La prison est un monde mal connu et qui fait peur. Notre société cependant se reflète d’une certaine manière dans l’univers carcéral qui lui renvoie à son tour son image. Ce faisant, nous irons de surprise en surprise. Nous nous apercevrons à la fois que la prison est un monde typiquement à part, et qu’en même temps, elle occupe presque d’habitude la une de notre actualité. Elle est par excellence un lieu de marginalisation. Pour les reclus, nous représentons le monde extérieur et nos visites au sein de la prison créent probablement un pont, un lien avec le monde libre dans les murs de la prison, simultanément nous rapportons à l’extérieur ce qui se passe derrière les barreaux. N’oublions aussi que les prisons renferment en général deux catégories de personnes, tous soumis à des régimes de sûreté égaux: les condamnés et les prévenus. Il est dans ce cas jugé indispensable de mentionner à chaque fois l’article 9 sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen , pour qu’on s’en souvienne toujours, laquelle pose que : « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait jugé coupable , (…) », c’est pour dire que dans les prisons, il n’y a pas que les condamnés, on y trouve aussi des personnes uniquement en détention préventive qui attendent leur acquittement ou dans le cas contraire, leur condamnation. Ce qui nous amène à dire que la réalité des prisons demeure plus compliquée que jamais et c’est justement la raison pour laquelle il faut tenter d’y voir plus clair, sans passion ni parti pris.
Sans vouloir trop insister sur les différents problèmes que nous avons rencontrés durant l’élaboration de ce mémoire, qui est d’ailleurs notre première réalisation scientifique en tant que travail académique parachevant les études du second cycle des études universitaires, nous tenons tout de même à signaler qu’un certain nombre de difficultés ont été rencontré, notamment dans l’obtention de certaines informations classées sensibles à la sécurité carcérale et sociale. Une évidence semble malgré tout fatale, c’est qu’il manquera toujours la liberté quoique l’on fasse pour favoriser la vie carcérale ; par contre une petite part de contribution à l’amélioration de son système de communication reste tout de même possible.
SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA PRISON
Carte et croquis de localisation
Son emplacement dans la ville de Fianarantsoa
La ville de Fianarantsoa est une ancienne cité royale fondée en 1830 dans la Région des hauts plateaux du centre de Madagascar et qui compte plus de 150000 habitants. Le nom Fianarantsoa « là où l’on apprend le bien » a été donné par la Reine Ranavalona 1ère en remplacement d’Ivonea ; ses escaliers et ses ruelles font d’elles une des plus belles villes malgaches. A l’image de la Capitale, c’est aussi le centre catholique et académique de Madagascar avec ses établissements scolaires de bonne renommée. Quant à la prison, elle est plutôt destinée à accueillir les délinquants ou les personnes en rupture avec la loi en tant que centre de rééducation surveillée et se trouve au centre du quartier populaire d’Ankazondrano de la ville basse de Fianarantsoa.
HISTORIQUE
Le point de départ de l’actuelle Maison Centrale
Nous ne pouvons pas mentionner le nom de la Maison Centrale d’Ankazondrano Fianarantsoa sans évoquer l’histoire de Madagascar elle-même. Pendant la colonisation, la prison se trouvait encore dans le quartier de Tsianolondroa (là où se trouvent actuellement le bureau de la Mairie ainsi que le Palais de la Région Haute Matsiatra). Mais vers 1947, les prisonniers ont tous été transférés dans le grand magasin du SMOTIG (Service de la Main d’Œuvre pour les Travaux d’Intérêt Général) d’Ankazondrano.
Ce complexe, composé de plusieurs bâtiments et hangars construits en 1830 pour les chemins de fer, a été entouré ultérieurement d’une haute enceinte avec des miradors afin d’être utilisé comme prison après l’indépendance et est resté jusqu’à nos jours l’actuelle Maison Centrale de Fianarantsoa.
Les différents établissements pénitentiaires à Madagascar
Les établissements pénitentiaires sont répartis en cinq catégories :
– les maisons centrales ;
– les maisons de force ;
– les maisons de sûreté ;
– les établissements destinés à l’enfance délinquante ;
– les camps pénaux.
a. Maisons centrales :
Elles se trouvent presque un peu partout dans toutes les Régions de l’île comme la Maison Centrale d’Antanimora pour Antananarivo et celle d’Ankazondrano pour Fianarantsoa. Elles reçoivent :
– des prévenus ;
– des condamnés à des peines d’emprisonnement pour crime ou délit ou de simple police ;
– des condamnés à des peines criminelles à temps ;
– des personnes contraintes par corps ;
– des personnes détenues en transit.
b. Maisons de force :
Elles sont spécialement réservées aux personnes les plus dangereuses et qui ne sont aussi que deux seulement à Madagascar à savoir, Nosilava et Tsiafahy. Elles reçoivent :
– les condamnés aux peines criminelles à perpétuité ou à mort ;
– les condamnés à la relégation ;
– les condamnés reconnus dangereux.
c. Maisons de sûreté :
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un endroit où certains suspects sont placés pour la sûreté de leur sécurité. Autrement dit, lieu où certaines personnes sont placées sous mandat de dépôt. Elles reçoivent :
– des prévenus ;
– des condamnés à l’emprisonnement d’une durée de six mois à deux ans ;
– des condamnés à l’emprisonnement de simple police ;
– des personnes contraintes par corps ;
– des personnes détenues sélectionnées pour le travail, dans le cadre de la concession ;
– des personnes détenues en transit.
d. Des établissements destinés à l’enfance délinquante :
Ils reçoivent des mineurs délinquants. L’administration et l’organisation de ces centres sont régies par un décret.
e. Camps pénaux :
Les camps pénaux sont des établissements ruraux, ouverts, placés sous l’autorité du chef d’établissement de la maison centrale ou de la maison de sûreté. La création d’un camp pénal est décidée par arrêté du Ministre de la justice. L’arrêté détermine les conditions particulières d’administration et de fonctionnement adaptées aux nécessités de chaque camp .
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