Pratiques et valeurs spatiales, pèlerines et touristiques
Guadalupe sous la loupe du géographe
les sanctuaires, objets géographiques complexes « Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu. » (Job 42, 5) Ces mots sont, selon le Nican Mopohua, récit reconnu comme authentique par l’Eglise catholique, les mots prononcés par la Vierge Marie au cours de sa première apparition au néoconvers Juan Diego Cuauhtlatoatzin le 9 décembre 1531. « Va au palais de l’évêque de Mexico et dislui que je manifeste un grand désir qu’ici sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur ». On ne saurait être plus clair. Si aujourd’hui, dans la capitale surpeuplée du Mexique, où la moindre petite parcelle d’espace est colonisée, subsiste un espace de 265 800 m² libre d’immeubles et en partie planté de pelouses, d’arbres et de diverses variétés de cactus entre lesquels déambulent les visiteurs, c’est bien parce qu’il y a bientôt 500 ans, une apparition l’a demandé à un Indien. La Vierge Marie s’est approprié le sommet de cette colline. Pourquoi cette colline précisément ? Pourquoi les autorités ecclésiastiques de l’époque, sur la foi d’un individu qu’elles ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam (l’Indien Juan Diego) ont-elles accédé à la requête de l’apparition ? A ces deux questions, il est possible de répondre, comme le fait l’Eglise, par l’argument de la foi : l’utilisation de l’espace comme moyen d’évangélisation. Il est aussi possible d’avancer, comme le font certains historiens et anthropologues, l’argument stratégique : l’utilisation de l’espace comme un objet de pouvoir. Ce chapitre n’a pas pour prétention de résoudre le mystère de la foi. Il n’a pas non plus pour but de nier catégoriquement la foi qui se rattache au sanctuaire de Guadalupe. L’objet de ce chapitre est de montrer la complexité de ces objets spatiaux que sont les sanctuaires et de mettre en évidence les différentes questions qu’ils soulèvent. Au sanctuaire de Guadalupe s’observent des formes d’organisation et d’utilisation de l’espace relevant du domaine sacré et d’autres du domaine profane, des pratiques rituelles pluriséculaires et des pratiques touristiques apparues dans la deuxième moitié du XXe siècle. Ces éléments coexistent mais s’agit-il d’une simple juxtaposition entre sacré et profane, ancien et contemporain, ou une synthèse s’opère-t-elle ? Il s’agit, dans un premier temps, de partir du récit de l’apparition, le Nican Mopohua, rédigé en nahuatl par Don Antonio Valeriano, un des moines du couvent de Tlatelolco, vers 1556. Le moine aurait recueilli ce récit de la “Ve al palacio del obispo de México y le dirás cómo yo te envío a manifestarle lo que mucho deseo, que aquí en el llano me edifique un templo.” (Nican Mopohua) 39 bouche de Juan Diego lui-même. Ce texte a servi de fondement à la reconnaissance des apparitions et au développement du pèlerinage. Que nous dit-il de l’importance du lieu lui-même ? L’histoire du sanctuaire de Guadalupe est représentative de celle de toute une catégorie de lieux : les lieux de pèlerinage issus d’une apparition. Le récit des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe permet de mener l’enquête et de comprendre comment un espace peut être « mis à part » pour un motif qui n’a pas de fondement rationnel. Lourdes, Fatima, Pontmain, La Salette, Knock, L’Ile-Bouchard, Kibého, Medjugroje… La liste de ces lieux d’apparition est si longue qu’elle a donné lieu à un dictionnaire (Laurentin, Sbalchiero, 2012), lui-même non exhaustif. Pour autant, tous les lieux relevant de cette catégorie ne connaissent pas le même succès (en termes de renommée et de fréquentation). Si, bien sûr, ce sont les paroles et l’aspect de l’apparition qui tiennent la place principale dans le récit et dans l’esprit des lecteurs, c’est uniquement le lieu qui subsiste après l’événement et qui perdure, devenant ainsi, en quelque sorte, l’incarnation géographique du divin. Le sanctuaire de Notre-Dame du Guadalupe en est un parangon. 1- Des lieux arrachés à la géographie ordinaire a) Un événement fondateur qui transfigure l’espace : la fondation du sanctuaire Le Nican Mopohua rapporte qu’aux premières heures du samedi 9 décembre 1531, dix ans après la prise de Mexico par le conquistador Hernán Cortès, Juan Diego Cuauhtlatoatzin, un Indien converti au christianisme depuis six ou sept ans passe, comme tous les samedis matin, au pied de la colline de Tepeyac. Il parcourt les derniers des vingt kilomètres qui séparent sa masure, à Cuautitlán, de la mission franciscaine de Tlatelolco où, tous les samedis, les frères donnent des enseignements aux nouveaux convertis. Ce samedi-là cependant, quelque chose d’inhabituel vient rompre la monotonie du trajet. L’Indien entend un chant pareil à celui de différents oiseaux, si beau à ses oreilles qu’il lui semble venir du Ciel. Alors qu’il lève la tête, cherchant la source de cette musique, celle-ci s’arrête. Croyant rêver, il entend alors, venant du sommet de la colline, une voix qui l’appelle. Intrigué, il dévie de sa route habituelle et gravit la colline. Là-haut, une « Dame » l’attend et lui fait signe de s’approcher. Comme dans tous les récits d’apparition, la Dame en question paraît au voyant tout-à-fait merveilleuse : Juan Diego la décrit comme étant d’une beauté éblouissante et vêtue de vêtements brillant « comme le soleil ». Mais si le caractère presque surhumain de l’apparition ne surprend pas, plus étonnante est la description que l’Indien fait du lieu de l’apparition. Celui-ci, à ce moment précis, aurait été comme transfiguré sous l’influence de l’apparition : 40 La description donnée ici, traduction de celle faite par Juan Diego lui-même, présente un lieu féérique, en-dehors du monde réel alors qu’il est pourtant bien ancré dans la topographie locale. Juan Diego connaît cette colline depuis son enfance et passe devant chaque fois qu’il se rend à Mexico. Les plantes qui y poussent (mezquites et nopales) sont celles que l’on trouve partout ailleurs dans cette région. Pourtant, les éléments caractéristiques du lieu (falaise, plantes) sont devenus méconnaissables pour l’Indien. Ce qui est habituellement le plus inutile ou dangereux (les mauvaises herbes et les épines) est ce qui paraît à présent le plus précieux. Le plus insignifiant devient le plus important, semblant incarner ainsi dans l’espace le précepte évangélique : « Celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux » (Mt, 18, 4). Juan Diego luimême, celui que la Vierge appelle « le plus humble de [ses] fils » est choisi dans ce but5 . Dans ce récit, tout se passe donc comme si, en entrant en contact avec la terre, le divin transfigurait l’espace qui l’entoure. La localisation de l’apparition (au sommet de la colline) n’est pas anodine. De très nombreux sanctuaires dans la plupart des religions, se situent en haut de collines ou de montagnes. Les sommets, plus proches du ciel, ont été ou sont encore, dans diverses civilisations, considérés comme la demeure des Dieux. Ils sont ainsi les lieux privilégiés pour l’érection de temples ou, au contraire, sont des lieux que l’on évite pour ne pas troubler la divinité en sa demeure. Situer l’apparition de Notre Dame de Guadalupe au sommet de la colline de Tepeyac, c’est s’inscrire dans cette tradition. Dans cet espace transfiguré par la présence de la Vierge, Juan Diego croit ainsi voir une image du paradis terrestre : L’apparition a, dans l’esprit de l’Indien, aboli les frontières entre ciel et terre, ce qui fait écho à la définition du haut lieu donnée par Roger Caillois comme un « endroit où le Ciel touche la terre » (Caillois, 1963). L’image de la « terre [resplendissant] comme un arc-en-ciel » utilisée par Juan Diego renforce cette confusion du ciel et de la terre, et par là du divin et de l’humain, d’autant plus que l’arc-en-ciel est l’image traditionnellement utilisée pour symboliser l’alliance entre Dieu et les hommes6 . Tant dans la description de Juan Diego que dans la définition de Roger Caillois on retiendra 5 Là encore, il s’agit d’un trait caractéristique des apparitions mariales. Bernadette Soubirous, la voyante de Lourdes, l’a d’ailleurs elle-même exprimé : « C’est parce que j’étais la plus pauvre que Marie m’a choisie. Si elle en avait trouvé une plus pauvre que moi, c’est elle qu’elle aurait choisie. » 6 L’exemple par excellence donné dans la Bible est celui de l’arc-en-ciel annonçant à Noé la fin du déluge. « Peut-être suis-je en train de rêver ? Suis-je réveillé ? Où suis-je ? Peut-être suis-je dans ce paradis terrestre dont nous parlaient nos ancêtres ? Peut-être suis-je maintenant au ciel ? » « La falaise sur laquelle reposaient ses pieds étincelait de lumière comme entourée d’un bracelet de pierres précieuses, et la terre resplendissait comme un arc-en-ciel. Les mezquites, nopales et autres mauvaises herbes qui poussent à cet endroit paraissaient comme des émeraudes, leurs feuillages comme des turquoises, leurs branches et leurs épines comme de l’or ». cette « extraction » de certaines portions d’espace de la géographie ordinaire. Une première question est soulevée ici, celle de savoir ce qu’implique concrètement, dans l’espace, cette élection par la divinité. Si, aux yeux du voyant, l’espace a bien été transfiguré au moment de l’apparition, une fois la « Dame » partie, il est redevenu semblable à ce qu’il était auparavant. On saisit alors l’importance de la demande de la Vierge : construire une église est le seul moyen de pérenniser le caractère exceptionnel de l’endroit désigné et le moyen de l’extraire durablement de la géographie ordinaire. L’espace devient le support de la mémoire.
De l’espace ordinaire à l’espace extraordinaire
l’érection du sanctuaire et le rôle du discours dans son développement Le récit nous montre plus loin que Juan Diego a identifié la colline de Tepeyac comme étant la demeure de l’apparition : le soir même des apparitions, après avoir été éconduit par l’évêque, c’est tout naturellement qu’il « revint directement en haut de la colline » où il est certain de trouver la Dame. C’est toujours au sommet du Tepeyac qu’il vient à la rencontre de la Vierge le jour suivant. Ce dimanche, l’évêque, dubitatif mais néanmoins troublé par la certitude et la tranquillité de Juan Diego, lui propose de demander à la Dame un signe prouvant son identité. Au sommet du Tepeyac, cette dernière promet qu’elle donnera ce signe à l’Indien le lendemain. Or, en rentrant chez lui, Juan Diego trouve son oncle mourant. Il passe la journée du lundi à le veiller, ne quittant pas son chevet. L’oncle, persuadé qu’il va mourir, demande alors à son neveu d’aller quérir un prêtre. Le mardi, de grand matin, l’Indien prend donc sa route habituelle vers la mission. Or, rapporte le Nican Mopohua, Le moins que l’on puisse dire est que Juan Diego fait ici preuve d’un grand pragmatisme : le domaine réservé de la Vierge est le sommet de la colline, cette portion de paradis terrestre. Elle ne se manifeste pas ailleurs. Ce fait est récurrent dans de nombreux récits d’apparitions de la Mère du Christ : elles se produisent en un lieu précis et lorsque Marie apparaît plusieurs fois, elle demande aux voyants de la retrouver à ce même point. Cela contribue nécessairement à ancrer le divin en un point précis. Mais lorsque les voyants sont empêchés de se rendre sur le lieu (comme à Fatima) ou cherchent à l’éviter (comme à Guadalupe), l’apparition se déplace. Ces lieux ne revêtent cependant, dans l’esprit des fidèles, qu’une importance secondaire. Dans le cas de Juan Diego, la Vierge vient à sa rencontre en bas de la colline, marquant ainsi un deuxième lieu d’apparition. Cependant, l’espace ne se transforme pas cette fois en paradis. L’Eden, le lieu du miracle, reste toujours le sommet de la « Comme il s’approchait de la route qui rejoint la pente qui mène au sommet de la colline de Tepeyac, vers l’Ouest, et où il avait l’habitude de traverser la route, il se dit : « Si je continue ce chemin, la Dame va sûrement me voir, et je pourrais être retenu afin que je puisse porter le signe au prélat comme convenu ; mais notre premier souci est d’aller rapidement appeler un prêtre car mon oncle l’attend. » Il fit donc le tour de la colline afin qu’il ne puisse être vu par celle qui voit bien partout. » colline. Ainsi, elle ne donne pas directement à Juan Diego, de la main à la main, le signe promis à l’évêque. Elle l’envoie le chercher au lieu habituel de l’apparition. Cette fois, au sommet de la colline, l’Indien découvre de « merveilleux rosiers de Castille en floraison bien avant la saison où les roses devraient bourgeonner ». La magnificence du sommet de la colline constitue une preuve supplémentaire de la volonté de l’apparition qu’on y construise une église. L’Indien lui-même déclare à l’évêque : Mis à part le fait que les paroles rapportées suggèrent une réécriture sans doute enjolivée des événements (l’indien Juan Diego, n’ayant jamais vu de roses de Castille de sa vie et ne sachant probablement pas ce qu’est la Castille ne peut donc pas avoir reconnu la variété de roses), cette remarque montre néanmoins que l’Indien n’a jamais complètement perdu son image « réaliste » du lieu d’apparition : un endroit hostile. Le caractère miraculeux de la présence des roses n’en apparaît que mieux. Le signe choisi par la Vierge n’est pas non plus anodin : parmi ces plantes indigènes des milieux arides poussent des plantes venues d’Espagne totalement inadaptées au climat local. Un signe tangible qui cette fois est présent même lorsque la manifestation divine a lieu ailleurs. La première demande de l’évêque, lorsqu’il reconnut que Juan Diego ne mentait pas, fut de se faire conduire à l’endroit exact désigné par la Vierge. C’est bien au sommet de la colline que fut édifiée la première chapelle. A l’origine du sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe comme de beaucoup d’autres, se trouve donc une portion d’espace mise à part par une entité divine. Cette élection divine est vue comme l’origine de la sainteté et de l’attractivité du lieu. Les pèlerins mexicains, qui connaissent très bien l’histoire de Juan Diego et des apparitions, considèrent comme très important de monter jusqu’à la chapelle marquant l’emplacement des premières apparitions. Cependant aujourd’hui, les pèlerins viennent en priorité voir l’image de la Vierge miraculeusement apparue sur la tilma7 de Juan Diego au moment où il apporta les roses à l’évêque. Cette image étant exposée dans la Nouvelle Basilique située au pied de la colline, c’est cet édifice qui concentre les visiteurs. L’objet sacré et, par extension, l’édifice qui le recèle, a une importance plus grande encore que le lieu précis de la manifestation divine. Cependant, si le culte de l’objet et du lieu sacrés perdurent, c’est grâce à la transmission du récit des faits : le Nican Mopohua, document de référence, constitue véritablement le mythe fondateur du lieu. Vêtement traditionnel en fibre d’agave porté par les Indiens « Même si je savais que le haut de la colline n’était pas un endroit où pousseraient des fleurs car il y a beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites, j’avais encore des doutes. Quand je me suis approché du sommet de la colline, je vis que j’étais au paradis où il y avait une variété d’exquises roses de Castille, couvertes de brillante rosée et je les ai cueillies immédiatement ».
Des lieux à forte portée symbolique
Un mythe, selon la définition donnée par l’historien Philippe Borgeaud dans le Dictionnaire des faits religieux, est un récit qui « doit véhiculer une histoire d’un type particulier, une histoire traditionnelle ou devenue telle, qui ne soit pas ou plus reconnue comme l’invention d’un individu mais comme appartenant à la mémoire d’une communauté, d’une collectivité, d’une société » (in Azria, 2010). Un récit d’apparition, mettant en jeu des éléments surnaturels peut bien être considéré comme « une histoire d’un type particulier ». La nouvelle de l’apparition n’a pas tardé à se répandre, dans Tenochtitlán (actuelle Mexico) tout d’abord, puis dans l’ensemble du Mexique. Dès le 26 décembre 1531, la procession qui accompagne la tilma depuis l’archevêché jusqu’au sommet de la colline où un oratoire a été construit à la hâte, attire des centaines de personnes, principalement des Indiens. En 1533, le premier sanctuaire est terminé. Ce ne sont bientôt plus des centaines mais des milliers de visiteurs qui accourent au Tepeyac. Depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, tous les Mexicains ont eu connaissance du récit des apparitions. Il s’agit bien d’une histoire devenue « traditionnelle ». Preuve en est que la commémoration de la dernière apparition, le 12 décembre, est devenue l’objet d’une fête liturgique nationale avec son propre rituel (chant traditionnel des Mañanitas à minuit puis Messe festive). S’il ne s’agit pas d’un jour férié, la « fête de la Vierge de Notre Dame de Guadalupe » le 12 décembre est néanmoins indiquée dans le calendrier. De fait beaucoup de Mexicains prennent un jour de congé pour se rendre au sanctuaire à cette date. L’importance de cette fête dans la vie du pays acte bien l’appropriation collective et nationale qui a été faite du récit des apparitions. Si le récit des apparitions et l’image de la Vierge ont acquis ce statut d’éléments fondateurs c’est principalement parce qu’ils réalisent une synthèse entre les habitants originels du Mexique et les colons. La Vierge s’est en effet adressée à Juan Diego en nahuatl, la langue vernaculaire. Il n’y a donc pas d’obstacle à la transmission des événements auprès des populations indigènes. Quant aux colons, l’évêque espagnol a été partie prenante du miracle. Le récit va donc également se transmettre parmi les conquistadores. D’autres éléments inhérents aux apparitions assurent cette transmission et cette acceptation du récit par tous. D’un côté, la Vierge s’exprime en nahuatl et apparait métisse ; sa robe et son manteau sont ornés de symboles dont le sens échappe aux colons espagnols mais est très clair pour les Aztèques : les Indiens ont bien le sentiment que la Dame apparue à Juan Diego vient s’adresser à eux. D’un autre côté, lorsqu’elle apparaît à Juan Bernardino (l’oncle mourant de Juan Diego) et le guérit, elle lui dit s’appeler « Notre Dame de Guadalupe ». Il s’agit du nom d’un village espagnol de la province d’Estrémadure devenu un lieu de pèlerinage dans lequel on vénère depuis le XIVe siècle, une statue de la Vierge. Cette Vierge de Guadalupe était très 44 priée par les colons espagnols. De plus, le signe envoyé par l’apparition à l’évêque par l’intermédiaire de Juan Diego n’est autre qu’un bouquet de roses de Castille, fleurs encore inconnues au Mexique et destinées à rappeler à l’évêque, Mgr Juan de Zumarraga, son pays natal. Les apparitions telles qu’elles sont relatées dans le Nican Mopohua font bien la synthèse des deux cultures qui viennent de se rencontrer. Il ne s’agit pas de dresser les Indiens contre les colons ou de les inciter à vivre « à part », ni d’encourager les colons à dominer les peuples indigènes. Au contraire c’est l’idée du mélange des cultures qui domine ici, faisant de cet événement le mythe fondateur de l’identité mexicaine qui « appartient à la mémoire (…) d’une société ».
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