Vous ne réagissez pas toujours de la même façon
Votre comportement n’est pas stéréotypé et vous ne réagissez pas de la même façon quel que soit le problème à traiter. A côté du contexte émotionnel qui détermine l’intensité de votre réac-tion, force est de constater que votre attitude varie également en fonction du caractère prévisible ou non de l’événement. Lorsque vous êtes pris par surprise, celle-ci ajoute une composante anxieuse et précipitée à votre action. Vous sortez du seul cadre rationnel et une part de déraisonnable vient grossir vos gestes et votre comportement. Par contre, lorsque l’événement est attendu, sans surprise, il trouve en face de lui des individus capables de l’affronter et qui ont pris la décision de le faire calmement et sans céder à la panique. Vous avez donc intérêt à ne pas vous laisser surprendre.
Prenons l’exemple d’un salarié qui perd son emploi. Le licen-ciement peut faire suite à un lourd passé conflictuel entre lui et sa hiérarchie laissant pressentir une rupture de contrat avec son employeur. Le licenciement peut également survenir de manière inattendue. Dans l’un et l’autre cas, le salarié ne réagira pas exactement de la même façon, même si en arrière plan, la tristesse et la déception occupent une place centrale dans son raisonne-ment.
Dans le cas d’un licenciement annoncé, le salarié aura eu le temps de penser à des solutions de rechange tant l’événement était pressenti. Il aura pris contact avec les personnes d’influence qu’il connaît ; il aura activé son réseau relationnel et professionnel. Il aura également pu consulter des hommes de confiance, explorer les modalités de défense qui lui sont ouvertes. Son passage à l’action lui sera certes imposé dans la douleur mais il le sera avec une certaine prise de conscience de l’enjeu et du poids à terme des décisions retenues.
Dans le cas d’un licenciement inattendu, la brutalité de l’annonce ajoutera une composante émotionnelle excessive à sa réaction. Des expressions maximalistes viendront illustrer des déclarations d’un pessimisme douloureux et les voies du tout ou rien s’empa-reront de son raisonnement. Il n’y a plus de juste milieu dans ses commentaires. Cette vision du tout est blanc ou tout est noir imprègnera lourdement ses choix. Dans le même temps, une place de plus en plus importante sera occupée par la composante affective et émotionnelle laissant beaucoup moins de place à la raison. Que l’événement soit pressenti ou non, dans les deux cas le sentiment d’impuissance face à la décision peut plonger dans l’immobilisme, l’indifférence ou tout simplement la résignation.
Sans chercher des exemples dans le vécu des autres, essayez de vous souvenir d’une expérience que vous avez vécue. Essayez de comparer votre réaction « à chaud » par rapport à celle que vous auriez eu « à froid ». Dans les deux cas, l’événement est le même ; seule sa chronologie change. C’est elle qui lui donne un caractère plus ou moins « catastrophique » justifiant certaines réactions excessives.
La morale de l’histoire est que vous devez éviter au maximum d’être surpris. Ce changement brutal qui vous prend à la gorge vous précipite dans la réaction excessive. Vous risquez alors d’agir dans le sens contraire de vos propres intérêts. Inversement, vos adversaires ont tout intérêt à amplifier l’effet de surprise pour neutraliser vos capacités rationnelles à réagir et obtenir votre défaite.
L’adaptation permanente vous invite à prendre position donc à agir
Lorsque les changements survenus autour de vous ne sont pas fréquents, lorsqu’ils sont isolés et non récurrents, vous pouvez prendre du temps pour vous adapter et réagir.
En général, ces problèmes ne sont pas graves ; ils sont rattra-pables. Malheureusement, le plus souvent les changements que vous vivez sont permanents, répétitifs, en salves plus ou moins intenses. En conséquence, le retard pris à réagir croît d’une manière exponentielle et devient si important que les efforts de rattrapage deviennent de plus en plus difficiles au fur et à mesure que le temps passe.
• Parce que le changement est permanent, votre adaptation doit impérativement suivre.
• Parce que le retard pris est difficile et dans certains cas impossible à rattraper, l’action est obligatoire.
• Il n’y aura pas d’alternative si ce n’est de vous remettre au travail et de vous adapter.
Vivre dans un environnement changeant n’est peut être pas du goût de tous. Vivre sans tenir compte des changements qui s’opè-rent en vous et autour de vous, n’est pas non plus porteur de stabilité. Dans les deux cas, vous devez agir pour faire face, retrouver un nouvel équilibre et transformer vos difficultés en opportunités d’évolution.
L’exemple qui suit permet de comparer les conséquences d’une attitude qui s’adapte au changement par rapport à celle qui ignore les nouvelles contraintes et poursuit son cours comme si de rien n’était.
Jean-Pierre a été muté dans un pays étranger. Il refuse certaines coutumes locales qu’il juge incompatibles avec son éducation. Il a le choix entre deux attitudes face à sa nouvelle situation : agir et s’adapter ou au contraire conserver ses anciennes habitudes sans tenir compte de son environnement.
Evidemment, les conséquences ne sont pas les mêmes. La flexi-bilité entraîne plus d’ouverture et plus de tolérance de la part de ceux qui ne partagent pas exactement ses traditions.
Son intransigeance au contraire rend les choses plus difficiles et, à force de résister, Jean-Pierre construit autour de lui une cara-pace de non-intégration qui deviendra au fil du temps infranchis-sable. Autant dire qu’il s’enkyste et avec le temps il ne reste plus à son entourage d’autres options que celle d’isoler puis d’éliminer le kyste que Jean-Pierre aura largement contribué à mettre en place faute d’adaptation.
En pratique : privilégiez l’action dans un milieu de plus en plus exigeant
Le tableau 2, ci-dessous, vous permet de comparer des situations d’hier à celles d’aujourd’hui. Ces changements bouleversent vos habitudes et ne vont pas nécessairement dans le sens que vous auriez souhaité. Certaines transformations vous fragilisent d’autres au contraire vous mettent en valeur et vous rapprochent de vos ambitions. Pris entre le marteau et l’enclume, vous êtes maintenant conscients du caractère irréversible de ces transfor-mations.
Vous avez peut-être plus d’une raison de manifester votre mécon-tentement mais si leur caractère inéluctable se confirme, toutes les expressions émotionnelles par lesquelles vous allez passer sont importantes à condition qu’elles n’envahissent pas le tableau et ne retardent pas votre passage à l’action.
Autrement dit, quelle que soit la vitesse à laquelle vous traversez les stades menant à l’action, cette dernière étape est fondamen-tale. C’est d’elle que dépendra votre positionnement par rapport à ce qui bouge autour de vous ; c’est-à-dire votre capacité d’adap-tation et votre efficacité.
• Si vous bougez moins vite que votre environnement, vous devez à un moment ou à un autre rattraper le temps perdu.
• Si vous bougez à la même vitesse que votre milieu, vous pouvez vous donner le temps de l’adaptation sélective pour que vos actions servent au mieux vos intérêts.
• Enfin, si vous allez plus vite que ce qui vous entoure, vous pouvez espérer exercer un peu plus d’influence sur le cours des choses et aspirer à en tirer le meilleur profit.
Dans le tableau 2 (p. 20), vous utiliserez une quantification arbi-traire allant de 1 à 5, pour vous faire une idée sur l’ampleur du changement d’un même paramètre entre hier et aujourd’hui, à la fois dans votre milieu professionnel et familial. Ainsi par exem-ple, les exigences des patrons d’hier ne sont plus les mêmes aujourd’hui. Une quantification arbitraire de « 2 » pour hier doit faire face à un durcissement plus grand aujourd’hui passant de « 2 » à « 4 » voire « 5 ».
Ces ruptures par rapport au passé nécessitent plus que jamais un passage à l’action et une adaptation permanente pour rester en phase avec ce qui change autour de vous.