cité dans l’ouvrage de Bernard D., Farges P. et Wallet J. intitulé Le film dans le cours d’histoire/géographie, souligne que l’archive filmique peut être utilisée de différentes manières en classe: comme illustration, comme support pour problématiser, mais aussi comme support pour visualiser un bilan de séquence. Cependant, cette dernière fonction du film en classe, tout comme sa fonction illustratrice, ne soulève guère de débat et ne permet pas à l’élève une montée en connaissances. Nous privilégierons donc la fonction problématisante du film dans la séquence. Florence Quinche, maître de conférences à la Haute école pédagogique de Lausanne, dénonce une utilisation exclusive illustrative du film en classe, et souligne l’intérêt principal de l’utilisation du film en classe: problématiser. En effet, le document filmique, problématique de par sa nature comme nous l’avons vu précédemment, semble intéressant à analyser. Par conséquent, cette démarche favorisera l’émergence d’une conception de l’archive filmique comme document d’histoire.

Table des matières

Table des figures et des tableaux
Introduction
1 Problématique
1.1 Cadre théorique
1.1.1. Fonctions de l’archive filmique
1.1.2 Intérêts de l’archive filmique
1.1.3. Limites de l’archive filmique
1.2 Cadre pratique
2. Méthodologie
2.1 Présentation et justification des choix méthodologiques
2.1.1 Présentation du contexte
2.1.2 Présentation de la démarche d’investigation
2.2 Recueil des données
2.2.1 Présentation de la séquence dans laquelle s’inscrit la séance basée archive filmique
2.2.2 Analyse quantitative de la séance basée sur l’analyse de l’archive partir des traces
2.2.3 Analyse qualitative de la séance basée sur l’analyse de l’archive filmique Analyse des évaluations sommatives: quels apports de connaissances amenés par l’archive filmique sur le moyen terme?
3.2 Analyse des entretiens individuels avec cinq élèves
4. Utilisation optimale de l’archive filmique en classe
4.1 Confrontation des hypothèses du cadre de recherche quant à l’utilisation
l’archive filmique en classe et l’apprentissage des élèves
4.2 Propositions d’utilisation de l’archive filmique en classe
4.3 Utiliser l’archive filmique en classe: une innovation pédagogique?
Conclusion
Bibliographie
Table des annexes
Annexes

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