Prééclampsie : les facteurs de risque de complication

La prééclampsie appartient aux troubles hypertensifs compliquant la grossesse, spécifique à la gestation humaine. La prééclampsie associe hypertension artérielle (HTA), apparaissant après 20ème semaine d’aménorrhée (SA) et protéinurie ≥ 3g/24 heures ou ≥1+ à la bandelette urinaire en l’absence de toute notion d’HTA antérieure .

La prééclampsie, par ses complications mettant en jeu à la fois le pronostic vital maternel et infantile, représente la plus préoccupante des troubles hypertensifs de la grossesse et constitue une des causes majeures de morbidité et de mortalité maternelles et périnatales [3-5] et constituent un véritable problème de santé publique. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au moins 16% des décès maternels dans les pays en voie de développement sont estimés dûs aux complications de la prééclampsie non traitée .

Actuellement, leur physiopathologie demeure incomplètement connue, et le seul traitement efficace de la prééclampsie reste à ce jour l’interruption de la grossesse et la délivrance du placenta malgré que d’autres thérapeutiques tels que les antihypertenseurs, les anticonvulsivants soient utilisées .

Il existe très peu de données épidémiologiques sur la prééclampsie à Madagascar, cependant, à la maternité de Befelatanana, la prévalence de la prééclampsie et/ou de l’éclampsie retrouvée reste encore élevée malgré la disponibilité du service de consultations prénatales (CPN), les recommandations établies, et les moyens de prévention et de prise en charge de la prééclampsie [3, 9]. En 2007 elle atteint 23 pour 100 accouchements [10]. Ainsi, avons-nous pensé à mener la présente étude, intitulée : «Prééclampsie: les facteurs de risque de complications vus au CHU GOB du mois d’Août 2016 au mois de Janvier 2017».

DÉFINITIONS

Prééclampsie

Il s’agit d’une maladie de l’endothélium maternel dont l’origine est placentaire définie par :

– une tension artérielle élevée : tension artérielle systolique (TAS) ≥140 mmhg et/ou tension artérielle diastolique (TAD) ≥90 mmhg observée à 4h d’intervalle [1, 2], apparaissant à partir du 20ème SA en l’absence d’hypertension artérielle connue, et se normalisant dans les 3 à 6 mois après l’accouchement [1, 12].
– une protéinurie > 0.3g/24 heures ou ≥ 1+ sur une bandelette urinaire .

Dans certains cas la protéinurie est initialement absente, dans ces cas la prééclampsie est suspectée devant l’association de l’HTA à un ou plusieurs des signes suivants :

– une prise de poids rapide
– des œdèmes inhabituels ou d’apparition brutale
– un œdème pulmonaire
– des troubles visuels
– un retard de croissance intra utérin (RCIU)
– une uricémie ˃350 µmol/l
– une élévation de l’aspartate amino transférase (ASAT), Alanine amino transférase (ALAT) > 2 fois la normale
– une thrombopénie ˂ 150 000/mm3 .

Selon la définition du National High Blood Pressure Education Program of United States, les œdèmes ne font plus partie des signes cardinaux et la disparition de l’hypertension artérielle après l’accouchement n’est plus considérée comme une condition absolue [14]. Cependant certains caractères des œdèmes constituent un signe d’alarme .

Prééclampsie modérée
Dans la prééclampsie modérée, la mère ne présente aucun signe fonctionnel d’HTA, les pressions artérielles systolique et diastolique sont respectivement < 160 et 110 mmHg, les paramètres biologiques sanguins et urinaires ne sont pas en faveur d’une prééclampsie sévère, le fœtus est eutrophique, et la quantité de liquide amniotique est normale .

Prééclampsie sévère
La prééclampsie est dite sévère si elle est associée à, au moins, un des signes de gravité clinique, biologique, ovulaire ou fœtal . La prééclampsie est dite précoce quand elle se manifeste sur une grossesse avec un âge gestationnelle de 32 SA ou moins .

Éclampsie

Elle est définie par l’existence de convulsions tonico-cloniques localisées ou généralisées, et/ou de troubles de conscience, survenant dans 91% des cas sur une grossesse de 28 SA ou plus [16], et le plus souvent en pré-partum (38-53% des cas), ou en post-partum (11-44% des cas), mais aussi en intra-partum (18-19% des cas) [16] dans un contexte de prééclampsie , et ne pouvant être rapportés à un problème neurologique préexistant .

Classification des troubles hypertensifs de la grossesse

Les troubles hypertensifs de la grossesse sont classés en 4 groupes :

– Prééclampsie et éclampsie (5-8% des grossesses) [1, 18]: la prééclampsie est caractérisée par l’association d’une HTA avec une protéinurie, survenant après la 20ème SA, le plus souvent près du terme, sans notion d’HTA ni de protéinurie antérieure [1, 19]. L’éclampsie étant une complication grave de la prééclampsie.

– HTA chronique (1-5% des grossesses) [18] : quand l’HTA est connue avant la grossesse ou avant la 20ème SA, sans que la femme ne présente une protéinurie, ou quand elle est découverte seulement après la 20ème SA et persiste jusqu’à plus de 12 semaines du post-partum.

– HTA gestationnelle (HTAG): complique 5-6% des grossesses [1, 13, 18, 19] : c’est une HTA découverte après la 20ème SA, non accompagnée de protéinurie ni d’autre signe de prééclampsie, sans notion d’antécédent d’HTA et avec retour à la normale de la TA à partir de la 6ème semaine du post-partum .

– Prééclampsie surajoutée à une HTA chronique (15-20% des grossesses chez les femmes avec HTA chronique) [9] : la prééclampsie est dite surajoutée quand elle survient chez une femme enceinte ayant présenté une HTA chronique.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : RAPPEL
I.DÉFINITION
I.1. Prééclampsie
I.1.1. Prééclampsie modérée
I.1.2. Prééclampsie sévère
I.2. Éclampsie
I.3. Classification des troubles hypertensifs de la grossesse
II. PHYSIOPATHOLOGIE
II.1. La placentation normale
II.2. Physiopathologie de la prééclampsie
II.2.1. Défaut de placentation
II.2.2. Un dysfonctionnement endothélial maternel
III. ÉPIDÉMIOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE
III.1. Épidémiologie
III.2. Facteurs de risque
IV. DIAGNOSTIC DE LA PRÉÉCLAMPSIE
IV.1. Diagnostic clinique
IV.2. Diagnostic paraclinique
IV.2.1.Sur le plan maternel
IV.2.1.1.Examens biologiques
IV.2.1.2. Imagerie et autres examens
IV.2.2.Sur le plan fœtal
IV.2.2.1. Une échographie obstétricale couplée à l’échodoppler obstétrical
IV.2.2.2. Un enregistrement cardiotocographique
IV.2.2.3. Le score biophysique de MANNING
IV.3. Complications maternelles et fœtales de la prééclampsie
IV.3.1. Complications maternelles à court terme
IV.3.2. Les complications maternelles à long terme
IV.3.3. Les complications fœtales
V. PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES
V.1. But
V.2. Moyens
V.2.1. Moyens non médicamenteux
V.2.2. Moyens médicamenteux
V.2.3. Moyens obstétricaux
V.3. Indications
V.3.1. Moyens non médicamenteux
V.3.2. Moyens médicamenteux
V.3.3. La prise en charge obstétricale
V.4. Surveillance
V.4.1. Surveillance à court terme
V.4.2. Surveillance à long terme
V.4.2.1. HTA et maladie cardiovasculaire
V.4.2.2. Maladie rénale
V.4.2.3. Autres surveillances à long terme
V.5. Prévention de la prééclampsie
DEUXIÈME PARTIE : MÉTHODES ET RÉSULTATS
I..MÉTHODES
I.1. Cadre d’étude
I.2. Type d’étude
I.3. Période d’étude
I.4. Population d’étude
I.5. Critères d’inclusion
I.6. Critères de non inclusion
I.7. Critères d’exclusion
I.8. Modes d’échantillonnage cas et témoins
I.9.Tailles échantillons cas et témoins
I.10. Collecte des données
I.11. Traitement des données
I.12.Paramètres d’étude
I.13. Limites de l’étude
I .14. Considérations éthiques
II. RÉSULTATS
II.1. Caractéristiques sociodémographiques des cas et des témoins
II.2. Antécédents
II.3. Les variables liées à la prééclampsie
II.4. Les variables liés aux services dont les gestantes bénéficient au cours des CPN
II.5. Les variables liées aux gestantes
II.6. Les variables cliniques
TROISIÈME PARTIE : DISCUSSION
I. PRÉVALENCE
II. CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DES CAS ET DES TÉMOINS
II.1. Âge
II.2. Situation matrimoniale
II.3. Niveau de revenu
II.4. Niveau d’instruction
II.5. Profession des gestantes
II.6. Délai du trajet entre le domicile et la formation sanitaire, le domicile et le CHU GOB, la formation sanitaire et le CHU GOB
III. ANTÉCÉDENTS
III.1. Antécédents familiaux
III.2. Antécédents personnels
III.2.1. Antécédents personnels médicaux
III.2.2. Antécédents personnels obstétricaux
IV. LES VARIABLES LIÉÉS À LA PRÉÉCLAMPSIE
IV.1. Âge gestationnel lors de la découverte de l’HTA et précocité de la découverte
IV.2. Grade de l’HTA lors de sa découverte
IV.3. Résultat de la protéinurie lors de sa recherche au cours des CPN
IV.4. Facteurs de risques de la prééclampsie
V. LES VARIABLES LIÉÉS AUX SERVICES DONT LES GESTANTES BÉNÉFICIENT AU COURS DES CPN
V.1. Catégorie des prestataires et statut de la formation sanitaire
V.1.1. Statut de la formation sanitaire
V.1.2. Catégorie des prestataires
V.2. Prise de TA et mesure de la protéinurie systématique au cours de la grossesse
V.3. Dispensation d’informations sur l’HTA et les conduites à tenir y afférentes par la formation sanitaire
V.4. Prise en charge thérapeutique avant admission selon les données inscrites dans le carnet de santé et la femme
VI. LES VARIABLES LIÉÉS AUX GESTANTES
VI.1. Nombre de CPN effectuées
VI.2. Âge gestationnel lors de la première CPN
VI.3. Reconnaissance des signes fonctionnels de l’HTA et consultation en présence de ces signes
VI.4. Observance thérapeutique
VII. LES VARIABLES CLINIQUES
VII.1. Mode d’admission
VII.2. Motifs d’admission
VII.3. Âge gestationnel à l’admission
VII.4. Statut de la grossesse selon le nombre de fœtus
VII.5. Protéinurie et tension artérielle à l’admission
VII.6. Etat maternel et fœtal à l’admission et le type de complication maternelle et fœtale
CONCLUSION

Télécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *