Préparation, enjeux et déroulement des commémorations

Préparation, enjeux et déroulement des commémorations

Débats et hésitations : entre empressement togolais et « prudence diplomatique » allemande

Les « rapports annuels de politique culturelle », qui résument l’activité culturelle de l’ambassade allemande au Togo, entre autres, relèvent la spécificité du rapport à la colonisation allemande bien avant les commémorations de 1984. D’après le rapport de 1979, « les relations du passé sont enjolivées rétrospectivement et contribuent à un bonus de bienveillance en faveur de la République Fédérale [d’Allemagne]33 ». Les rapports des années 1980 et 1981 marquent néanmoins une crainte que ces souvenirs s’effacent sous l’influence française, tout en se félicitant d’une reprise de l’influence culturelle allemande au Togo.

En 1983, le rapport résume : « Ces cercles [germanophiles], surtout universitaires, sont nettement minoritaires par rapport à ceux qui entretiennent des relations et des affinités avec la France. Nous devons accepter ceci de manière pragmatique. Après tout, la colonisation allemande est révolue depuis 70 ans, et n’a duré que 30 ans. Il y a aussi les « très vieux », qui se rappellent encore de manière émotionnelle des Allemands avant 1914. Ils ne forment pas un bon socle pour une politique culturelle, mais sont simplement l’objet d’un respect nostalgique. » 

De manière récurrente, ces rapports résument les rapports germano-togolais en notant « l’attitude traditionnellement amicale du pays et de ses habitants vis-à-vis de l’Allemagne ». Pour trouver une mention spécifique de la préparation des commémorations, il faut cependant attendre 1983. Ceci est probablement lié à un « précédent » historique de moindre envergure : en 1983, le centenaire de la signature de la convention germano-malgache du 15 mai 188335 avait été célébré à Antananarivo et à Bonn. Dans une lettre à l’ambassadeur allemand à Yaoundé, l’ambassadeur à Lomé s’interroge sur la volonté ou non du Togo de vouloir célébrer l’événement

Le « centenaire » à Lomé Après avoir vu les échanges diplomatiques et les enjeux, plus ou moins ouvertement avancés, en préparation des échéances, nous allons donc voir plus en détail le déroulement de la semaine de célébration au Togo. Les festivités durent du 28 juin au 5 juillet, principalement à Lomé. Même si nous considérerons brièvement les activités des premiers jours, nous allons surtout nous intéresser aux derniers jours, pendant lesquels la délégation allemande est présente en son entièreté. Ces jours concentrent une majorité des sources, mais aussi les événements mémoriels et les interactions entre les deux pays les plus marquantes.

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Ces événements, en plus des rencontres officielles, sont l’inauguration de la nouvelle partie du Port Autonome de Lomé, celles des Archives Nationales du Togo, de deux monuments à Baguida et Togoville, et finalement le défilé principal. La délégation allemande au centenaire est, jusqu’à ce moment, la plus grande délégation allemande ayant jamais rendu visite à un État africain. La liste officielle de la délégation (à jour du 27 août 1984)69 compte 116 participants, ce qui n’inclut donc pas le corps diplomatique déjà sur place, ni la presse, dont certains membres sont pourtant mentionnés dans des listes préparatoires.

Parmi ces participants, une douzaine de parlementaires fédéraux, et de nombreux parlementaires ou ministres régionaux, des représentants économiques, une partie du ministère de la coopération économique et de la défense, mais aussi des universitaires et l’équipe d’entreprise de foot de Siemens, suite l’insistance du président togolais d’inclure un match de foot entre une équipe allemande et une équipe togolaise dans les festivités. Cette constitution plutôt classique d’une délégation diplomatique, certes imposante en taille, a certaines particularités.

Parmi la petite trentaine de politiciens de la délégation, 16 sont à la CSU, l’union chrétienne-sociale, qui n’existe donc qu’en Bavière. De plus, les seuls représentants de fondations politiques (historiquement rattachées à la plupart des partis allemands) sont les quatre représentants de la fondation Hans-Seidel, rattachée à la même CSU et très active au Togo. Ils sont accompagnés d’une délégation de neuf personnes de « l’association bavaro-togolaise » (Bayerisch-Togoische Gesellschaft).

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