Pourquoi les mouvements panafricains ont échoué

Pourquoi un changement audacieux et radical est nécessaire

L’échelle et la portée des défis auxquels l’humanité a à faire face s’accroîtront exponentiellement au cours du XXIe siècle. Ces défis seront climatiques, médicaux, résulteront des déséquilibres démographiques, des migrations massives, d’une raréfaction des ressources naturelles, et d’autres choses encore. Les problèmes que le XXe siècle eut à affronter, comme un taux de chômage à 10%, les sécheresses, les mouvements rebelles, les trafiquants de drogue, le SIDA et les dictatures apparaîtront comme un jeu d’enfant en comparaison des épreuves que nous aurons à subir.
Le monde entier, et les Africains en particulier, sont fortement redevables aux dirigeants de la Chine et de l’Inde. Toutes choses égales par ailleurs, si ces deux pays disposaient du même taux par habitant de catastrophes d’origine humaine que l’Afrique, les ressources humanitaires auxquelles les pays africains ont accès seraient pratiquement divisées par quatre. Pour chaque groupe de médecins, de médicaments essentiels et de rations alimentaires pour enfants qui sont à l’heure actuelle accessibles aux Africains en temps de crise, les trois quarts auraient été envoyés en Chine et en Inde.
En période de crise, les grands pays pauvres sont plus efficaces que les petits pays pauvres. Ils disposent en effet des moyens nécessaires pour faire face aux situations d’urgence et préserver l’ordre public. La taille d’un pays est également un facteur dissuasif considérable face aux voisins opportunistes qui désireraient tirer profit d’une période difficile pour attaquer un pays petit ou vulnérable (quel voisin oserait attaquer la Chine même si celle-ci traversait une période de faiblesse ?)

Changement climatique

De tous les continents, l’Afrique est celui qui contribue le moins au réchauffement climatique. Il est alors particulièrement injuste que l’Afrique soit le continent le plus durement touché par les changements climatiques. La cause en est que certaines zones font déjà l’objet d’une forte pluviométrie, à l’exemple de la Ceinture Pluvieuse Equatoriale. Les précipitations dans ces zones vont de plus en plus s’accroître alors que les zones qui ont une faible pluviométrie, comme la région du Sahel, les verront davantage se réduire.
Cette situation doit être considérée avec attention étant donné que le changement climatique peut déjà être vu comme responsable d’une hausse des problèmes de santé comme le paludisme, la méningite et la dengue. D’une manière plus précise, le défi que l’Afrique a à relever face au changement climatique tient à la manière dont les nombreux facteurs qui pèsent sur elle, à l’instar de la propagation du VIH/SIDA, des conflits ou de la privatisation des ressources ont tendance à confluer vers les conséquences du réchauffement climatique mondial. Ainsi, par exemple :
En 2002, la famine qui résulta de la sécheresse et qui frappa des millions de personnes en Afrique Australe fut aggravée par la faiblesse de la capacité de résistance d’une grande partie de la population, fortement touchée par le VIH/SIDA.
Le Rwanda des années 90 est une autre illustration, avec une succession de calamités qui donnèrent naissance à l’une des crises humanitaires les plus tragiques de notre ère. Les inévitables pressions politiques et économiques s’affichèrent sous leurs aspects les plus abjects lorsque les ressources de la région s’épuisèrent tandis que le nombre d’habitants se multipliait exponentiellement.
Selon Antony Nyong, professeur en études environnementales à l’Université de Jos, au Nigeria, « le changement climatique est susceptible d’annuler même les petits progrès que la plupart des pays africains ont atteint jusqu’à maintenant en matière de développement. »
Les programmes pour l’Afrique de l’ONU, comme « Greater Horn of Africa Initiative » (Initiative Grande Corne de l’Afrique), sont orientés vers des efforts environnementaux destinés à sauver des dizaines de milliers de vies, à prévenir les conflits armés, et à éviter les interventions internationales fort coûteuses. Leur but est de s’attaquer aux causes fondamentales des problèmes environnementaux qui font que la sécheresse entraîne la famine, et la famine entraîne les guerres civiles.
La crise du SIDA résulte en des pressions économiques davantage accrues sur les nations africaines, et épuise les ressources économiques dont elles ont tellement besoin pour mettre en place une gouvernance stable et un avenir économique radieux.
Et pire encore, à elle seule, la crise du SIDA décime toute une génération de jeunes africains.

Crise de la jeunesse africaine

Au moment où ces lignes sont rédigées (Mai 2009), l’essentiel des titres de la presse internationale et de l’attention mondiale est focalisé sur les pirateries contre les navires de commerce qui ont lieu au large des côtes somaliennes. Ces actes de pirateries sont le fait de jeunes somaliens opportunistes et armés, dans le but exprès de prendre en otage les équipages des navires occidentaux – un business très lucratif, de l’ordre du million de dollars par otage.
Alors que ces crimes de haute mer fortement médiatisés ont lieu depuis quelques années, des faits bien plus lourds de conséquence entre Africains et d’autres jeunes défavorisés méritent également qu’on s’y penche. Des milliers d’enfants et de jeunes adultes ont été frappés par la guerre civile ces deux dernières décennies au Libéria, en Angola, au Tchad, au Burundi, au Sierra Leone, en République Démocratique du Congo et en Somalie, et sont devenus victimes de ce qu’on qualifie d’ « enfance volée ».
Sans aucun espoir de bénéficier du progrès social et de développer leurs compétences, un nombre trop important de jeunes marginalisés vivent de cette manière :
Au Kenya, le mouvement si mystérieux des jeunes Mungiki a mis sous les feux des projecteurs internationaux la fragilité des nouvelles démocraties africaines. On estime que les Mungiki sont composés de près de 2 millions de personnes, essentiellement des jeunes de moins de 30 ans. Près de 400.000 d’entre eux sont des femmes. Leurs poussées violentes et anarchistes ne répondent à aucun objectif de changement.
L’ancien chef de guerre et président du Libéria, Charles Taylor, a recruté un groupe d’enfants soldats libériens et sierra-léonais dans son Front National Patriotique, et en fit les tristement célèbres Small Boys Unit (SBU).
De même, un groupe d’extrémistes chrétiens issu de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda se joignit aux militants islamistes du Soudan qui ont financé sa guérilla contre le gouvernement de Yoweri Museveni.
Les chefs de guerre sont un problème universel. Ils ont terrorisé et tué des victimes civiles aussi bien dans l’ancienne Union Soviétique qu’en Colombie, en Asie Centrale ou en Extrême Orient. Les chefs de guerre africains semblent toutefois relever d’un phénomène d’une portée systémique. Revenus de leurs illusions à cause des forces de la mondialisation économique, De nombreux jeunes Africains sont attirés par une fusion des idées radicales, de Che Guevara et Malcolm X à Karl Marx.
D’autres s’inspirent des mouvements politico-religieux, à l’instar de Dini ya Kibangu au Congo ou Dini ya Msambwa et les Legio Maria au Kenya.
Plus récemment, les jeunes africains ont intégré les tactiques et les représentations de la violence mondialisée, en adoptant des sobriquets tels que Baghdad Boys ou Talibans. Les Mungiki du Kenya sont allés jusqu’à enlever et décapiter leurs ennemis sur le modèle de leurs héros irakiens.
Des théoriciens sociaux avancent l’hypothèse selon laquelle le colonialisme a non seulement entraîné une dissociation dans la politique africaine qui a empêché l’apparition d’Etats africains indigènes et pleinement accomplis, mais a également cristallisé et exalté des éléments des structures précoloniales « traditionnelles » de despotisme décentralisé, dont le patrimonialisme. Avec le temps, ces mouvements ont donné naissance à des jeunes soldats qui s’inspirent des styles de gouvernance de dirigeants nationaux comme Mobutu Sese Seko du Congo, Mengistu Haile Mariam d’Ethiopie et Samuel Doe du Liberia – tous s’étant brillamment illustrés dans la conduite de leurs pays vers le chaos et l’anarchie.

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L’étendue et la complexité de la crise de la jeunesse africaine

Dans la foulée du 11 septembre 2001, le « terrorisme » devint rapidement le cadre d’analyse des réactions politiques face au militantisme de la jeunesse africaine. Les jeunes musulmans du continent sont de plus en plus sous la menace d’un recrutement de la part d’organisations terroristes comme Al-Qaeda.
Les gouvernements africains, ainsi que les étrangers concernés par la situation, mirent au point un certain nombre de scénarios afin de traiter ces activités. Toutefois, dans la droite ligne de notre vision pour soigner l’Afrique, nous intégrons le camp de ceux qui appellent les pays en développement à investir dans leurs jeunesses, qui autrement ne verraient pas d’autres alternatives pour leur bien-être et leur accomplissement.
Des investissements destinés à améliorer l’éducation, les systèmes de santé et la formation professionnelle de la jeunesse africaine permettront d’endiguer la pauvreté et ses ravages sur tous les autres aspects de la vie africaine. Ce n’est que par une forte croissance économique, un amoindrissement de la pauvreté, la création d’emplois et la diminution des risques de tensions sociales et d’instabilité que le phénomène des chefs de guerre cessera d’être une alternative intéressante, voire l’unique alternative pour beaucoup.
L’immense majorité de la population mondiale âgée de 12 à 24 ans, soit 1,5 milliards d’individus, vit en Afrique. Il s’agit du plus grand groupe de jeunes de l’histoire, dont près de 90 % (1,3 milliards) vivent dans les pays en voie de développement ou du « Tiers Monde ».

Assurer l’avenir

Utilisons une analogie du secteur des assurances pour comprendre ce problème de masse critique. Imaginons qu’une compagnie d’assurance détienne un portefeuille de clients résidant en Afghanistan en temps de guerre. Elle ne pourra jamais collecter des primes suffisantes pour couvrir les risques inhérents à leurs activités et ne pourra jamais indemniser les dommages qui surviennent régulièrement. Si la même compagnie détenait un portefeuille réparti dans tous les pays asiatiques, les profits qu’elle tire des zones pacifiques vont plus que compenser les dépenses dans les zones de conflits.
Les quatre Super Etats que nous proposons seront mieux à même d’affronter les crises, naturelles ou résultant de l’action de l’homme, que n’importe lequel des Etats actuels du continent pris isolément. Ceci ferait disparaître un fait honteux que les Africains subissent depuis des générations : en temps de crise, vous ne voyez quasiment pas d’Africains parmi les sauveteurs, vous voyez des Occidentaux.
La plupart des pays africains dépendent de l’aide étrangère pour survivre. Ces aides sont dommageables pour la conscience collective d’un pays.

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